Etude Cerf sur le Massif Vosgien - Fédération Départementale des

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Etude Cerf sur le Massif Vosgien
« Approche écologique et historique du cerf (Cervus elaphus) dans le massif
vosgien. Pour un recueil des attentes et opinions en vue d’une gestion partagée. »
Cette étude interrégionale rassemble 7 Fédérations Départementales des Chasseurs
de 3 régions (Alsace, Franche-Comté et Lorraine) et la Fédération Nationale.
Cette étude a évolué sur son contenu et devient pluridisciplinaire. Elle comporte
plusieurs volets : écologique – génétique et sociologique. Elle fait appel à des
chercheurs internationaux encadrés par le Professeur d’écologie Annik SCHNITZLER
de l’Université de Lorraine.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
Objectifs :
 Connaitre l’origine et l’évolution de nos populations de cerfs actuelles
 Identifier l’évolution de l’utilisation de l’espace (urbanisation, développement des
sentiers, des pratiques sportives, touristiques, etc…)
 Connaitre l’évolution de la sylviculture : quelle végétation dans l’histoire ? Quels types
de sylviculture ? taille des trouées pratiquées ?, etc…
 Gestion adaptative de l’espèce dans le cadre d’une concertation locale
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
Volet écologique et génétique :
Etude réalisée entre août 2014 et juin 2016, financée à 100% par les 7 FDC et la FNC (coût
global = 86.500 €)

1) Dynamique des populations
o Le cerf est une espèce à large amplitude écologique, qui s’est adaptée aux milieux à
dominance forestière depuis la fin de la dernière glaciation (il y a 110 000 ans).
o C’est un herbivore qui a besoin de larges espaces tranquilles sans dérangement excessif
par les activités humaines.
o Ses densités sont limitées par les capacités alimentaires du milieu, le climat et la
prédation.
o Il interagit avec de très nombreuses espèces (animales, végétales, microbiennes) de la
forêt. Toutes ces interactions sont indispensables aux écosystèmes et donc à la nature
vosgienne.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
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Volet écologique et génétique :
1) Dynamique des populations
2) Evolution historique des grands mammifères
o Depuis le haut Moyen-âge (vers l’an 480) jusqu’au début du 20° siècle, 3 étapes
d’extinction de la grande faune dans les Vosges :
 Après le 7° siècle pour les grands herbivores (aurochs, élan) et chamois
 Avant la révolution française pour le lynx et l’ours
 Fin 19° pour le loup et le cerf
o Le cerf est mentionné dans le corpus fossile de l’Europe depuis la fin du Pléistocène
inférieur, il y a 1 million d’années. Dans le Nord-Est de la France, 2 sites indiquent la
présence du cerf durant cette période.
o Durant ces millénaires d’isolement, les populations
ont développé des microstructures différentes
décelables au niveau de leur ADN mitochondrial.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
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Volet écologique et génétique :
1) Dynamique des populations
2 suite) Evolution historique du Cerf
3 origines géographiques pour le cerf d’Europe ont été déterminées génétiquement :
- l’haplogroupe A issu de zones refuges de l’Espagne et du sud de la France,
- l’haplogroupe C issu de zones refuges des Balkans et peut être les Carpates,
- l’haplogroupe B ayant pour origine l’Afrique du Nord et qu’on retrouve en Sardaigne.
Notre étude, par l’analyse de 23
échantillons locaux datant du Néolithique
(9000 ans avant JC) jusqu’à la fin du
Moyen-âge (8° siècle), permet d’affirmer
que :
 Les Vosges font partie de la vaste
migration partie de l’Espagne au début
de l’Holocène (-10 000 ans avant JC).
 Le Cerf est un animal vivant dans les
milieux boisés depuis la préhistoire (il y
a 4 millions d’années).
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Volet écologique et génétique :
1) Dynamique des population
2) Evolution historique des grands mammifères
3) Evolution de l’utilisation de l’espace depuis 1960
o Depuis les années 1960, les Vosges sont entrées dans une phase de surexploitation pour
toutes les formes d’usages, notamment touristique, qui a amené l’élaboration de la loi sur
la montagne en 1985.
o Grâce à des protections réglementaires, une partie de la faune native des Vosges est
revenue au cours du 20° siècle, naturellement (ongulés sauvages, loup) ou suite à des
réintroductions (chamois, lynx, castor).
o Au niveau national, la population de cerfs est dans une phase active de colonisation,
essentiellement dans la partie Est, grâce à la mise en place de réserves de chasse.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
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Volet écologique et génétique :
1) Dynamique des populations
2) Evolution historique des grands mammifères
3) Evolution de l’utilisation de l’espace depuis 1960
4) Evolution des habitats forestiers et de la sylviculture
Quelques traits typiques des hêtraies-chênaies et hêtraies-sapinières vosgiennes vierges :
o une canopée dense avec peu d’ouvertures, un indice foliaire élevé traduisant un feuillage
dense et ombrageant, concentré dans la canopée
o une proportion pour moitié de très gros bois, intégrant des individus d’âges très
différents, la dominance du hêtre, des semis à la canopée
o des périodes d’attente dans les sous-bois dépassant parfois le siècle
o une faible quantité de semis, en dehors des trouées
Limitation naturelle de
l’expansion des populations
de cerf
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Volet écologique et génétique :
1) Dynamique des populations
2) Evolution historique des grands mammifères
3) Evolution de l’utilisation de l’espace depuis 1960
4 suite) La gestion forestière dans les Vosges depuis les années 1970
o Après la 2° guerre mondiale, politique de reboisement intensif (épicéa, pin sylvestre) et
traitement par coupes rases en futaie régulière.
o L’objectif général de la gestion par l’ONF est la futaie régulière de conifères dont des exotiques
(douglas) plantés dans les parties basses des Vosges.
o Cette politique forestière s’est faite dans un contexte où les cervidés étaient peu fréquents,
voire absents, ce qui explique que leur impact sur la nature vosgienne ait été totalement oublié.
o La « boréalisation » ou développement en résineux de la forêt vosgienne, débuté en force dès
le début du 19ème siècle, continue actuellement avec des proportions élevées de conifères.
o La forêt est considérée comme un champ d’arbres (« sylviculture d’arbres ») et non comme un
écosystème vivant dont les cervidés font partie intégrante.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
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Volet écologique et génétique :
1) Dynamique des populations
2) Evolution historique des grands mammifères
3) Evolution de l’utilisation de l’espace depuis 1960
4) Evolution des habitats forestiers et de la sylviculture
5) Proposition de gestion écologique des forêts vosgiennes : vers une politique intelligente
d’autolimitation des ressources et une meilleure acceptation de la faune
o Le Cerf fait partie de la forêt : il fait partie de la biodiversité et y contribue.
o Il faut préserver l’habitat forestier : une forêt gérée selon des concepts de la futaie
irrégulière et mélangée de type jardinatoire, sans boréalisation excessive ni exotique,
éliminerait certains problèmes soulevés par la présence des cervidés  changement des
règles sylvicoles avec des peuplements denses, étagés et irréguliers (éclaircies
jardinatoires, augmentation des diamètres d’exploitation et des rotations de coupes,
entretien des lisières, préservation des zones sensibles et des sols…).
o Des principes de chasse conformes aux lois biologiques : arrêter l’artificialisation des
milieux (agrainage, cultures à gibier), accepter les tirs aléatoires, accepter la prédation
animale et revoir les plans de chasse à la baisse en présence des grands prédateurs.
o Instaurer des zones de tranquillité totale : pénétration humaine zéro.
o Revoir à la baisse toutes les
activités de tourisme de masse.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
Volet sociologique :
Etude réalisée par le cabinet de sociologie Vésontia entre juillet 2014 et décembre 2015,
financée à 80% par le Comité de Massif du Massif Vosgien (coût pour les FDC = 8.500 €,
participation des COFOR de 1.000 €).

1) Bilan de l’enquête publique réalisée à l’automne 2014 :
o La forêt est avant tout un refuge pour les espèces vivantes (77% des répondants), puis
pour 50%, elle est aussi un espace de production de bois.
o 95% veulent voir le cerf en « libre circulation ». Le cerf est un élément de biodiversité
(76%) et de patrimoine (69%).
o Pour 67% des répondants, les forêts d’exploitation sont une cause aggravante des dégâts.
o Pour 60% des personnes interrogées, la production forestière est compatible avec la
présence du cerf.
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
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Volet sociologique :
1) Bilan de l’enquête publique réalisée à l’automne 2014
2) Des systèmes socio-économiques à faire converger :
o Gérer la forêt sans tenir compte de la présence des
animaux n’a pas de sens. Gérer les cervidés sans tenir compte
de la forêt qui les nourrit et les abrite n’a pas davantage de sens.
o Les chasseurs n’ont pas conscience d’être des acteurs potentiels de l’aménagement du
territoire et du paysage.
o Comme la forêt, la grande faune possède aujourd’hui une valeur patrimoniale et
économique indéniable.
o Il est du devoir du chasseur de maîtriser le développement des cervidés, de même qu’il est
du devoir du forestier d’augmenter la capacité d’accueil du milieu.
o Le forestier est confronté à des problèmes économiques qui lui posent des soucis de
gestion (production, renouvellement des peuplements, satisfaction des besoins des
générations futures).
 Aller vers une amélioration des relations chasseurs/forestiers par des interventions à la
fois :
- sur les populations de cervidés (réduction des densités par la chasse)
- sur les peuplements forestiers (réduire la sensibilité des peuplements aux dégâts,
améliorer la capacité d’accueil en termes de disponibilités alimentaires et de zones de
refuge).
Etude Cerf sur le Massif Vosgien
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Volet sociologique :
1) Bilan de l’enquête publique réalisée à l’automne 2014
2) Des systèmes socio-économiques à faire converger
3) Piste d’action :
Existence et animation d’une structure de concertation multipartite au niveau de chaque
massif pour la détermination unanimement acceptée :
o De la population de grand gibier (quantité, qualité, localisation)
o Des états et « dégâts » des forêts
o Quantité, qualité des prélèvements
o Quantité, qualité des aménagements des espaces
Le tout consigné dans un texte engageant les acteurs et reconnu par une autorité légale.
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