Ébauche août 2011 Page 2
schéma de consommation et de production non viable, notamment dans les pays industrialisés, et
extrêmement préoccupant dans la mesure où il aggrave la pauvreté et les déséquilibres » (ch. 4.3). Il
était important de mettre l’accent sur ces modèles non durables de consommation et de production,
parce que c’est une façon de reconnaître que les changements climatiques, la rareté croissante d’eau
potable, la perte de biodiversité et de l’habitat animal, la diminution des terres agricoles productives, la
destruction irréversible des écosystèmes et les volumes croissants de déchets et de toxines sont des
symptômes de l’activité économique non viable l’humanité; c’est pour cette raison que nous ne
réussirons à réagir aux enjeux (impacts) environnementaux à long terme que si nous corrigeons les
modèles qui en sont à l’origine – notamment les comportements et les mentalités qui façonnent ces
modèles. Le Sommet de la Terre a également abouti sur l’adoption de certains principes fondamentaux,
notamment le principe de précaution (principe 15) – agir de manière à éviter tout dommage grave ou
irréversible face aux risques pour la santé ou l’environnement – et le principe des responsabilités
communes, mais différenciées (principe 7) – tous les pays, riches et pauvres, doivent œuvrer pour le
développement durable, mais les pays développés doivent accepter la responsabilité particulière qui
leur incombe, compte tenu des pressions que leurs sociétés exercent sur l’environnement mondial et
des techniques et ressources financières dont ils disposent.
D’autres conférences et sommets ont eu lieu par la suite, notamment le Sommet du Millénaire (2000)
au cours duquel furent adoptés les Objectifs de développement du Millénaire, un plan d’action mondial
visant la réalisation des huit objectifs de lutte contre la pauvreté d’ici 2015, ainsi que le Sommet mondial
des Nations Unies sur le développement durable (2002), qui évaluait les progrès accomplis depuis la
conférence de Rio. Malgré ces efforts, les tendances écologiques se sont aggravées au lieu de
s’améliorer. L’utilisation non durable des ressources épuisables et non renouvelables de la planète par
l’homme et la destruction de « puits » a entraîné une « surchauffe écologique » à l’échelle du globe,
dans un contexte où près du tiers de l’humanité vit encore dans la pauvreté et n’a pas encore profité des
promesses de développement et de croissance économique. Selon la conclusion de l’Évaluation des
écosystèmes pour le millénaire des Nations Unies, « l’activité humaine exerce des pressions si fortes sur
l’environnement que nous ne pouvons plus présupposer de la capacité des écosystèmes de la planète à
soutenir les générations futures ». L’empreinte écologique, une mesure élaborée au Canada vers le
milieu des années 1990, pour calculer la pression exercée par l’homme sur la nature, indique que si la
population entière de la planète avait la même espérance de vie qu’un Canadien moyen, il faudrait trois
autres planètes comme la Terre pour soutenir leur mode de vie.
Le défi politique aujourd’hui consiste à mettre en œuvre des solutions d’une ampleur proportionnelle à
celle des problèmes environnementaux auxquels l’humanité est confrontée, afin que nous puissions
répondre aux besoins des pauvres du monde au moyen de la capacité écologique limite de la Terre. Un
obstacle important au changement est l’idée que l’environnement est « ailleurs », loin des êtres
humains et de leur économie, et que les systèmes sociaux et économiques peuvent exister
indépendamment de l’environnement. Le domaine interdisciplinaire de l’économie écologique, ou
écolonomie, analyse l’interdépendance et la coévolution des systèmes économiques humains et des
systèmes naturels et considère l’économie comme un sous-système du système écologique planétaire.
Cette perspective met en évidence l’importance de conserver les ressources naturelles, de protéger les