Pâques : une histoire de vie et d’amour…
Introduction : Lorsqu’on lit ou écoute un texte biblique, pour que surgisse la Parole de Dieu, il faut : 1)
situer le texte dans son contexte. 2) tenir compte de la distance qui nous sépare du texte, c’est-à-dire
tenir compte de la culture et des valeurs de l’époque et celles d’aujourd’hui…Ex. : égalité
homme/femme, respect de la personne humaine dans sa dignité d’être homme ou femme, et
aujourd’hui jusque dans son orientation sexuelle, parce que ça fait partie de notre réalité
contemporaine. 3) faire advenir la Parole dans l’interprétation et l’actualisation du texte biblique.
La question qu’on peut se poser : Est-ce que ce vieux texte biblique peut nous interpeller? La réponse est
oui!
Dans nos incohérences, lorsque vient le temps de mettre en application nos valeurs d’aujourd’hui…Ex. :
on est pour la vie et la qualité de la vie; par ailleurs, on parle d’avortement et d’euthanasie et de suicide
assisté. Notre époque est remplie de violence, de guerre, de meurtre, etc… On est contre l’agression
sexuelle; par ailleurs, on libéralise les pratiques sexuelles d’une manière telle qu’on éveille chez les gens,
les pires déviances : masochisme, sadisme, bestialité, etc
N.B. Cet exercice doit être non seulement individuel mais collectif; sinon, on risque de déraper. On doit
se confronter aux autres et ça prend un certain cadre : la tradition chrétienne est pour nous y aider.
Mais ce cadre doit être ouvert; sinon, on risque d’étouffer la Parole…
En résumé, on peut dire que la Parole de Dieu surgit dans l’événement historique, interprété et actualisé
par celui qui l’écrit, donc dans l’historialité de l’événement, puisque raconté, interprété et actualisé par
celui qui l’a écrit…Aussi, une nouvelle Parole de Dieu doit surgir aujourd’hui, à partir du texte lu,
interprété et actualisé dans un langage qui devient à son tour Parole de Dieu. Donc, la Parole précède le
texte et suit le texte…C’est ce que veut dire : la Parole de Dieu est vivante…
Pâques : l’événement mort-résurrection de Jésus :
L’événement matériel-historique de la mort de Jésus de Nazareth, le 6 ou le 7 avril de l’an 30, à
Jérusalem, est à la base des écrits du Nouveau-Testament qui racontent, non pas l’histoire du Nazaréen,
mais l’histoire du Christ de l’Église primitive dans sa diversité : Communautés chrétiennes de Paul, de
Marc, de Matthieu, de Luc, de Jean et des autres écrits du Nouveau-Testament. Ces récits sont dits :
Parole de Dieu, car ils ont pour but de témoigner de la foi en la résurrection du Christ, dans des
contextes donnés, à des moments et dans des lieux précis de l’histoire.
On y perçoit un double mouvement : 1) vers l’arrière : on veut montrer que Jésus était déjà dans son
existence terrestre, celui que sa résurrection a pleinement manifesté. Ex. : sa naissance particulière et sa
conception en Matthieu et Luc, sa prise de parole dans le temple de Jérusalem, à 12 ans en Luc, les titres
qu’on lui donne dans tous les évangiles, ses miracles, ses interventions auprès des malades, des infirmes,
des possédés, ses manifestations après sa mort, ses apparitions, ses discours…tout est imprégné de la foi
pascale. 2) vers l’avant : on fait du Jésus de l’histoire, de sa conception à sa mort, celui qui réalise
pleinement les promesses messianiques de l’Ancien-Testament, parce que transformé par la
résurrection. Ex. : Jésus est le nouveau Moïse en Matthieu, le nouvel Élie en Luc, le serviteur souffrant du
prophète Isaïe, le Fils de David, le Fils de l’homme comme ne Daniel, etc…
Dans le fond, l’événement Jésus, raconté dans les évangiles et dans tout le Nouveau-Testament, est le
lieu ou l’espace recréé par les auteurs, pour dire de Jésus, à partir du moment même de sa conception
jusqu’à sa mort, sa double identité selon la formule de Paul : « Fils de David selon la chair et Fils de Dieu
selon l’Esprit, avec puissance par sa résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 1,3-
4).
L’exégète Lucien Legrand disait : « Les principales étapes de la vie de Jésus portent déjà la marque de la
Croix et de la Gloire », et selon J. Schierse : « Elles sont une anticipation du message de Pâques ».
La recherche ne fait pas l’unanimité; il existe 3 tendances chez les exégètes : 1) l’approche traditionnelle
ou conservatrice. 2) l’approche modérée. 3) l’approche libérale.
1) l’approche traditionnelle ou conservatrice : C’est celle de la majorité des chrétiens aujourd’hui.
Cette approche part de présupposés théologiques, qu’elle confond avec l’histoire matérielle
des événements racontés dans des récits. Elle ne tient pas compte de l’interprétation croyante
de ces événements écrits après Pâques. Ex. : la conception et la naissance de Jésus : quand
nous disons que Jésus est d’une vierge, Marie, sans l’intervention d’un père humain, nous
faisons de la théologie, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une affirmation post-pascale, issue d’une
réflexion croyante sur l’événement mort-résurrection du Christ. Appliquer cette donnée
théologique à l’histoire matérielle et biologique de Jésus de Nazareth, sans plus, c’est fausser
l’histoire et c’est ce que nous faisons trop souvent.
L’exégète québécois Jean-Paul Michaud, dans le cahiers Évangile #77, conclut pourtant qu’il est
difficile, même impossible, de remonter à une source historique de la conception virginale; il
dit ne pouvoir dépasser le niveau des hypothèses, en rappelant toutefois que l’Église ancienne
a toujours pris extrêmement au sérieux l’affirmation christologique de la conception virginale
et en a défendu, à la fois, le fait et le sens. Il écrit : « Comme l’exégèse la plus rigoureuse ne
nous invite pas à rejeter le fait au profit du sens, il nous faut maintenir que pour Luc, à tout le
moins, la conception virginale est histoire autant que théologie ».
Malheureusement, ça ne résout pas le problème historique des évangiles. Les tenants de cette
approche ne semblent pas comprendre que les récits du Nouveau-Testament ont été écrits
après la mort de Jésus et que la foi chrétienne en la résurrection a cherché à récupérer
l’histoire réelle et matérielle qui a précédé l’exaltation et la glorification du crucifié, en la
transformant, pour dire que Jésus était un avec Dieu, dès l’instant de sa conception.
2) L’approche modérée : Plus ouverte, mais très prudente pour ne pas se mettre en conflit avec le
Magistère de l’Église. Certains exégètes prestigieux comme R.E. Brown, J.A. Fitzmyer, Lucien
Legrand, Pierre Grelot, etc…disent que les livres du Nouveau-Testament ne peuvent se
comprendre que dans la perspective chrétienne post-pascale, écrits dans des communautés
chrétiennes spécifiques, par des auteurs qui utilisent leur pensée propre, agrémentée de
folklore et d’astrologie, puisée dans la littérature biblique et extra-biblique de leur époque.
Ces auteurs disent qu’on peut saisir la portée christologique des événements racontés et leur
signification profonde pour la foi catholique actuelle, mais l’exégèse n’a pas à se prononcer sur
les faits eux-mêmes, sur leur réalité historique et matérielle, mais sur la qualité du témoignage
reçu des traditions sous-jacentes aux évangiles et aux écrits néo-testamentaires. Pierre Grelot
va même dire qu’il importe peu de savoir dans quelle mesure le récit construit évoque une
réalité historique certaine. Pour lui, les mots : histoire et historicité sont ambigus, et pour sortir
de cette ambiguïté, et afin de ne pas contredire le discours officiel de l’Église, il utilise le mot :
historialité pour qualifier l’événement raconté.
Historialité : Il ne s’agit pas en effet de raconter l’histoire passée pour la pure satisfaction de la
curiosité, en collectionnant des détails exacts pour regarder de l’extérieur l’événement qui
s’est produit, mais il s’agit au contraire de souligner le sens du fait en question et de mettre
ainsi en relief l’historialité du fait, c’est-à-dire sa place et sa valeur, dans le dessein divin qui est
sous-jacent à l’histoire.
Dans cette approche modérée, aucun auteur ne va oser remettre en question l’historicité des
événements racontés. Ils vont plutôt dire que les auteurs du Nouveau-Testament ont relu
rétrospectivement, à la lumière de la foi chrétienne, les origines terrestres de Jésus, en y
introduisant des éléments reçus de leurs traditions respectives, historiquement invérifiables,
mais destinés à nous dire quelque-chose sur Jésus, devenu Christ et Seigneur à la résurrection
(Ac 2,36).
3) L’approche libérale : Cette approche regroupe des auteurs catholiques et protestants, surtout
protestants audacieux qui remettent en question toute l’historici des récits néo-
testamentaires. Cette approche a le mérite de brasser la sauce et de pousser la recherche plus
avant…
Une chose est certaine : il s’agit de relecture chrétienne d’événements passés, dont on ne
connaît pas la teneur et dont les seules sources sont orales et fortement influencées par une
pensée théologique chrétienne.
Ce n’est pas pour rien que plus le récit est vieux, moins il en dit sur l’événement proprement
dit : Ex. : Paul qui écrit le premier, ne parle aucunement de la naissance de Jésus, ni de son
enfance, ni de sa mère. Paul s’intéresse seulement à la résurrection et à l’après-résurrection.
Marc, quant à lui, reconnaît comme Paul, que la résurrection est le moment-clé de son
évangile, mais en même temps, il va remonter jusqu’au baptême de Jésus dans le Jourdain, où
l’Esprit est à l’œuvre, comme au moment de la résurrection. Luc et Matthieu, eux, font
remonter l’intervention de l’Esprit au moment de la conception; tandis que Jean, pour sa part,
dit de Jésus, le verbe de Dieu, qu’il a préexisté avant la création du monde.
On voit très bien que tout est théologie; il faut faire attention d’historiciser et de matérialiser
les événements racontés. Le but des auteurs bibliques, c’est de témoigner de leur foi en Jésus
ressuscité.
N.B. : (Maurice Boutin, dans Communauté chrétienne # 122, 1982) écrit : « Le texte biblique
est dangereux plus encore que subversif; surtout s’il est identifié sans plus à la parole de
Dieu…Se pourrait-il que des chrétiens fassent de la parole de Dieu exactement ce que les
adversaires de Jésus ont fait de lui : identifier à ce point bible et parole de Dieu, que Jésus
prend figure d’intrus à éliminer, ou qu’il serait superflu de se demander encore quand et de
quelle manière la parole de Dieu advient, puisqu’elle serait enfermée dans la cage dorée du
texte biblique? Identifier la bible à la parole de Dieu, c’est tenter de posséder Dieu et de se
servir de la parole de Dieu à ses propres fins. Mais un Dieu possédé n’est qu’une idole, et une
parole de Dieu devenue disponible à toutes les causes, plus ou moins nobles, n’est qu’un
verbiage. Le texte renvoie à autre chose que lui-même; son pas quelque chose qu’on
appellerait Dieu, mais un nouveau texte à écrire, c’est-à-dire sa faille…Et c’est ce qu’on doit
faire dans nos homélies ».
L’événement de Pâques : cf. texte p. 6
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