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27 septembre 2012, Informations datant d’avril 2012
le texte allemand fait foi
Texte intégral adressé par le rot. Kaspar Müller à la Rotary Foundation
The Rotary Foundation – une analyse critique
Rot. Kaspar Müller, RC Bottmingen-Birseck
Cet article a été conçu sur suggestion du PDG Urs Herzog en vue d’une meilleure transparence
de la Rotary Foundation
La Rotary Foundation, un pilier important du Rotary
La Rotary Foundation est un pilier important du Rotary ; elle fait beaucoup de bien. Un exemple
des plus connus est le programme PolioPlus qui n’a pas son pareil au monde. PolioPlus est le
programme le plus ambitieux de l’histoire du Rotary et s’engage pour l’éradication de la
poliomyélite infantile dans le monde entier. Grâce à la campagne de vaccination Rotary en
collaboration avec l’OMS, l’UNICEF et le CDC (Center of Disease Control, Atlanta, USA), la
fondation Bill & Melinda Gates et de nombreux gouvernements dans le monde entier, les cas de
polio ont été réduits de 99%. 4'870'673 enfants ont pu être vaccinés rien que par l’engagement
de Rotary Suisse (www.polioplus.ch).
Dans la mission de la Rotary Foundation, l’attitude rotarienne qui prévaut dans le monde entier
est ainsi décrite : ‘La mission de la Fondation Rotary du Rotary International est de permettre
aux Rotariens de promouvoir l'entente mondiale, la bonne volonté et la paix en œuvrant dans
les domaines de la santé, de l’éducation et de le lutte contre la pauvreté.
Chaque année, le thème Rotary Foundation est traité dans tous les clubs rotariens du monde,
d’une part parce que la Rotary Foundation motive et soutient toutes les rotariennes et tous les
rotariens – peu importe où – dans leur engagement pour l’aide humanitaire et les projets
d’éducation et participe ainsi à la lutte contre la pauvreté et s’engage pour l’entente entre les
peuples ; d’autre part, parce qu’avec son slogan «Un don chaque année», la fondation prie tous
les membres du Rotary de verser volontairement la contre-valeur de 100 $ sur le compte la
fondation pour la soutenir dans ses actions.
La Rotary Foundation : 795 millions $ répartis en trois portfolios-clé
Toutes les informations financières importantes figurent dans le rapport annuel de la fondation.
Les chiffres mentionnés ci-après sont repris de ce rapport annuel.
La fortune de la Rotary Foundation est répartie en trois portfolios: le Annual Programs Funds
(APF), le Permanent Fund (PF) et le PolioPlus Fund. Les fonds sont alimentés par les
cotisations annuelles. En 2010/11, le fond de participation APF a reçu 107.7 millions de dollars,
le fonds permanent PF 16.3 millions de dollars et le fonds PolioPlus 78.9 millions de dollars
dont 40 millions de la fondation Bill & Melina Gates. Ces fonds profitent également du revenu
des placements qui a atteint en 2010/11 pour l’APF 74.4 millions de dollars, pour le PF 43.1.
millions de dollars et pour le fonds Polioplus 1.2 million de dollars.
En 2010/11, les trois fonds ont reçu sous forme de dons, de contributions et de revenus du
capital 328 millions de dollars. Pour les programmes, la fondation a réparti en 2011/11 au total
191.8 millions de dollars (y inclus les frais de gestion), ce qui correspond à 58% des recettes.
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Cette somme a été répartie entre les Grants humanitaires, les programmes d’éducation,
PolioPlus, Global Grants, Districts Grants et autre.
À la fin de l’année rotarienne 2011/11, les actifs de l’APF s’élevaient à 397.9 millions $, de la
PF à 241.5 millions $ et de la PolioPlus Fund à 140.5 millions $. Au total, les actifs de la Rotary
Foundation (y inclus les deux petits Funds «Disaster Recovery et Donor Advisor Fund») se
montaient à la fin de cette période de rapport à 795 millions $.
Des critiques créent un malaise
Chaque année, la Fondation Rotary est sujette à discussion dans de nombreux clubs suisses
parce que, malgré de nombreux aspects positifs, il ressort de nombreuses questions critiques un
malaise évident.
À long terme, la Fondation Rotary ne peut se maintenir que si elle répond à ces questions. Cet
article a pour objectif, du point de vue suisse, une réforme des points critiqués qui animera à une
discussion approfondie et si possible à un dialogue constructif avec les 15 Trustees responsables
de la fondation aux États-Unis.
Analyse – quatre questions pour les fondations
Ces questions n’ont pas trait spécifiquement au domaine rotarien, mais elles concernent les
thèmes habituels qui se rencontrent plus ou moins intensivement dans toute fondation:
Effet des projets
Efficaci dans l’application des projets et contrôle des coûts de gestion
Performance de la politique des placements
Structure éthique influençant la politique des placements
La problématique de l’intersection entre les principes éthiques du Rotary et la politique des
placements est l’élément central de cet article, les trois autres aspects ne sont que traités qu’en
marge.
Question 1: Effet des projets
Les donateurs et donatrices veulent savoir si les organes dirigeants de la fondation placent bien
les moyens financiers destinés aux objets conformément aux buts de la fondation et si l’effet
souhaité est atteint avec les projets réalisés (effectivité).
L’épicentre du malaise ne concerne pas ce domaine. Il suffit de rappeler l’immense
rayonnement du programme PolioPlus. Une suggestion: publier un rapport de prestations qui
fournirait systématiquement des informations sur la qualité et l’effet de tous les projets soutenus
par la fondation. Ce rapport ne devrait pas être forcément imprimé sur papier, il suffirait de le
publier sur internet.
Question 2: Efficacité et coûts de gestion
Outre la question de l’effet d’un projet, les donatrices et les donateurs souhaiteraient savoir si
les projets sont bien appliqués ou si l’argent est englouti dans des frais de gestion. Il faut
cependant mentionner qu’une fondation de la taille de la Rotary Foundation doit absolument
être gérée par des professionnels et que les coûts de gestion ne sont pas a priori une mauvaise
chose.
Les coûts pour l’administration et la gestion sont publiés dans le rapport annuel de la fondation.
Pour la période de rapport 2010/11, ils étaient de 41.6 millions $ (les dépenses globales
d’exploitation comprennent les dépenses pour les programmes, le développement du fonds et
l’administration générale), soit 12.7% des revenus qui sont de 328 millions $. Dans cette
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somme, il y a les 1'087'664 dollars remboursés aux 15 Trustees (entre autres les frais de
déplacement). Ceux-ci sont publiés pour chaque trustee.
Dans le rapport annuel de la fondation, il est mentionné que ces dernières années 88% des
dépenses de la Foundation sont passés dans les programmes (ces dépenses sont de 65% en
moyenne chez d’autres organisations). Mais la prudence est de mise quand on fait une telle
comparaison. Une comparaison imparable des coûts de gestion entre diverses organisations ne
peut avoir lieu qu’en connaissant les structures et les principes de calculs.
Question 3: Performance
Avec une fortune net de 795 millions $, la fondation est soumise aux fluctuations des marchés
financiers. Ce que l’on a particulièrement ressenti durant la période de rapport 2008/09 quand
les pertes dans les placements ont atteint 163.9 millions $. Le bienfait de cette grave crise a été
que beaucoup de rotariennes et de rotariens ont réalisé qu’il fallait aborder la question de la
Rotary Foundation qu’ils financent de leurs propres deniers, de crainte aussi que des sommes
importantes ne soient englouties à la bourse au lieu d’être investies dans des projets.
Il fallait en premier lieu répondre à deux questions. La première: Comment s’est développée la
performance financière? À première vue, on a constaque la fondation avait bien résisté à la
tempête de la crise malgré des pertes en 07/08 et 08/09 qui ont atteint 208.2 millions $. Dans les
cinq dernières années et malgré les deux années consécutives de pertes, le revenu des
placements a atteint 71.4 millions $. Cet article n’a pas pour but d’évaluer la performance. À cet
effet, on peut se reporter aux données dans le rapport annuel. La seconde question concerne la
stratégie de la fondation: Est-il correct qu’une fondation dispose d’une fortune qui soit multiple
des recettes annuelles. Ne vaudrait-il pas mieux employer directement et rapidement ces
réserves financières au lieu de les mettre à l’épreuve des marchés financiers?
Par principe, stocker les revenus de la fondation n’a qu’un sens que si la fondation peut mieux
atteindre ses buts grâce aux fonds dont elle dispose. Jusqu’où est-ce le cas, l’auteur de cet article
n’est pas en mesure de le juger. Mais bien des indices montrent qu’une activité plus intense de
projet avec unroulement simple des demandes répondrait mieux aux attentes des donatrices
et des donateurs.
Question 4: Structure éthique et politique des placements
Certes la fondation est bien un des éléments centraux du mouvement rotarien, mais la structure
éthique est aussi fondamentale. Engager une discussion sur cette structure est déjà un point
sensible. Mais quand on demande des éclaircissements pour savoir si les principes éthiques en
matière de politique de placements sont respectés, c’est encore plus délicat. Les principes
éthiques en relation avec la politique des placements ne peuvent pas être séparés des principes
éthiques supérieurs du Rotary. Ce sujet doit donc être traité et la position adoptée être appliquée
à la politique des placements.
Cette thématique rencontre actuellement des obstacles dans les districts suisses qui ont du mal à
évaluer la situation.
Éléments constituants de l’éthique rotarienne : à la base, le critère des quatre questions:
Les rotariennes et les rotariens devraient tout d’abord s’orienter vers le critère des quatre
questions:
Est-ce conforme à la vérité?
Est-ce loyal de part et d’autre?
Est-ce susceptible de stimuler la bonne volonté réciproque et de créer des relations
amicales? Est-ce bénéfique à tous les intéressés?
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Le respect de ces principes éthiques est un objectif élevé et il serait difficile de définir des
normes d’application de ces principes. Cependant il est clair que les réponses seront
différenciées d’une région du globe à l’autre. Définir qui sont « tous les intéressés» est
impossible et «bénéfique à tous les intéressés» sera interprété différemment d’une sphère
culturelle à l’autre.
Et le Rotary va encore plus loin. La déclaration du Conseil de législation du Rotary International
sur les activités commerciales et professionnelles adoptée en février 1989 stipule que «le
Rotarien dans le monde des affaires ou une profession libéral s’engage à respecter et à suivre
les lois de son pays et les règles de moralité de sa communauté».
Le Rotary a donc des principes spécifiques dans lesquels il intègre ces diverses éthiques
professionnelles. Rendre justice à chacun d’eux n’est guère possible sans divergences
d’opinions. Et si la variété des principes éthiques doit se refléter dans la politique des
placements de la fondation, est encore plus complexe. C’est ici l’argument principal des
responsables qui expliquent ainsi pourquoi ils renoncent à établir des questionnaires ou à
aborder ces questions. Dans sa brochure de 87 pages, «Investment Information», la Rotary
Foundation ne consacre que quelques lignes à la question du «Socially Responsible Investing»
(SRI) où elle explique une organisation peut harmoniser la politique de placement avec sa
mission et l’éthique; elle considère que ce sujet est trop complexe. Pour la Rotary Foundation, le
SRI ne signifie rien d’autre que «to grow assets in an appropriate manner for the purpose of
fulfilling the mission».
Mais aujourd’hui cette méthode ne fonctionne plus. Pourquoi? Parce que ne rien dire et ne pas
être actif est en totale contradiction avec les objectifs de la fondation et avec le critère des quatre
questions. À tout investissement financier sont liées aujourd’hui des corrélations financières
d’efficacité qui s’expriment par l’oscillation du cours des actions et celle des dividendes
jusqu’au résultat zéro en cas de faillite; des corrélations culturelles, écologiques et sociales sont
également liées à tout investissement financier.
Investir dans une fabrique de tabac, n’apporte pas seulement des dividendes acceptables au
propriétaire en fonction de la somme. Ce revenu a aussi une responsabilité partielle sur l’effet
négatif du tabac sur la santé, tout comme sur les emplois créés par l’entreprise. La liste des
effets positifs et négatifs que toute entreprise déclenche dans une économie globale de plus en
plus complexe n’est pas exhaustive. Peser le pour et le contre est très difficile. Aucun
investissement ne peut être classé comme uniquement mauvais ou uniquement bon.
L’évaluation globale dépend dans l’essentiel des priorités de l’investisseur.
Si la Fondation Rotary ne se préoccupe pas activement des effets et des du maintien de ses
valeurs, elle ferme les yeux sur deux situations problématiques. Tout d’abord, les effets peuvent
nuire au Rotary dans sa mission et en particulier à la fondation. En outre, le critère des quatre
questions qui doit guider les activités de toute rotarienne et de tout rotarien est ignoré. Ceci peut
avoir des conséquences. Un exemple théorique et un exemple concret illustrent ce propos.
Un « Unfriendly Takeover » est-il « fair ». Une théologienne et le manager d’un hedgefonds
dont le fonds a investi dans la fondation n’arriveront probablement pas à la me déduction,
même si tous les deux se basent sur le critère des quatre questions et sur les principes éthiques
de leur profession respective. Si dans un tel cas, on en arrivait à des licenciements la
théologienne attacherait plus d’importance au bien-être des licenciés et à leur famille que le
manager d’un hedgefonds qui évaluerait probablement la perte financière subie par les
investisseurs . Et cet exemple peut être élargi. Si une rotarienne a mis sur pied une entreprise
qu’elle perd lors d’un «Unfriendly Takeover» d’un groupe d’investisseurs dans laquelle les
gestionnaires de placement de la Rotary Foundation sont engagés, ceci ne stimulera ni le bien-
être de tous, ni les relations amicales.
Ces deux exemples purement théoriques montrent qu’il est difficile d’appliquer des principes
éthiques de haut niveau sans être confronté activement à une situation conflictuelle. Si les
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avantages et les désavantages d’un investissement sont connus, il faudra trouver un compromis,
dans le langage de l’éthique une réflexion éthique; ce n’est peut-être pas la solution idéale, mais
ceci signifie que l’on analyse la situation et que l’on agit pas seulement par habitude ou pour
étouffer une thématique complexe.
Une fondation aux dimensions du Rotary et répondant à son exigence éthique doit donc
s’extérioriser sur ses principes dans la politique des placements, car ne rien dire est aussi une
conception éthique de placements : la responsabilité est déléguée à un marché financier
anonyme et le principe au gestionnaire de la fortune.
La problématique peut être élargie dans le cas concret de la fondation mine-ex.
La Fondation mine-ex- et la Rotary Foundation
La Fondation mine-ex a été fondée en 1995 par les trois districts rotariens de Suisse. Le but de
la fondation est de soutenir la lutte mondiale qui vise à interdire l’usage des mines antipersonnel
par le biais des relations publiques et dans des pays particulièrement touchés comme le
Cambodge et l’Afghanistan de financer la production de prothèses pour les victimes des mines
ainsi que la formation des fabricants de prothèses sur place. À cet effet, le Rotary verse au
moins 500'000 CHF chaque année au Comité international de la Croix-Rouge. Entre 1995 et
2010, les trois districts suisses ont versé au CICR quelque 9.5 millions CHF.
L’exemple mine-ex montre combien il est important de suivre une politique d’investissement en
harmonie avec les buts du Rotary. On ne trouve pas d’informations dans les dossiers de la
fondation sur la part d’actions de 50% max. investie dans une entreprise. Mais on peut espérer
que la fondation ne possède aucune action d’entreprise qui fabrique des mines, car la fondation
cofinancerait ainsi de grands malheurs et ce serait faire affront aux rotariennes et aux rotariens
qui s’engagent pour mine-ex et essaient de soulager financièrement et par leur engagement les
victimes des mines. Il faut cependant mentionner que l’engagement européen pour «mine-ex»
est peu connu aux USA et que les Européens n’ont pas très bien transmis le message.
Aborder ce sujet est délicat, car la gestion de la fortune de la Fondation est très orientée vers le
marché américain et les Américains rechignent encore à signer la « Convention d’Ottawa » qui
interdit les mines antipersonnel. La convention interdit l’usage, la production, le stockage et la
revente de mines antipersonnel. Jusqu’à aujourd'hui, 159 États ont signé la convention d’Ottawa
et 37 autres non dont l’Inde, le Pakistan, la Pologne, Israël, la Syrie, la Russie, la Chine et les
États-Unis.
En 2010, le Rotary International – évoquant la neutralité – a rejeté deux résolutions du Comité
central du RI qui demandait de reconnaître l’interdiction d’utiliser des mines antipersonnel dans
le monde entier. Le CoL (Council on Legislation) a adopté ces deux résolutions, mais le Board
of Directors les a rejetées. Sur ce, 176 Rotary Clubs dont 41 clubs suisses ont rédigé un
mémorandum demandant au RI, en considération de l’éthique et de la morale, d’interdire les
mines antipersonnel.
Réfléchir avant d’appliquer le statu quo
Ces exemples et ces réflexions ne doivent pas être interprétés dans le sens d’une évaluation
entre ce qui est bon ou mauvais ou entre juste et faux. Personne ne peut prétendre décider de ce
qui est bon et de ce qui est mauvais; un tel comportement serait dogmatique et irait à l’encontre
du concept fondamental de la réflexion éthique. Il faut par contre examiner à fond de telles
questions et ne pas reprendre automatiquement le statu quo.
Ces exemples ont pour but de montrer l’importance d’une réflexion éthique dans la politique
placements de la Rotary Foundation, et aussi longtemps que ce ne sera pas le cas, le malaise
ressenti par beaucoup de rotariennes et de rotariens envers la fondation persistera. Seul un
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