Le respect de ces principes éthiques est un objectif élevé et il serait difficile de définir des
normes d’application de ces principes. Cependant il est clair que les réponses seront
différenciées d’une région du globe à l’autre. Définir qui sont « tous les intéressés» est
impossible et «bénéfique à tous les intéressés» sera interprété différemment d’une sphère
culturelle à l’autre.
Et le Rotary va encore plus loin. La déclaration du Conseil de législation du Rotary International
sur les activités commerciales et professionnelles adoptée en février 1989 stipule que «le
Rotarien dans le monde des affaires ou une profession libéral s’engage à respecter et à suivre
les lois de son pays et les règles de moralité de sa communauté».
Le Rotary a donc des principes spécifiques dans lesquels il intègre ces diverses éthiques
professionnelles. Rendre justice à chacun d’eux n’est guère possible sans divergences
d’opinions. Et si la variété des principes éthiques doit se refléter dans la politique des
placements de la fondation, est encore plus complexe. C’est ici l’argument principal des
responsables qui expliquent ainsi pourquoi ils renoncent à établir des questionnaires ou à
aborder ces questions. Dans sa brochure de 87 pages, «Investment Information», la Rotary
Foundation ne consacre que quelques lignes à la question du «Socially Responsible Investing»
(SRI) où elle explique une organisation peut harmoniser la politique de placement avec sa
mission et l’éthique; elle considère que ce sujet est trop complexe. Pour la Rotary Foundation, le
SRI ne signifie rien d’autre que «to grow assets in an appropriate manner for the purpose of
fulfilling the mission».
Mais aujourd’hui cette méthode ne fonctionne plus. Pourquoi? Parce que ne rien dire et ne pas
être actif est en totale contradiction avec les objectifs de la fondation et avec le critère des quatre
questions. À tout investissement financier sont liées aujourd’hui des corrélations financières
d’efficacité qui s’expriment par l’oscillation du cours des actions et celle des dividendes
jusqu’au résultat zéro en cas de faillite; des corrélations culturelles, écologiques et sociales sont
également liées à tout investissement financier.
Investir dans une fabrique de tabac, n’apporte pas seulement des dividendes acceptables au
propriétaire en fonction de la somme. Ce revenu a aussi une responsabilité partielle sur l’effet
négatif du tabac sur la santé, tout comme sur les emplois créés par l’entreprise. La liste des
effets positifs et négatifs que toute entreprise déclenche dans une économie globale de plus en
plus complexe n’est pas exhaustive. Peser le pour et le contre est très difficile. Aucun
investissement ne peut être classé comme uniquement mauvais ou uniquement bon.
L’évaluation globale dépend dans l’essentiel des priorités de l’investisseur.
Si la Fondation Rotary ne se préoccupe pas activement des effets et des du maintien de ses
valeurs, elle ferme les yeux sur deux situations problématiques. Tout d’abord, les effets peuvent
nuire au Rotary dans sa mission et en particulier à la fondation. En outre, le critère des quatre
questions qui doit guider les activités de toute rotarienne et de tout rotarien est ignoré. Ceci peut
avoir des conséquences. Un exemple théorique et un exemple concret illustrent ce propos.
Un « Unfriendly Takeover » est-il « fair ». Une théologienne et le manager d’un hedgefonds
dont le fonds a investi dans la fondation n’arriveront probablement pas à la même déduction,
même si tous les deux se basent sur le critère des quatre questions et sur les principes éthiques
de leur profession respective. Si dans un tel cas, on en arrivait à des licenciements la
théologienne attacherait plus d’importance au bien-être des licenciés et à leur famille que le
manager d’un hedgefonds qui évaluerait probablement la perte financière subie par les
investisseurs . Et cet exemple peut être élargi. Si une rotarienne a mis sur pied une entreprise
qu’elle perd lors d’un «Unfriendly Takeover» d’un groupe d’investisseurs dans laquelle les
gestionnaires de placement de la Rotary Foundation sont engagés, ceci ne stimulera ni le bien-
être de tous, ni les relations amicales.
Ces deux exemples purement théoriques montrent qu’il est difficile d’appliquer des principes
éthiques de haut niveau sans être confronté activement à une situation conflictuelle. Si les