
Syndicat National des Pédiatres Français
19, avenue Ferdinand Buisson - 75016 PARIS
© Dr Francis RUBEL, 2000
consentement peut donc n'être qu'une précaution formelle, propre à se mettre en règle avec les
lois et règlements et de nature à limiter les possibilités de recours en cas de difficultés.
Au cours des recherches biomédicales - comme dans l'exercice quotidien de la médecine - le
recueil du consentement ne traduit le respect de la personne humaine et de sa liberté de choix
que si l'information donnée préalablement est appropriée, sincère, objective, pertinente,
loyale, compréhensible... Toute la difficulté tient à ce que la portée pratique des exigences
ainsi ex-primées n'est pas la même pour tout le monde ni dans toutes les situations. On peut se
poser les questions suivantes :
- L'information peut-elle être complète, de caractère encyclopédique ? S'agit-il de submerger
l'intéressé sous un flot de détails, pour ne pas encourir le reproche de lui cacher quelque chose
? Ne doit-on pas plutôt lui apporter les informations pertinentes pour la situation envisagée,
présentée dans une perspective qui lui permet de bien se situer face à la question de l'agrément
et du consentement qui lui est posée, sans omettre toutes les informations qui lui seraient
nécessaires pour cela ?
- Comment reconnaître qu'une information est "compréhensible" (c'est-à-dire compréhensible
par tous) ? Doit-elle être simplifiée à l'extrême (mais elle sera alors loin d'être "complète") ?
Doit-on considérer que la personne qui se prête à la recherche ne possède elle-même aucune
connaissance propre à guider sa décision ? Ce serait gravement méconnaître la connaissance
parfois très fine qu'ont les patients de leur affection et de ses traitements... En fait, il n'existe
probablement pas d'autre moyen pour le médecin-investigateur de rendre à coup sûr une
information compréhensible et de s'assurer qu'elle est comprise que d'engager lui-même un
dialogue avec la personne, en veillant non seulement à répondre à toutes ses préoccupations,
mais aussi à éclairer certains aspects de la situation dans laquelle elle envisage de s'engager, et
auxquels elle n'aurait pas pensé.
Dans l'acte de "recueillir un consentement" éclairé, l'information écrite est aujourd'hui prévue
par les textes. Elle a le mérite de laisser une trace, de constituer une source à laquelle peuvent
se référer la personne concernée et ses proches. L'information écrite a une autre qualité : elle
fait, préalablement à sa diffusion, l'objet d'un examen attentif par des tiers - en l'occurrence les
membres du comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale, ou
CCPPRB - qui peuvent juger de sa clarté, de sa pertinence, de son équilibre et faire des
remarques ou des suggestions pour en améliorer le contenu et la présentation. La qualité de
l'information écrite proposée aux personnes dans la recherche a fait de substantiels progrès
depuis les débuts de l'application de la loi Huriet-Sérusclat. Cette qualité même ne doit pas
conduire les médecins à une dérive inacceptable : l'information doit continuer d'être donnée et
contrôlée par l'investigateur lui-même, sa compréhension doit être confirmée au cours du
dialogue investigateur - patient (malade ou volontaire sain). Ce n'est qu'à ce prix que le
consentement a un sens, qu'il traduit la liberté de choix de la personne, sans se restreindre à
satisfaire une disposition réglementaire ou à exprimer une précaution d'ordre juridique.
Le respect de la loi conduit à rappeler que le législatif, le réglementaire et le déontologique
s'intriquent étroitement, et que la législation et la réglementation s'enrichissent chaque jour de
textes dont l'inspiration éthique et déontologique est très forte, particulièrement dans le
domaine biomédical. Dans ces conditions, le respect de la loi - en l'occurrence celle du 20
décembre 1988 - ne saurait se concevoir comme la simple application de dispositions d'ordre
matériel, mais comme le respect de l'esprit des textes, particulièrement lorsqu'il s'agit
d'information, de consentement, de protection des personnes.