Molière, Les Fourberies de Scapin, mise en scène Christian Esnay

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LES FOURBERIES DE SCAPIN
DE MOLIERE
MISE EN SCENE : CHRISTIAN ESNAY
DOSSIER PEDAGOGIQUE REALISE PAR ADELINE STOFFEL, PROFESSEURE AGREGEE DE LETTRES-THEATRE
MARDI 27 JANVIER 2015 A 14H ET 20H30
1H40 / A PARTIR DE 12 ANS
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Les Fourberies de Scapin, Molière
Mise en scène
Collaboration artistique
Scénographie
Costumes
Lumières
Son
Administration
Christian Esnay
Jean Delabroy
François Mercier
Rose Mary D’Orros
Bruno Goubert
Régis Sagot
Éloïse Lemoine
Avec
Belaïd Boudellal, Pauline Dubreuil, Gérard Dumesnil, Rose Mary D’Orros, Georges Edmont,
Christian Esnay, Jacques Merle
Les classes qui le souhaitent peuvent sur demande :
- être accueillies au TCM pour le visiter ;
- bénéficier d’une intervention de Diane Reichart, chargée des publics,
en amont et/ou en aval de la représentation pour préparer la venue des
élèves et/ou revenir sur le spectacle ;
- rencontrer un membre de la compagnie selon sa disponibilité.
Contacter Diane Reichart au 03 24 32 44 43.
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SOMMAIRE
I/ POUR PREPARER LA REPRESENTATION
MOLIERE
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LA CREATION DES FOURBERIES DE SCAPIN
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LA MECANIQUE DE LA DUPLICITE
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SCAPIN OU « TOUT LE THEATRE »
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II/ APRES LA REPRESENTATION
REFLECHIR SUR DES CHOIX DE MISE EN SCENE
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ABORDER D’AUTRES ŒUVRES
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I/ POUR PREPARER LA REPRESENTATION
MOLIERE
Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris en 1622. Destiné à prendre la relève de son père
en tant que tapissier et valet de chambre ordinaire du roi, il poursuit des études de droit
dans la capitale puis à Orléans. Mais à 21 ans, il rencontre Madeleine Béjart, adopte le
pseudonyme de Molière, et fonde avec sa maîtresse la troupe de l’Illustre Théâtre : c’en est
fait, le voilà comédien.
Le succès tarde à venir à Paris, les dettes s’accumulent, l’Illustre Théâtre part donc en
tournée en province ; de 1645 à 1658, la troupe sillonne le territoire (Albi, Nantes, Pézenas,
Lyon, Rouen…), et Molière pendant ce périple fait ses armes de directeur, de comédien, de
dramaturge enfin (ses premières pièces, toutes des farces, sont aujourd’hui pour l’essentiel
perdues, seules subsistent L’Etourdi et Le Dépit amoureux).
L’Illustre Théâtre rentre à Paris en 1658, et obtient au mois de juillet de la même
année l’attention et la protection du roi Louis XIV, que la farce du Docteur amoureux amuse
beaucoup. Le jeune monarque installe la troupe au Petit-Bourbon, salle qu’elle partage avec
les Comédiens Italiens.
1660 voit naître dans Le Cocu imaginaire le personnage bientôt récurrent de
Sganarelle, et s’installer la troupe dans la salle du Palais-Royal. Un an plus tard, Molière
invente avec Les Fâcheux la formule de la comédie-ballet, pendant les entractes de laquelle
on danse, et que sa troupe sera la seule à pratiquer.
Avec L’Ecole des femmes, Tartuffe et Dom Juan vient le temps des querelles ; malgré
tout, l’Illustre Théâtre devient troupe du roi en août 1665 et reçoit une pension importante.
Toutefois, Molière tombe malade en novembre, rechute l’année suivante, et doit quitter la
scène pour quelques temps en 1667 ; il ne recouvrera jamais tout à fait la santé, et jouera
Alceste puis Argan avec un corps malade, usé.
Les dernières années sont celles de l’ouverture vers l’opéra, des comédies exploitant
la musique et le ballet dans le registre comique (Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois
gentilhomme), mais également des pièces à machines avec Amphitryon en 1668.
Un an après sa dernière grande comédie, Les Femmes savantes, la mort de Molière
va le confondre avec son métier de comédien : lors de la quatrième représentation du
Malade imaginaire en 1673, pris de convulsions, il doit être transporté chez lui, où il meurt.
Son inhumation est également exceptionnelle : il n’a en effet eu le temps ni de renier sa vie
de comédien ni de se confesser, et seule l’intervention du roi permet que la cérémonie ait
lieu selon le rite chrétien.
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LA CREATION DES FOURBERIES DE SCAPIN
UN INTERMEDE
Molière occupe le théâtre du Palais-Royal depuis déjà 11 ans lorsqu’il porte à la
scène, en mai 1671, Les Fourberies de Scapin. Sa carrière est au sommet, des pièces à grand
spectacle (George Dandin en 1668, Le Bourgeois gentilhomme en 1670) lui ont valu prestige
et succès, et il souhaite proposer au public du Palais-Royal une autre de ces populaires
comédies-ballets : Psyché. Or, il faut, pour cette pièce à machines lourde et imposante, un
espace et une intendance que la salle du Palais-Royal, alors en travaux, ne peut abriter.
Molière crée donc, en attendant Psyché, une comédie sans grand décor, sans prétention au
spectaculaire : Les Fourberies de Scapin.
On fera remarquer aux élèves qu’effectivement, hormis l’indication liminaire « La
scène est à Naples », aucune didascalie ne régit l’espace scénique. Le peu de moyens laisse
donc le plateau nu, et surtout l’imaginaire sans entraves : rien n’empêche dès lors la classe
de réfléchir à une scénographie, d’esquisser croquis et schémas (en ayant toutefois en tête
que l’intrigue prend place dans un lieu public, et non loin du « logis » dans lequel Géronte à
l’acte III retrouve Hyacinte).
DES INFLUENCES MULTIPLES
Les Fourberies de Scapin est une comédie d’intrigue qui emprunte sa matière à
diverses sources. Ce peut être l’occasion pour les élèves de constater :
- que le principe classique de l’innutrition est ici vérifié, puisque l’intrigue des
Fourberies doit beaucoup à la pièce du latin Térence Phormion, et que le Scapin
de l’acte I scène 2 n’est pas sans rappeler le Chrysale de la comédie de Plaute Les
Bacchis (on propose infra un extrait de la scène 4 de l’acte IV, traduction E.
Sommer, dans laquelle l’esclave se réjouit d’avoir réussi à extorquer au vieux
Nicobule l’argent nécessaire à l’entretien de la jeune prostituée que son maître
Mnésiloque aime) ;
CHRYSALE, sans voir Mnésiloque et Pistoclère. L’homme que je suis vaut son pesant
d’or, c’est une statue d’or qu’il mérite. Deux exploits dans un jour ! et deux fois l’ennemi
dépouillé par mes mains ! Comme j’ai joliment joué mon vieux maître ! l'ai-je assez
berné ! Ce malin barbon, à force de rouerie et de ruse, je l’ai amené, je l’ai forcé à me
croire. Quant à mon jeune maître, notre amoureux, avec qui je bois et mange et fais
l’amour, je l’ai fait riche comme un roi… de l’or à puiser dans la maison même ; rien à
chercher au dehors. Quelle misère que ces Parménons, ces Syrus, qui apportent à leurs
maîtres deux ou trois mines ! Rien de pire qu’un esclave sans imagination ! Parlez-moi
d’un de ces cerveaux féconds qui trouvent tout de suite l’expédient dont on a besoin. Un
sage est celui qui sait faire le bien et le mal, fourbe avec les fourbes, et avec les voleurs,
voleur autant qu’on peut l’être : un homme de sens et d’esprit sait changer de peau à tout
moment. Bon avec les bons, il est méchant avec les méchants et se plie aux circonstances.
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Mais je voudrais savoir combien mon jeune maître s’est réservé sur cet or, et combien il a
rendu à son père. S’il a de l’esprit, il aura traité son père en Hercule ; la dime au vieillard
et le reste pour lui… Eh ! voilà fort à propos l’homme que je cherche. Avez-vous laissé
tomber quelques pièces, que vous regardez ainsi à terre ? Que signifient ces deux mines si
tristes, si abattues ? Mauvais présage ; il doit y avoir quelque chose. Vous ne répondez
pas ?
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-
que le dramaturge s’inspire également de la farce, notamment dans la fameuse
scène du sac, qui renvoie à une célèbre farce de Tabarin, que le tout jeune
Molière avait eu l’occasion d’admirer sur les foires ;
que Les Fourberies de Scapin sont enfin particulièrement redevables à la
commedia dell’arte : on y retrouve ses types (les deux vieillards avares, les
amoureux, les zanni) et quelques-uns de ses lazzi (en I, 4, en II, 6 ou encore en II,
7).
UN ACCUEIL MITIGE
Les recettes quelque peu maigres (en moyenne 300 livres par spectacle) et le peu de
représentations (18) du vivant de Molière, disent la modestie du succès. Les Fourberies de
Scapin étonne et déçoit, après le cycle de comédies brillantes et dansantes initié en
collaboration avec Lully. On taxe même Molière, à l’instar de Boileau, de vulgarité et de
facilité :
Étudiez la Cour et connaissez la ville:
L'une et l'autre est toujours en modèles fertile.
C'est par là que Molière, illustrant ses écrits,
Peut-être de son art eût remporté le prix,
Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures,
Il n'eût point fait souvent grimacer ses figures,
Quitté, pour le bouffon, l'agréable et le fin,
Et, sans honte, à Térence, allié Tabarin.
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope. »
Boileau, Art poétique (1674), III, vers 391-400
On peut profiter de cette délicatesse pincée de Boileau pour inviter la classe à repérer,
notamment dans les scènes stigmatisées par l’auteur de l’Art poétique (II, 3 ou II, 6 ou bien
évidemment III, 2), les principales formes de comique (de geste, de situation, de mot, de répétition
et de caractère).
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LA MECANIQUE DE LA DUPLICITE
Comédie d’intrigue, Les Fourberies de Scapin repose sur une fable particulièrement
complexe, et une relance régulière du suspens. Il peut s’avérer intéressant, afin de s’assurer
que tous les ressorts ont été saisis et que l’intelligence de la structure a été remarquée, de
lancer la classe dans un travail autour du dédoublement.
Les élèves se rendront ainsi compte :
- que Molière mène de front deux intrigues parallèles et semblables (Octave et
Léandre implorent l’aide de Scapin pour la réussite de leurs amours respectives) ;
- que l’on peut organiser les personnages par duos (les amoureux, les amoureuses,
les fourbes, les valets, les vieillards avares et dupés…), auxquels la pièce s’ingénie
à régulièrement prêter des discours identiques (III, 1 pour Hyacinte et Zerbinette,
par exemple) ;
- que certaines scènes fonctionnent en miroir : I, 3 et I, 5 (Scapin en directeur
d’acteur) ; I, 3 et II, 4 (Octave et Léandre supplient Scapin) ; II, 6 et II, 7 (la lésine
vaincue) ; III, 3 et III, 5 (le désir de vengeance des ladres) ; III, 7 et III, 11
(reconnaissances tardives).
On n’omettra pas de faire le lien entre ubiquité de l’intrigue et duplicité de Scapin : la
pièce met donc en abyme, de manière spirituelle et remarquable, le trait de caractère
essentiel de son héros éponyme.
SCAPIN OU « TOUT LE THEATRE »1
« Scapin, c’est l’homme de théâtre, du théâtre, de tout le théâtre : il est l’auteur, il
est le producteur, il est le metteur en scène, il est le directeur d’acteurs, il est l’acteur, il est
même le spectateur. »
Cet extrait de la note d’intention rédigée par le metteur en scène peut servir de base
à un travail sur la mise en abyme, qui fait des Fourberies de Scapin une ode vibrante et
joyeuse au théâtre, à « tout le théâtre ».
Les élèves cherchent dans la pièce un ou plusieurs extrait(s) qui leur semble(nt)
développer davantage telle ou telle faculté du héros protéiforme : le dramaturge dans sa
tirade de l’acte I scène 2 (et notamment « je puis dire, sans vanité, qu’on n’a guère vu
d’homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts et d’intrigues, qui ait acquis plus de gloire
1
Christian Esnay, note d’intention pour Les Fourberies de Scapin.
7
que moi dans ce noble métier »), le directeur d’acteurs spectateur de son propre travail dans
les scènes 3 et 5 de l’acte I, le cabotin avec Léandre à l’acte II scène 4, l’acteur en
démonstration et époustouflant dans la scène du sac, l’acteur en même temps que le
producteur – puisqu’il y obtient le gain du pardon, l’effacement de sa dette et la promesse
de bonne chère « au bout de la table » - dans la scène dernière, le metteur en scène de
stratagèmes dans des répliques telles que « Je veux tirer cet argent de vos pères. (A Octave.)
Pour ce qui est du vôtre, la machine est déjà toute trouvée » (acte II scène 4) ou « Laisse-moi
faire, je trouverai moyen d’apaiser leur courroux » (acte III scène 8)…
Afin de faire goûter aux élèves la saveur de cette mise en abyme, on peut proposer
un modeste mais efficace et éclairant exercice de pratique théâtrale sur la scène 5 de l’acte I
et/ou la scène dernière : le texte est court donc aisément mémorisable, et on assiste là au
déploiement de l’essentiel des talents du rôle-titre. Afin de confronter les imaginaires et de
conforter l’évidence du « texte troué » (Anne Ubersfeld), on ne saurait que trop conseiller de
confier la même scène à plusieurs groupes différents ; l’analyse et le dialogue qui
s’ensuivront n’en seront que mieux nourris des propositions et des argumentations
plurielles.
On en profite enfin pour rappeler aux élèves que Molière interprétait lui-même
Scapin en 1671, et pour leur faire remarquer que Christian Esnay, directeur de la compagnie
Les Géotrupes et metteur en scène du spectacle, revêt les mêmes augustes oripeaux : le rôle
fascine donc toujours par sa capacité à incarner, subtilement et exhaustivement, tout ce que
le théâtre peut inventer, libérer, échafauder, exalter.
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II/ APRES LA REPRESENTATION
REFLECHIR SUR DES CHOIX DE MISE EN SCENE
LA MISE EN SCENE DE C. ESNAY
Il semble profitable d’orienter l’école du spectateur vers trois directions aisément
exploitables et accessibles :
- la revendication d’un « arte povera »2 : nudité de l’espace scénique, épure de la
scénographie, économie avec l’échange des rôles (les deux amoureuses jouent
également les utilités), portion congrue des accessoires… La place est ainsi laissée
au mouvement et aux cavalcades ; de surcroît, on file la mise en abyme, on fait
comme Scapin : des merveilles avec rien, du jeu ex nihilo, un sac avec un
pendrillon, un géant avec une échelle…
Scapin et Géronte dans la scène du sac, mise en scène C. Esnay
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-
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l’actualisation du propos moliéresque : les costumes à la fois désuets et
contemporains, la scénographie atemporelle et atopique, la voiturette évoquant
un parcours de golf ou un hôtel de luxe et dès lors la question sensible et cruciale
de l’argent…. donnent à la pièce une dimension d’apologue ;
l’analyse de l’affiche conforte le repérage de ces différents choix : primauté
accordée au plateau nu et fatigué d’avoir été rudement arpenté, revendication de
simplicité et d’économie avec la représentation d’un costume et d’un accessoire
Christian Esnay, note d’intention pour Les Fourberies de Scapin.
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seulement, ambiguïté de la silhouette (comminatoire, austère, nous offrant son
dos en guise de fin de non-recevoir, veillant jalousement sur sa besace : Argante
ou Géronte / se frottant les mains de la jubilation du tour à jouer, riant sous cape,
dissimulant sa fourberie dans les pans de son manteau, prête à dégainer toutes
les astuces contenues dans son sac à malices d’écolier insolent : Scapin),
anonymat qui autorise l’imaginaire, la pluralité des incarnations, le port des
masques.
L’affiche des Fouberies de Scapin, mise en scène C. Esnay
D’AUTRES MISES EN SCENE
On propose les trois mises en scène de Jacques Echantillon (Comédie-Française,
1973), de Marcelle Tassencourt en collaboration avec Michel Gayard (Grand Trianon de
Versailles, 1989), et de Jean-Pierre Vincent (Festival d’Avignon, 1990) comme outils de
réflexion sur la nature essentiellement plurielle et polysémique de cette réécriture qu’est la
mise en scène : la classe pourra constater que celle d’Echantillon opte pour l’univers
circassien afin d’accentuer la dimension farcesque de la pièce ; celle de Tassencourt et
Gayard pour le respect de la didascalie initiale et l’inscription dans la tradition de la
commedia dell’arte ; celle de Vincent pour la mise en exergue des virtualités de cruauté
inquiétante et de désordre déséquilibrant inhérentes au rôle-titre. Cette confrontation ne
pourra que développer l’esprit critique et témoigner de la profonde richesse herméneutique
de la pièce.
On peut se référer pour la mise en scène de Jacques Echantillon aux documents
suivants : des maquettes des costumes réalisés par Agostino Pace sur le site de l’A.R.T
(http://www.regietheatrale.com/index/index/catalogue_maquettes/index_alphabetiques/re
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sultat.php?recordID=88&titre=Fourberies de Scapin (les)&auteur=MOLIÈRE), une vidéo sur
le site de l’INA (http://www.ina.fr/video/CPF86631648), et la photographie infra.
Les Fourberies de Scapin, mise en scène Jacques Echantillon
On peut aborder la mise en scène de Tassencourt et Gayard grâce aux photographies
proposées sur le site Gallica (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90623560).
On peut consulter la vidéo disponible sur le site de l’INA
(http://boutique.ina.fr/video/art-et-culture/arts-du-spectacle/CAB90028123/avignonscapin-auteuil.fr.html) pour apercevoir la scénographie en pente et en chausse-trappes, et
entendre le metteur en scène Jean-Pierre Vincent assimiler le Scapin interprété par Daniel
Auteuil au « diable » !
ABORDER D’AUTRES ŒUVRES
L’étude de la pièce et de sa représentation peut être prolongée par :
- un groupement de textes consacré à la figure du valet, et plus particulièrement à
sa verve contestataire, à son ubris spécifique ; on pourrait y trouver l’Arlequin et
la Cléanthis de Marivaux dans L’Ile des esclaves, qui en remontrent à leurs maîtres
aussi bien dans leurs doléances que dans la démonstration de leur grandeur
d’âme ; le barbier de Beaumarchais non seulement s’octroie un monologue dans
Le Mariage de Figaro, mais également y pourfend la censure, les abus des
privilèges et du pouvoir, tout en réclamant l’avènement de la méritocratie ; Hugo
dans Ruy Blas campe un valet bien plus héroïque, aimable et compétent que tous
les Grands d’Espagne réunis au banquet de la corruption et du cynisme ; enfin,
Claire et Solange dans Les Bonnes de Genet offrent le spectacle fascinant d’une
condition vécue et subie comme un destin, qu’on ne peut fuir que par le
mensonge érigé en comédie schizophrène, ou la mort ;
- le visionnage du film Molière réalisé en 1978 par Ariane Mnouchkine, en insistant,
pourquoi pas, sur les épisodes consacrés au théâtre de foire et aux conditions de
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représentation dans les salles parisiennes du 17ème, ou encore sur la scène – qui
ne manquera pas de frapper les élèves – de la mort du dramaturge ;
Photographie du film Molière (Molière assiste à la représentation de La Mort de Sénèque,
de Tristan L’Hermite, avec Madeleine Béjart dans le rôle d’Epicaris)
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la lecture d’Ahmed le subtil (1994), réécriture contemporaine des Fourberies de
Sapin dans laquelle Alain Badiou fustige de sa plume satirique et acide la
xénophobie et le communautarisme ;
l’analyse, avec l’éventuelle collaboration du professeur d’arts plastiques, d’une
des nombreuses toiles que Picasso a consacrées à la figure d’Arlequin ; celle dite
de l’Arlequin au bâton (1969) nous semble particulièrement pertinente.
Picasso, Arlequin au bâton (1969)
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