RELAIS P.B. MAGHREB (N°14) Oct. 2011
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RELAIS PERES BLANCS - MAGHREB
(N°14) Octobre 2011
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
dansez à la louange de son Nom (Ps 149)
Le 27 octobre 1986, dans la ville italienne d’Assise, et à la demande de Jean
Paul II, se sont réuni, pour la première fois dans l’histoire, les représentants de
(presque) toutes les religions du monde. Le 27 octobre de cette année, pour
célébrer le 25ème anniversaire de cette rencontre spirituelle un rassemblement
similaire aura lieu à Assise, présidé par le pape Benoît XVI.
A l’époque, on avait beaucoup discuté pour savoir si l’on était venu pour prier
ensemble ou bien si l’on était venu ensemble pour prier Certes, à cause de nos
traditions et de nos cultures différentes il y a énormément de choses que nous ne
pouvons pas faire ensemble. Il serait possible de dépenser notre énergie en faisant
une liste, aussi exhaustive que possible, de toutes ces choses que nous ne pouvons
pas partager…
Quand Benoît XVI avait
visité la Terre Sainte, en 2009,
un rabbin lui avait dit : « Nous
ne pouvons pas prier
ensemble ; mais nous
pouvons chanter
ensemble ! » et il a lancé une
belle lodie en arabe,
hébreu, latin et anglais. A la
surprise générale le pape s’est
levé et à pris par la main les
invités de la tribune pour
chanter ensemble !
Nous, les Pères Blancs au Maghreb, nous ne voulons pas nous focaliser sur
ce qui nous est impossible de faire ; nous ne voulons pas perdre notre temps en
« querelles byzantines »… Nous voulons orienter toutes nos énergies vers la
construction du Royaume de Dieu et vous en avez une preuve dans ces pages :
parfois nous pourrons prier ensemble, parfois nous pourrons ensemble mener des
activités en faveur de la Création, parfois écouter la souffrance, à d’autres moments
recevoir ou être reçus, marcher ensemble dans le désert, envisager ensemble
l’avenir post-électoral en Tunisie à d’autres moments nous ne pourrons que
chanter ensemble la mélodie que d’autres nous auront inspirée !
José Maria Cantal Rivas pb
Provincial
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Denys Pillet : Témoignage
Un parti pris pour le monde musulman
Avant de quitter la Province du Maghreb pour des raisons de santé
notre confrère a été invité à nous partager ses convictions et son
expérience de plus de 50 ans au Sahara algérien.
Mon père, architecte a travaillé en
archéologie en Iran, Maroc, Syrie et
Egypte. Ma mère très cultivée et discrète,
se déclarant avoir été toujours heureuse
avec ses six garçons, était, ainsi que mon
père, de foi chrétienne profonde. Vers 10
ans, une homélie m’a mis devant l’appel à
devenir prêtre.
C’est cet environnement qui a mis
en moi un parti pris pour le monde arabo-
musulman qui va en se confirmant contre
vents et marées. Comprenez ce parti pris
comme le parti pris d’un amoureux et cela
pour le meilleur et pour le pire. Dès mon
entrée chez les Pères Blancs en septembre
1943 j’ai sans hésitation profitée du cours
d’arabe dialectal offert aux volontaires.
Au noviciat de Maison Carrée en
j’ai la chance de continuer l’arabe avec le
P Henri Marchal. Il a eu une grande
importance dans l’animation apostolique
de la Mission en terre d’Islam. Ce n’était
pas seulement la langue et les coutumes
que nous apprenions, mais aussi une vision
spirituelle et théologique : c’est le respect
aussi bien de l’initiative de Dieu (dans le
don de sa grâce et notamment de la foi en
Jésus Christ) que le respect de la liberté et
de la foi monothéiste des musulmans.
Ces années d’avant le concile ont
été nourries d’une formidable fermentation
biblique, théologique et liturgique qui
nous brûlait le cœur. En même temps,
c’était l’aspiration à la fin du colonialisme.
En 1951 Mgr Mercier initie dans le Sahara
algérien la formation professionnelle des
Adultes : jusqu’à la nationalisation de
l’enseignement (1976), nous avons vécu
un immense effort communautaire avec de
nombreux laïcs et avec beaucoup de
collaborateurs algériens.
En septembre 1963, Mgr Mercier
me demande de prendre la responsabili
de l’enseignement diocésain : primaire,
secondaire et professionnel. Elle me fait
circuler dans tout le diocèse pendant 13
ans. C’était aussi le moment la
pédagogie catéchétique était en plein
renouvellement et essor (jusqu’à 120
enfants au catéchisme à Laghouat et le
double à Béchar). La pédagogie scolaire et
professionnelle était également en plein
développement.
En 1976 intervient la
nationalisation. Nous étions à la limite de
nos possibilités en personnel
d’encadrement et en finances. En été 1978,
Mgr Raimbaud m’envoie à Ouargla. Je
venais de commencer à Laghouat
l’enseignement de l’arabe dialectal à des
coopérants grâce à la méthode Kamal. Je
veux souligner ici ce que nous devons à
cet effort communautaire des Sœurs
Blanches et Pierre Georgin pb avec des
algériens. Dans le même temps, de 80 à 85
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j’enseigne le français au Centre de
Formation Administrative. L’algéria-
nisation continue à progresser. Ces
fonctions de vacataires étrangers dans le
public ne nous sont plus possibles. Ainsi
nos engagements dans les services publics
(santé, enseignement, etc.) disparaissent
progressivement. Nous cherchions
d’autres formes de présence et de services.
Je reviens à 1979 : le moment
commence le Ribat avec Tibhirine et
Claude Rault (voir photo p. 4 avec les
membres actuels du Ribat). C’est bien ce
que nous cherchons : vivre notre foi
chrétienne en consonance avec les
croyants de l’Islam, notre vrai « parti
pris », notre communion dans l’Esprit
Saint qui fait l’unité en jouant avec les
différences. Ce n’est pas autre chose que le
vécu de bien d’autres personnes et groupes
dans l’Eglise d’Algérie.
En découvrant et Ouargla et la
Mission à Ouargla, et sollicité de divers
côtés me demandant de les aider dans leur
recherches historiques, je suis amené
progressivement à publier « Repères pour
l’histoire de Ouargla de 1872 à 1992 », en
arabe et en français, avec l’aide efficace de
Mr. Ali Idder et Mgr Gagnon. De même je
dois évoquer la collaboration très
précieuse du P. Roman Stäger pour
répertorier plus de 400 documents sur
Ouargla. Il en sera de même lors de la
préparation de l « Aperçu sur l’histoire de
la Mission du Sahara » demandé par Mgr
Gagnon pour 2001, célébration du
centenaire du diocèse du Sahara.
Tous les exemplaires des
« Repères» sont partis rapidement. Les
photos d’archives qui y figuraient sont à
l’origine d’une exposition qui ira en se
développant : elle est présentée en arabe et
en français. L’exposition confiée
officiellement à l’Assemblée Populaire
Communale de Ouargla, puis au musée de
1996 à 2009, a déménagé dans le local de
l’« Association du Ksar pour la culture et
la forme » (sur la photographie de cette
page le P. Denys présente cette exposition au
P. Emmanuel, Assistant Général, en visite à
Ouargla, ndlr).
L’année de l’Algérie en France, en
2003, m’amène à sortir « Une oasis
saharienne à travers l’histoire :
Ouargla », album de 180 photos de la
préhistoire à nos jours.
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La population ouarglie et moi-
même découvrions un patrimoine dont ils
sont fiers et qui intéresse également des
étrangers. C’est cet autre type de relation à
la population qui me paraît important. Elle
est relayée d’ailleurs par la bibliothèque de
recherche et de prêt, doublée de cours aux
adultes et de soutien scolaire que nous
offrons dans notre maison. C’est une telle
insertion dans la culture locale qui me
semble utile à mieux saisir. Elle n’est pas
une œuvre individuelle ni un projet
préfabriqué de toute pièce. C’est un
enchaînement de présences, de services,
d’efforts de formation et de culture qui
petit à petit s’adapte et se perfectionne. Il
fait naître dans la population elle-même
une prise de conscience mais aussi une
prise en charge de son patrimoine, de son
histoire et de son devenir le plus actuel.
Depuis 2007, à cause de l’accent
mis sur la culture dans la réflexion
diocésaine, l’idée de publier « Cahiers de
Ouargla » est née. Il s’agit de familiariser
le grand public avec des données
culturelles importantes pour Ouargla :
histoire et préhistoire, l’eau, la santé etc.
De 1992 à 2007, les res blancs
nous avons été amenés à habiter au temple
protestant, hors du ksar tout en y restant
présents et actifs. Ainsi nous même nous
avons choisi la fidélité au ksar et à son
avenir. Un avenir non pas de musée mais
de vie moderne profondément enracinée
dans les richesses de sa préhistoire et de
son histoire, y compris celle de la mission.
Mais à nous de mettre en œuvre
courageusement ce que les évêques
d’Algérie exprimaient en 2004 « Nous
voulons être une Eglise du respect, de la
réconciliation et de la communion par-
dessus toutes les frontières ». Voilà ce que
nous devons être dans la fidélité et la
liberté de l’Esprit Saint. Etre au jour le
jour ceux qui découvrent ses dons et son
action, en nous et en nos frères et urs.
Les termes de respect, réconciliation et
communion employés par nos évêques
sont à prendre au sens rigoureusement
théologique et non pas au sens d’une
simple convivialité de bonne guerre.
Nous ne pouvons pas ignorer dans
l’expérience d’accueil et de service vécue
ici entre chrétiens et musulmans ce que dit
Jésus : « celui qui vous accueille,
M’accueille et accueille Celui qui m’a
envoyé » ! Un tel accueil serait-il étranger
à l’action de l’Esprit, à son travail pour le
Règne de Dieu ?. Nous sommes en plein
Evangile et non pas en pré-évangélisation.
Que chacun ait le courage
d’inventer sa route en fidélité ecclésiale à
l’Esprit qui souffle il veut. C’est mon
u le plus cher pour la relève
subsaharienne dont j’admire les prémices
et ce qu’elle représente de travail de nos
confrères qui les forment.
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Colonne JPIC 1 :
PROTEGEONS NOTRE ENVIRONNEMENT
Perspectives chrétiennes sur l'écologie
Collection "Questions sociales" n° 36 B - Institut LUMKO
Le document que nous mettons à votre disposition2 pour animer des réunions d’études
bibliques pond à la demande de communautés chrétiennes qui désirent comprendre
davantage le mouvement écologique et réfléchir à leurs attitudes chrétiennes dans le domaine
du respect de l'environnement. Il se situe aussi en communion avec le 2ème Synode pour
l’Afrique :
Nous constatons
que de nombreux êtres
humains, à tous les
niveaux, continuent à
maltraiter la nature et à
détruire le monde si beau
donné par Dieu par
l'exploitation des
ressources naturelles au-
delà de ce qui est
acceptable et utile.
En complicité avec
ceux qui exercent le
leadership politique et
économique en Afrique, des
gouvernements, des
groupes de compagnies
multinationales s'engagent
dans des transactions qui
polluent l'environnement, détruisent la flore et la faune, la nature et les forêts, causant ainsi
une érosion et une désertification sans précèdent. Pour rendre la terre habitable au-delà de
la génération actuelle et en garantir un respect durable et responsable, nous en appelons aux
Églises locales:
- qu'elles promeuvent l'éducation et la prise de conscience du problème de l'environnement ;
- qu'elles persuadent leurs gouvernements locaux et nationaux pour qu'ils adoptent des
politiques et des règlementations contraignantes pour la protection de l'environnement, et
promeuvent d'autres sources d'énergies renouvelables ; et
- qu'elles encouragent tout le monde à planter des arbres et à traiter la nature et ses
ressources avec respect, en raison de la sacralité de la nature et du bien commun, dans la
transparence et le respect pour la dignité humain. (Proposition 22).
Vous trouverez le déroulement de 11 sessions ; chacune est indépendante et peut
constituer le sujet d'une rencontre. Nous suivons chaque fois la même démarche :
a• Nous partons d'une situation réelle et pondons à des questions pour comprendre
1 JPIC = Justice, Paix et Intégrité de la Création.
2 Diffusé avec l’autorisation de l’Institut Lumko que nous remercions ici. Lumko est l’institut de pastorale de
la conférence des évêques catholiques de l’Afrique du Sud, du Botswana et du Swaziland. [email protected]
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