9 8 Primordial, notre jardin nous est indispensable ! Car même s`il

9
8
Guide de survie joyeuse
AU JARDIN
Primordial, notre jardin nous est indispensable ! Car même s’il est fleuri,
ludique, rassérénant, lieu d’échanges et d’expérimentations, il est avant
tout nourricier. Une frénésie de fruits, d’herbes et de légumes y pousse.
Allant jusqu’à déborder du potager et envahir les moindres recoins :
un mur, une clôture, le pied d’un arbre, une haie, un massif…
11
10
Guide de survie joyeuse
JE PRODUIS MES LÉGUMES
Cultiver ses légumes est un loisir, un plaisir, certes ; mais
en période difficile, le potager est essentiellement vivrier,
voire vital pour nous qui organisons principalement
nos repas autour des légumes que nous produisons !
Au fil des années et de notre pratique, Jean-Luc et
moi sommes devenus de plus en plus sensibles à la
notion de jardinage au naturel. La bonne surprise
a été de réaliser que cette nouvelle approche s’avère
aussi économique qu’écologique. Ainsi nous avons
échangé le motoculteur (contre une tronçonneuse),
abandonné tous les engrais (même bio) et presque tous
les produits de traitement. Un gain de temps et d’argent
très appréciable ! D’autant que la qualité et la quantité des
récoltes n’ont pas diminué, bien au contraire.
En installant un potager, jamais nous n’aurions pu imaginer, Jean-Luc et
moi, que nous serions autant influencés par une vieille dame, jardinière
allemande. C’est donc totalement inconscients de ce qui allait suivre que
nous nous sommes offert, en cadeau de Saint-Valentin, un étonnant livre
sur le « jardin des cultures associées ». Celui de Gertrud Franck, ancienne
responsable d’un immense potager domanial dans le Bade-Wurtemberg.
Il présentait la méthode mise au point par la vieille dame pour obtenir un
jardin à la fois productif et le plus naturel possible.
Nous avons donc tâtonné en jardinage biologique avec Gertrud. Oui, cela
peut paraître cavalier d’appeler cette dame jardinière par son prénom, de
l’adopter comme une quasi-tante, sans aucun accord préalable. Mais, pour
notre défense, il faut dire qu’à l’époque, elle faisait réellement partie de notre
quotidien. Nous l’invoquions sans cesse : « Ce n’est pas ce que dit Gertrud »,
« N’importe quoi, Gertrud, elle, fait comme cela… ». Que de chamailleries
autour de l’interprétation de ses textes ! Il faut dire que nous appliquions les
enseignements de notre mentor à la lettre dans les premiers temps, suivant
ses plans, reproduisant ses associations de légumes.
Heureusement, nous nous sommes enfin approprié sa méthode pour
l’adapter à notre terroir… et à nos goûts. Et je dois avouer que l’abandon
de plusieurs lignes de choux (que d’évidence Gertrud, elle, aimait beaucoup)
fut un vrai soulagement !
JE PRODUIS
MES LÉGUMES
13
12
Guide de survie joyeuse
JE PRODUIS MES LÉGUMES
DANS LA NATURE, PAS DE MONOCULTURE !
Gertrud Franck a conçu une vraie méthode de jardinage, tout entière fondée
sur son observation de la nature. Ainsi dans les prés, les bois, les haies,
la monoculture n’existe pas. Au contraire, les plantes poussent en grand
mélange, trouvant leur place au soleil sans concurrence entre elles. Le potager
des cultures associées tente de reproduire au mieux ces mariages dans le
jardin. Il propose non pas d’aligner les légumes en « planches » (trois
rangées de carottes suivies de deux rangs de poireaux, puis d’une bande
de laitue…), mais de les mélanger le long de « lignes » (A, B, C), distantes
entre elles de 50 cm.
LIGNES MÉTISSÉES
Pour Gertrud Franck, ce qui préside à l’association des légumes entre eux
n’est pas tant les heureuses ou mauvaises relations supposées entre les
plantes que leur occupation de l’espace, en volume et/ou dans le temps.
Les Lignes A sont occupées par des légumes non seulement volumineux mais
restant plusieurs mois en place : aubergine, chou de Bruxelles, chou pommé
(d’automne et d’hiver), fève, haricot à rame, maïs doux, melon, petit pois
à rames, poireau, poivron, tomate…
Les Lignes B sont destinées aux plantes intermédiaires, celles qui sont moins
grandes : arroche, brocoli, céleris, chou pommé (de printemps, d’été),
concombre, cornichon, courge, courgette, fenouil doux, haricot nain, panais,
petit pois nains, poireau, poirée, pomme de terre primeur, salsifis…
Les Lignes C, enfin, hébergent des végétaux qui ne font pas d’ombre à leurs
voisins (ou qui n’en ont pas le temps) : ail, aneth, basilic, betterave, carotte,
cerfeuil, chicorées, chou chinois, chou-navet, chou-rave, cresson alénois,
échalote, laitue, mâche, navet, oignon, persil tubéreux, pourpier, roquette,
radis, roquette, tétragone…
Toute la méthode de Gertrud réside ensuite dans un enchaînement, précis,
de ces trois lignes : A-C-B-C-A-C-B-C-A… Les rangs de légumes sont tous
espacés les uns des autres de 50 cm. Ainsi les plantes poussent sans jamais
se gêner ni se concurrencer. Et, mêlées, elles sont bien moins sensibles aux
attaques de ravageurs et de maladies.
Bettes, poireaux et carottes voisinant.
Mélange spontané au pied du compost.
La rotation dans le potager de Gertrud ? Simplissime : on décale chaque
année les lignes de 25 cm. Ainsi, l’année prochaine, les cultures de légumes
pousseront sur l’emplacement des actuels passe-pieds et les lignes
d’aujourd’hui seront ensemencées avec de l’épinard.
Lignes A : légumes volumineux et restant longtemps en place
Lignes B : légumes de taille intermédiaire
Lignes C : légumes de petite taille ou restant peu de temps en place
A
C
B
C
A
C
B
mon POTAGER en ligne
A Concombre, maÏs, haricots
C MÂche
B Échalote
C Betterave (+ coriandre)
A Chou, tomate (+ basilic, capucine)
C Carotte (+ aneth)
B Poireaux, fraise
15
14
Guide de survie joyeuse
Notre potager en ligne en juin.
PAS TOUCHE AU SOL !
Dans la nature, le sol n’est jamais nu. Sans aucun ameublissement préalable,
il se couvre d’une foule de végétaux. Il résiste ainsi à l’érosion, au lessivage,
aux variations climatiques. Le couvert végétal capte l’eau de pluie tandis que
les racines la retiennent dans le sol.
Dans le potager de Gertrud, il en va de même. La terre n’est jamais travaillée
en profondeur ; à peine est-elle aérée. Et, surtout, elle est toujours couverte
par des lignes de légumes (leur installation étant précédée ou suivie par des
engrais verts comme la phacélie, le sarrasin, la moutarde…) et, entre les
cultures, par des paillages divers.
UNE MOQUETTE D’ÉPINARD
Ce qui étonne tout particulièrement les visiteurs de notre potager ce sont
les « passe-pieds », ces espaces qui permettent au jardinier de circuler
entre les cultures. D’ordinaire, le sol entre les légumes est souvent laissé
nu. Ces cheminements, piétinés, se tassent. Et ils s’enherbent, obligeant le
jardinier soigneux à sarcler, biner le sol entre les légumes pour qu’ils restent
« propres ».
Dans le jardin de Gertrud Franck, les passe-pieds sont tout d’abord
ensemencés… avec de l’épinard. Rien n’empêche d’en cueillir quelques
feuilles bien sûr, mais son rôle essentiel est de couvrir la terre nue entre
les légumes pour éviter le tassement et la pousse d’herbes sauvageonnes.
L’épinard forme un tapis vert que l’on piétine au fil des travaux maraîchers.
Ainsi, absolument tout le sol du potager est couvert !
Semis de pourpier entre choux et panais.
Joli méli-mélo.
SemiS ou
plantation février-avril mai-juillet août-octobre
A moutarde chou à choucroute +
haricot vert nain mâche
CpetitS radiS creSSonnette du maroc +
chrySanthème chinoiS féverole
Bpomme de terre nouvelle poireau
Cnavet primeur carotte de garde tapiS de feuilleS morteS
Amoutarde tomate + haricot grain nain
+ baSilic féverole
Cmoutarde betterave + coriandre féverole
Bmoutarde haricot vert roquette
Cmoutarde meSclun radiS d’hiver
Amoutarde maïS + phySaliS + courgette tapiS de feuilleS morteS
Cmoutarde betterave + aneth tapiS de feuilleS morteS
BpetitS poiS poireau tapiS de feuilleS morteS
CpetitS radiS carotte tapiS de feuilleS morteS
Amoutarde tomate + chou tapiS de feuilleS morteS
Claitue à couper radiS d’hiver tapiS de feuilleS morteS
Mon plan de POTAGER
: paSSe-piedS
JE PRODUIS MES LÉGUMES
AU PRINTEMPS, JE DÉMARRE MON POTAGER 17
16
Guide de survie joyeuse
MISSION : OCCUPATION DES SOLS !
Mais chaque année, l’arrivée du printemps chamboule ce petit monde
paisible. C’est que depuis plusieurs mois déjà, la fièvre monte progressive-
ment. Nous compulsons nos catalogues de graines et faisons nos commandes
(un épisode toujours potentiellement orageux dans le couple, l’un et l’autre
défendant ses plantes favorites). Nous tirons des plans sur papier et obser-
vons furtivement le jardin des voisins… Début mars, les jardiniers qui som-
meillent en nous n’en peuvent vraiment plus et piaffent d’impatience : il faut
démarrer le nouveau potager !
Nous faisons alors place nette : nous arrachons les derniers légumes, ratis-
sons les feuilles mortes, arrachons d’éventuelles touffes de mauvaises herbes
vivaces. Enfin, le sol nu est prêt à être aménagé. Notre plan en main, et le
cordeau à ficelle brandi, nous retraçons les fameuses « lignes » de Gertrud :
ACBCAC… Puis nous semons généreusement les passe-pieds en épinard
et quelques lignes avec des légumes précoces : pois (petits et gourmands),
oignons blancs, fèves, laitue à couper, cerfeuil, cresson alénois… Toute la
place vacante est ensemencée avec un engrais vert : la moutarde. En effet,
cette plante étant rustique, elle germe et se développe vite à cette période ;
elle occupera l’espace exactement le temps nécessaire pour que l’on puisse
installer les plantes suivantes, en avril-mai. Enfin, les semis effectués dans
le jardin, nous patientons jusqu’en avril pour semer les tomates, courgettes
et autres plantes estivales, dans des caissettes, des godets que nous plaçons
au chaud dans la maison.
AU PRINTEMPS,
JE DÉMARRE MON POTAGER
16
En fin d’hiver, si le potager est en repos, il n’est pas désolé et nu.
D’abord parce qu’il contient encore nombre de légumes rustiques
que nous récoltons au gré de nos besoins : panais, poireau, chou
de Bruxelles, mâche… Ensuite parce que, partout ailleurs, le sol
est couvert de feuilles mortes, de fumier composté et d’autres
paillages que nous avons épandus en automne. À cette
époque, le potager est aussi la grande cour de récréation
du poulailler : cela gratte, picore, crotte à qui mieux
mieux ! Bien que Jean-Luc déplore que nos poules, coqs et
cane bouleversent et dérangent nos belles couvertures de
feuilles, force est de reconnaître que nous n’avons jamais
eu d’aussi beaux œufs et que les populations de limaces
semblent avoir considérablement diminué !
1 / 11 100%

9 8 Primordial, notre jardin nous est indispensable ! Car même s`il

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !