1 Institut de Formation de Professions de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex ROLE INFIRMIER ET UTILISATION DES MEDECINES DOUCES DANS LES DOULEURS INDUITES UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques UE 6.2 S6 : Anglais : rédaction de l’abstract du Travail de Fin d’Etudes Présenté par : CORNEBOIS Léa, DIRAND Rémi, SAHLAOUI Nadia, STOLTZ Maéva Promotion 2013/2016 Formateur de guidance : Mme MARCHAL Anne-Laure 2 3 Institut de Formation de Professions de Santé Formation infirmière 44 chemin du Sanatorium 25030 Besançon Cedex ROLE INFIRMIER ET UTILISATION DES MEDECINES DOUCES DANS LES DOULEURS INDUITES UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du Travail de Fin d’Etudes Présenté par : CORNEBOIS Léa, DIRAND Rémi, SAHLAOUI Nadia, STOLTZ Maéva Promotion 2013/2016 Formateur de guidance : Mme MARCHAL Anne-Laure 4 « La douleur peut être atténuée par une relation d’attention et d’humanité, qui complète la dimension technique des soins et contribue à les rendre acceptables et utiles. » David LE BRETON 5 REMERCIEMENTS Nous souhaitons remercier tout particulièrement notre formatrice de guidance, Mme MARCHAL, qui nous aura soutenus, guidés et aiguillés tout au long de ce travail de recherche. Nous remercions également les différents professionnels du CHRUB nous ayant reçus pour les entretiens, qui ont pris le temps d’échanger avec nous sur leurs pratiques et qui nous ont apporté de précieuses informations pour la réalisation de notre travail de fin d’études. 6 SOMMAIRE INTRODUCTION ..……………………………………………………………………………………9 1. Situation d’appel ………………………………………………..……………………………9 2. Questionnement ..……………………………………………………………………………9 3. Question de départ ..……………………………………………………………………….10 PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL 1. La douleur ………………………………………………………………………………….12 1.1. Définition ……………….………………………………………...…...12 1.2. Douleur aigüe, douleur chronique ...……………………................12 1.3. Douleur induite par les soins ...……………………………………..13 2. Les médecines alternatives et complémentaires …………………...….………….......13 2.1. Définition ...…………………………………………….………...……14 2.2. Effets recherchés des médecines douces ………………………...14 2.3. L’hypnose ……………………………………………...……………..14 2.4. La sophrologie …………………………………………………….....17 3. Rôle infirmier ……………………………………………………………………………….18 PARTIE II : PHASE EXPLORATOIRE 1. Méthodologie de l’enquête ...………………………………………………………………21 1.1 Choix du lieu de l’enquête ……………………………………………….21 1.2 Choix de la population interrogée …………………...………………….21 1.3 Choix de la méthode ……………………………………………………..21 1.4 Limites et difficultés rencontrées ……………………………………….22 2. Analyse des entretiens ………………………………………………………………...…..22 CONCLUSION ET PROBLEMATIQUE .…………………….……………………………………28 BIBLIOGRAPHIE ...………………………………………………………………………………….30 ANNEXE N° 1 ……………………………………………………………………………………….33 ANNEXE N°2 ………………………………………………………………………………………..34 ANNEXE N°3 ………………………………………………………………………………………..35 ABSTRACT ...……………………………………………………………………………………..…37 7 LISTE D’ABREVIATIONS TPN : Thérapie par Pression Négative TIRFE : Travail d’Initiation à la Recherche de Fin d’Etudes IASP : Association Internationale pour l’Etude de la Douleur (International Association for the Study of the Pain) IFH : Institut Français de l’Hypnose CSP : Code de la Santé Publique IDE : Infirmier Diplômé d’Etat EVA : Echelle Visuelle Analogique CHRU : Centre Hospitalier Universitaire 8 INTRODUCTION 9 INTRODUCTION 1. Situation d’appel : Lors d’un stage de 10 semaines en Maladies Infectieuses, j’assistais à la réfection quotidienne des pansements d’ulcères artério-veineux des membres inférieurs chez un patient de 51 ans. Ce patient était cohérent et conscient, mais dépendant de nos soins car il était alité. Il a été admis dans le service suite à une infection par Staphylococcus Aureus, qui a été traitée par antibiotiques. Durant son hospitalisation, Mr G a été hyper-algique, particulièrement lors des soins sur ses plaies. Il était sous pousse-seringue de Morphine® en continu, et pouvait réclamer des bolus si besoin. Il prenait également du paracétamol® 1g à raison de 4 fois par jour, et le Kalinox® était prescrit pour la réfection des pansements. J’ai été très touchée par l’hyperalgie de ce patient lors des pansements que je réalisais avec l’aide de l’infirmière. Il nous suppliait d’arrêter le soin et disait que nous étions « des bourreaux », mais paradoxalement, il nous disait de continuer car il savait que si nous ne réalisions pas la réfection des pansements, ses plaies ne guériraient pas. J’ai ressenti un grand sentiment d’impuissance. 2. Questionnement : Suite à l’analyse de la situation d’appel, nous avons abouti à plusieurs pistes de questionnement se rapportant à la situation : - Comment peut-on être efficace dans la prise en charge de la douleur d’un patient pour lequel des antalgiques de palier 1 et de palier 3 sont déjà en place ? - Quels types de douleurs sont en jeu dans cette situation ? - Pourquoi les médecins ne sont-ils pas intervenus lorsque le patient criait ? - Pourquoi ne pas avoir interrompu le soin ? - Quel est le réel bénéfice du pansement s’il est défait tous les jours ? - Pourquoi un système de TPN par VAC® n’a-t-il pas été envisagé ? - Quels sont les critères pour avoir recours à la réalisation d’un pansement sous anesthésie générale ou rachis-anesthésie ? - Pourquoi ne pas avoir recours à l’hypnose ou à d’autres médecines parallèles ? - Le personnel a-t-il reçu une formation en plaies et cicatrisations ? Des formations sontelles proposées ? 10 - Pourquoi ne pas avoir utilisé d’anesthésique local tel que la Xylocaïne® en spray sur la plaie ? - En tant que soignant, comment obtenir une satisfaction dans notre travail lorsque la prise en charge de la douleur lors d’un soin est inefficace ? - Que peut-on mettre en place en tant que soignant face à une situation de douleur non soulagée ? - Quel est l’impact sur l’équipe soignante face à la douleur ne cédant pas aux antalgiques lors des soins ? La relation soignant-soigné se trouve-t-elle altérée ? - Quel est l’impact de la prise en charge de ce patient sur l’organisation du service ? 3. Question de départ : Nous nous sommes rapidement décidés sur le choix du thème pour le TIRFE en raison de notre intérêt commun pour les médecines alternatives. Lors des temps de guidance, nous avons pu affiner et réajuster notre questionnement avec l’aide de notre formatrice, ce qui nous a alors conduit à élargir nos recherches, et ainsi les mener au sein d’un service de chirurgie. Nous avons donc abouti à la question de départ suivante : Quel est le rôle de l’infirmier dans l'utilisation des médecines alternatives pour pallier les douleurs induites par les soins chez l'adulte ? 11 DEVELOPPEMENT 12 PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL 1. La douleur 1.1 Définition Le terme « douleur » vient du latin « dolerem » issu du verbe « dolere » qui signifie « souffrir ». Elle se définit généralement comme une « sensation pénible ressentie dans une partie du corps, résultant d’une impression produite avec trop d’intensité ». [1] Dans le domaine médical, la douleur est définie comme « une sensation anormale et pénible résultant de la stimulation des terminaisons nerveuses dans les organes ou régions sensibles ». [2] Selon l’IASP, la douleur est « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en des termes évoquant une telle lésion ». [3] La sensation douloureuse naît donc du traitement d’un message neurochimique reçu par le cerveau. Elle peut être aiguë ou bien chronique. Toute douleur produit un stress plus ou moins important selon sa localité (tachycardie, sueur, malaise vagal) et une réaction d’anxiété, qui peut augmenter et maintenir la sensation douloureuse. Cette sensation douloureuse est influencée par de multiples facteurs et son expression est patientdépendante. La douleur est donc une expérience strictement personnelle. En effet, les codes culturels influencent l’expression de la douleur et la perception qu’en ont les soignants. La manifestation de la douleur peut être totalement différente d’une personne à une autre, la douleur est alors subjective. Chaque douleur doit donc être entendue et prise en charge sans différence, sans aucun privilège, le soignant se doit d’être neutre et bienveillant dans n’importe quelle situation. [3] 1.2 Douleur aigüe, douleur chronique La douleur aigüe est une sensation vive et cuisante évoluant rapidement, c’est une douleur type « signal d'alarme ». Elle permet donc de signaler une anomalie ayant comme objectif de protéger l’intégrité de l’organisme. Sa localisation, son horaire, son mode d'apparition, ses facteurs soulageant (position antalgique, froid/chaud, alimentation...) permettent d’aider au diagnostic. Il est important de diminuer rapidement la douleur aiguë 13 par le traitement de sa cause en association avec les antalgiques. Cette prise en charge précoce peut restreindre à la fois l'évolution vers une douleur chronique et une aggravation du phénomène douloureux. [3] La douleur chronique, quant à elle, est caractérisée par une douleur installée depuis au moins trois mois. Son origine découle de plusieurs facteurs tels qu’environnementaux, psychologiques, professionnels, familiaux etc. Ce sont des douleurs où sont impliquées les composantes nociceptives, neurogènes et psychogènes. Elle est fréquemment associée à un état dépressif qui peut être tantôt la cause, tantôt la conséquence de cette douleur. Sa prise en charge est difficile, globale, pluridisciplinaire et prolongée dans le temps. 1.3 Douleur induite par les soins Jusqu’au milieu du XIXème siècle, la douleur induite par les soins était considérée comme le prix à payer pour obtenir la guérison. Chirurgie et extraction dentaire en étaient les grandes pourvoyeuses. Progressivement, elle est devenue inacceptable. Les douleurs induites sont le plus souvent de courte durée, causées par le médecin, le soignant ou une thérapeutique et surviennent dans des situations prévisibles. Elles sont donc susceptibles d’être prévenues par des moyens adaptés. Elles sont souvent appelées «douleurs provoquées par les soins ». Certains gestes du quotidien peuvent causer des douleurs parfois importantes selon l’état physique et psychique du patient (mobilisations, transfert lit-fauteuil, réfection de lit, prise de sang, pansements, gaz du sang, soins cutanés etc.). [4] [5] Elles sont très fréquentes et sous-évaluées chez les soignants experts. L’objectif du soin ou du geste prime souvent sur l’acte. La difficulté de prise en charge des douleurs induites est due à l’activité chronophage, à l’anticipation parfois difficile, à la nécessité de protocole, à l’organisation rigoureuse des soins ou encore à la lassitude. 2. Les médecines alternatives et complémentaires La médecine allopathique propose un traitement médical qui combat la maladie en utilisant des médicaments afin de contrer des phénomènes pathologiques. [6] Cependant cela ne suffit pas toujours à soulager la douleur. Ainsi, nous nous sommes intéressés aux médecines alternatives et complémentaires qui reposent soit sur des manipulations, soit sur la prise ou l’application de produits non chimique. Ces médecines proviennent de pratiques souvent ancestrales. [7] 14 2.1. Définition D’après l’OMS, il y aurait plus de 400 médecines alternatives et complémentaires qui utilisent des produits naturels, des techniques de manipulation, des thérapies du corps et de l’esprit ou des systèmes complets basés sur des théories comme l’acuponcture, l’homéopathie ou la médecine chinoise. [8] Les médecines alternatives représentent toutes les autres formes de pratique thérapeutique autres que la médecine allopathique. Elles sont nommées de différentes manières : on parle de médecines complémentaires, douces, parallèles, traditionnelles ou encore non conventionnelles. [7] Elles sont de plus en plus connues en France mais beaucoup restent sceptiques du fait du manque d’encadrement légal qui peut parfois engendrer un danger. Toutefois, on peut noter qu’en France l’acupuncture et l’homéopathie sont les seules médecines alternatives et complémentaires reconnues comme « orientation médicale ». Isabelle Ignace, psychologue, hypno-thérapeute et responsable du pôle pédagogique de l’IFH, fait une remarque intéressante sur ces médecines. En effet, elle dit qu’ : « [elles] ne viennent pas tant en remplacement des médecines occidentales qu’en complément, en appui de celles-ci ». [8] 2.2. Effets recherchés des médecines douces Les médecines complémentaires, comme leur nom l’indique, peuvent s’appliquer en complément des prescriptions médicales lorsque celles-ci ne suffisent plus à pallier les douleurs induites par les soins. L’effet recherché est principalement commun à toutes les méthodes utilisées lors de soins douloureux : rendre la douleur plus supportable et plus gérable, afin d’améliorer l’expérience d’un soin algique et ainsi le rendre moins anxiogène. 2.3. L’hypnose 2.3.1. Historique L’histoire de l’hypnose débute au XVIIIème siècle avec Mesmer. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les mots « magnétisme » et « hypnotisme » sont pratiquement synonymes. A cette époque, il parle d’un état de "crise magnétique" induite suite à l’administration d’un fluide par le magnétiseur. La crise est le moment thérapeutique, le moment où les blocages internes cèdent grâce à l’intervention magnétique. A cette période, l'engouement pour cette pratique est important. L'hypnose était beaucoup utilisée comme seule anesthésie jusqu'au XIXème siècle, date à laquelle la médecine s'est développée. Les anesthésies chimiques se sont développées, occultant l'anesthésie hypnotique. 15 Dans le milieu du XXème siècle, le psychiatre américain Milton H. ERICKSON va révolutionner l’hypnose telle qu'on la connait aujourd'hui. Avant lui, l'hypnotiseur était directif et proposait des solutions aux problèmes rencontrés par le patient. Alors qu’avec l'hypno thérapie ericksonienne, le patient est l'acteur de sa guérison et c'est à lui de mettre à profit son état hypnotique, avec un thérapeute moins autoritaire. [9] L'hypnose thérapeutique pratiquée aujourd'hui est adaptée à de nombreux contextes de soins et ne nécessite aucun don particulier. Elle peut être utilisée dans un contexte hospitalier pour soulager des douleurs chroniques ou aigües. Dans les années 90 grâce à l’imagerie médicale, notamment l’IRM fonctionnelle et le PET Scan, des études ont prouvé que l’état hypnotique est bien réel. [8] 2.3.2. Définition D’après Milton ERICKSON, l’hypnose est « un état de conscience dans lequel vous présentez à votre sujet une communication, avec une compréhension et des idées, pour lui permettre d’utiliser cette compréhension et ces idées à l’intérieur de son propre répertoire d’apprentissages ». [10] L’hypnose est un état de conscience modifié, un état hypnotique qui grâce à l’imaginaire du patient permet de revisiter la perception de la réalité. On a déjà tous été dans cet état de manière spontanée et naturelle quand, par exemple, on a l’impression de s’« évader » en lisant un roman ou en regardant un film. Que l’approche soit directe ou indirecte, tout le monde peut avoir accès à l’état hypnotique mais pour que le processus thérapeutique soit optimal, le consentement et la participation active du patient sont nécessaires. [8] En revanche, pour les patients ayant des pathologies psychiatriques, l’hypnose est contre indiquée. 2.3.3. Reconnaissance Depuis une quinzaine d’années, un bon nombre de soignants s’intéressent à l’hypnose car elle peut aider à traiter des problèmes majeurs tels que les addictions, les phobies, l’anxiété, les dépressions et surtout la douleur. [8] Il existe plusieurs formes d’hypnose. Tout d’abord, l’hypnose classique et semitraditionnelle qui est très directive. C’est la plus connue, celle qu’on voit à télévision. Ensuite l’hypnose ericksonienne, qui elle est plus complexe, utilise une « formulation […] facilitant l’attitude positive du sujet [et qui] désarme ses résistances ». [10] La nouvelle hypnose quant à elle, utilise une suggestion indirecte souvent sous forme de métaphore. Enfin, l’hypnose humaniste, plus qu’une approche thérapeutique, est un modèle de vie, une philosophie. 16 Toutes ces techniques génèrent une modification de la conscience, cependant chacune a une approche, une intention et un objectif spécifique. [10] 2.3.4. L’Hypnose à l’hôpital L’hypnose est une méthode qui complète les approches propres à une profession médicale, paramédicale ou psychologique. Elle est en train de se développer dans les hôpitaux français mais reste encore peu connue. Elle est utilisée par certains anesthésistes pour des endoscopies, par des sages-femmes lors d’accouchements ou encore dans des centres anti douleur, mais sa pratique n’est pas généralisée. A l’hôpital, l’hypnose est utilisée pour réduire les douleurs et l’anxiété des patients, elle est souvent pratiquée en complément d’une médication. [7] D’après Jean-Pierre Lavignon, médecin urgentiste à Lyon, une séance d’hypnose ne doit pas dépasser trente minutes lorsqu’elle est utilisée lors d’un acte douloureux car l’hypnose permet de détourner la douleur mais pas de la faire disparaître. [11] 2.3.5. Formations Les formations se structurent autour de deux orientations principales : l’hypno analgésie (ou hypnose médicale) et l’hypno thérapie. L’hypno analgésie permet aux professionnels de la santé d’appliquer l’hypnose dans la gestion de la douleur aigüe et chronique, du stress et des troubles psychosomatiques. L’hypno thérapie, quant à elle, aborde les applications de l’hypnose en psychothérapie et s’adresse plus spécifiquement aux psychologues et aux psychiatres. L’hypnose y est conçue comme un complément de formation qui doit s’adapter le plus possible à la pratique professionnelle initiale des stagiaires. Dans ce but, des séminaires thématiques de spécialisation sont ainsi proposés tout au long de la formation ainsi qu’en post-formation. L'IFH propose plusieurs formations d'hypno analgésie pour les professionnels de la santé et des formations brèves en intra hospitalier ou dans les locaux de l'IFH. Les infirmiers représentent la majorité des personnes formées (54%). Il existe des formations plus longues concernant l’hypno thérapie, qui sont organisées en stages visant à pousser la réflexion et réaliser davantage d'exercices pratiques. Les infirmiers y sont cependant moins nombreux (22%). [9] 17 2.4. La sophrologie 2.4.1. Historique La sophrologie est un ensemble de méthodes et d’exercices visant à modifier les niveaux de conscience, créée par Alfonso CAYCEDO, neuropsychiatre. Il a fondé la sophrologie à la fin des années cinquante. Après avoir utilisé les thérapies habituelles en Espagne au début de son activité, il s'interroge sur la nécessité de modifier la conscience pour soigner celle-ci lorsqu’elle est pathologique chez les psychotiques. Puis il fait l'hypothèse de l'existence possible d'un état de conscience harmonieux, ni pathologique, ni simplement « ordinaire », mais dit « sophronique ». La découverte et la conquête de cet hypothétique troisième état de conscience sont les objectifs de la sophrologie. Le Professeur CAYCEDO s’inspire de l’hypnose et de différentes méthodes de relaxation issues d’autres cultures orientales, telles que le bouddhisme, le taoïsme ou encore le yoga. La sophrologie est une pratique qui est répandue surtout en Europe, principalement en France et en Suisse. Elle a beaucoup de points communs avec l'hypnose, cependant, elle s’en distingue par le fait que le sophrologue vit la séance avec son patient alors qu'en hypnose, le thérapeute est extérieur à la séance. [12] 2.4.2. Définition Le nom de « sophrologie » est issu de trois mots Grecs : - sos : exempt de maladies, équilibre, harmonie, sérénité - phren : esprit, conscience, cerveau - logos : science, étude, discours, connaissance [13] La sophrologie est une science qui étudie la conscience humaine, un ensemble de techniques et de méthodes à médiation corporelle. Cette méthode de relaxation permet de chercher en soi-même des ressources pour transformer ses angoisses et ses phobies en pensées positives. [14] 2.4.3. Applications et limites Les techniques de sophrologie, visant à créer une harmonie entre le corps et l’esprit par des procédés basés sur l’instant présent, le futur et le passé, sont utilisées dans diverses situations concrètes, telles que la gestion de la douleur physique liée ou non à un traitement médical, la gestion du stress, de l’anxiété ou encore de la dépression, la préparation à certains examens ou interventions chirurgicales, et enfin la prise en charge de la douleur 18 physique et psychique. Elles sont mises en place grâce à des méthodes spécifiques, axées sur la respiration et la relaxation, la détente physique et psychique, mais aussi par l’utilisation des 5 sens et les pensées positives. Par exemple, à l’aide de ces méthodes, on va essayer de transformer une douleur insupportable en une douleur acceptable et une sensation agréable, en substituant le vécu douloureux par une sensation qui plait au patient. Néanmoins, l’utilisation de la sophrologie reste proscrite dans certains cas, chez des patients psychotiques chroniques ou schizophrènes par exemple, mais également chez les personnes n’exprimant pas leur volonté d’avoir recours à ces techniques. [13] 2.4.4. Formations Beaucoup d'organismes proposent des formations à la sophrologie, parfois par correspondance. Les modalités de formation y varient, il faut donc s'assurer de la qualité des enseignements dispensés, car il existe deux courants actuellement : - Le courant caycédien qui dispense un enseignement "traditionnel" de la sophrologie - La sophrologie médicale qui est enseignée par certains organismes de formation, et en formation intra-hospitalière dans la plupart des établissements. Elle est souvent associée à d'autres méthodes de thérapies (relaxation, hypnose, toucher massage etc.) [15] 3. Rôle infirmier La prise en charge de la douleur, quelle que soit son intensité, son origine et ses victimes, est une obligation légale pour les professionnels de santé. Sur le plan législatif, les soins sur rôle propre sont définis par l’article R-4311-3 du CSP et modifié par le décret n°2008-977 du 29 août 2008. L’infirmier(ère) « identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les évalue. » Les soins infirmiers (article R-4311-2) doivent se faire « dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle » afin de « participer à la prévention, à l'évaluation et au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes. » Dans le même texte, il est stipulé que l’infirmier doit prodiguer des soins de la même manière pour chaque personne et dans l’intérêt du patient, dans les articles R4312-25 et R4312-26 [16] Nous ne pouvons pas parler de douleurs sans évoquer le rôle infirmier. En effet, prévenir la douleur liée à un soin évite que ce geste soit définitivement associé à une douleur pour le patient. L’anxiété liée à l’anticipation du soin sera ainsi diminuée. L’IDE doit prendre le temps, en amont du soin, d’expliquer au patient ce qui va être fait, dans quel but et de 19 quelle manière en utilisant un vocabulaire simple, adapté et rassurant. L’infirmier s’assure aussi du consentement du patient et l’informe avec honnêteté. Par exemple, il ne va pas cacher au patient l’éventualité d’une douleur. Le soignant recherche par la suite la collaboration du patient en fonction de ses capacités cognitives, en planifiant le soin avec lui. L’IDE analyse avec le patient le déroulement du soin et les sensations auxquelles il peut s’attendre : sensations de froid, de chaud, ce qu’il va voir, ce qu’il va entendre. Ce qui permettra au patient de ne pas être surpris et ainsi de diminuer l’appréhension du soin en question. Si besoin est, l’infirmier doit être capable de prévoir une prémédication lorsqu’on doit réaliser un geste potentiellement douloureux ou redouté comme tel par le patient. Il s’agit donc de demander la prescription d’une prémédication au médecin avant la réalisation du soin si le patient le redoute particulièrement et respecter le délai d’action de celle-ci ainsi que des antalgiques si prescription il y a (cf. Annexe n°1). D’autres solutions peuvent s’offrir pour le soignant dans le but de réaliser son soin dans les meilleures conditions pour le patient. En effet, travailler en binôme est une bonne stratégie pour sécuriser le patient : pendant qu’un soignant sera centré sur le contact, la détente, l’autre s’intéressera davantage à la réalisation technique du geste. Cette solution a cependant ses limites puisqu’elle dépend de la charge de travail des soignants ainsi que de l’effectif du jour. L’organisation occupe une place prépondérante dans le bon déroulement du soin car le fait de regrouper les soins douloureux le plus possible et préparer le matériel à l’avance en le choisissant minutieusement permet au soignant d’être à l’aise, efficace et de mettre le patient en confiance. La bonne installation est importante avant le soin pour minimiser la douleur et favoriser l’ergonomie du patient et du soignant. L’infirmier instaure aussi un environnement optimal en veillant à ne pas être dérangé pendant le soin. L’environnement doit être le moins agressif possible au niveau de la lumière, du bruit, de la température. Le patient doit être à l’aise pendant le soin, le soignant doit donc s’assurer au préalable du soin de satisfaire ses besoins fondamentaux. A l’inverse, le soignant doit s’autoriser à reporter le soin s’il n’est pas adapté à l’état du patient ou si les conditions matérielles ne paraissent pas adéquates. L’IDE doit évaluer la douleur avant, pendant et après le soin. Les moyens non médicamenteux pour prévenir les douleurs induites par les soins font partie intégrante du rôle infirmier. En effet, la qualité de la relation soignant-soigné est le noyau du soin. Une relation respectueuse, chaleureuse, une attention portée à l’autre permettra au patient de se détendre. Une information simple adressée au patient et la prise en compte de sa douleur sont très importantes. Le soignant doit prendre le temps nécessaire au soin, il doit donc 20 effectuer en amont, une planification réaliste des soins. Il peut appliquer du froid pour les douleurs inflammatoires. Aussi, le toucher-massage est de plus en plus utilisé chez les patients douloureux et anxieux. Enfin les techniques cognitivo-comportementales gravitent perpétuellement autour du patient, c’est avec ces pratiques que l’infirmier utilise la distraction, le détournement d’attention pour que le patient se focalise sur autre chose que la douleur (cf. Annexe n°2). Ces techniques sont facilement applicables chez l’adulte. Pendant le soin, l’infirmier installe le patient, l’invite à respirer calmement et repère les éventuels signes de douleur. Il écoute le patient de façon empathique tout en lui donnant la parole afin de le laisser s’exprimer sur son éventuelle appréhension du soin. L’écoute est indispensable afin de comprendre ce que la malade ressent. Le soignant peut reformuler ce que dit le patient afin que ce soit plus compréhensible et afin d’être sûr d’avoir bien compris ce qu’il dit. L’IDE a également pour rôle d’observer la façon dont le patient se comporte, s’il est agité ou plutôt détendu, et évaluer son appréhension. Il peut le rassurer en apposant les mains, en souriant, et même en proposant à un proche du patient de rester près de lui lors du soin. Il est également essentiel de rester doux et d’adopter une bonne dextérité dans le geste. En cas de besoin, l’infirmier peut faire appel à des intervenants tels que la psychologue ou encore l’équipe de la douleur. Après le soin, il invite le patient à verbaliser la façon dont il a vécu le soin, et lui propose un temps de récupération. Ensuite, il transmet les éléments qui ont conduit au bon déroulement du soin, mais également les axes d’amélioration. Enfin, l’infirmier effectue une évaluation de la douleur auprès du patient à l’aide de diverses échelles (Algoplus, DN4, EVA cf. Annexe n°3). Aider le patient à gérer son stress fait partie du rôle infirmier. Le stress et l'anxiété influent sur la perception de la douleur. L'IDE peut utiliser des méthodes comme l'entretien relationnel pour contrer ces phénomènes psychologiques. Pour prendre en charge la douleur efficacement, il faut une évaluation optimale de celle-ci. Elle permet au patient de parler de sa douleur pendant le soin, chose que certains ne feraient pas spontanément. L’effet placebo est la manière dont un patient anticipe sa sensation possible sur un acte thérapeutique en estimant de façon inconsciente cet acte qui n’a aucune efficacité démontrée. Plus le soignant et le soigné sont persuadés du pouvoir antalgique du traitement plus celui-ci sera efficace. Il est important de montrer physiquement le médicament, de savoir le nommer et connaître ses modalités pour gagner en crédibilité afin de garder une confiance entre le soignant et le soigné. Par son charisme, le soignant, peut améliorer l’efficacité des traitements antalgiques. [5] 21 PARTIE II : PHASE EXPLORATOIRE 1. Méthodologie de l’enquête En amont de nos rencontres auprès des professionnels de santé de l’hôpital, nous avons élaboré une grille d’entretien afin de réaliser des enquêtes directives ouvertes pour préparer nos trois interviews. 1.1 Choix du lieu de l’enquête Tout d’abord nous nous sommes demandés où nous allions effectuer nos entretiens. Nous avons recherché des services où nous pouvions rencontrer des infirmier(e)s diplômé(e)s d’état travaillant au sein d’un hôpital et qui pratiquaient les médecines douces pour pallier aux douleurs induites par les soins. Nous nous sommes orientés vers un service de chirurgie au sein de l’hôpital accueillant une population de patients adultes sujets aux douleurs induites par les soins. 1.2 Choix de la population interrogée Au départ, nous souhaitions rencontrer au moins un professionnel qui pratique les médecines douces et au moins un infirmier qui n’en pratique aucune pour pouvoir mettre en parallèle leurs réponses. Nous avions la crainte d’avoir des difficultés à rencontrer des IDE qui pratiquent les médecines douces au sein d’un CHRU. Nous avons d’abord cherché un professionnel qui pratique les médecines douces. Il était donc essentiel pour nous d’enquêter au moins auprès d’un infirmier ayant réalisé une formation mettant en avant l'utilisation des médecines complémentaires et également que celle-ci soit utilisée afin de soulager les douleurs induites par les soins auprès de patients adultes hospitalisés en chirurgie. Finalement, nous avons rencontré des infirmier(e)s ayant réalisé les formations d'hypno analgésie et de sophrologie. 1.3 Choix de la méthode Nous avons fait le choix de mener des entretiens directifs ouverts pour permettre aux interviewés de répondre librement en nous permettant de relancer une idée afin de la préciser. Cette méthode laisse donc aux interlocuteurs la possibilité de s'exprimer à leur convenance à partir de questions ouvertes, sans risquer que leurs réponses soient influencées. 22 Pour chaque entretien nous avons demandé l'accord des professionnels de santé interrogés afin de pouvoir les enregistrer à l’aide d’un dictaphone, pour effectuer les retranscriptions mot à mot par la suite. Nous les avons informés que les interviews étaient à caractère anonyme. Ils ont tous accepté ces modalités d’interview. Les entretiens ont duré de trente à cinquante-huit minutes et se sont déroulés dans différents lieux tels qu’une salle d’examen ou encore la salle des internes d’anesthésie. 1.4 Limites et difficultés rencontrées Grâce à un des stages effectués par l’un des membres de notre groupe de travail, nous savions que l’un des IDE pratiquait la sophrologie. Par la suite, en contactant la cadre du service dans le but de prendre rendez-vous avec l’infirmier, elle nous a proposé de rencontrer deux autres infirmiers du service qui pratiquent l’hypnose. Devant sa proposition, nous étions étonnés par la facilité et la rapidité à trouver autant de professionnels qui ont accepté de nous rencontrer et qui utilisent des médecines alternatives. En effet nous pensions qu’il aurait été davantage facile de rencontrer des infirmiers qui ne pratiquent pas les médecines parallèles et qui auraient souhaité nous accorder du temps pour répondre à nos questions. Cependant, les professionnels n’étant pas formés aux médecines alternatives vers lesquels nous nous sommes tournés ont refusé de nous rencontrer. Aussi, certaines réponses des IDE ne correspondaient pas aux questions issues de notre trame d’entretien. Au moment des interviews, nous ne nous en sommes pas rendu compte directement mais nous avons pu faire ce constat lors des retranscriptions. De plus, nous avons également réalisé à travers notre analyse que l'hypnose semble plus employée dans la prise en charge des douleurs chroniques que pour les douleurs induites. 2. Analyse des entretiens Nous avons rencontré trois infirmiers dans un service de chirurgie dont une infirmière aux soins intensifs de nuit. L’IDE 1 a travaillé dans différents services comme la chirurgie, la médecine, la réanimation, l’oncologie et le secteur libéral. Elle est spécialisée au bloc opératoire et est infirmière coordinatrice depuis un an dans le service de chirurgie en question. L’IDE 2 a été diplômée en 2011 (4 ans et demi d’exercice), elle était donc en parcours scolaire avant son début de carrière aux soins intensifs de nuit (en chirurgie). Elle a débuté sa formation d’hypno analgésie en 2014 qui est encore en cours aujourd’hui. L’IDE 3 est diplômé d’état depuis 1980 et a travaillé dans peu d’autres services. Il exerce dans le service de chirurgie depuis 34 ans. 23 Douleur induite par les soins L’IDE 1, sans pour autant nous définir ce qu’est la douleur induite par les soins, nous cite simplement des actes pouvant être générateurs de douleur, tandis que les IDE 2 et 3 la définissent avec un côté psychologique qui est à prendre en compte. Pour eux la douleur est subjective (patient-dépendant). L’IDE 2 ajoute que la douleur est quantifiable et que l’angoisse du patient s’ajoute à la douleur physique bien réelle du soin. L’IDE 3 appuie lui sur le fait que la douleur est davantage générée par des facteurs de stress qui sont à prendre en compte (appréhension, anxiété). Prise en charge de la douleur induite par les soins : L’IDE 1 nous explique que la prise en charge de la douleur induite dans le service se fait uniquement à l’aide de traitements médicamenteux mais qu’elle-même pratique l’hypnose lorsque sa charge de travail le lui permet. L’IDE 2 nous stipule que la douleur est bien prise en charge aux soins intensifs car les patients sont plus suivis qu’en service conventionnel et elle ajoute que la nuit, les IDE ont davantage de temps pour être auprès des patients. Mais elle souligne le manque d’information en préopératoire envers les patients sur le déroulement des suites de l’intervention, ce qui peut générer du stress et ainsi influer sur la douleur. L’IDE 3 nous parle des facteurs qui influent sur la douleur et de la posture à adopter avec les patients, à savoir créer une relation de confiance en précisant que chaque personne ressent la douleur différemment. Actions des soignants lorsque la douleur ne cède pas aux antalgiques : L’IDE 1 réitère sa réponse en nous affirmant que les traitements médicamenteux sont la seule façon de traiter la douleur dans le service. Mais elle ajoute qu’elle utilise des protocoles d’hypnose qu’elle a appris au cours de sa formation lorsque ces douleurs sont toujours présentent et que les antalgiques s’avèrent être inefficaces. L’IDE 2 procède tout d’abord à l’évaluation de la douleur puis à son traitement, en augmentant les doses d’antalgiques et en pratiquant l’hypnose en dernière intention si la douleur est persistante. Elle nous parle de sa façon d’induire l’hypnose en utilisant un champ lexical positif tout en suggérant des sensations agréables et en n’utilisant que des questions ouvertes. L’IDE 3 applique d’abord les prescriptions médicales, il insiste sur l’importance de l’évaluation de la douleur régulière et qu’il ne faut pas négliger l’effet placebo qu’ont les antalgiques sur le vécu de la douleur des patients. Il met l’accent sur l’intérêt d’adopter une posture soignante bienveillante et rassurante. Pour lui, diverses actions jouent un rôle prédominant dans la gestion de la douleur ne cédant pas aux antalgiques comme l’installation confortable du patient et l’efficacité dans la réalisation des soins (rapidité et organisation). Il utilise en dernier lieu des méthodes de sophrologie lorsque ces techniques s’avèrent être insuffisantes. 24 Médecines douces en général : L’IDE 1 pense qu’ «il est temps que les médecins s’y intéressent » par contre elle trouve que c’est chronophage et que le problème est d’ordre financier. L’IDE 2 est favorable aux médecines douces et nous dit qu’il y a mille progrès à faire, elle ajoute qu’elles doivent être complémentaires à la médecine traditionnelle. Elle nous confie que le manque de temps nécessaire à la pratique de ces médecines douces et le manque d’encouragement de la part de la direction, entrainent un manque de motivation chez les soignants. L’IDE 3 nous dit qu’en général, peu de personnes y croient et qu’en tant qu’infirmier qui pratique une médecine douce il faut « faire ses preuves ». Mais quand les médecines douces permettent à un patient d’éviter une complication, la crédibilité augmente face aux chirurgiens et internes, qui d’habitude seraient plutôt hostiles à ce genre de méthodes. Il considère cela comme un soin à part entière qui peut aider un patient sur le moment mais aussi plus tard pour d’autres situations. Conditions favorables pour pratiquer les médecines douces : Les trois infirmiers s’accordent à dire que cela demande du temps. Les IDE 1 et 2 nous parlent d’alliance entre patient et soignant. L’IDE 1 parle d’environnement calme alors que l’IDE 2 insiste davantage sur la manière de présenter les choses au patient parce que parfois les médecines douces leur font « peur ». Elle soulève que le soutient des collègues et leur esprit d’entraide sont des facteurs de réussite importants. L’IDE 3 souligne l’importance d’être dans le soin avec le patient, d’avoir une attitude bienveillante et être à l’écoute. Cadre d’utilisation des médecines douces : Ici, les trois infirmiers s’accordent à dire que ces médecines douces sont efficaces pour réduire l’angoisse et le stress chez les patients lors de situations où les soins sont anxiogènes. L’IDE 1 nous explique qu’elle utilise l’hypnose lors de réfection de pansement chez des patients atteints de veinite et pour des ablations de plaque de nécrose par exemple. L’IDE 2 dit déjà avoir utilisé l’hypnose en préopératoire chez un patient claustrophobe qui ne voulait pas prendre l‘ascenseur et craignait beaucoup d’être endormi au bloc opératoire. Cela a été efficace, selon elle, pour calmer ses angoisses. Quant à l’IDE 3, il utilise la sophrologie lors de soins qui peuvent induire une douleur tels que l’ablation d’un drain thoracique qui a fait ses preuves ou une pose de CIP. Il nous souligne même que certains chirurgiens le réclament pour effectuer certains actes douloureux, ce qui peut démontrer l’efficacité de la pratique des médecines douces dans ces situations précises. Préparation du patient : L’IDE 1 nous explique que selon elle, il n’y a pas spécialement de préparation en amont des séances d’hypnose. Il suffit simplement de connaître le patient, de connaître ses 25 habitudes et de savoir ce qu’il aime pour pouvoir mener convenablement une séance et arriver à l’objectif fixé (détente, oubli de la douleur, relaxation). Pour la préparation du patient, l’IDE 2 dit qu’elle présente le soin au patient comme une séance d’hypnose en tant que débutante, qui est en cours d’apprentissage ou bien comme un moment de relaxation. L’IDE 3, lui, procède différemment, il prévient le patient en amont en s’assurant de son consentement puis il se présente et présente sa technique et sa formation en sophrologie. Il dit également que la relation de confiance entre le professionnel et le patient ainsi que le fait de ne pas apporter d’idées ni de phrases négatives avant et pendant la séance, sont indispensables dans la préparation du patient afin d’effectuer le soin dans de bonnes conditions. Evaluation de la douleur : L’IDE 1 utilise exclusivement l’EVA, avant et après sa séance d’hypnose pour mesurer l'efficacité de sa prise en charge. L'IDE 2 utilise des questions larges avec des métaphores, en s'adaptant à son patient, en fonction de s’il est plutôt visuel ou auditif. L'IDE 3 ne donne pas de précision sur la façon dont il évalue la douleur mais il nous explique qu'il faut se montrer disponible et créer une relation de confiance afin que le patient n’ait pas peur de nous déranger en nous appelant et qu'il ne faut pas hésiter à réévaluer la douleur. Actions des soignants en cas de manque d'efficacité : Les trois infirmiers nous ont donné la même réponse : appeler les médecins pour revoir le traitement médicamenteux du patient. L'IDE 2 pense que la séance d'hypnose a toujours un effet positif même si l'objectif premier n'est pas forcément atteint. Collaboration avec d’autres acteurs dans la prise en charge de la douleur : Les trois infirmiers rencontrés s’accordent à dire que la collaboration est rare voire inexistante dans ce domaine, souvent par manque de temps en raison des courtes durées d’hospitalisation des patients au sein du service de chirurgie. Formations : Les infirmiers rencontrés se sont tous les trois formés à l’extérieur de l’hôpital sur la base d’un projet personnel, mais également professionnel. L’IDE 1 s’est formée à l’hypnose il y a deux ans en Alsace, l’IDE 2 a intégré une école de coaching à Planoise dans le but d’améliorer sa pratique, bien qu’il existe une formation en douleur et hypno analgésie en interne sur quatre jours au sein de l’hôpital. Quant à l’IDE 3, il a réalisé une formation personnelle en sophrologie en externe sur quinze jours financée par l’hôpital. Il précise que la formation est onéreuse, que les médecines douces n’apportent aucun bénéfice 26 économique à l’hôpital, mais il pense réellement qu’elles pourraient permettre aux patients hospitalisés de rentrer plus rapidement à domicile, et donc de réduire les frais liés à une hospitalisation. Il ajoute que pour lui, ces formations sont nécessaires tant pour le soignant que pour le patient lui-même. 27 CONCLUSION 28 CONCLUSION ET PROBLEMATIQUE Nos recherches se sont axées autour d’une question de départ qui s’intitule « Quel est le rôle de l’infirmier dans l'utilisation des médecines alternatives pour pallier les douleurs induites par les soins chez l'adulte ? ». Au cours de nos enquêtes menées auprès des professionnels et de nos recherches personnelles, nous avons pu effectuer une comparaison entre la formation théorique et la réalité du terrain. Nous avons pu faire le constat que les médecines alternatives constituent un réel bénéfice, en complément des médecines conventionnelles, dans la prise en charge des douleurs induites par les soins. En effet, l’utilisation de l’hypnose et de la sophrologie permettent aux patients de minimiser leur anxiété et leurs angoisses mais aussi d’améliorer le vécu du soin. Ainsi, grâce à ces techniques réalisées en amont du soin, la douleur se trouve soulagée. Les soignants rencontrés nous rapportent à l’unanimité l’effet positif de ces pratiques et soulignent le fait qu’aucun effet néfaste n’est observé. Même si l’objectif premier n’est pas atteint, il existe toujours un bénéfice pour le patient dans n’importe quelle circonstance. Cependant, plusieurs éléments constituent un frein à la pratique de ces médecines douces. En effet, le manque de temps reste une des principales limites à l’utilisation de celles-ci. Le manque de reconnaissance des médecines parallèles en générale ne permet pas une intégration « officielle » au sein des services. Malgré les formations qui sont proposées, les structures des services et la logistique (organisation, hiérarchie) ne permettent pas toujours une pratique optimale. On peut alors en conclure que l’utilisation de l’hypno analgésie et de la sophrologie est avantageuse pour les patients en amont de la réalisation d’un soin potentiellement douloureux. Aussi, il en ressort que le soignant a un rôle fondamental dans la prise en charge de ces douleurs. En effet, la relation de confiance entre le soignant et le soigné est favorable au bon déroulement du soin. A partir de tous ces éléments, nous pouvons cheminer vers une problématique s’intitulant : « En dehors du rôle propre infirmier, qu’est-il possible de mettre en place au sein d’un service de soins, dans le but de promouvoir la pratique des médecines douces ? ». 29 BIBLIOGRAPHIE 30 BIBLIOGRAPHIE [1] Dictionnaire Hachette édition 2007. Hachette Livre, 2006, 1858 pages. [2] MANUILA Ludmila, MANUILA Alexandre, LEWALLE Pierre, NICOULIN Monique, PAPO Thomas. Dictionnaire médical MASSON. Elsevier-Masson, 2015, 704 pages. [3] Livret douleur et psychiatrie. [En ligne]. Disponible sur http://www.cnrd.fr/IMG/pdf/Guide_Douleur_VERSION_26_04_13_copiepdf.pdf (Consulté le 6/05/16) [4] Douleur aiguë, douleur induite par les soins. [En ligne]. Disponible sur http://www.chunantes.fr/medias/fichier/douleur-induite-et-dpo-recap-2014-v3_1449663177127-pdf (Consulté le 30/04/16) [5] Douleur induite. [En ligne]. Disponible sur http://www.medecine.ups- tlse.fr/du_diu/fichiers/Quintard/Quintard_douleur_induite.pdf (Consulté le 29/04/16) [6] Encyclopédie et dictionnaires gratuits en ligne. [En ligne]. Disponible sur http://www.larousse.fr (Consulté le 4/05/16) [7] Médecines alternatives et complémentaires. [En ligne]. Disponible sur http://www.hopital.fr/Vos-dossiers-sante/Prises-en-charge/Medecines-alternatives-etcomplementaires (Consulté le 29/04/16) [8] Qu’est-ce que l’hypnose ? Définition de l’hypnose. [En ligne]. Disponible sur http://www.hypnose.fr/hypnose/definition-hypnose (Consulté le 8/05/16) [9] Institut Français d’Hypnose (IFH) - Formation à l’hypnose. [En ligne]. Disponible sur www.hypnose.fr (Consulté le 04/05/16) [10] Hypnose, définition et formes. [En ligne]. Disponible sur http://www.hypnose.com.fr/definitions-hypnose.htm (Consulté le 10/05/16) [11] L’hypnose, la nouvelle mode en milieu hospitalier. [En ligne]. Disponible sur http://www.ra-sante.com/lyon-hypnose-a-lhopital-saint-luc-saint-joseph_269715.html (Consulté le 8/05/16) 31 [12] Les origines de la sophrologie. [En ligne]. Disponible sur http://www.sophrologieinfo.com/sophrologie-origines.html (Consulté le 2/05/2016) [13] Sophrologue - Marie-Anne MANEBARD. [En ligne]. Disponible sur http://www.sophrologie-vincennes.fr (Consulté le 9/05/16) [14] Qu’est-ce que la sophrologie ? [En ligne ]. Disponible sur http://www.sophrologieinfo.com/resume.html (Consulté le 8/05/16) [15] CÉLÉSTIN-LHOPITEAU Isabelle, THIBAULT-BANQUET Pascale. Guide des pratiques psychocorporelles. Issy-les-Moulineaux : Masson Éditeur, 2006, 260 pages. [16] Code de la santé publique. [En ligne ]. Disponible sur https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=JORFARTI000001651769&cid Texte=LEGITEXT000005822264&categorieLien=id (Consulté le 12/05/16) 32 ANNEXES 33 ANNEXE N°1 34 ANNEXE N°2 Exercices physiques Actif ou passif, fractionné et progressif, dès le lever, comme renfort musculaire, pour reprendre confiance en son corps et ses capacités, réduire le stress et favoriser la détente. Moyens physiques Application directe ou alternée de froid/chaud Aide à diminuer les douleurs nociceptives, inflammatoires, musculaires, neuropathiques. Toucher / Massage / Balnéothérapie / Kinésithérapie Aide à mieux ressentir son corps, à apprécier les moments de détente, facilite le lien patient-soignant, réduit les réponses liées au stress des gestes potentiellement douloureux. Méthodes psychocorporelles Ensemble des approches psychothérapeutiques partant du corps ou se servant du corps comme médiation. Méthodes comportementales Elles visent à amener le patient à modifier son comportement. Relaxation / Hypnose / Sophrologie / Yoga / Musicothérapie / Théâtre / Danse / Distraction Diminue l’anxiété, le stress et la douleur. Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC) Les différentes formes de TCC validées pour la douleur chronique ont pour objectif d'amener le patient à réussir les changements qui lui permettent de mieux vivre son quotidien en l'aidant à définir ses limites et à fixer des buts réalisables et importants pour lui. L'accent est mis sur l'activité du patient d'une part et sur l'identification des cognitions et des émotions qui lui sont associées d'autre part. Imagerie mentale Se focaliser sur une situation agréable tout en s’éloignant des sensations perçues. Conditionnement opérant Diminuer les conduites mal adaptées et renforcer les stratégies adaptées de «coping» c’est à dire «faire face». Biofeedback Techniques ludiques qui permettent au patient de comprendre et moduler certaines réponses physiologiques. 35 ANNEXE N°3 36 37 ABSTRACT Rôle infirmier et utilisation des médecines douces dans les douleurs induites Chaque jour, les infirmiers interviennent dans la prise en charge de la douleur auprès des patients, celle-ci pouvant être provoquée par des soins infirmiers. Elles peuvent être traitées par divers moyens. Les traitements médicamenteux sont prescrits par les médecins en première intention mais certaines douleurs induites par les soins ne cèdent pas toujours aux antalgiques. D’autres méthodes non conventionnelles existent pour soulager, diminuer, apaiser ou pallier la douleur. Nous nous sommes donc intéressés à la prise en charge non médicamenteuse de la douleur lorsque celle-ci est induite par un soin. Notre questionnement s’est axé sur le rôle infirmier dans l'utilisation des médecines alternatives pour pallier les douleurs induites par les soins. Pour notre travail de recherche, nous avons mené trois entretiens exploratoires auprès de professionnels infirmiers pratiquant une technique de médecine douce à l’hôpital. Nos recherches se sont donc particulièrement ciblées sur deux de ces médecines en particulier : l’hypnose et la sophrologie. Ces temps de rencontre nous ont permis de mettre en évidence le bénéfice pour le patient de l’utilisation des médecines alternatives, qui ont un objectif analgésique et qui n’ont aucune conséquence néfaste sur le patient. La relation soignant-soigné occupe une place fondamentale dans ces pratiques, d’où l’importance du relationnel entre l’infirmier et le patient. Cependant les professionnels sont unanimes quant aux inconvénients principaux : le manque indéniable de temps nécessaire à l’utilisation de ces médecines dans de bonnes conditions, une reconnaissance insuffisante ainsi que le développement de ces médecines. Mots clé : douleur – douleurs induites - médecines alternatives – médecines douces – rôle infirmier – pallier – hypnose – sophrologie – patient adulte – chirurgie. Role of nursing in managing pain due to alternative medicine therapy Everyday, nurses are involved in supporting patients with pain that can be caused by nursing practices. This pain can be treated by various methods. The medical treatments initiated by doctors may cause pain and nurses don't always provide pain relief. Methods that are not conventional exist for pain relief, they act by reducing, soothing or palliating the pain. We are interested in the role that alternative therapies play in the management of pain induced by nursing. We question the role of nursing in the use of alternative medicines for treating pain induced by nursing. For our research, we conducted three interview exploring nearby professional nurses practicing alternative medical therapies at the hospital. Our research particularly focussed on two of these alternative therapies : hypnosis and sophrology. The interviews enabled us to gather evidence on the benefit for the patient of the use of these alternative therapies for patients who had an analgesic goal and who were at a low risk of experiencing any harmful consequences. The relationship between the caregiver and patient is fundamental in these therapies. However, there is an obvious downside within the profession, that being that there is an undeniable lack of time necessary for nurses to implement these alternative therapies in the appropriate and necessary conditions and moreover, there is a lack of supportive evidence to support these therapies. Key words : pain – pain caused by cares – alternative medicines – soft medicines – role of nursing – palliate – hypnosis – sophrology – adult patient – surgery