SOMMAIRE
Le présent document passe en revue des programmes évalués mis sur pied pour
soustraire les délinquants adultes de la procédure pénale traditionnelle. Structuré
en fonction de l’étape du processus pénal à laquelle la mesure de
déjudiciarisation est prise, il porte principalement sur les efforts de déjudicia-
risation déployés dans le cadre de programmes. Comme les évaluations de la
déjudiciarisation des adultes sont rares, nous avons exposé certaines
conclusions tirées de documents concernant les jeunes contrevenants. Nous
avons par ailleurs examiné certaines idées émanant d’autres instances en vue
de leur mise en pratique éventuelle au Canada, lesquelles n’ont pas toujours fait
l’objet d’évaluations.
Bien que le nombre d’évaluations rigoureuses dans ce domaine soit peu élevé, il
en ressort plusieurs constatations, qui corroborent les conclusions de documents
portant sur les jeunes. Selon certaines études, il arrive que des délinquants
“déjudiciarisés” par l’entremise d’une procédure officielle de la police, bien que
n’ayant jamais été arrêtés, en raison de l’existence d’une procédure officialisée,
se retrouvent avec un dossier à leur nom faisant état des contacts avec la police,
qui les suivra. Les délinquants déjudiciarisés après la mise en accusation ont de
meilleures chances de voir leur cas « classé » après avoir suivi avec succès le
programme. Toutefois, comme l’indiquent des études faisant appel à un groupe
témoin, un nombre important de délinquants déjudiciarisés à cette étape
n’auraient pas fait l’objet de poursuites judiciaires, d’une condamnation ou d’une
peine importante si leur affaire avait suivi le cours normal de la justice. Il appert
plutôt que les tentatives visant à officialiser le pouvoir discrétionnaire en matière
de déjudiciarisation ont tendance à “élargir le filet” du contrôle social. La
déjudiciarisation donnera souvent lieu à une intervention plus longue et plus
intensive auprès du délinquant que la démarche plus traditionnelle.
Dans l’ensemble, les programmes de déjudiciarisation sont vus comme une
“chance” que l’on offre aux délinquants primaires, aux jeunes, aux personnes
soupçonnées ou accusées d’infractions mineures et à ceux qui présentent peu,
voire pas de risque ultérieur. Et c’est de cette façon qu’ils sont utilisés. Lorsque
l’infraction peut être difficile à prouver devant un tribunal, son auteur semble
également avoir plus de chances d’être déjudiciarisé, et il en va de même pour
les délinquants atteints de troubles mentaux. La déjudiciarisation semble être
moins indiquée pour les délinquants qui n’entrent pas dans ces catégories.
À l’étape de la détermination de la peine, les efforts visant à déjudiciariser les
délinquants qui, de toute évidence, risquent d’être condamnés à une peine
d’emprisonnement, se heurtent également à la difficulté de repérer les
délinquants qui vont vraiment être condamnés à l’emprisonnement, d’obtenir
pour eux des services qui feront une différence dans la détermination de la peine
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