expositions, des concert s ,
des projections, des feux
d ’ a rtifice, des animations de
rue... Regroupant plus de
deux cent mille spectateurs,
des femmes et des hommes
de théâtre de toutes
nationalités, le Festival devient
une véritable Babel théâtrale.
Un phénomène événementiel
unique, comparable à ce que
fut, par exemple, Wo o d s t o c k ,
pour la musique.
En 1973, le Schauspielhaus
de Bochum présente le Salomé d’Oscar Wilde,
mis en scène par Werner Schroeter. Dans un
contexte de terreur fasciste, le théâtre de lutte
Teatro A Communa, de Lisbonne, répond à celle
du Grupo Aleph, du Chili.
Cette année-là, le travail de re c h e r che sur le corps
du RAT (Grande Bretagne) trouve ses
c o rrespondances dans celui de L’Iowa Theatre Lab.
Le festival témoigne d’un formidable esprit de
révolte, de jouissance, et de désir de justice
sociale. Cinq ans après Mai 68, les CRS
chargent les festivaliers sur la Place Stanislas et
dans le Grand Théâtre de Nancy....
En 1975,An die Musik (mis en scène par Pip
Simmons sur une idée de Rudi Engelander) fait
l’événement. Tout comme Exodus, le sublime
oratorio des polonais du STU. Ou le théâtre de
marionnettes de Robert Anton. Hans-Peter Cloos
et le Kollectiv Rote Rübe (Munich) marquent le
festival avec Terror (un spectacle audacieux
faisant le lien entre la terreur fasciste sous le
Troisième Reich en Allemagne, et celle de
Pinochet au Chili). Peter Zadek impose son Roi
Lear (Bochum).
En 1977, Michèle Kokosowski , une amie de
Jack Lang et habituée du Festival, pre n d
brièvement la direction artistique du Festival.
Mais cette année là, c’est à
Bogdan que l’on doit le grand
choc du Festival, avec
l’invitation faite à Pina Bausch
(Opéra de Wu p p e rtal) de
présenter son théâtre-danse à
N a n c y. Ignorée et méprisée en
R FA, Pina Bausch re n c o n t re à
Nancy son vrai public et une
consécration intern a t i o n a l e .
Une dette artistique qu’elle n’a
jamais oubliée.
De 1979 à 1983, les
d e rn i è res années de son
existence, Lew Bogdan, Françoise Kourilsky,
Adrien Duprez, Mira Trailovic feront tout pour
réanimer la flamme du Festival. Mais ce dernier
n’échappera pas à sa lente agonie.
Vingt ans plus tard, que reste-t-il du Festival
Mondial de Théâtre de Nancy?
Le souvenir d’un lieu où tous les allumés, tous les
c l o c h a rds célestes, tous les enfants du Che, tous
les fils d’Artaud, tous les utopistes du monde
e n t i e r...se re t ro u v è rent pendant vingt ans pour
c é l é b rer les noces de la vie et de la jouissance,
de la justice et de la fraternité. Avec un même
sentiment partagé d’innocence et de révolte.
Une aventure de théâtre formidable, qui, pour un
vaste public, donnera naissance aux grands
créateurs de cette fin de siècle : Grotowski, Bob
Wilson, Kantor, Terayama, Pina Bausch...
Une étape essentielle de l’histoire théâtrale de
ce siècle. Où tous les langages théâtraux, toutes
les techniques de l’acteur, tous les rapports aux
spectateurs auront sû se confronter pour se
remettre en question.
Un souvenir, surtout, des grandes heures où la
jeunesse voulait changer le monde...
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