Flash éco 09/15 - Emploi et chômage en Europe : enfin une

FLASH ECO
« Analyse à caractère économique ne constituant pas une prise de position. Liste complète disponible sur www.afep.com »
Emploi et chômage en Europe : enfin une éclaircie ?
Jeudi 10 septembre 2015
Le présent flash fait le point sur la situation du marché du travail au niveau de l’Union européenne et
propose un zoom sur la France.
1. Chômage en Europe : une nette inflexion depuis deux ans
Après avoir fortement augmenté au moment de la Grande récession (première « bosse ») puis, dans une
moindre mesure, entre le deuxième trimestre (T2) 2011 et le T2 2013 (seconde « bosse », voir flash éco
du 29 octobre 2014), le taux de chômage s’inscrit en nette baisse depuis deux ans tant au niveau de
l’Union européenne que de la zone euro. Au T2 2015, il atteignait 9,6 % de la population active de l’UE
(environ 23 millions d’individus) et 11,1 % de la population active de la zone euro, soit une baisse de,
respectivement, 1,4 et 1 point par rapport au pic d’il y a deux ans. Si ce chiffre est relativement peu
connu, il est intéressant de noter que, selon la Commission européenne
1
, l’économie de l’UE a créé près
de 4 millions d’emplois depuis le creux observé au T1 2013 permettant d’effacer, bien qu’en partie
seulement, la perte de 7,3 millions d’emplois entre le pic de 2008 et le T1 2013.
Source : Afep à partir d’Eurostat.
Le détail de cette évolution fait apparaître des signaux encourageants : ainsi, d’abord tirée par les
services dits « non échangeables » (activités administratives, immobilier…), la croissance de l’emploi
semble s’étendre à d’autres secteurs d’activité dont les services « échangeables » (commerce,
transports…, depuis le début de l’année 2014) et l’industrie (depuis la seconde moitié de 2014).
La nature des emplois signale également une inflexion de tendance avec la montée en puissance, tout au
long de l’année 2014, à la fois des contrats permanents (dont la dynamique est supérieure à celle des
contrats temporaires) et des emplois à temps plein (qui croissent plus vite que ceux à temps partiel).
La baisse du taux de chômage s’accompagnerait d’une hausse du taux d’emplois vacants
2
, signalant un
resserrement du marché du travail dans certains Etats (Allemagne et Royaume-Uni en particulier)
conformément à la « courbe de Beveridge »
3
. Toutefois, si l’on excepte l’Allemagne, celle-ci s’est sans
doute déplacée vers un appariement plus dégradé (à taux d’emplois vacants donné, un taux de chômage
supérieur) dans de nombreux pays, sous l’effet d’une progression du taux de chômage dit « structurel »
(le taux de chômage indépendant du cycle économique).
1
Voir « EU Employment and Social Situation », Quarterly review, European Commission, June 2015.
2
Nombre d’emplois vacants / (nombre de postes occupés + nombre d’emplois vacants)*100.
3
Outil d’analyse empirique utilisé en économie du travail, cette courbe décroissante et convexe associe, en abscisse, le taux de
chômage et, en ordonnées, le taux d’emplois vacants. Plus la courbe se situe à gauche, meilleur est l’appariement entre l’offre
et la demande de travail.
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2000T1
2001T1
2002T1
2003T1
2004T1
2005T1
2006T1
2007T1
2008T1
2009T1
2010T1
2011T1
2012T1
2013T1
2014T1
2015T1
Taux de chômage trimestriel, en %
UE (g) Zone euro (g)
UE 15-24 ans (d) Zone euro 15-24 ans (d)
UE28 (g)
Zone euro
(d)
146
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154
155
218
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222
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228
230
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234
T1 2005
T4 2005
T3 2006
T2 2007
T1 2008
T4 2008
T3 2009
T2 2010
T1 2011
T4 2011
T3 2012
T2 2013
T1 2014
T4 2014
Volume d'emplois, en millions
2
2. Catégories vulnérables : quelques progrès dans un panorama qui reste difficile
Parmi les catégories vulnérables sur le marché du travail, les jeunes de 15 à 24 ans connaissent un taux
de chômage structurellement supérieur au reste de la population (environ 1 jeune actif sur 5 en Europe,
soit 4,6 millions de personnes) à la fois en raison de difficultés d’insertion mais également du fait de taux
d’activité et d’emploi très inférieurs à la moyenne. Les données les plus récentes font apparaître une
baisse du taux de chômage des jeunes tout comme de la part des « décrocheurs » avec, pour la première
fois depuis 2008, une contribution positive de cette classe d’âge à la croissance de l’emploi sous la forme
de contrats temporaires. S’agissant du chômage de longue durée (durée > à un an), qui représente 5 %
de la population active (soit environ 12 millions de personnes, dont 7,5 millions sont sans emploi depuis
deux ans ou plus), il semble légèrement régresser pour les demandeurs d’emploi dont la durée est
comprise entre 12 et 18 mois mais se stabilise pour les durées au-delà, contrairement aux tendances
d’avant-crise, pointant un risque d’enlisement dans le chômage de très longue durée (durée > à 2 ans).
3. Zoom France : « Et si on se trompait de courbe ? »
La variation du chômage dépend à la fois de l’évolution de la population active, de l’appariement entre
l’offre et la demande de travail mais aussi du solde entre les créations et les destructions d’emplois.
Focalisé sur la courbe du chômage, le débat public en France semble parfois oublier que ce dernier
indicateur n’est qu’une conséquence des trois causes qui précèdent et que la politique économique na
de prise que sur ces dernières
4
. En l’occurrence, le solde de l’emploi marchand français est négatif ou
nul depuis trois ans avec deux phases : jusqu’au T2 2013, une dégradation partagée par l’ensemble des
secteurs ; depuis, un ralentissement des destructions qui résulte d’un solde positif dans le tertiaire et de
soldes toujours négatifs dans l’industrie et, surtout, la construction. Au T2 2015, le solde était de - 17 400
en glissement annuel et de + 23 800 par rapport au T1. Tant que la courbe de l’emploi marchand ne
repassera pas en territoire positif, le taux de chômage pourra difficilement reculer : au-delà de son
caractère intuitif, c’est le constat qui ressort de l’observation de la dernière décennie.
Source : Afep à partir d’INSEE. Champ : ensemble des secteurs marchands.
***
Depuis deux ans, l’emploi progresse et le chômage diminue en Europe : dans un contexte économique qui
demeure marqué par les effets de la Grande récession et de la crise des dettes souveraines, cette nouvelle
doit être soulignée. Tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, l’inflexion de tendance semble réelle.
Toutefois, le niveau toujours très élevé du chômage, tout comme les disparités entre les pays et entre les
catégories d’actifs, sont là pour indiquer le chemin qu’il reste à parcourir. Pour la France, située à ce stade
dans l’ombre de l’éclaircie, les résultats européens rappellent l’importance d’axer le bat sur les leviers
de la création de richesses et d’emplois, seuls à même de générer une dynamique pouvant aboutir à une
baisse du taux de chômage (qui est, et restera, un indicateur de résultat et non un levier d’action).
4
La variation de la population active répond à la fois à des considérations démographiques, mais également économiques,
sociales… Les politiques publiques peuvent l’influencer (modification de l’âge de la retraite par exemple).
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7,5
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-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
2003T1
2003T4
2004T3
2005T2
2006T1
2006T4
2007T3
2008T2
2009T1
2009T4
2010T3
2011T2
2012T1
2012T4
2013T3
2014T2
2015T1
Solde des créations d'emplois, en milliers et en glissement annuel
Industrie
Tertiaire marchand
Construction
Total marchand
Tx chômage BIT (d)
1 / 2 100%
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