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Enfin, les petites résonances mar-
quées par des tirets verticaux sont
associées à des états de surface qui
apparaissent aux plus hautes éner-
gies pour la face (110). Le nombre
de pics observés n’est cependant pas
expliqué complètement à ce jour. La
précision de la position des pics est
de l’ordre de 0,03 eV.
Le deuxième exemple choisi pour
illustrer les possibilités de la spec-
troscopie est le cas de nanostructures
semiconductrices, les îlots InAs dans
GaAs.
LES ÎLOTS I
N
A
S
DANS G
A
A
S
Les îlots ont des propriétés optiques
remarquables : ils sont le lieu d’un
fort confinement électronique (sys-
tème 0D). Ils possèdent des raies
d’émission quasi monochromatiques
à basse température (pour un îlot ob-
servé isolément) et sont d’excellents
candidats comme centres actifs dans
des lasers à 1,3 µm ou, dans un futur
proche, comme source à un photon
unique utilisable pour la cryptogra-
phie quantique.
Dans l’exemple présenté, la crois-
sance de ces îlots a été caractérisée
par microscopie électronique à ba-
layage et à transmission, ainsi que
par microscopie à champ proche.
Dans des conditions standard de
croissance, la densité des îlots obser-
vés est de l’ordre de 4×1010 cm−2.
Notons que les îlots observés sont
tronqués par le clivage et sujets à une
relaxation. Ce clivage modifie
d’ailleurs la structure des niveaux
électroniques, comme on le verra
plus loin. La forme des îlots est
proche d’une lentille : la base a une
largeur comprise entre 15 et 30 nm
et la hauteur varie de 3 à 6 nm.
Lorsque plusieurs plans d’îlots sont
superposés, un alignement vertical
des îlots le long de la direction de la
croissance peut se produire pour une
faible épaisseur de la couche de
GaAs qui sépare les plans (illustra-
tion par une image STM, figure 2).
Le STM, en travaillant sur la face
clivée (110) sous ultravide, permet
d’étudier de façon individuelle les
îlots. Outre l’analyse à l’échelle ato-
mique qui donne accès par exemple
à la rugosité d’interface entre les
îlots et l’InAs (couche de mouillage)
ou le GaAs environnant, la spectro-
scopie STM permet d’en analyser la
structure électronique : rappelons
qu’un îlot est un système confiné
pour lequel les énergies électro-
niques permises ont des valeurs dis-
crètes. A ces niveaux sont associées
des fonctions d’onde (de symétrie s
pour le niveau fondamental, symé-
trie ppour le premier niveau excité,
illustration sur la figure 3d), dont le
module au carré correspond à la den-
sité d’états électronique. Le courant
STM est proportionnel à cette densi-
té d’états, et on peut donc la mesurer
et retrouver sa symétrie spatiale (s
ou p) en réalisant des mesures à dif-
férents endroits de l’îlot. Ces me-
sures, présentées ci-après, ouvrent la
possibilité d’analyse de la localisa-
tion des électrons et des trous en
fonction de la taille des îlots et du
couplage inter-îlots. La connaissan-
ce de la délocalisation des fonctions
d’onde est l’un des problèmes fon-
damentaux de la physique des îlots.
La figure 3a représente un îlot
(image topographique) et les images
3c et 3d sont des images obtenues en
réalisant des mesures I(V) quasi-
ment en tout point de l’image et en
reportant le courant mesuré à une
tension donnée (0,69 V et 0,82 V
pour les figures 3c et 3d respective-
ment). Les zones claires correspon-
dent à la présence de courant, les
zones sombres à une absence de
courant. Pour des tensions comprises
entre 0 et 0,63 V, aucun courant n’est
détecté. A partir de 0,63 V, du cou-
rant est détecté au centre de l’image
(figure 3c). Pour une tension de
0,82 V, la tache centrale s’est accen-
tuée et deux nouvelles taches sont
apparues.
Figure 2 - Illustration de l’autoalignement des
îlots lors de la croissance. Le lien blanc entre les
îlots est ce qui reste de la couche d’InAs, appelée
aussi couche de mouillage. La flèche représente
la direction [001] de croissance. La surface
d’observation est la face (110), obtenue par cli-
vage en ultravide (échelle : 200 ×200 nm2).
Figure 3 - a) image topographique d’un îlot ; b) schéma des états électroniques d’un îlot InAs ; c) image
de la contribution du niveau fondamental ; d) image de la contribution du niveau fondamental et du pre-
mier niveau excité .