Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public
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Il y aura donc quatre compétences liées pendant les quatre semestres. Les savoirs
disciplinaires, la didactique (la philosophie s’enseigne), la recherche, et enfin les compétences
liées à l’exercice professionnel, l’hétérogénéité des publics et la gestion du groupe-classe.
Il se trouve qu’un groupe de travail doit se tenir le lendemain pour préciser quel sera le
poids du disciplinaire dans les 60 ECTS du mastère.
Frédéric Dupin, professeur de philosophie à l’IUFM de Paris, comprend bien
qu’enseigner la philosophie, c’est philosopher, qu’il n’y a donc pas à opposer les deux ;
seulement il a le sentiment que dans le milieu universitaire on considère qu’un parcours
métier, ce n’est plus faire de la philosophie, d’où sans doute le retrait des départements de
philosophie par rapport aux questions de formation.
Nos interlocuteurs nous assurent qu’en première année il y aura moitié de disciplinaire, et
la seconde année un peu moins, mais guère, si du moins on intègre le didactique dans le
disciplinaire. Et il faut aussi assurer d’autres débouchés que les concours d’enseignements.
Une même UE peut servir à deux mentions différentes de diplômes. Ainsi, les normaliens ne
rentrent plus beaucoup dans le secondaire. M. Filâtre s’interroge, et nous interroge, sur les
débouchés possibles pour les études de philosophie. Il nous dit à quel point il a apprécié la
philosophie dans son propre cursus.
Le concours aura quatre épreuves, l’oral sera fortement pondéré par rapport aux écrits.
L’épreuve disciplinaire existe toujours à l’écrit, elle sert surtout à classer les candidats. Mais
l’EN veut avant tout savoir si la personne est capable, ou non, d’enseigner.
Simon Perrier revient à la maquette générique. Elle manifeste une étrange inquiétude,
relativement à la licence quand elle donne par exemple comme fin aux concours de vérifier la
capacité des candidats à s’exprimer en français. Cette inquiétude, légitime, prouve quelque
chose concernant le niveau des candidats2.
M. Filâtre nous retourne la question. Pourquoi, selon nous, l’université n’est-elle plus
capable de former des candidats dont le niveau est satisfaisant ? L’on fait la même
constatation en ce qui concerne d’autres métiers, par exemple les ingénieurs. Il faut donc
vérifier ce niveau, d’où l’insistance, par exemple, sur le français. Il y a donc bien une
inquiétude, inégale selon les disciplines, quant au niveau des candidats après la licence.
M. Filâtre insiste en ce sens sur la nécessité de réparer les dommages créés par les
gouvernements précédents. On recrutera quelque 27 000 nouveaux professeurs, contre 16 000
auparavant. Auront-ils le niveau ? Mais il y a d’autres instruments envisageables, comme
durcir la licence. On a là un pari que fait l’Éducation Nationale, recruter 27 000 professeurs.
D’ailleurs, les licences en philosophie sont exigeantes.
L’on passe alors au deuxième point, la place des philosophes dans les futures ESPÉ en
tant que formateurs.
Henri Dilberman insiste sur la nécessité de cours « fléchés » pour les philosophes, sur le
modèle de l’actuel concours des Conseillers d’éducation. Il est question en effet de refonder
l’école ; mais qui peut mieux qu’un philosophe revenir sur les fondements, les principes, les
valeurs, les concepts ? Or cela suppose des cours de philosophie de l’éducation. Refonder,
c’est donner du souffle, il se trouve que le philosophe a une vision globale des questions de
l’école, ou de l’éducation, ce qui permettrait de ne pas empiler les problèmes. Il s’agit de
penser en termes de mission, de principes, qui sont des principes d’action, comme la laïcité.
Henri Dilberman se félicite donc que l’on trouve dans la loi de refondation de l’école des
2 Voir, aussi : « Certains besoins spécifiques, dans certaines disciplines qui utilisent un langage propre,
impliqueront d’en vérifier la maîtrise : traduction en langues vivantes, grammaire en lettres, résolution de
problèmes en mathématiques, écriture musicale, pratique plastique, niveau de maîtrise des pratiques physiques
en éducation physique et sportive, etc. » On parle pourtant bien de gens ayant une licence.