CORRIGÉ
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LA VÉRITÉ • SUJET
Le sujet La culture
La raison et le réel La politique
La morale Sujets d’oral
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exemple, les dialogues de Platon s’efforcent de trouver la bonne définition
des valeurs politiques et morales du monde grec. La vérité est atteinte
lorsque celle-ci est énoncée. Il faut parvenir à « dire vrai ». Or justement,
cela n’est possible que s’il existe des essences. L’esprit qui philosophe pré-
suppose que la justice, le courage, etc., ne sont pas de simples mots que
chacun peut entendre comme il lui plaît, mais possèdent une signification
véritable, donc immuable. C’est précisément ce point qui conduit la philo-
sophie à s’opposer à l’opinion. Cette notion désigne un mode de pensée qui
comporte plusieurs caractéristiques. Opiner signifie d’abord émettre un avis,
juger. C’est un acte courant, mais auquel nous ne réfléchissons pas suffi-
samment. Platon lui reproche ainsi d’être l’expression d’un préjugé. Nous
décidons sans avoir examiné les raisons de notre choix. Nous croyons avoir
un jugement personnel alors que nous reproduisons inconsciemment des
pensées communes à notre situation familiale ou sociale. L’opinion est
parfois reliée à la notion d’idéologie, c’est-à-dire un ensemble de représen-
tations collectives par lesquelles un groupe justifie ses intérêts.
B. Les raisons de la pluralité
Ce dernier point permet d’expliquer la diversité de ce genre de pensée. Une
société est composée de différents classes ou milieux dont les buts ne sont
pas identiques et entrent en concurrence. La pluralité des opinions en est une
manifestation. On ne s’étonnera pas de ce phénomène si on se souvient que
ces jugements n’ont pas éclairé leur fondement. Dans la République, Platon
les nomme des représentations flottantes, comme si elles étaient mal arri-
mées. Par là est exprimé le fait que l’opinion varie, non seulement selon les
groupes mais aussi selon les individus. Leur ressort est souvent affectif. Son-
geons aux sondages sur les sujets de société. Nous voyons que les réponses
changent en fonction du moment où la question est posée. Un crime odieux
provoquera une montée des avis favorables au rétablissement de la peine de
mort alors que les mêmes personnes seront moins virulentes en temps
normal. C’est donc le propre de l’opinion de se fragmenter. C’est pourquoi la
défense de l’idée de vérité consiste logiquement à faire valoir la stabilité
immuable d’un monde d’essences, qu’il s’agit de définir correctement. Les
essences restent identiques à elles-mêmes quand les opinions changent avec
le temps. Une proposition vraie le demeure car elle dit ce qui est en échap-
pant à la partialité des points de vue.
[Transition]
Une fois élucidées les raisons de cette dualité, regardons maintenant en
quoi la diversité peut faire obstacle à la recherche de la vérité.
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