INTRODUCTION
De façon schématique, à une première génération de quinolones d’activité limitée aux
entérobactéries et au traitement d’infections urinaires, a succédé une seconde génération,
les fluoroquinolones (FQ), avec une action élargie notamment aux staphylocoques et à
Pseudomonas, et pour les dernières nées une activité anti-pneumococcique.
Dès leur mise à disposition, l’intérêt clinique notable des FQ s’est accompagné d’une large
utilisation en pratique, ce qui a eu pour conséquence un effet délétère en termes d’impact
épidémiologique compte tenu de leur pression de sélection avec émergence de mutants
résistants. L’actuelle émergence et diffusion des entérobactéries sécrétrices de bêta-
lactamases à spectre étendu, dont les infections requièrent de grandes difficultés de prise en
charge (nombreux échecs des traitements voire impasses thérapeutiques), sont favorisées
par la prise d’antibiotiques parmi lesquels on identifie une part de responsabilité aux FQ
quelle que soit l’indication de leurs prescriptions.
De plus, leurs profils de sécurité d’emploi en termes d’effets indésirables notamment à type
de tendinopathies et/ou cardiaques (allongement de l’intervalle QT) entrent dans la
considération de leurs utilisations.
L’EMA et l’ANSM ont toutes deux publié sur leur site les mises en garde concernant le
rapport bénéfice/risque défavorable de l’utilisation de la moxifloxacine puis dans un second
temps de la lévofloxacine. Un astérisque accolé aux noms de ces quinolones signifie, dans ce
texte, que le groupe de travail a considéré que telle ou telle pathologie pouvait néanmoins
justifier le recours à ces molécules.
Compte tenu de la menace liée aux résistances bactériennes, considérant l’impérieuse
nécessité de respecter les règles de « bon usage » des anti-infectieux afin de préserver leur
efficacité dans les situations où ils sont indispensables, et tenant compte du profil de risque
propre de chaque FQ, l’utilisation de ces antibiotiques doit s’inscrire dans un cadre strict de
prescription (indications limitées, schémas d’administration à respecter). Le recours aux FQ
doit être très réfléchi et non automatique.
Selon leurs dates d’autorisation de mise sur le marché, on distingue les FQ les plus
« anciennes » ; (péfloxacine (1984), norfloxacine (1985), ofloxacine (1986), ciprofloxacine
(1987) des FQ plus récentes dites « anti-pneumococciques » ; (lévofloxacine (1998),
moxifloxacine (2001)). A noter que la lévofloxacine est l’énantiomère S(-) (forme lévogyre)
du racémique ofloxacine.
Cette mise au point rappelle les règles de bon usage de la ciprofloxacine, la lévofloxacine, la
moxifloxacine, la norfloxacine, l’ofloxacine et la péfloxacine, administrées par voie
systémique chez l’adulte, toutes FQ commercialisées à ce jour en France, et non celles
retirées du marché (problèmes majeurs de sécurité d’emploi : sparfloxacine, trovafloxacine).
Sont exclues du champ de cette mise au point :
- les quinolones de première génération (acide pipémidique, acide nalidixique),
- l’énoxacine, la loméfloxacine,
- les formes locales à usage ophtalmologique ou à usage auriculaire contenant des FQ,