IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La Vérité La vérité IDÉES DIRECTRICES Quel est le critère de la vérité : - Accord de l'esprit avec lui-même? - Accord de l'esprit avec le réel? - Accord des esprits entre eux? Pourquoi vouloir la vérité. MOTS-CLÉS Hypothético-déductif Noumène Herméneutique Aporie INTRODUCTION Philosopher c'est chercher la vérité « avec toute son âme » dit Platon. Mais où la chercher? Le problème philosophique soulevé ici est celui du critère de la vérité. Critère : signe qui permet de distinguer le vrai du faux. Existe-t-il un critère universel, un critère infaillible qui nous permettrait de savoir immédiatement : ceci est vrai, cela est faux? 1. VÉRITÉ = ACCORD DE LA PENSÉE ET DU RÉEL Les sciences partent des données sensibles, des faits : le vrai est alors ce qui est en accord avec la réalité donc : le vrai est ce qui a été vérifié expérimentalement. La définition de la vérité est d'ordre opératoire et dépend des techniques de vérifications. Mais il faut souligner que le fait est toujours élaboré par l'esprit. Il n'y a pas de fait brut. La vérité scientifique est toujours construite jamais donnée. Il ne s'agit plus aujourd'hui ni de contempler ni de décrire L’univers, mais de le reconstruire de manière intelligible, d'en comprendre les rouages en élaborant des hypothèses, pour les soumettre ensuite à l’expérimentation. Cette hypothèse, si elle est confirmée, résout provisoirement un problème. L'histoire du progrès scientifique est celle des contradictions résolues et à nouveau suscitées entre les théories et les faits. La vérité absolue ne fait pas partie du vocabulaire des savants. Vérité = Vérification et Rectification. « La vérité est une erreur rectifiée » (G. Bachelard). La vérité scientifique est un système hypothético-déductif : le raisonnement déduit de l'hypothèse des conséquences qui seront soumises à l’expérience pour vérifier sa validité. L'hypothèse sera alors confirmée ou infirmée. mcco 1 IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La Vérité 2. VÉRITÉ FORMELLE Contrairement à la vérité scientifique, la vérité formelle ou logique n'a pas besoin de la réalité. C'est la vérité mathématique qui n'a besoin que de la cohérence interne pour être dite vraie (principe de non-contradiction). Une proposition mathématique est vraie quand cette proposition est en accord formel - logique -, avec son système d'axiomes. Par exemple, tel théorème est vrai dans le système d'axiomes de la géométrie d'Euclide mais faux dans la géométrie de Riemann et Lobatchevsky. Mathématique = système hypothético-déductif qui n'a pas besoin du réel, c'est-à-dire de la vérité matérielle pour être vrai: Le raisonnement tire les conséquences logiques des hypothèses qui constituent l'axiomatique (axiome = principe). 3. VÉRITÉ ET RÉALITÉ La réalité caractérise un objet; la vérité, le jugement que je porte sur cet objet. Le bouquet de fleurs est réel, c'est-à-dire il existe devant moi. II n'est ni vrai ni faux, il est. C'est uniquement la valeur de mon assertion qui est vraie ou fausse (il y a bien un bouquet de fleurs devant moi). La vérité se trouve dans le monde des Idées Si aujourd'hui la vérité est synonyme de vérification, expérimentation, objectivité, il n'en était pas de même dans l'Antiquité. Car la recherche de la vérité change avec le temps, l’époque. Pour Platon, notre monde sensible, sans cesse soumis au devenir, ne peut être la norme de la vérité qui a besoin de stabilité, de permanence. Ce qui est vrai doit l’être toujours. La vérité se trouve donc dans le monde intelligible ou monde des Idées, monde de l’Être immuable, permanent, norme du vrai. Notre monde sensible est une copie de ce monde intelligible, un moindre être : c'est le monde de l'apparaître. Platon : l'allégorie de la caverne Toute la dignité de l’homme est alors de s'élever, par la dialectique, de l’apparence à la réalité, du sensible à l’intelligible; pour contempler la vérité éternelle. C'est ce que nous explique Platon dans la célèbre allégorie de la caverne, dans laquelle il nous.,décrit prisonniers du monde sensible, rempli d'ombres et d'illusions. Ignorants tout, d'abord de notre sort, et donc satisfaits de notre condition, nous ne voulons pas être libérés. Nous rejetons celui - le philosophe - qui nous enseigne que nous vivons éloignés de la vraie réalité. L'accès à la vérité se fait d'abord par une violence. Mais le prisonnier délivré contre son gré finira par atteindre la Vérité, et connaîtra un si grand bonheur,que le chemin ardu pour y parvenir sera oublié, et qu'il ne voudra plus rejoindre ses anciens compagnons, toujours ignorants. Mais sa mission est de redescendre, pour à son tour essayer d'en délivrer quelques-uns. Dans le Monde sensible notre seule connaissance est l'opinion, parfois vraie, souvent fausse, jamais sûre, toujours changeante. mcco 2 IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La Vérité Dans le Monde intelligible, la Vérité éternelle, immuable. Platon pense donc que l'esprit est capable d'atteindre la vérité absolue, de connaître l'être-en-soi. Sceptiques pour qui l'esprit ne peut atteindre avec certitude aucune vérité. Le sceptique suspend définitivement son jugement. Vérité = Évidence Je pense donc je suis. C'est Descartes qui, le premier, libère la vérité de sa dépendance vis-à-vis de l'Être. Après avoir provisoirement suspendu son jugement, et avoir tout révoqué en doute (fait table rase), Descartes est assuré d'une vérité indubitable : la pensée => « Cogito ergo sum ». Je peux douter de tout mais « pour douter il faut être », il faut penser que l'on doute. Le critère de vérité est donc cette évidence instantanée : « Les choses que nous concevons clairement et distinctement sont vraies. » Le cogito est la première vérité qui fonde les autres. Spinoza dira après Descartes : « Le vrai est à lui-même son propre signe » : verum index sui = le vrai se reconnaît à ses caractères intrinsèques. L'évidence définie comme clarté, comme idée claire et distincte, comme intuition rationnelle infaillible, ne peut satisfaire pleinement l'esprit. La vérité est relative Antiquité de l'évidence L'évidence est donc, en un sens, indéfinissable. Comment fonder une vérité scientifique sur l'évidence? « Descartes a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence, mais il a négligé de nous en donner l'adresse » dira Helvétius. La norme de l'évidence n'est pas un critère absolu de vérité. Noumène et phénomène Kant renouvelle le point de vue : il ne faut pas chercher un critère absolu, mais s'interroger sur les structures de notre esprit, qui dépend du cadre spatio-temporel et de catégories (causalité, relation...). L'esprit humain peut connaître le phénomène, jamais le noumène, ce qu'est la chose en soi. Le phénomène est ce qui m'apparaît de la chose et que l'esprit peut atteindre. Kant pose donc la relativité de la connaissance. Ce qui signifie qu'il y a pas de vérité absolue, mais pas non plus de scepticisme, puisque je peux connaître quelque chose.: le phénomène. mcco 3 IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La Vérité Vérité = Réussite La pensée est liée à l'action, dit le pragmatiste (pragma = action) W. James : est Vérité ce qui réussit. Par exemple, en sciences expérimentales, le vrai = ce qui est efficace. Dans l'expérience religieuse, le vrai = ce qui réconforte, ce qui élève l'homme au-dessus de lui-même. Cette définition de la vérité est dangereuse et trop facile. « Les vérités consolantes doivent être démontrées deux fois » dira J. Rostand. 4. POURQUOI FINALEMENT VOULOIR LA VÉRITÉ ? Nietzsche L'homme a peur de la vie foisonnante, cruelle, tragique. Il se réfugie alors dans la croyance en un monde immuable, permanent comme le monde intelligible platonicien out « l'autre monde » chrétien. Il invente les valeurs morales pour se protéger des forts. Mais il n'y a ni vérité ni mensonge : il y a la vie et le danger de la vie que l'on accepte ou pas. « Le "monde-vérité"; nous l'avons abolit : quel monde nous est resté? Le monde des apparences peut-être?... Mais non! avec le monde-vérité nous avons aussi aboli le monde des apparences! Midi; moment de l'ombre la plus courte; fin de l'erreur la plus longue; point culminant de l'humanit ; INCIPIT ZARATHOUSTRA > . (Nietzsche, Le Crépuscule des idoles). Freud L'homme est un être fragile, souffrant et qui détourne les yeux de la réalité pour chercher refuge, pour trouver la paix. Il la trouve dans la religion, la grande illusion consolatrice sécurisante. Dieu le père porte bien son nom :il protège. 5. VÉRITÉ ET LANGAGE Le savant, le philosophe, le poète, le mathématicien, tous cherchent la langue exacte, celle qui leur permettra de « Donner un sens plus pur aux mots de la tribu » (Mallarmé, Tombeau d'Edgar Poe). C'est-à-dire dialoguer, communiquer comme la méthode socratique y invitait. Le mot vérité d'ailleurs n'existe pas dans la langue de Socrate et de Platon. La vérité se dit aléthéia (lethé = oubli, a-privatif). La vérité serait ce qu'on n'a pas oublié, c'est-à-dire ce dont on se souvient. La vérité est alors la mémoire qui permet « de déchiffrer l'invisible » comme le dit si bien M. Detienne dans Les Maîtres de vérité. Ce qui compte avant tout chez les Grecs est le « savoir de ce qui est, ce qui sera, ce qui fut ». Vérité et Réminiscence sont aussi synonymes et c'est la Maïeutique, « l'art d'accoucher les esprits » à la manière de Socrate, qui permet à la mémoire de surgir, de se révéler. mcco 4 IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La Vérité La vérité apparaît plus comme un dévoilement, une révélation (dans ces deux mots, il y a velum = voile). Telle la déesse Isis, elle porte sans doute de multiples voiles. Vous en soulevez un et vous en découvrez un autre. TEST 1. La vérité mathématique est une vérité: a -formelle b - matérielle 5. Qui a dit : « La vérité est une erreur rectifiée » a - Kant b - Comte c - Bachelard 2. Pour Descartes, le critère du vrai est : a - l'évidence b - l'idée c - la foi 6. Pour Platon, la vérité s'atteint par : a - l'évidence b - la dialectique c - l'intuition 3 . Pour Descartes, la première vérité connue est : a - le cogito b - le corps c - Dieu 7. La vérité, pour Platon, est a - theoria b - praxis c - doxa 4. Dans la pensée scientifique contemporaine, la notion de vérité absolue existe-t-elle : a - oui b - non 8. Le mensonge s'oppose à a – La vérité b - La véracité mcco 5