
6 Le campus de la faculté des Lettres - Préface 7Préface - Le campus de la faculté des Lettres
C’est un sentiment de satisfaction que l’on ressent à voir son œuvre
« labellisée » au titre du patrimoine du siècle passé qui fut celui de la
modernité triomphante, du moins pour l’architecture des années
fécondes qui ont suivi la reconstruction de l’après-guerre. Maintes
réalisations de cette époque sont ignorées, bafouées, ont parfois déjà
disparu, mais il est rassurant que d’autres reçoivent une recon-
naissance qui interroge et ne peut laisser insensible l’homme d’art
qui, pour la jeunesse d’alors, a contribué à la création d’un nouveau
Montpellier.
Lorsque René Egger, le maître d’œuvre marseillais des nouvelles
universités du sud de la France, associe une jeune agence montpel-
liéraine à la conception du campus de la faculté des Lettres, après
celui des Sciences, lui en laissant, sur son programme de base, prati-
quement toute la responsabilité, l’opportunité ainsi offerte d’imaginer
un cadre original et bien adapté tant aux besoins qu’au lieu, implique
un investissement personnel qui marque fortement une carrière.
Le choix laissé aux architectes de lier intimement la création plastique
avec des artistes enracinés dans leur terroir, comme Albert Dupin ou
Fernand Michel, ou des personnalités de renom, comme Vasarely (ou
Pol Bury à la faculté des Sciences), en intégrant étroitement leur
intervention à l’espace bâti, est primordial. L’art « cinétique » se marie
au mieux avec ce dialogue entre l’humain et son environnement, dans
une architecture indissociable du mouvement. Cela s’accorde bien
aussi avec la recherche sur la lumière et l’image animée, mise en
œuvre dans le concept de cinéma total et le panrama, ce procédé de
projection sur écran-coupole hémisphérique.
L’architecte de cet ensemble souhaite que chacun, se déplaçant au
cœur de ce campus, conduit par le jeu de la lumière mouvante et des
formes stables, puisse continuer à percevoir cette architecture telle
qu’il l’a voulue, fonctionnelle mais originale et vivante.
Philippe Jaulmes
Architecte
Depuis plusieurs années, le ministère de la Culture et de la Commu-
nication protège et met en valeur le patrimoine universitaire et hos-
pitalier. Cette volonté de protection concerne à la fois l’architecture et
les objets mobiliers mais relève de procédures différentes. Ainsi, en
Languedoc-Roussillon, après le Jardin des Plantes, étroitement lié
à l’histoire de l’université, ont été classés la faculté de médecine et
son musée d’anatomie. L’institut de botanique, construit pour abriter
l’herbier historique, est indissociable de cette démarche patrimoniale
tout comme l’ensemble de l’hôpital général et des cliniques Saint-
Charles. Afin de conserver la cohérence des lieux avec le contenu
qui leur donne sens, c’est l’ensemble des œuvres d’art et des collec-
tions abrité par ces monuments qui a été protégé au titre des monu-
ments historiques : dessins de la collection Atger, vélins du Jardin
des Plantes, collections anatomiques et tables de dissection, galerie
de portraits de professeurs peints et sculptés, droguier, instruments
d’astronomie, etc…
L’une des vocations de la collection « Duo monuments/objets »
consiste à mettre en évidence cette relation entre patrimoines archi-
tectural et mobilier, qu’ils soient traditionnels ou contemporains. Ces
publications sont également destinées à faire connaître l’attribution
du label « Patrimoine du xxe siècle ». La conception et la réalisation
du nouveau campus de la faculté des Lettres et Sciences humaines de
Montpellier des années 1960 constituent un bel exemple magnifiant
l’association des architectes, des artistes plasticiens et des collections
universitaires. Au cœur de celles-ci, la collection des moulages en est le
symbole, parfaitement intégrée dans une remarquable architecture.
Didier Deschamps
Directeur régional des affaires culturelles