Joe-Kodzo H., Geneva, 10th January 2009
2
alors mêmes que leurs doctrines sont contradictoires, Iréné compte faire l’unité des
chrétiens et uniformiser l’accès aux Ecritures. Ce faisant, l’évêque Iréné condamne
solennellement l’évangile de Judas, un texte pourtant très apprécié des mouvements de
la Gnose.
Les critères de sélection des livres canoniques sont très discutables : l’ancienneté,
l’apostolicité, la catholicité et l’orthodoxie. Les quatre évangiles retenus posent donc
des problèmes d’authenticité. Effet personne ne sait l’auteur des évangiles de Matthieu,
Marc, Luc et Jean. Ces textes portent la mention « Evangile selon…(Matthieu)», qui
veut tout dire, à savoir que Matthieu n’en est guère l’auteur ! Marc non plus ! Luc et
Jean non plus ! Le genre évangile, est un style littéraire, une manière de raconter des
récits, dont on a soi-même entendu parler. Mais rien n’est moins sûr que les faits
évoqués se soient produits comme tels en réalité. L’évangile de Marc a été écrit plus de
30 ans après la mort de Jésus. Et tout le monde savait que les disciples de Jésus étaient
en fuite lors de l’arrestation de leur Maître !
Au demeurant, les écrits retenus le sont d’autorité, arbitrairement, pour des raisons
plutôt utilitaires. Comment déterminer l’authenticité d’un texte en circulation dans une
province quelconque, alors même que l’on n’avait pas des moyens de circulation ?
Comment justifier l’ancienneté d’un document, alors que personne n’avait opéré de
datation. L’apostolicité signifie qu’un apôtre ou un des ses disciples avait connaissance
du texte. Or qui tenait le registre de tous ces gens qui se disaient disciples ? Saint Paul
qui n’avait pas rencontré jésus de son vivant se disait disciple ! Enfin l’orthodoxie
dénote la juste opinion. Mais par rapport à qui ? Qui peut prétendre être dépositaire de
la bonne idée, dans un contexte où abondaient plusieurs christianismes et se côtoyaient
des pagano-chrétiens, des païens, des gnostiques et des fidèles des évêchés.
C’est pour éviter les querelles des évêchés, les sempiternelles disputes des théologiens,
que l’empereur Constantin qui n’était pas encore baptisé, convoqua le concile de Nicée,
en 325 et imposa le Credo, dont la doctrine clame que Jésus est à la fois Dieu et Fils de
Dieu, "Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu": « Deo de Deo... Deo vero, de Deo
vero ». Or à l’époque, les gens étaient très divisés sur la question, tant ils ne professaient
pas tous la foi de la même manière. Certains affirmaient que Jésus est de même nature
que Dieu (homo-oussios). Ce qui signifie, de même substance, propriété et qualité (le
nom grec "Oùσία",lire ousia – oo-see’-ah, dont le participe présent, "εìναι", se dit
"étant"). Ils se justifient du livre des Proverbes (8, 22) qui parle de la Sagesse comme
principe de Dieu et médiateur entre les choses créées et celles incréées. Dans le
Nouveau Testament, la Sagesse est le Christ qui préexistait au Jésus historique: "Au
commencement était le Verbe, le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu
(Jn.1,1); le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous (Jn.1,14)". Dans l'épitre au
Colossiens, "Jésus ne retient pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu" (Col.1,15).
Mais d'autres communautés chrétiennes préconisaient que Jésus serait plutôt semblable
à Dieu (homoios – hom-oy’-oce [lire homoyôs]). Jésus est un homme d’apparence
divine. Il est divin, mais d’apparence humaine. The homoiousianism maintained that the
Son was "like in substance", but not necessarily to be identified with the essence of the
Father. La similarité ou le semblable porte la connotation d'analogie. On ne peut donc
pas identifier le similaire (ontique) et le même (ontologique). Toute la nuance se trouve
dans l'attention qu'exige la plus petite lettre grecque qu'est le iota [i].
D'autres, enfin affirment que Jésus n’avait pas la même identité que Dieu. Puisque, de
son vivant, Jésus invoquait Dieu qu'il appelait son père. Il ne peut pas s'appeler lui-