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En ce sens, la gestion centralisée de l’économie a montré que l’économie de
crédit n’a de chance d’être un vecteur de croissance durable que si elle
permet de créer les conditions de remboursement des ressources mobilisées.
Dans le cas contraire, elle mute inévitablement vers l’économie
d’endettement, c'est-à-dire une situation où tous les agents, pris globalement,
sont endettés. Ainsi, la compensation ne peut venir que de l’extérieur. Le
contre choc pétrolier de 1986 a révélé que c’est plutôt l’économie
d’endettement qui a prévalu. En effet, après plus de 15 ans d’injection
massive de capitaux, le système productif, en construction, ne génère pas de
surplus. En outre, « le financement de l’investissement était assuré
directement et indirectement (dettes extérieures) par le surplus pétrolier
auquel l’Algérie a adossé un financement interne et externe». (CNES, 2002)
Dans un tel contexte, l’exigence d’une réforme profonde du système
économique est apparue dès 1987 et a conduit à engager un programme de
réformes touchant tous les secteurs. L’objectif de ces réformes est de
démanteler progressivement les mécanismes rentiers de l’économie
administrée. Il fallait procéder graduellement dans un contexte largement
dominé par un secteur public dépendant des hydrocarbures, le monopole de
l'État sur le commerce et l'inconvertibilité de la monnaie. Les réformes sont
abordées d’abord sous l'angle de l'assainissement financier des entreprises
publiques afin d'adoucir le passage à l'économie de marché et d’autonomiser
l’entreprise publique à travers un nouveau un schéma organisationnel visant
à dissocier l’État propriétaire de l’État gestionnaire1. Il s’agissait de faire en
sorte que l’entreprise publique ne se limite pas à de simples fonctions
d’exécution, mais qu’elle devienne un centre de décision autonome, un
centre de choix pour définir les objectifs optima de son activité ainsi que les
meilleures voies de leur réalisation ». (Ouchichi, 2011).
Avec les réformes, la gestion de l’entreprise n’est plus assurée directement
par l’Etat mais par la direction de l’entreprise selon les règles courantes du
droit commercial.
Selon cette logique, ces réformes ont permis de rétablir une certaine
orthodoxie dans les relations banques-entreprises, pour conférer aux banques
leur autonomie tout en les soumettant aux principes de rentabilité et de
commercialité. Dans ce nouveau schéma, l’automaticité d’octroi des crédits
est désormais annulée. De ce fait, la banque procédera, à priori, à
l’évaluation du risque de projet d’investissement et selon sa rentabilité,
décide d’accorder ou non des crédits. Concernant, les projets
d’investissement à caractère stratégique, le financement est assuré soit par la
Banque Algérienne de développement seule, soit en collaboration avec les
banques commerciales.
1 Cette séparation était matérialisée par la création des Fonds de Participation
considérés comme l’agent fiduciaire de l’État, ces fonds seront dissous, en 1995, et
remplacés par des holdings publics chargés de la gestion des capitaux marchands de
l’État.