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TARTUFFE
Texte de Molière
Compagnie Pandora
Dimanche 31 janvier 2010 à 17h00
Durée : 2h15 sans entracte
DOSSIER PEDAGOGIQUE
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Le Tartuffe ou l’Imposteur, Comédie en 5 actes, 1669
Les personnages
Madame Pernelle, mère d’Orgon
Orgon, mari d’Elmire
Elmire, femme d’Orgon
Damis, fils d’Organ
Mariane, fille d’Orgon et amante de Valère
Valère, amant de Mariane
Cléante, beau-frère d’Orgon
Tartuffe, faux dévot
Dorine, servante de Mariane
M. Loyal, sergent
Un exempt
Flipote, servante de Madame Pernelle
Tartuffe : A la toute fin du récit, Tartuffe se révèle être un escroc, un voyou recherché depuis longtemps par
la police et qui a changé plusieurs fois d’identité. Il serait passé par les petits séminaires de l’époque, seul
moyen de sortir de la misère sociale. Aujourd’hui, charmant, séducteur, il a sans doute été recruté par une
organisation prosélyte. Le génie de Molière est d’avoir fait de Tartuffe un personnage à part entière et pas
seulement une émanation glauque de la cabale des dévots. On ne cesse de se demander qui est Tartuffe et
quelle est la dimension de son imposture.
Orgon : La passion d’Orgon pour Tartuffe est une énigme ; il dit à son beau-frère Cléante, qu’il goûte
auprès de lui « une paix profonde ».Orgon atteint auprès de Tartuffe une satisfaction jamais éprouvée.
Dorine Dorine tient la maison. Elle est la maison. Elle aime cette famille, elle y est heureuse, elle n’en a pas
d’autre. Elle aime Orgon, Mariane, Damis et Elmire. Elle a toute confiance en Cléante, à qui elle confie son
désarroi. Elle souffre de la transformation d’Orgon .Elle est à elle seule la liberté d’expression si chère à
Molière.
Damis, s’il est si maladroit, si provocateur, si constamment en colère, c’est qu’il a perdu l’amour de son
père ; il l’a compris dès que Tartuffe s’est installé dans la maison. Tartuffe est dans sa place et va lui voler
son père, son héritage, sa maison. Dès que Tartuffe sera parti, il viendra soutenir son père sans lui faire le
moindre reproche
Mariane aime son père. Incapable de s’opposer à son souhait, elle est prête à mourir. Impossible de dire
non au père; révérence sacrée envers lui, le maître. Dorine l’arrache à la mort. Combien de jeunes filles
encore offertes en holocauste, dans ces pays l’oppression des femmes et la toute-puissance des pères
n’ont pas cessé !
Valère n’existe qu’à travers le couple qu’il forme avec Mariane. Un couple d’adolescents fous de désir, de
jalousie, prêts, tout de suite, à envisager le pire
Elmire, Molière dessine un portrait de femme sublime. Il y a en elle quelque chose de délicat et de
souverain à la fois. C’est ce qui attire Tartuffe sans doute ; un art de vivre, de se mouvoir, une réserve
hitchcockienne, typiquement bourgeoise, Tendre et drôle, prenant sur elle, jusqu’au moment elle rend
Tartuffe délibérément fou de désir. Et tout d’un coup, dans cette scène inouïe d’audace, avec le mari sous
la table, elle révèle un art de la séduction digne d’une courtisane ; elle ment, elle joue.
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Extraits
Acte 1, scène 1
Madame Pernelle
(…) Je vous dis que mon fils n’a rien fait de plus sage
Qu’en recueillant chez soi ce dévot personnage ;
Que le Ciel au besoin l’a céans envoyé
Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé ;
Que pour votre salut vous le devez entendre,
Et qu’il ne reprend rien qui ne soit à reprendre.
Ces visites, ces bals, ces conversations
Sont du malin esprit toutes inventions.
Là jamais on n’entend de pieuses paroles :
Ce sont propos oisifs, chansons et fariboles ;
Bien souvent le prochain en a sa bonne part,
Et l’on y sait médire et du tiers et du quart.
Enfin les gens sensés ont leurs têtes troublées
De la confusion de telles assemblées :
Mille caquets divers s’y font en moins de rien ;
Et comme l’autre jour un docteur dit fort bien,
C’est véritablement la tour de Babylone,
Car chacun y babille, et tout du long de l’aune.
(…)
Acte 1, scène 2
Dorine
(…)Mais il est devenu comme un homme hébété,
Depuis que de Tartuffe on le voit entêté ;
Il l’appelle son frère, et l’aime dans son âme
Cent fois plus qu’il ne fait mère, fils, fille et femme.
C’est de tous ses secrets l’unique confident,
Et de ses actions le directeur prudent ;
Il le choie, il l’embrasse, et pour une maîtresse
On ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse ;
A table, au plus haut bout il veut qu’il soit assis ;
Avec joie il l’y voit manger autant que six ;
Les bons morceaux de tout, il fait qu’on les lui cède ;
Et s’il vient à roter, il lui dit : « Dieu vous aide ! »
(C’est une servante qui parle)
Enfin il en est fou ; c’est son tout, son héros ;
Il l’admire à tous coups, le cite à tous propos ;
Ses moindres actions lui semblent des miracles,
Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles,
Lui, qui connaît sa dupe et qui veut en jouir,
Par cent dehors fardés a l’art de l’éblouir ;
Son cagotisme en tire à toute heure des sommes,
Et prend droit de gloser sur tous tant que nous sommes. (…)
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Acte 1, scène 5
Orgon
Mon frère, vous seriez charmé de le connaître (…)
Qui suit bien ses leçons, goûte une paix profonde,
Et comme du fumier regarde tout le monde.
Oui, je deviens tout autre avec son entretien ;
Il m’enseigne à n’avoir affection pour rien,
De toutes amitiés il détache mon âme ;
Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme,
Que je m’en soucierais autant que de cela.
(…)
Ha ! si vous aviez vu comme j’en fis rencontre,
Vous auriez pris pour lui l’amitié que je montre.
Chaque jour à l’église il venait, d’un air doux,
Tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux.
Il attirait les yeux de l’assemblée entière
Par l’ardeur dont au Ciel il poussait sa prière ;
Il faisait des soupirs, de grands élancements,
Et baisait humblement la terre à tous moments ;
Et lorsque je sortais, il me devançait vite,
Pour m’aller à la porte offrir de l’eau bénite.
(…)Mais vous ne croiriez point jusqu’où monte son zèle :
Il s’impute à péché la moindre bagatelle ;
Un rien presque suffit pour le scandaliser ;
Jusque-là qu’il se vint l’autre jour accuser
D’avoir pris une puce en faisant sa prière,
Et de l’avoir tuée avec trop de colère.
Quelques citations extraites de Tartuffe
«Les langues ont toujours du venin à répandre.»
«Contre la médisance il n’est point de rempart.»
«Le plus souvent l'apparence déçoit. Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit.»
«Non ; on est aisément dupé par ce qu'on aime. Et l'amour-propre engage à se tromper soi-même.»
«La vertu dans le monde est toujours poursuivie ; Les envieux mourront, mais non jamais l'envie.»
Le scandale du monde est ce qui fait l’offense. Et ce n’est pas pécher que pécher en silence.»
«Ceux de qui la conduite offre le plus à rire Sont toujours sur autrui les premiers à médire.»
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Biographie rapide
Fils du tapissier du roi, licencié en droit, Jean-Baptiste Poquelin renonce à reprendre l'affaire paternelle, et
fonde l'Illustre-Théâtre. Sous le nom de Molière, et en compagnie de sa maîtresse, Madeleine Béjart, il vit
treize années de pérégrinations en province, avant que la troupe ne décide de regagner Paris en 1658.
C'est alors qu'il épouse Armande Béjart, qui lui donne un fils, Louis.
Talentueux dramaturge, Molière écrit toutes sortes de pièces, de la farce à la comédie-ballet en
collaboration avec Lully. Mais il excelle dans la mise en scène de comédies grinçantes et féroces, dans
lesquelles il épingle les travers de la société. Molière utilise en effet le rire comme une arme avec laquelle il
foudroie nombre de ses contemporains. Malgré son génie et la protection du roi, Tartuffe et Dom Juan sont
interdites de représentation.
S'il résiste aux cabales, sa santé défaillante a finalement raison de lui ; il meurt quasiment sur scène.
Sept ans plus tard, la troupe de Molière, qui avait fusionné avec celles de l'Hôtel de Bourgogne et du
Marais, donne naissance à la Comédie- Française
.
Contexte
Le Tartuffe a été écrit durant le règne de Louis XIV (le Roi Soleil), un roi qui tenait beaucoup, pour montrer
l'ampleur de son règne, à faire circuler et évoluer la culture. Cette période, en littérature et arts, s’appelle le
classicisme.
Le classicisme obéit à des règles très strictes:
-> Respect des bienséances
-> Respect de la vraisemblance
-> Respect des trois unités (de temps, de lieu et d'action)
-> Imitation des anciens (c’est-à-dire les dramaturges de la Grèce antique, tels Sophocle, Euripide, Virgile)
Le but principal d'une œuvre devait être d'instruire et de divertir en même temps
Extraits du premier placet présenté au roi sur la comédie du Tartuffe
Sire,
Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que, dans l'emploi ou je
me trouve, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon
siècle; et, comme l'hypocrisie, sans doute, en est un des plus en usage, des plus incommodes et des plus
dangereux, j'avais eu, Sire, la pensée que je ne rendrais pas un petit service à tous les honnêtes gens de
votre royaume, si je faisais une comédie qui décriât les hypocrites, et mît en vue, comme il faut, toutes les
grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries couvertes de ces faux-
monnayeurs en dévotion, qui veulent attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité
sophistique.
Je l'ai faite, Sire, cette comédie, avec tout le soin, comme je crois, et toutes les circonspections que pouvait
demander la délicatesse de la matière; et, pour mieux conserver l'estime et le respect qu'on doit aux vrais
dévots, j'en ai distingué le plus que j'ai pu le caractère que j'avais à toucher. Je n'ai point laissé d'équivoque,
j'ai ôté ce qui pouvait confondre le bien avec le mal, et ne me suis servi dans cette peinture que des
couleurs expresses et des traits essentiels qui font reconnaître d'abord un véritable et franc hypocrite.
Cependant toutes mes précautions ont été inutiles. On a profité, Sire, de la délicatesse de votre âme sur les
matières de religion, et l'on a su vous prendre par l'endroit seul que vous êtes prenable, je veux dire par le
respect des choses saintes. Les tartuffes, sous main, ont eu l'adresse de trouver grâce auprès de Votre
Majesté; et les originaux enfin ont fait supprimer la copie, quelque innocente qu'elle fût, et quelque
ressemblante qu'on la trouvât.
Bien que ce m'ait été un coup sensible que la suppression de cet ouvrage, mon malheur, pourtant, était
adouci par la manière dont Votre Majesté s'était expliquée sur ce sujet; et j'ai cru, Sire, qu'elle m'ôtait tout
lieu de me plaindre, ayant eu la bonté de déclarer qu'elle ne trouvait rien à dire dans cette comédie qu'elle
me défendait de produire en public. (…)
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