Partie VI • Les architectures de niveau paquet
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c’est-à-dire l’intelligence et le contrôle du réseau, dans la machine terminale, ne lais-
sant quasiment rien dans le réseau, tout au moins dans la version actuelle, IPv4, du
protocole IP. Plus précisément, l’intelligence de contrôle se trouve dans le logiciel
TCP du PC connecté au réseau. C’est ce protocole TCP qui se charge d’envoyer plus
ou moins de paquets en fonction de l’occupation du réseau. Une fenêtre de contrôle
précise un nombre maximal de fragments non acquittés pouvant être émis.
La fenêtre de contrôle de TCP augmente ou diminue le trafic suivant le temps néces-
saire pour effectuer un aller-retour. Plus ce temps augmente, plus on considère le
réseau congestionné, et plus le débit d’émission doit diminuer pour combattre la satu-
ration. En contrepartie, le coût de l’infrastructure est extrêmement bas, aucune intelli-
gence ne se trouvant dans le réseau. Le service rendu par le réseau des réseaux
correspond à une qualité appelée best-effort, qui signifie que le réseau fait de son
mieux pour écouler le trafic. En d’autres termes, la qualité de service n’est pas assurée
par un service best-effort, qui ne peut guère assurer grand-chose.
La nouvelle génération du protocole IP, le protocole IPv6, introduit des fonctionnali-
tés inédites, qui rendent les nœuds du réseau plus intelligents. Les routeurs de nou-
velle génération possèdent des algorithmes de gestion de la qualité de service leur
permettant d’assurer un transport capable de répondre à des contraintes temporelles
ou à des pertes de paquets.
Dans IPv4, chaque nouveau client est traité de la même façon que ceux qui sont déjà
connectés, les ressources étant équitablement distribuées entre tous les utilisateurs.
Les politiques d’allocation de ressources des réseaux des opérateurs de télécommuni-
cations sont totalement différentes, puisque, sur ces réseaux, un client qui possède
déjà une certaine qualité de service ne subit aucune pénalité du fait de l’arrivée d’un
nouveau client. Comme nous le verrons, la solution aujourd’hui préconisée dans
l’environnement Internet consiste à favoriser, dans la mesure du possible, les clients
ayant des exigences de temps réel, et ce par des protocoles adaptés, utilisant des
niveaux de priorité.
L’ESSOR DU PROTOCOLE IP
Le protocole IP existe depuis trente ans, mais il est resté presque confidentiel pendant
vingt ans avant de décoller, non pas tellement à cause de ses propriétés mais surtout
par l’échec des protocoles liés directement au modèle de référence, trop nombreux et
souvent incompatibles. L’essor du monde IP provient de la simplicité du protocole,
comportant très peu d’options, et de sa gratuité.
Les débuts du réseau Internet
L’adoption quasi universelle de l’environnement IP en fait son principal intérêt. La
DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a développé un concept de
réseaux interconnectés, Internet, au milieu des années 70, avec une architecture et des
protocoles qui ont acquis leur forme actuelle vers 1977-1979. À cette époque, la