Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? La citoyenneté ou la nationalité d’une entreprise est de plus en plus énigmatique, pour Reich, comme pour Ohmae, « une campagne publicitaire est conçue en Grande-Bretagne, filmée au Canada, montée à New York. La voiture de sport est financée au Japon, dessinée en Italie, assemblée dans l’Indiana, grâce à des composants électroniques inventés dans le New Jersey et fabriqués au Japon. ». C’est pourquoi, la question de la nationalité des Firmes multinationales prend tout son relief lorsqu’on la place dans la perspective de la globalisation intervenue ces vingt dernières années. La globalisation remet, en effet, en cause le couplage traditionnel entre firme et nation et fait ainsi perdre une grande partie de sa pertinence à la notion de nationalité de l’entreprise. Aujourd’hui, la Firme multinationale se caractérise plus par sa structure en réseau que par sa nationalité et sa définition reste toujours une source de controverse. Selon Michalet, la firme multinationale est une grande entreprise qui contrôle plusieurs filiales à l’étranger et dont la stratégie et les structures organisationnelles sont conçues à l’échelle mondiale. le Bureau International du Travail défini la firme multinationale comme une entreprise ayant une société mère investissant dans six pays dont les filiales sont possédées par la société mère et réalisent au moins un quart de son chiffre d’affaires à l’étranger. La nationalité, lien de droit qui unit une personne physique ou morale à un état, a cependant une certaine pertinence dans la mesure où elle détermine le statut juridique de la société. Cependant, la nationalité des entreprises n’est pas définie de la même manière par les différentes législations. Selon le droit américain, la nationalité d’une firme dépend de son lieu d’enregistrement alors que c’est le lieu effectif du siège social qui est retenu dans les pays de droit latin. Mais la nationalité attribuée par le droit ne fait que dissimuler les enchevêtrements complexes de participations financières et coopérations technologiques. Elle semble, alors, n’être qu’un lien superficiel et désuet. De ce fait, nous envisagerons, dans un premier temps, les origines de la polémique actuelle autour de la nationalité des FMN, suivies, dans un deuxième temps, par les différents points de vue des théoriciens à ce sujet, puis, nous terminerons par les effets qui en découlent. 1 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? I ) Les origines de la Multinationale : Pourquoi une entreprise décide t’elle de devenir une Multinationale ? A ) Les raisons générales : Les entreprises vont s’implanter à l’étranger pour : Contourner les barrières tarifaires instaurées à l’entrée de certains marchés Accroître leurs débouchés à l’étranger Profiter des avantages comparatifs des différents pays ( théorie des avantages comparatifs de Ricardo ) ( coût de la main d’œuvre, coût des matières premières, … ) Tirer parti des différences internationales dans la formation des coûts ( prix des facteurs de production ) Exploiter à l’échelle internationale un avantage particulier ou spécifique ( avantage technologique, organisationnel , commercial ) que détient une entreprise à un moment donnée dans son marché d’origine par rapport à ses concurrents. Bénéficier des disparités des taux de changes Ceci n’a été possible que grâce à la libéralisation des marchés des capitaux liée aux « 3D » (Dérèglementation, Décloisonnement, Désintermédiation ) - Dérèglementation : Entre 1973 et 1984, tous les pays ont mis fin à la politique de contrôle des changes ce qui permet donc aux entreprises de bénéficier des disparités des taux de changes - Décloisonnement : Jusqu’au milieu des années 80, le marché monétaire ( les banques ) et le marché financier ( marché des capitaux ) étaient cloisonnés. Désormais, ces 2 marchés ne forment plus qu’un seul marché unique. Les entreprises ont ainsi la possibilité d’accéder à l’épargne internationale. - Désintermédiation : La désintermédiation internationale marque la suppression des intermédiaires entre prêteurs et emprunteurs ce qui facilite les transactions. 2 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? B) les Explications Théoriques : Théorie de KNICKERBOCKER : Pour KNICKERBOCKER, sur un marché oligopolistique, les firmes s’implantent à l’étranger car elles adoptent un comportement de suiveur par rapport au Leader. ( par exemple, Peugeot s’installe en Chine car Volkswagen y est déjà installé , cela devient une course – poursuite à la multinationalisation ) Théorie d’ HYMER : Les entreprises s’implantent à l’étranger dans la mesure où elles possèdent des avantages spécifiques transférables internationalement qui leurs permettent de dégager des gains supérieurs aux coûts d’implantation et d’être et d’être ainsi compétitifs sur tous les marchés étrangers. Par exemple : Disney avec l’implantation de ses parcs à travers le monde, Disney possède une multitude d’avantages spécifiques transférables : une notoriété, un savoir faire, une image de marque, des capacités d’investissements importants, une capacité à obtenir rapidement des économies d’échelles, une capacité à profiter de politiques gouvernementales favorables sur le prix des terrains, une aide à l’implantation ( facilité d’embauches, infrastructures … . Théorie du Capital : L’investissement à l’étranger présente un intérêt car il permet de diversifier les risques (théorie du porte-feuille ) on peut ainsi élargir les possibilités de gains et diminuer les risques de pertes. Par exemple : Rossignol qui a investi simultanément en Europe et au Japon. Théorie Eclectique de DUNNING : Dans sa théorie éclectique de la production internationale, Dunning explique que l’implantation d’une entreprise à l’étranger se réalise si elle réunit 3 types d’avantages : 3 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? - avantages spécifiques (Ownership Advantage) avantages qui découlent de la concurrence imparfaite (différenciation des produits, économie d’échelle, dotation spécifique du pays, brevets, marques, …) - avantages à la localisation (localisation advantage) avantages qui sont relatifs à la différence des prix (coût de transport) - avantages à l’internalisation (internalisation advantage) regroupent la diminution du coût des échanges, le contrôle de l’offre et des débouchés. II. Les différents points de vue des théoriciens A. L’entreprise-réseau selon Robert Reich La nationalité des entreprises est devenue très difficile à identifier. Reich apporte plusieurs explications à cette tendance. Il commence son analyse en constatant que la plupart des économies avancées sont passées d’une production de masse, largement adoptée par les grandes firmes américaines des années 50, à une production personnalisée. Les grandes firmes ont délibérément délaissé l’organisation verticale typique des systèmes fordiens pour une raison essentielle : les revenus issus la production à grande échelle de biens standardisés ne leur permettaient plus d’engendrer des profits suffisants pour maintenir leurs activités sur leur territoire. Elles se sont donc tournées vers la production personnalisée pour d’une part répondre à une demande des clients pour des biens adaptés à leurs attentes mais aussi pour se protéger des firmes imitatrices de leurs produits. Cette production s’est réalisée à travers la satisfaction de besoins exclusifs de clients particuliers prêts à payer un surcoût pour se procurer un savoir-faire adapté à leurs besoins. Il ne faut cependant pas oublier qu’un bien adapté plus bien plus difficile à copier qu’un bien standardisé, c’est une autre façon de se protéger de la concurrence. La nouvelle barrière ne repose plus sur la quantité ou le prix mais sur la capacité à rapprocher les technologies spécifiques des clients demandeurs de biens différenciés. C’est à ce niveau qu’interviennent les identificateurs et les résolveurs de problèmes puisqu’ils vont 4 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? avoir pour mission de mobiliser leurs compétences afin d’identifier les besoins des clients et de les satisfaire en élaborant des produits personnalisés. Le rôle des courtiers-stratèges consiste à ce que les résolveurs et identificateurs de problèmes se rencontrent et de comprendre les nouvelles technologies prometteuses pour être en mesure de les adapter aux besoins des consommateurs. C’est donc au niveau de ces trois types de compétences qu’il y a une réelle création de valeur qui repose la capacité à créer justement de nouveaux liens entre besoins et solutions. C’est pourquoi ces derniers doivent être perpétuellement en contact afin d’identifier sans délai les nouvelles opportunités pour les rapprocher des clients toujours demandeurs de biens encore plus différenciés. C’est donc pour cette raison que l’entreprise s’est transformée en entreprise-réseau où chaque nœud est représenté par un groupe où l’apprentissage, le partage de données et d’expérience constituent la clef de voûte de l’entreprise de production personnalisée. On est donc passé de la firme pyramide à la firme-réseau organisée autour d’un procédé et non plus autour d’une tâche. Le cœur de l’entreprise personnalisé s’est amenuisé par deux raisons essentielles : - Les coûts fixes caractéristiques des entreprises fordistes ont été externalisés vers d’autres entreprises par des contrats temporaires. - Le nombre de petites entreprises a presque doublé entre 1975 et 1990 alors que la création d’emplois dans les grandes firmes n’a augmenté que de façon négligeable à raison d’une unité supplémentaire sur la même période. C’est pour cela que Reich soutient que la nouvelle économie est constituée de réseaux d’entreprises où s’entremêlent sans distinction grandes et petites, les secondes assurant les fonctions externalisées des premières rendant ainsi la frontière entre l’intérieur et l’extérieur extrêmement floue. Mais ce processus ne concerne que les entreprises ayant engendré les revenus les plus élevés. Les identificateurs et résolveurs de problèmes ainsi que des courtiers-stratèges qui constituent le point névralgique de l’entreprise-réseau étendront leur réseau au-delà des frontières du territoire national grâce au formidable progrès des télécommunications et des moyens de transport. Dorénavant le savoir, les capitaux ainsi que les biens et services se transforment en signaux électroniques sans aucun support physique. Ainsi, ce qui s échange ce sont plus des services comme la recherche et développement ou encore des études de marché entre partenaires d’un même réseau que des produits finis stricto sensu. 5 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? L’origine des produits et services issus de ces entreprises sera difficile à déterminer puisqu’ils auront été assemblés à partir de nombreux composants fabriqués au-delà des frontières formelles de la firme et combinés de toutes sortes pour satisfaire aux besoins des clients. En effet, la distinction ne se fera plus entre l’intérieur et l’extérieur de la firme mais en fonction de la proximité de son centre stratégique. Ce bouleversement n’est pas sans conséquence puisque : - en 1990, plus de la moitié des exportations et des importations américaines représentaient des transformations de produits avec les services incorporés entre les filiales des firmes mondiales. - ces échanges de services posent des problèmes à chaque économie nationale puisque les prix entre les firmes sont fixés en dehors du marché par des prix de transfert entre les divisions d’une même firme mondiale ou par des contrats complexes. - l’impossibilité même de dire où a été fabriqué ne serait-ce une partie des produits. Les autorités nationales cherchent toutes un moyen de prélever des impôts dans les portions des réseaux mondiaux. Ainsi, parallèlement à cette déconnexion des firmes de leur territoire d’origine, les firmes manipulent les Etats de diverses manières en se jouant des imperfections de la loi américaine ou encore de l’opinion générale qui veut obstinément associer une firme à un pays d’origine. Les firmes s’établissent sur un territoire dès lors qu’il favorise ses intérêts et objectifs. D’après la loi américaine, toute entreprise dont le siège social se situe sur le sol américain est américaine. La firme Chrysler est un très bon exemple du pouvoir de manipulation des grandes firmes sur leur territoire d’origine. En 1979, l’entreprise a fait pression sur le congrès pour obtenir des réductions d’impôts et des subventions gouvernementales tout en parvenant à imposer les restrictions des exportations des voitures vers les Etats-Unis. Dans les années 80, Chrysler passait pour l’entreprise qui intégrait le plus de composants fabriqués à l’étranger y compris les composants les plus complexes. L’inverse se confirme, un nombre toujours croissant de firmes étrangères investissent aux Etats-Unis et s’y installent comme Sharp et Sony qui appartiennent à ces firmes qui représentent un quart des exportations américaines portant la marque de firmes étrangères. Les firmes japonaises représentent à elles seules 10 % des exportations américaines. Ce n’est donc pas surprenant que les firmes étrangères réalisent une part croissante de leur recherche et 6 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? de leur conception aux Etats-Unis et vont jusqu’à financer les universités et laboratoires américains. Cette orientation vers les Etats-Unis pour les dépenses de recherche ne fait que confirmer l’existence de foyers mondiaux stratégiques selon Weng Kok Siew, Président de Singapore Airlines: la Thaïlande excelle dans la production de masse standardisée puisque le coût de la main d’œuvre locale est compétitif, l’Allemagne bénéficie d’un vaste marché intérieur et Boston est le vivier de la Recherche et Développement. La production personnalisée établie donc un partenariat international de personnes dont les compétences sont combinées les unes aux autres et qui passent des contrats avec des travailleurs non qualifiés partout dans le monde pour la production de masse. La vente de compétences à des clients, adage exclusif des identificateurs et résolveurs de problèmes, elle à l’origine création de valeur plus grande. Cependant, un partenariat international n’est pas sans conséquence sur les économies nationales : - l’épargne américaine, devenue mobile, va s’orienter vers des réseaux mondiaux n’ayant que des ramifications aux Etats-Unis. - Le déficit commercial américain des années quatre-vingts s’expliquait en grande partie par les productions américaines en dehors du territoire américain qui sont à l’origine du tiers du déficit commercial des Etats-Unis vis à vis de Taïwan. Il y a donc interpénétration dans les territoires respectifs des grandes firmes de la Triade puisque les firmes américaines ont aussi beaucoup investi en Europe et aujourd'hui particulièrement dans les pays de l’Est où la main d’œuvre est hautement qualifiée avec coût salarial relativement modéré. Dans les années 90, la plupart des grandes entreprises américaines sont détenues par d’autres grands groupes étrangers d’où l’émergence d’une crainte de la dépendance vis à vis des décisions des ces derniers. Qu’adviendrait-il de l’avenir économique des Etats-Unis si ces grands groupes décidaient subitement de se retirer du marché intérieur ? Reich souligne que cette vision est totalement périmée puisqu’elle omet de prendre en considération : - les investissements américains à l’étranger sont supérieurs aux investissements étrangers sur le territoire national. 7 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? - la satisfaction des actionnaires est le premier objectif des firmes américaines bien avant le patriotisme. - les firmes ne sont pas prêtes à accepter d’acheter et fabriquer des produits à un coût plus élevé qu’à l’extérieur. D’autre part, les Américains confient leurs fonds de pension à des gestionnaires tirant profit de la déréglementation des marchés de capitaux en déplaçant les fonds de pension d’une société à une autre sans ses soucier de la nationalité de celles-ci. Les Américains détiennent sans le savoir une petite partie du capital de plusieurs sociétés internationales. Les firmes américaines sont bien sûr soucieuses de la vigueur de l’économie américaine mais autant que les firmes étrangères qui y sont implantées puisqu’elles doivent s’assurer que leurs produits trouvent des débouchés partout dans le monde. Dans le cas éventuel d’un retrait des intérêts japonais par exemple, d’autres sociétés étrangères n’hésiteraient pas à bénéficier des salariés expérimentés et des locaux laissés à l’abandon. Les autorités américaines contrôlent de toute façon tous les actifs du territoire aussi bien nationaux qu’étrangers. Il ne faut donc pas considérer les implantations étrangères comme une menace à l’économie nationale puisqu’il est dorénavant difficile de distinguer les produits nationaux des produits étrangers. Les autorités gouvernementales doivent cependant faire en sorte que la contribution des citoyens américains aux réseaux mondiaux soit toujours plus élevée afin de pouvoir bénéficier des avancées des firmes étrangères en mettant en œuvre les compétences américaines. Reich va jusqu’à proposer d’attribuer des aides gouvernementales à toute entreprise située sur le territoire américain pourvu que la recherche et développement et la fabrication aient lieu aux Etats-Unis pour que les citoyens américains puissent apporter une part croissante à l’économie mondiale. Pour Reich, le problème même de la nationalité des entreprises est aujourd’hui dépassé puisque les groupes se sont intégrés à des réseaux mondiaux où la nationalité moins prise en compte que la contribution aux réseaux planétaires. 8 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? En 1991, Laura D’Andéa Tyson alors Présidente du Comité des conseillers économiques du Président Clinton, va à l’encontre de la conception de Reich dans un article de la revue Americain Post. En effet, si Reich considérait que la nationalité des firmes présentes sur le territoire américain importait peu. En effet, entre deux firmes représentatives : la société A dont le siège social est aux Etats-Unis et dont le capital est détenu par des citoyens américains mais dont la majorité des activités de conception, de R&D, de production sont réalisée en dehors des EtatsUnis par une main-d’œuvre américaine, et la société B dont le siège social est à l’étranger et le capital détenu par des étrangers mais dont la majeure partie des activités de conception, de R&D et de production est effectuée sur le territoire des Etats-Unis par une main-d’œuvre américaine, laquelle compte le plus pour le futur économique des Etats-Unis. Elle s’oppose à cette vision en démontrant que la nationalité du capital, la nature des droits de propriété exercée plus exactement importait. Son raisonnement est le suivant : en 1998, les opérations des sociétés mères américaines aux Etats-Unis concernaient 78% des actifs totaux, 70% des ventes totales et 74% de l’emploi total de ces firmes multinationales. En ce qui concerne les seules firmes du secteur manufacturier, les actifs par tête aux Etats-Unis étaient supérieurs de 20% aux montants constatés dans les filiales des pays développés et de 200% aux montants constatés dans les filiales des pays en développement. En revanche, les filiales américaines de firmes étrangères ne représentaient en 1998 que 10,5% de la valeur ajoutée et 8,5% de l’emploi dans le secteur manufacturier. Elle conclut donc à la prééminence du point de vue national des firmes à capitaux américains. B. Michalet et sa conception de l’Etat Nation Michalet dans son livre « La Séduction des Nations » s’intéresse au processus de la mondialisation, qui est caractérisée par la naissance des firmes qu’on appelle multinationales. Il fait son analyse à partir du rôle que jouent les pays dans ce processus ; le pouvoir de l’EtatNation pour attirer les entreprises et comment il fait pour rester compétitif au niveau international. Michalet s’intéresse à l’attractivité des pays pour attirer les investissements et les entreprises étrangères. Il reprend sa définition de la mondialisation, qui se déroule en 3 étapes : internalisation, multinationalisation, globalisation. 9 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? Dans la phase appelée globalisation, l’Etat-Nation perd son statut de référence et se transforme en un simple territoire économique, une plate-forme, pour des activités dont la nature est déterminée de l’extérieur, c’est à dire par des investisseurs obéissant à une stratégie globale. Ainsi, selon lui, il devrait en résulter une exacerbation de la concurrence entre les nations pour attirer les implantations, ce qui donne à sa notion d’attractivité une grande importance. En expliquant les conditions d’attractivité, Michalet montre que les firmes ne sont pas indépendantes et doivent se soumettre aux interdits qui naissent de la politique de leur gouvernement d’origine, par exemple les Etats-Unis interdisent d’investir dans des pays comme l’Irak ou l’Iran. Avant de parler de l’Etat-Nation, il est utile d’en donner une définition. L’Etat-Nation se définit par un espace délimité par des frontières stables et internationnellement reconnues, sur lequel vit un peuple, se parle une langue et gouverne un Etat. Sur cet espace, des entreprises travaillent et commercent. Dans le dernier chapitre, « L’émergence de nouveaux territoires », Michalet explique le processus de la formation des multinationales françaises. Dans les années soixante, l’Etat a joué un rôle avec les « Champions Nationaux ». En fait, il s’agissait de faire en sorte que l’industrie française puisse aligner des entreprises nationales capables de faire partie du peloton de tête des cinq plus grandes mondiales dans le plus grand de secteur possible. Avec cette politique des champions nationaux, l’économie va recevoir une consécration inattendue et involontaire. En fait, pour se hisser dans le rang des champions nationaux, les managers des grandes entreprises françaises (qui sont en majorité nationalisées) sont obligés d’investir à l’étranger, contrairement aux priorités du passé. Avec l’acquisition d’entreprises étrangères, les entreprises françaises deviennent des Firmes Multinationales. Il y a maintenant un saut pour ces champions nationaux entre l’économie française et l ‘économie mondiale, car leur part de chiffres d’affaires va augmenter par le biais des filiales étrangères. Et leur activité productive n’est plus localisée sur le sol national. Il explique qu’à partir de ce moment, un nombre croissant d’entreprises françaises ne va plus concevoir leur stratégie et leur organisation dans un cadre principalement national : la part de marché mondial est devenue le critère pertinent pour construire la stratégie des grands groupes et l’impact sur la balance commerciale du pays d’origine est secondaire, alors qu’il reste une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics. Néanmoins le primat donné à la 10 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? compétitivité ne coupe pas totalement le cordon avec l’économie d’origine. D’ailleurs, M. Porter dans son livre « The Competitive advantage of Nations » insiste sur le poids de la compétitivité de l économie d’origine dans la compétitivité des firmes, elles ont besoin d’avoir une base nationale efficace. Ensuite, Michalet fait l’historique de tous les évènements marquants qui ont conduit à la globalisation. Il explique aussi les évènements que nous connaissons, c'est à dire les fusions acquisitions, les rachats et la recherche de la rentabilité à partir des années 90. Il montre que l’attractivité et la compétitivité pour l’Etat Nation constituent les deux faces d’une même médaille qu’est la globalisation. Nous avons d’un côté la recherche de la compétitivité maximale, qui est nécessaire à la conquête de plus grande part de marché et de l’autre côté nous assistons à une recherche d’une plus grande attractivité du territoire qui consiste à ouvrir l’économie nationale aux investissements étrangers dans l’espoir que leur arrivée entraînera des créations d’emplois, la modernisation de la gestion des entreprises etc… Le rôle économique de l’Etat se transforme, il ne doit pas seulement soutenir les champions nationaux, il devient aussi un garant de la réalisation des conditions nécessaires à l’attractivité du territoire. Michalet constate qu’avec les politiques de renforcement des avantages de localisation pour attirer les firmes étrangères et des politiques visant à renforcer la compétitivité des firmes domestiques, le critère de nationalité perd de sa pertinence. Il n’y a plus de coïncidence entre l’espace national, celui de l’économie et celui de la politique. Il reprend Reich et son livre « Who is Us ». Il se demande aussi si la globalisation est synonyme de l’uniformisation des espaces économiques, mais la globalisation s’accompagne de processus de différenciation. Il conclut en montrant que le rôle des gouvernements se transforme, en effet celui-ci devient un facilitateur de l’activité des entreprises en s’efforçant de réunir les conditions préalables et les conditions indispensables de l’attractivité. Par exemple : garantie de la loi ou garantie d’une croissance équilibrée. Mais d’un autre côté, l’adhésion au primat du couple attractivité/compétitivité a pour effet de faire perdre à l’Etat son assise territoriale. La substitution des outils de la gestion macroéconomique par ceux de la gestion des entreprises est caractéristique de la mondialisation, elle a pour effet de dissoudre la dimension purement nationale. La spécificité de l’Etat-Nation en tant qu’acteur économique souverain sur un espace géographique inviolable s’efface chaque jour davantage. 11 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? C. Nuance : Rôle du centre de décision des Firmes Multinationales. D’après la vision de Reich et même de Michalet, on peut déduire que les Firmes Multinationales n’ont plus de nationalité ou une identité nationale faible. Il ne faut pas ignorer la puissance et la culture dominante du centre stratégique des entreprises multinationales. On sous-estime aussi l’interaction qui existe au sein des pays développés entre ces entreprises et l’Etat dans le domaine de la sécurité et de la défense. Le Commissariat Général du Plan1 a fait une étude sur les multinationales en 1999 et montre que les entreprises les plus industrialisées concentrent leur travail de Recherche et Développement dans le pays d’origine ; par exemple, IBM emploie 2000 personnes dans ses trois centres de R&D aux Etats-Unis contre 500 dans cinq centres étrangers. En fait, la dispersion globale des activités de production des entreprises s’accompagne d’une forte concentration de ses atouts essentiels sur un territoire donné. Ce rapport prend d’abord en compte les dimensions historiques et internationales du débat, puis analyse les multiples critères de la nationalité de l’entreprise, pour examiner les politiques publiques au regard de la nationalité de l’entreprise. Le rapport présente alors deux grands scénarios relatifs à l’évolution de la nationalité de l’entreprise. Le scénario retenu est accompagné d’un ensemble d’orientations pour les pouvoirs publics. Le premier est que la nationalité de l’entreprise reste un débat ancien et présent dans tous les pays. Le second est que les politiques publiques influencent de plus en plus les liens entreprise-nation. Le centre d’une entreprise multinationale reste un lieu de décision, du savoir, du pouvoir. Si le centre fait appel à des compétences multinationales et multiculturelles et décentralise des fonctions productives, il détient toujours le monopole de la décision stratégique. Ces centres sont dotés également d’une culture dominante, c'est à dire les normes et valeurs de l’entreprise telles qu’elles sont façonnées par la culture d’origine. L’identité culturelle des entreprises américaines paraît à cet égard la plus nette. On remarque que la globalisation n’a pas comme effet l’effacement de la culture d’origine mais au contraire, on assiste à une généralisation. La nationalité de l’entreprise se manifeste nettement dans les multiples rapports qu’entretiennent la plupart des Firmes Multinationales et l’Etat du pays d’origine. Ceci est La nouvelle nationalité de l’entreprise, Commissariat Général du Plan, La Documentation Française, Paris, 1999 1 12 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? évident dans le secteur aéronautique, électronique, pétrolier ou la défense, il y a une réelle symbiose entre l’industrie privée et l’Etat. Par exemple, aux Etats-Unis, l’intérêt économique des entreprises pétrolières coïncide le plus souvent avec l’intérêt politique et stratégique de l’Etat. Toujours aux Etats-Unis, mais aussi dans les autres pays, s’est constitué une élite qui passe naturellement du public au privé ou le contraire. Leur manière d’envisager le monde est distinctement nationale. Ou encore, on peut remarquer que la nationalité apparaît clairement dans les conflits quotidiens, par exemple le rachat par Renault de Nissan, au Japon, pays qui reste traditionnellement fermé aux investisseurs internationaux. Quant à Michel Rainelli2, il explique que les flux commerciaux internationaux sont crées par la stratégie mondiale de répartition des activités de firmes multinationales et ne peuvent être expliqués par les caractéristiques des nations, fondement des explications des théories traditionnelles du commerce international, jusqu’à aujourd’hui. III/ Les effets de la perte de référence à un territoire d’origine A. La déterritorialisation des firmes globales et firmes-réseaux Avant d’aborder la notion de déterritorialisation des firmes, il est nécessaire de définir ce qu’est la territorialité de la firme. La territorialité d’une firme se définit par son appartenance, son rattachement à un territoire, ce qui revient à dire qu’elle suit les règles qui s’appliquent à ce territoire puisqu’elle y paie ses impôts et elle s’y trouve soumise à une autorité qu’elle soit réglementaire, juridique et parfois politique. Elle est donc influencée dans ses stratégies par les orientations de politique économique qu’énoncent les diverses autorités compétentes sur le territoire considéré. Le concept de territorialité s’est effrité au moment même où les firmes multinationales ont développé des stratégies pour s’émanciper de façon croissante des contraintes de localisation sur un territoire donné, national, régional ou local. Depuis la fin des années soixante-dix, le phénomène de déterritorialisation de certaines activités des firmes multinationales est passé par plusieurs phases, pas seulement au sens chronologique, mais aussi du point de vue des stratégies menées par ces firmes. C’est pour 2 Le Commerce International, Michel Rainelli, éd. La Découverte, Paris 1998 13 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? cela que coexistent sur une même période des firmes ayant atteint des degrés différents de déterritorialisation de leurs activités. Aujourd’hui les firmes-réseaux se sont engagées dans des stratégies globales basées sur une attitude extrêmement flexible vis-à-vis de la localisation territoriale des activités. Ces stratégies sont d’autant plus facilitées qu’elles recourent aux technologies modernes de l’information et de communication. Ainsi, les stratégies développées par les firmes multinationales renforcent l’idée d’un « international sans territoire »où la référence au territoire n’a plus grand sens. Les nouveaux travaux sur ce phénomène parlent d’exterritorialisation des entreprises qui correspond au processus par lequel le lien rattachait l’espace économique de la firme à un territoire qui se trouve rompu. A la délocalisation de la production, première tentative des firmes multinationales pour s’émanciper de leurs territoires, étaient associés les Investissements Directs à l’Etranger pour tirer partie des coûts de production plus faibles et d’économies d’échelles dues à la forte spécialisation des filiales-ateliers. Aujourd’hui, la stratégie de rationalisation de la production a été adoptée par les firmes multinationales dont les opérations de production étaient segmentables se sont prêtées à une décomposition internationale des processus productifs (D.I.P.P). La firme peut ainsi segmenter les opérations de production préalables à l’assemblage du produit final et délocaliser certaines opérations dans divers pays hôtes. Les activités de production segmentées peuvent être librement localisées soit dans les filiales étrangères ou par soustraitance ou coopération internationale et approvisionnement à l’étranger. Un des effets majeurs de la D.I.P.P est la perte d’autonomie et la déstructuration partielle des systèmes productifs nationaux dont certaines industries passent dans la sphère de décision des firmes multinationales. La D.I.P.P est la contrepartie logique de l’intégration internationale de la production amorcée dès la fin des années soixante. D’autre part, avec les nouvelles formes d’investissement, les firmes multinationales n’engagent pas ou peu de capitaux. Il s’agit de filiales étrangères où la multinationale possède moins de 50% du capital, des accords de licence, de l’assistance technique ou encore de contrats de gestion. Ces nouvelles formes d’investissement se sont substituées aux I.D.E dans les Pays en Voie de Développement puis dans les pays développés à économie de marché et se sont 14 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? doublées de stratégies d’alliances entre les sociétés mères et le lien est devenu lâche entre la multinationale et le territoire d’accueil en réaction aux politiques restrictives ou hostiles des Etats contrôlant certains territoires d’accueil de leurs d’activités. Ainsi, telle est la fimeréseau, articulant des filiales, des nouvelles formes d’investissement et des firmes absorbées au cours de sa croissance externe et tout ceci sur un espace international. Sur une partie de ce réseau, les autorités des territoires d’accueil n’ont plus de prise ; on ne peut nationaliser une entreprise livrée clef en main à une entreprise locale avec l’espoir d’infléchir la stratégie de la multinationale qui n’est pas propriétaire de l’usine qu’elle livre. Comment les autorités locales pourraient contrôler ou nationaliser un accord d’assistance technique ? L’émancipation territoriale des firmes multinationales devient ainsi nettement plus prononcée avec les nouvelles formes d’investissement qu’elle ne l’était avec les possibilités de délocalisation de la production. B. La montée en puissance des FMN ou le déclin de l’Etat-Nation Les FMN ne brandissent pas l’étendard de la nation mais celui du profit, de ce fait, elles élaborent des politiques mondiales qui échappent de plus en plus aux intérêts économiques du pays de la maison mère, ce qui reviendrait à dire que, par exemple, le « Made in Mercedes » s’oppose au « Made in Germany ». De nombreux économistes s’accordent sur le fait que les états ont perdu les moyens de contrôler les FMN surtout si l’on prend en compte que le Chiffre d’affaires de certaines FMN dépasse le budget de certains pays d’accueil ou d’origine ce qui par conséquent leur donne les moyens de contrer ou d’influencer les objectifs de ces états. On peut noter, par exemple, qu’en 2000 Ford Motor mobilise un chiffre d’affaires (141 milliards de dollars) comparable au PIB du Portugal (141 milliards de dollars) et celui de Philip Morris (80,3 milliards de dollars) est supérieur à celui de la Nouvelle Zélande (64,3 milliards de dollars). Cependant, il ne faut pas céder à une vision catastrophique prônant la disparition des Etats. Les arguments de perte de vitesse des Etats n’ont guère plus de raison d’être à partir du moment ou l’on élargit la définition des Etats. En effet, avec la régionalisation, à l’instar de l’Union Européenne, les Etats regagnent des margent de manœuvre devant les FMN. 15 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? L’Etat fixe un cadre légal et joue un rôle d’assureur, l’Etat établit un environnement légal (ensemble de lois) qui attire plus ou moins les investissements internationaux. Ce que l’on peut voir au niveau régional par le biais de la Commission Européenne qui a donné son feu vert sous condition à l’achat de Royal Canin (numéro un européen des aliments secs nutritionnels pour chiens et chats) par Mars (numéro deux mondial de la nourriture pour animaux de compagnie). Cinq marques et deux sites de production français devront, pour cela, être cédés. L’Etat assure les entreprises qui prennent des risques sur des marchés difficiles à l’étranger par l’intermédiaire d’organismes tels que la COFACE ou le CFCE. L’Etat s’investit dans les conquêtes des marchés extérieurs, par exemple, le chef de l’Etat (J.Chirac) s’est investi d’une mission de « courtage » à l’étranger. A chaque rencontre politique ou diplomatique, il amène des entrepreneurs français avec lui dans le but de développer des parts de marché pour les entreprises françaises. C’est la diplomatie économique que l’on a souvent pu constater notamment dans le cas de la promotion des T.G.V. à l’étranger. Finalement, L’Etat joue un rôle croissant dans la prospective économique, il coordonne les informations qui permettent aux entreprises d’assurer leur développement futur (publications de statistiques, prévisions de croissance, inflation, taux d’intérêts) indispensables aux entreprises. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que même si le rapport de force entre FMN et Etat s’est déplacé depuis les années 80 au profit des premières, cela ne signifie en aucun cas la disparition de la nationalité de l’entreprise ni la déliquescence du rôle de l’Etat. C. Fiscalité La nationalité des entreprises est remise en cause par les flux importants de capitaux intrafirmes (1) qui se dirigent vers les filiales de l’entreprise situées dans les « paradis fiscaux » (2). Les Etats tentent de contrer ce phénomène par des conventions fiscales (3), mais ne parviennent pas pour autant à stopper le mouvement de délocalisation fiscale (4). 1- Les flux de capitaux La nationalité des entreprises devrait a priori permettre de déterminer le pays dans lequel une entreprise multinationale paiera ses impôts. 16 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? Cependant, la structure en réseaux des entreprises induit des flux importants d’argent entre les filiales, les prix de transfert représentent en effet 40% des flux du commerce international en valeur. Le but de ces flux, outre renflouer certaines filiales en difficultés, est de faire apparaître des profits dans les pays où les impôts sont les plus faibles afin de payer le moins d’impôts possible. 2. Les « paradis fiscaux » Ce sont donc vers ces pays où les impôts sont faibles, appelés paradis fiscaux, que les sociétés dirigent leurs capitaux. Il y a autant de définitions des « paradis fiscaux » qu’il existe de paradis fiscaux. En fait ni les utilisateurs ni les spécialistes n’en ont donné de définition. L’administration fiscale française emploie l’expression « pays à régime fiscal privilégié » et fourni à ses agents, dans une note du 9 octobre 1975, une liste des pays qu’ils doivent considérer comme des paradis fiscaux. Plus récemment, le G7 a mis en place en avril 1999 un groupe de travail, le Forum de stabilité financière, qui a listé 42 paradis fiscaux. Parmi ceux-ci l’on peut citer : les Bahamas, Belize, le Costa Rica, le Panama, le Liechtenstein, le Liban, Chypre, Seychelles, et l’Ile Maurice. 3. Les conventions internationales A défaut d’harmonisation des législations fiscales au niveau mondial ou de l’Union Européenne, chaque pays passe des conventions internationales dont le but est d’attribuer le droit d’imposition. Ces conventions sont conclues à partir de la convention modèle OCDE. La France, par exemple, a passé des conventions avec l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, et l’Argentine. 4. La délocalisation fiscale Les prélèvements obligatoires sont assis sur la valeur monétaire des revenus, des patrimoines ou des transactions. Ils affectent donc les prix relatifs des biens, des services et des facteurs et modifient ainsi le contexte dans lequel les agents économiques prennent leurs décisions. 17 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? En économie ouverte les distorsions de prix relatifs ont une dimension spatiale : les différences de fiscalité ont une influence sur les décisions de localisation des activités économiques qui sont mobiles. Les multinationales exploitent à leur profit les incompatibilités ou les contradictions existant entre les réglementations nationales. Elles s’installent dans les pays où elles payent le moins d’impôt, on parle alors de « délocalisation fiscale ». Lorsque le siège de la société est délocalisé la nationalité de l’entreprise s’en trouve généralement affectée. Conclusion Ainsi les flux transcendent désormais des frontières toujours plus poreuses et révèlent avec force que les territoires de l’Etat-nation sont trop étroites. Les entreprises n’ont aujourd’hui pour drapeau que le profit reléguant au second plan le drapeau national. La question de la nationalité de la firme appelle une analyse multidimensionnelle entrecroisant des registres aussi divers que la finance, la culture on encore les institutions. S’il est incontestable que le rapport de force entre firmes globales et Etat s’est déplacée depuis les années quatre-vingts en faveur des premières, cela ne signifie nullement ni la disparition de la nationalité de l’entreprise ni la déliquescence du rôle de l’Etat. Les stratégies poursuivies par les firmes multinationales sont-elles compatibles avec cette nouvelle vision de l’entreprise plus soucieuse de son image de marque à travers sa politique sociale et environnementale ? 18 Quelle nationalité pour l’entreprise aujourd’hui? Bibliographie Ouvrages généraux : Comprendre la mondialisation de l’entreprise, Patrick Joffre, Ed. Economica (1994) La mondialisation, Alain Nonjon, éd. Sedes (1999) La séduction des Nations, C. A. Michalet, éd. Economica (1999) L’économie mondialisée, R. Reich, éd. Dunod (1993) Le Commerce International, M. Rainelli, éd. La Découverte (1998) Les Multinationales, W. Andreff, éd. La Découverte (1999) Stratégie d’internationalisation, J.P. Lemaire, éd. Dunod (1997) La nouvelle nationalité de l’entreprise, Commissariat Général du Plan, La Documentation Française, Paris, 1999 Bilan du Monde, édition 2002 Les grandes questions de l’économie internationale, Yves Crozet, Lahsen Abdelmalki, éd Nathan (1997) Les paradis fiscaux, Laurent Leservoisier, éd PUF (1990) La nouvelle économie mondiale, Frédéric Teulon, éd PUF (1998) Sites Internet : www.danone.fr www.avantispharma.fr michaelpage.fr (pour les différentes données) 19