1. La conscience historique
L’Histoire caractérise l’homme, seul créature vivante à avoir conscience du
temps. Cependant conscience du temps n’est pas conscience historique. Il existe des
sociétés qui semblent dénuées du « sens de l’Histoire » (Claude Lefort).
La première distinction se fait entre «sociétés stagnantes » et
« sociétés historiques ». Le second critère de distinction est celui de l’explication
historique. Hérodote et Thucydide (Ve après J.C.) sont considérés comme les
premiers historiens en ce qu’ils cherchent des causes explicatives (≠ récits d’Homère).
Le passage du mythe à l’Histoire a lieu avec l’introduction de l’esprit critique.
2. Les enjeux de la laïcisation de l’Histoire
Laïciser l’Histoire, c’est passer d’une conception transcendante à une
conception immanente de celle-ci. Les historiens de l’antiquité concevaient une
causalité transcendantale. Le désenchantement de l’Histoire prend place dans le
« désenchantement du monde » expliqué par Max Weber, comme en témoigne la
conception chrétienne de l’Histoire, jonglant entre liberté de l’homme et providence
divine.
3. Histoire et origine : la temporalité chrétienne
Le christianisme est, dès l’origine, porteur d’un nouveau rapport au Temps.
Chez les grecs, le temps était conçu comme éternel recommencement, comme
cyclique. La temporalité chrétienne est linéaire, et orientée. Elle est constituée
d’épisodes (création, chute, rédemption, apocalypse), et comporte un début et une
fin : c’est une eschatologie. La vision chrétienne est nouvelle car temporelle.
Augustin d’Hippone, La cité de Dieu. La transcendance de Dieu n’exclut pas
son action dans le temps et sur l’Histoire. L’Histoire de la cité des hommes s’inscrit
dans un devenir fixé par la Providence divine et dont la cité de Dieu est la
représentation idéale.
Augustin limite la part qui revient à la liberté humaine dans l’Histoire, ce qui
revient à nier le principe d’Histoire humaine. Voilà pourquoi on ne peut rapprocher
conception chrétienne et conception moderne de l’histoire. « L’attente du terme
n’implique aucunement de prêter à la durée humaine la moindre puissance
productive. » Marcel Gauchet
Le mouvement de la modernité est alors l’apprentissage par l’homme de son
historicité, c'est-à-dire de sa capacité à être le sujet de sa propre histoire. La
conception religieuse du temps peut alors être considérée, comme le fait Marcel
Gauchet, comme « anti-historique ». L’investissement dans le présent caractérise
l’homme moderne. La promotion de l’Histoire comme processus humain suppose un
affaiblissement puis un renversement de la représentation chrétienne.
4. L’histoire universelle selon Bossuet