Zehra comparaissait alors qu’elle avait été placée en liberté conditionnelle,
en attente de son procès, après avoir effectué 141 jours de prison à
Mardin.
Les chefs d’accusation à son encontre, évitent précisément de l’accabler
en tant que “journaliste” ou “artiste”, afin de ne pas prêter le flan à
critiques.
Dans le réquisitoire, le tribunal reconnaît qu’il ne peut se prononcer avec
“clarté” sur les “dessins”, concernant l'”intention délibérée” de faire de la
“propagande pour une organisation terroriste”.
Par ailleurs, ce même réquisitoire évite soigneusement de l’attaquer sur
son métier en tant que tel, et ses activités professionnelles.
Le tribunal a maintenu dans le dossier des “témoignages” écrits non
identifiés contre elle, et surtout rajouté ce qui n’était pas dans l’accusation
initiale, à savoir l’activité de Zehra sur sa page de réseau social. C’est là
l’essentiel de ce qui a permis sa condamnation.
Elle a notamment été accusée d’avoir “partagé” un témoignage qui a
largement circulé sur les réseaux sociaux. Il y en eu tant de semblables en
2015/2016, que nous avons relayés abondemment ici même.
Il s’agit d’un enregistrement d’un enfant de 10 ans, Elif Akboğa, qui
raconte son quotidien.
Extraits : “En ce moment, il y a des bruits de tirs. Quand ils deviennent
plus intenses, nous nous cachons dans les maisons. Quand les chars
partent, nous allons à nouveau dans la rue pour faire du bruit. Je pense
que nous avons raison. Je sais qu’un jour notre voix sera entendue…”
Selon l’accusation, Zehra, avec ce partage, décrirait la “politique des
fossés” comme une résistance légitime à laquelle elle se rallierait, et donc
commettrait un “acte de propagande et de sédition”, en incitant à des
actions violentes, soutenant celles des “terroristes”.
D’autres extraits de ses partages Facebook, comme des “photographies”
de membres de l”‘organisation” PYD, qualifiée par le tribunal de tentacule
du PKK/ KCK, ont également servi à l’accusation de ce matin.
Elle a donc été condamnée au titre de plusieurs articles de loi, tous issus
de la fameuse “loi anti-terroriste”, à des peines cumulées, pour, si nous
devons faire concis, “propagande et prosélytisme pour une organisation
terroriste”, et ce “par utilisation de médias, et de façon récidivante”.
Deux peines cumulées, et aggravées par un constat de récidive, qui
aboutissent à une condamnation de 2 ans, 9 mois et 22 jours,