Cours 6 10. CONDUCTION DES SEMICONDUCTEURS La résistivité des semiconducteurs a des valeurs dans l’intervalle (10-5–106) Ωm. Ceux-ci peuvent être purs (appelés dans la technique semiconducteurs intrinsèques) ou dopés (appelés dans la technique semiconducteurs extrinsèques). La structure des bandes énergétiques est représente dans la figure 6.1. A 0 K la bande de conduction est complètement libre, encore la bande de valence est complètement occupée, par conséquent il n’y a pas des électrons susceptibles d’être énergisés et entraînés par un champ électrique extérieur. A. Semiconducteurs intrinsèques A température T OK les porteurs de charge sont générés par la transition des électrons de la bande de valence dans la bande de conduction. Le peuplement de la bande de conduction bc à partir de la bande de valence bv est assuré par un apport d’énergie thermique (par l’élévation de la température) au moins égal à ΔwF. w Chaque électron occupant la bande de conduction laisse un trou (porteur fictif de charge positive) dans la bande _ bc de valence (fig. 6.1). Le trou de charge +q0 participe à la conduction avec une mobilité différente de l’électron wF ΔwF bien que son mouvement est basé sur le déplacement d’un électron. + bv Donc le nombre de trous de bv est égal au nombre d’électrons de bc. Le nombre d’électrons par unité de volume Ne qui passe sur la bande de conduction, égal au nombre de trous Np , est donné par la statistique Fermi : Fig. 6.1 Ne Np A T 3 2 wF exp 2kT (6.1) où A est une constante de matériau et k la constante de Bolzmann. La conductivité réalisée par les électrons de la bande de conduction et les trous de la bande de valence devient : σ i N e q 0 e p (6.2) dans laquelle μe et μp sont les mobilités des deux types des particules. En tirant de l’expression (6.1), la relation (6.2) peut s’écrire : wF i Ci exp 2kT (6.3) 1 6 où Ci est une constante de matériau, en tenant compte que aux températures ordinaires, la variation exponentielle de l’expression (6.1) prédomine. La résistivité reste élevée à température ambiante (T = 300 K) aux semiconducteurs purs ayant la bande interdite Fermi plus large que 0,02 eV puisque l’énergie thermique a la valeur kT = 0,025 eV. B. Semiconducteurs extrinsèques a. Semiconducteurs de type p Ce type de semiconducteur s’obtient par dopage avec des atomes ayant un nombre d’électrons de valence inférieur à celui des atomes du cristal de base. On considère un cristal de germanium (Ge), dans lequel un atome de bore (B) trivalent remplace un atome de Ge (fig. 6.2). Ge Ge Ge Par l’établissement des liaisons covalentes, autour de l’atome de B s’établissent sept électrons, trois électrons de valence du B et Ge B Ge quatre électrons des atomes de Ge voisins. Il manque un électron pour lier complètement cet atome. Par l’absorption d’énergie thermique, un Ge Ge Ge électron d’un atome de Ge voisin peut se déplacer pour occuper ce lieu. (l’atome de B formant une structure stable). Dans le cristal de base apparaît un trou qui peut être entraîné par le Fig. 6.2 champ électrique extérieur. L’électron respectif fait une transition de la bande de valence du cristal de Ge sur un niveau énergétique proche noté wa (accepteur) initial libre, en apparaissant w un trou dans la bande de valence (fig. 6.3). Le nombre volumique de trous, égal au nombre bc d’électrons qui réalisent cette transition, , est donné par la relation : wF wa - + Δwp wp N p Bp exp 2kT bv (6.4) Fig. 6.3 où Bp est une constante et Δwp le saut d’énergie de l’électron. Les dopages se réalisent avec des éléments qui introduisent des niveaux énergétiques wa approchés de la bande de valence, de sorte que Δwp a une valeur petite. La conduction réalisée par trous s’appelle de type p et a l’expression : wp p Cp exp 2kT (6.5) Cp étant une constante. 2 6 Tenant compte de la conduction intrinsèque, l’expression générale de la conductivité d’un semiconducteur de type p est. : σsp = σi + σp (6.6) b.Semiconducteurs de type n Ce type de semiconducteur s’obtient par dopage avec des atomes ayant un nombre d’électrons de valence supérieur à celui des atomes du cristal de base. On considère un cristal de Ge, dans lequel un atome de phosphore (P) pentavalent remplace un atome de Ge (fig. 6.4). Ge Ge Ge Par l’établissement des liaisons covalentes, autour de l’atome de P s’établissent neuf électrons. Le cinquième de valence, qui ne peut Ge P Ge pas former un lien avec un atome de Ge voisin, reste à un niveau d’énergie plus élevé que les atomes de Ge. Il peut quitter l’atome de P pour Ge Ge Ge participer à un courant de conduction sous l’action d’un champ électrique extérieur. Par l’absorption d’énergie thermique l’électron respectif fait une transition d’un niveau Fig. 6.4 énergétique (donneur) de l’atome de P, noté wd dans la bande de conduction du cristal de base (fig. 6.5). Le nombre volumique d’électrons qui réalisent cette transition est donné par la relation : w - bc Δwn wd wF wn N e Be exp 2kT (6.7) où Be est une constante et Δwn le saut d’énergie de l’électron. bv Les dopages se réalisent avec des éléments qui introduisent des niveaux énergétiques wd Fig. 6.5 approchés de la bande de conduction, de sorte que Δwn a une valeur petite. La conduction réalisée par électrons s’appelle de type n et a l’expression : wn n Cn exp 2kT (6.8) Cn étant une constante. Tenant compte de la conduction intrinsèque, l’expression générale de la conductivité d’un semiconducteur de type n est. : σsn = σi + σn 3 (6.9) 6 On constate que σp ou σn atteint une valeur limite lorsque tous les atomes étrangers (impuretés) égal au nombre sont ionisés. Mais, la concentration des impuretés ne peut pas etre augmentée puisque les impuretés sont de défauts qui déforment le cristal réduisant la conductivité électrique. En pratique on fait les dopages dans lesquels résultent les barrières Δwn et Δwp des valeurs plus petites. C. Dépendance de la conductivité des semiconducteurs de température En fonction de température, la conductivité des semiconducteurs extrinsèques avec l’expression (6.6) ou (6.9) a la suivante variation σ représentée dans la figure 6.6. Aux basses températures la conduction extrinsèque domine jusqu'à la température Tl, quand tous les atomes étrangers sont ionisés et la conductivité augmente exponentiellement selon la relation (6.5) ou (6.8). Puis, dans l’intervalle (Tl, Ti) le nombre des porteurs de charges reste constant car la conduction intrinsèque est encore Tl Ti T négligeable et la conductivité se diminue par suite de l’amplification des oscillations Fig. 6.6 thermique du réseau. Aux températures plus élevées, les transitions de la bande de valence dans bande de conduction sont favorisées et la conductivité intrinsèque augmente selon la relation exponentielle (6.3). D. Conduction unidirectionnelle Ce type de conduction s’établit dans une structure réalisée au contact entre deux échantillons de même semiconducteurs dopés différemment qui constitue une jonction pn. Dans p n le semiconducteur de type n le niveau Fermi wFn est plus élevé dû à concentration supérieure des w électrons (fig.6.7). On note avec wk0 la différence entre les deux niveaux Fermi : wFn wFp wa Fig. 6.7 wk0 = wFn – wFp wd wk0 (6.10) En juxtaposant les deux échantillons dopés p et n d’après une surface plane, les électrons passent de la zone n dans la zone p et les trous en sens inverse dans un double processus de diffusion des porteurs majoritaires pour égaliser les niveaux Fermi. Ces flux de porteurs forment le courant majoritaire IM0. 4 6 La barrière d’énergie escaladée des porteurs majoritaires est wk0 (fig.6.8), d’où il découle que le courant majoritaire IM0 a l’expression : w I M 0 C exp k0 kT (6.11) C étant une constante. Les porteurs majoritaires, (électrons et trous) proviennent des niveaux donneurs, respectivement accepteurs qui sont ionisés à la température T dans la zone désertée au voisinage de l'interface. En conséquence, entre les deux zones habitées par des ions de polarités contraires s'établit le champ électrique Ek0. Dans la zone de transition du voisinage de la jonction, de longueur L0, ce champ déplace les Ek0 électrons de p dans n et les trous de n dans p. Leur déplacement constitue le courant P – + n –+ minoritaire Im0. L0 A l’équilibre, en moyenne, il n’y a pas de transfert de porteurs de charge entre les deux zones et les deux courants sont égaux : wk0 w I m 0 I M 0 C exp k0 kT wF (6.12) Si on considère que les nombres volumiques d’impuretés sont égaux, aussi les densités uniformes de charge volumique dans les deux zones, on peut montrer que : Fig. 6.8 Ek0 wk0 ; L0 wk0 (6.13) La longueur L0 de la zone de transition est de l’ordre (10-6–10-5) m et l’intensité du champ électrique de contact Ek0 de l’ordre (105–106)V/m. Eki P – + – + – + Ui Fig. 6.9 n Lorsque la structure est polarisée en sens inverse (fig. 6.9), la barrière d’énergie wk0 des porteurs majoritaires augmente à la valeur : wki wk 0 q0U i (6.14) Par conséquent, la zone de transition s’élargit (Li >L0) et le champ électrique de cette zone de transition est renforcé à la valeur Eki > Ek0. Le courant majoritaire IM0 se réduit et le courant minoritaire Im0 reste à la valeur Im0. En portant (6.14) dans (6.11) et avec (6.12) le courant inverse Ii vaut : 5 6 qU I i I M 0 I m 0 I m 0 exp 0 i 1 0 kT Eki – + – + P Lorsque la structure est polarisée en sens direct (fig. 6.10), la barrière d’énergie wk0 diminue à la valeur : n – + (6.15) wkd wk 0 q0U i (6.16) Ud Fig. 6.10 qui produit une réduction de l’intensité du champ électrique dans la zone de transition à la valeur Ekd < Ek0 et de la longueur de cette zone (Ld <L0). Avec les relations (6.16), 6.11) et (6.12) l’expression du courant direct Id prend la forme : qU I i I M 0 I m 0 I m 0 exp 0 d 1 0 kT (6.17) Conformément aux relations (6.15) et (6.17), la caractéristique I(U) de la jonction pn est représentée dans la figure (6.11), Us étant la tension de claquage de la structure. I -Us -Im0 U Fig. 6.11 6 6