Questionnaire vierge

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Cristiana PAPAHAGI
juin 2006
Questionnaire sur les adnominaux spatiaux
Introduction
Ce questionnaire fait suite et complète le questionnaire sur l’expression du but. Suite aux discussions
du 7 avril, ce nouveau questionnaire met l’accent sur :
a. l’organisation générale du système des marques adnominales spatiales d’une langue ;
b. la dynamique historique de ce système, là où il est possible de la reconstruire.
Le questionnaire est organisé en trois parties :
A. une introduction avec rationalisation du questionnaire
B. le formulaire du questionnaire lui-même, à remplir et à rendre daté ;
C. une annexe qui comprend quelques entrées du Lexique utiles pour le remplissage
du questionnaire et les conventions de notation pour les gloses.
Le présent questionnaire (introduction et formulaire) comprend deux volets :
1.
le système général des adpositions de votre langue : cette partie sera discutée lors de
la réunion de Lyon les 3 et 4 juillet. Il serait donc souhaitable que vous y
apportiez/envoyiez une première réponse. Le plus simple serait de scanner/photocopier
dans une grammaire un tableau ou une liste des adpositions, avec vos commentaires en
marge.
2.
le fonctionnement en phrase de ces adpositions. Ce deuxième volet est donné ici pour
base de départ : il ne s’agit pas d’y répondre pour l’instant, mais plutôt de penser à
le modifier/compléter en fonction de votre langue.
A. INTRODUCTION ET RATIONALISATION
I. Vue d’ensemble et systématique des adnominaux spatiaux
Par marques adnominales nous comprenons (cf. les articles de Wälchli 2006 distribués) les adpositions
et/ou marques casuelles qui accompagnent un nom pour en faire du point de vue syntaxique un
complément de lieu et du point de vue sémantique un site.
Dans cette section, il s’agira de considérer le système d’adpositions de trois points de vue :
morphologique (point 1 ci-dessous), sémantique (2) et syntaxique (3), et y ajouter ensuite une
dimension historique (4) dans la mesure du possible.
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1. point de vue morphologique
Plusieurs types d’organisation des adnominaux ont été retenus suite au questionnaire « jusque ». Il
s’agit donc d’encadrer votre langue dans l’un des types suivants ou, le cas échéant, de signaler si
votre langue se comporte différemment. Je rappelle que seuls sont pris en compte les adnominaux
qui ont ou peuvent avoir un sens spatial.
1.1. langues à système adpositionnel uniquement (i.e. sans cas, ou sans cas à valeur sémantique :
dans ces langues, seules des adpositions peuvent introduire un complément de lieu) :
a. système adpositionnel réduit :
- à une seule adposition simple et plusieurs constructions complexes (locutions)
Ex : cas du tagalog : adposition simple : sa,
constructions complexes : sa ilalim ‘dessous’, sa gitna ‘entre’, etc.
- à 3-5 adpositions simples et plusieurs constructions complexes/ dérivées :
Ex : cas du birman : adpositions simples : ka’ ablatif, ko direction, mha statique ;
adpositions dérivées : be? ‘côté’, the? ‘intérieur’ ;
adpositions complexes : ka’-ne ablatif+ ‘endroit’, ?a-thi’ ‘jusque’
b. système adpositionnel développé : langues qui possèdent plus de 5 adpositions simples, des
adpositions composées et des constructions complexes : cas des langues romanes (exemple : en
roumain on a 12 prépositions simples spatiales, 8 prépositions composées et une liste ouverte
de locutions). Dans ce cas :
- adpositions simples (monosyllabiques) : donner la liste
- adpositions composées de deux (ou trois) adpositions simples : donner la liste et
signaler si la composition est figée (lexicalisée) ou encore analysable pour le locuteur :
Ex: en roumain on a d’un côté des composés comme dintre < de + între (de+entre) qui est analysable
(comme en français d’entre) et d’un autre côté des composés inanalysables comme deasupra <
de+ad+supra (de+à+dessus = au-dessus de).
-
locutions : donnez quelques exemples si la liste est ouverte, éventuellement organisés
selon le type de construction (voir Annexe pour un exemple). Précisez éventuellement
leur origine, si elle est connue, p.ex. en roumain locution în spatele ‘dans le dos de’
provient d’un nom de partie du corps/objet (le dos) plus préposition ‘dans’.
1.2. langues à système casuel uniquement : il s’agit de langues où le complément de lieu est marqué
par un ou plusieurs cas spécifiques, sans adpositions. Pour l’instant, on n’a pas eu de langue dans
cette situation.
1.3. langues à système complexe casuel et adpositionnel : langues qui possèdent des adpositions
simples et complexes qui se combinent avec des cas à valeur spatiale et éventuellement avec
d’autres éléments.
Ex : Cas de l’allemand qui possède un grand nombre d’adpositions simples, dont une partie se combinent avec
Accusatif ou Datif (en alternance significative : accusatif de la direction vs. datif de l’état). Par ailleurs, ces
adpositions apparaissent aussi comme des préfixes verbaux, seules ou combinées avec des directionnels.
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Question annexe : Prière de signaler si un adnominal peut également avoir d’autres emplois
(comme préfixe verbal, adverbe, etc.), pour qu’il soit pris en compte dans les questionnaires qui
porteront sur la zone verbale.
Question annexe : Si votre langue se trouve dans la situation 1.3, prière également de signaler le
rapport qui existe entre cas et adposition. Idéalement, il paraît y avoir deux possibilités
seulement :
a. les cas expriment des relations de base (état/déplacement, séparation/contact, etc.) et les
adpositions affinent ces relations. Il s’agit alors d’un cas de distribution sémantique des
informations état/mouvement (et son orientation) sur le cas et forme du site sur l’adposition
Ex : en latin, le cas ablatif exprime la source d’un mouvement, seul ou avec des
adpositions : ex + Abl. note la sortie d’une intériorité, alors que ab + Abl. note la perte
d’un contact, le départ ; ex et ab précisent donc la relation exprimée par le cas seul).
b. les cas expriment divers types de relations et de sites. C’est donc un cas de conflation
sémantique entre information état/mouvement et forme du site.
Ex : en hongrois, un cas spatial exprime l’idée de but, de source ou d’état et une forme
grossière de site (intériorité, surface, contact) : -ba/-be illatif, -bol/-böl élatif, etc. Les
adpositions ( ?) hongroises expriment, elles, des relations complexes comme près de,
devant, etc.
2. point de vue sémantique
2.1. Le but est de voir quelle est la distribution des adnominaux (adpositions simples et
complexes, cas) entre éléments statiques, dynamiques (qui expriment la trajectoire) ou neutres
Ex : le français n’a pas de préposition statique, il a des prépositions dynamiques (de, vers, jusqu’à...) et des
prépositions neutres, ie qui sont soit dynamiques soit statiques selon le contexte, et notamment selon le verbe :
à, en, dans, sur... :
statiques
-
dynamiques
de, depuis, dès, à partir de
par, parmi, à travers
le long de
vers, en direction de
jusque+à, en, dans...
neutres
à
en, dans
sur/sous
devant/derrière
etc.
2.2 Les points de la trajectoire :
Voir ci-dessous la granularité « idéale » des points de la trajectoire présentée lors de la séance d’avril,
avec exemple du français :
Question : veuillez remplir le tableau avec les adnominaux de votre langue :
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Ex : Granularité sémantique (3x3)
composé
en direction de
initial
vers
pour
-
médian
-
-
initial
de
-
final
(à, en, dans, sur...)
(au-dessus de...)
médian
(par)
à travers
initial
depuis
à partir de
final
-
jusque+à, en...
médian
-
-
final
par rapport
à un repère
Traj.
par rapport
à un site
combinée
avec un site
Ex français
simple
de la direction de
Les paranthèses signalent que l’élément n’est pas spécifique. Si tel est le cas dans votre langue, prière
de le préciser.
Nota : voir le Lexique dans l’Annexe pour la notion de « repère »
3. point de vue syntaxique
Cette section vise à relever le fonctionnement syntaxique des adnominaux par rapport au mot
déterminé et de là, à répondre à la question suivante : est-ce qu’il y a une différence de
fonctionnement syntaxique entre les adnominaux qui expriment la trajectoire et les autres,
statiques ou neutres ?
Ex. dans les langues romanes : A la suite de Ruwet (1968) et à partir des résultats du premier
questionnaire, j’ai proposé la distinction suivante : les adnominaux neutres ou statiques sont des
éléments primaires, dont le rôle est de construire un site (i.e. ils donnent une forme conceptuelle
à un objet) ; dans les termes de Ruwet, toute adposition neutre (dans, sur, sous, en...) est
réductible à à + une forme d’objet. Par contre, les adnominaux qui expriment la trajectoire sont
des éléments secondaires, qui s’appliquent sur un site déjà construit, explicitement (comme en
roumain : de la scoalã ‘de à école’) ou implicitement (comme en français : de [*à ] l’école).
Cette différence entre les adnominaux neutres/statiques et dynamiques est visible surtout dans la
combinaison avec les adverbes de lieu (substituts ou non) et parfois avec les noms de
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localisation : ici remplace un Gprép comme dans ma chambre, sur la table et il contient donc
conceptuellement une adposition statique. En conséquence, ici ne peut pas être accompagné
d’une adposition *dans ici, *sur ici, sauf par une adposition qui exprime la trajectoire : d’ici, par
ici, jusqu’ici.
Plusieurs types de mots déterminés ont été pris en compte :
a. un nom d’objet comme table, arbre, etc. Dans ce cas, les adnominaux spatiaux le
déterminent-ils directement ou non ? Tous ou certains seulement ?
Ex : en roumain, toute préposition neutre peut accompagner un tel nom : pe masã ‘sur la table’, sub
masã ‘sous la table’, la masã ‘à table’, mais les prépositions initiale, médiane et finale doivent être
suivies d’une préposition neutre : de pe masã ‘de sur la table = de la table’ et non pas *de masã ‘de la
table’.
Question annexe: Si plusieurs adnominaux déterminent un seul nom, prière de préciser si
cette situation est obligatoire (comme en roumain) ou seulement possible (comme en français
de sous la table). On considère également comme deux adnominaux une adposition et un cas
comme en allemand auf dem Tisch ‘sur la[D] table’, si le cas a un sens spatial.
b. des lieux comme Paris, maison (chez soi), terre, etc.
Ex : Dans certaines langues, comme le latin, certains lieux sont considérés comme
typiques (Roma ‘Rome, la ville’, rus ‘à la campagne’, domus ‘à la maison’, etc.). Ces
noms peuvent avoir un comportement distinct de a. en ceci qu’ils ne nécessitent pas de
préposition ; ils sont toujours interprétés comme un lieu. Par contre, ils prennent toujours
un cas pour signaler leur position sur la trajectoire : eo rus, eo Romam ‘je vais à la
campagne, je vais à Rome’ avec accusatif de la direction.
Question: Dans votre langue, existe-t-il des noms qui nécessitent soit moins de
détermination spatiale que les autres noms (comme en latin) soit pas du tout de
détermination (i.e. ni cas, ni adposition) pour fonctionner comme des compléments de
lieu ?
c. des noms de localisation qui désignent des Régions (voir annexe) : le devant,
l’intérieur, le long. Ils possèdent certaines des caractéristiques d’un nom (par exemple,
dans les langues IE, ils prennent un complément du nom comme tout autre nom : le dessus
de la table = le fils de mon père), mais pas toujours toutes les caractéristiques (par
exemple, en roumain un tel nom ne peut pas apparaître en fonction sujet ou objet, mais en
français si : le dessus de la table est sale). Ces noms sont la principale source de création
d’adpositions (par grammaticalisation).
Question : Pour mesurer leur degré de grammaticalisation : est-ce que des noms comme
la surface, l’intérieur, le bord, etc. doivent prendre une adposition ou un cas spatial pour
fonctionner comme complément de lieu ?
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Ex : en français dans/de la direction de présente une préposition simple (dans, de) devant le nom ; par
contre, en allemand Richtung Norden ‘direction nord’ n’a pas d’autre préposition, le nom Richtung
fonctionne comme une préposition ; le mot allemand est plus grammaticalisé que le mot français.
d. des adverbes. Trois types d’adverbes ont été pris en compte :
:
i.
adverbes démonstratifs (celui-ci, celui-là) : sont-ils accompagnés par un ou
plusieurs adnominaux pour exprimer un lieu ?
Ex : statique : –Dans quelle bibliothèque as-tu mis les livres d’histoire ?
– Dans celle-ci, dans celle du bureau.
dynamique : -De quelle maison est-il sorti ? – De celle-là.
ii.
adverbes de lieu substituts (ici, là-bas), ou interrogatifs spatiaux (où ?), ou
autres adverbes de lieu (roum. sus/jos ‘en haut/en bas) : ces adverbes, là où
ils existent, sont réservés à l’expression de l’espace et donc ne prennent pas
d’adposition/cas. On peut dire qu’un tel adverbe, en tant que substitut de Gprép,
contient déjà une préposition :
Ex : en français : Il est ici. Il va là-bas. *Il est dans ici. *Il va à là-bas.
Toutefois, ils s’accompagnent d’un adnominal dynamique : Il vient de là-bas.
Question : Si un tel adverbe existe dans votre langue, quels adnominaux peuvent
l’accompagner et lesquels non ?
iii.
des adverbes de lieu du type de l’angl. home, du roum. acasã ‘à la maison,
chez soi’, du norv. hjem/hjemme ‘à la maison, chez soi’ qui sont des Gprép
lexicalisés.
Ex : en anglais : I’m going to that house./ I’m going Ø home.
Question : Est-ce qu’un tel adverbe, s’il existe, prend des adnominaux, et si oui,
lesquels ?
4. dimension historique
1. Le premier but de cette section est de construire une typologie des
grammaticalisations qui ont donné naissance aux adnominaux.
2. Le deuxième but (à discuter lors de la réunion des 3-4 juillet) est d’offrir une
typologie plus générale des évolutions historiques des systèmes adnominaux.
Point de départ :
Les adnominaux sont généralement considérés comme des éléments récents dans les langues,
provenant d’autres catégories, par voie de grammaticalisation. Il existe à l’heure actuelle quelques
modèles de ‘clines of grammaticalization’ assez fiables (dont celui de Svorou 1993 est le plus
complet) concernant les adpositions statiques/neutres. Il en existe beaucoup moins pour les adpositions
ou cas qui expriment la trajectoire.
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Modèle d’évolution sémantique des adpositions depuis des noms (Svorou 1993 : 90) :
partie du corps animal
partie du corps humain
partie relationnelle
d’un objet
localisation dans le voisinage
d’une partie d’un objet
forme de relief
Modèle d’évolution morphosyntaxique (Svorou 1993 : 101) :
construction
génitive
Nom
adposition
affixe
0
adverbe
Question : Veuillez, en remplissant 2.1., mentionner aussi l’origine de chaque terme, adposition
ou cas, si vous la connaissez, en précisant si le mot à l’origine de l’adposition est encore vivant
dans la langue. Essayez également si possible de projeter le modèle de grammaticalisation cidessus sur un ou deux cas de votre langue, pour vérification.
Je précise qu’un autre questionnaire sera sans doute élaboré pour les langues dont la diachronie est
bien documentée (français, anglais, polonais, etc.), pour essayer de répondre au point 2 ci-dessus.
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2. FORMULAIRE A REMPLIR
Nom :
Langue :
Date :
Questionnaire I (systématique des adnominaux) :
1. Du point de vue morphologique, combien d’adnominaux spatiaux existent dans votre langue et de
quel type (cas ou adpositions, simples, composés, locutions) ?
(éventuellement copiez un tableau dans une grammaire)
2. Du point de vue sémantique :
2.1.quel type de rapport expriment ces adnominaux : statique, dynamique (trajectoire) ou neutre
(fonction du contexte) ?
2.2.quels moments de la trajectoire expriment les adnominaux de votre langue ? Prière de remplir le
tableau par les adnominaux de votre langue (si une rubrique n’a pas d’expression, n’oubliez pas de
le signaler par un zéro, un tiret, etc.) ; signaler également si votre langue distingue des éléments de
la trajectoire qui ne figurent pas sur ce tableau :
él. simple
él. composé
final
par rapport
à un repère
initial
médian
initial
Traj.
par rapport
à un site
final
médian
initial
combinée
avec un site
final
médian
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3. Du point de vue syntaxique, est-ce qu’il y a une différence de fonctionnement entre les adnominaux
qui expriment la trajectoire et les autres, statiques ou neutres ?
3.1.les adnominaux spatiaux déterminent-ils directement ou non un nom d’objet? Tous ou
certains seulement ?
3.2.Dans votre langue, existe-t-il des noms qui nécessitent soit moins de détermination spatiale
que les autres noms (comme en latin domus, rus...) soit pas du tout de détermination (i.e. ni
cas, ni adposition) pour fonctionner comme des compléments de lieu ?
3.3.est-ce que des noms comme la surface, l’intérieur, le bord, etc. doivent prendre une
adposition ou un cas spatial pour fonctionner comme complément de lieu ?
3.4.adverbes :
iv.
adverbes démonstratifs (celui-ci, celui-là) : sont-ils accompagnés par un ou
plusieurs adnominaux pour exprimer un lieu ?
Exemple statique : –Dans quelle bibliothèque as-tu mis les livres d’histoire ? – Dans celle-ci, dans
celle du bureau.
Exemple dynamique : -De quelle maison est-il sorti ? – De celle-là.
v.
adverbes de lieu substituts (ici, là-bas), ou interrogatifs spatiaux (où ?), ou
autres adverbes de lieu (roum. sus/jos ‘en haut/en bas) : quels adnominaux
peuvent les accompagner et lesquels non ?
vi.
des adverbes de lieu du type de l’angl. home : est-ce qu’un tel adverbe, s’il
existe, prend des adnominaux, et si oui, lesquels ?
4. Sur le tableau/la liste que vous avez fourni(e) au point 2.2 (adnominaux qui expriment la
trajectoire), pouvez-vous préciser l’origine de ces adnominaux, si elle est connue ?
5. Avez-vous des modifications à apporter au premier questionnaire portant sur vers-àjusqu’à ?
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3. ANNEXE QUESTIONNAIRE
I. Lexique
Types d’adpositions :
1. adpositions régime simples : adpositions qui acceptent un nom en construction directe :
1.a. uniquement régime : de, à, par, vers, en... Ces adpositions ne peuvent jamais apparaître
sans leur régime (nominal ou là) ; elles peuvent également prendre comme régime le verbe, i.e.
peuvent fonctionner comme pré- ou postfixes verbaux : lat. ex-ire, angl. get in.
1.b. régime ou « orphelines » : contre, devant... Adpositions qui ont comme régime un nom ou
une anaphore zéro : je l’ai posé contre le mur/ je l’ai posé tout contre. En français, certaines des
adpositions sous 1.a. ont des formes spécifiques quand elles ont régime zéro : sur/dessus,
sous/dessous, dans/dedans. Cf. aussi en anglais in/inside, out/outside...
2. adpositions régime complexes : cf. Ilinski 2003, « adjonctions d’une préposition à un syntagme
prépositionnel » : V [P1 [P2 [N]]] : les deux adpositions sont en rapport de subordination et la
combinaison est libre, on peut avoir diverses variantes de P1 et de P2 :
2.a. sémantiquement significatives : sortir de sous le lit (chaque adposition garde son sens et sa
fonction)
2.b. structurellement significatives : le jardin de derrière la maison (la première adposition n’a
pas de sens et elle change la fonction du groupe : ici, complément d’un nom)
3. adpositions régime composées : cf. Ilinski 2003 : V [P1P2 [N]] : les adpositions sont en relation de
coordination, en général on ne peut pas modifier P1 ou P2, la combinaison est lexicalisée : de par le
roi, par devant notaire, par-dessus tout...
4. locutions : la locution (cf. Borillo 2000) a dans son noyau un élément non adpositionnel (nom,
verbe, adverbe...) qui est relié au nom au moyen d’une préposition. Tout le groupe noyau+prép
fonctionne comme un équivalent de préposition simple. Forme des locutions françaises :
1. Ø N à/de : face à, dos à, vis-à-vis de...
2. dét N de : le long de
3. prép N de : à flanc de, en tête de...
4. prép dét N de : au bout de, au pied de...
5. adv de : près de, hors de...
Les locutions sont le résultat d’un processus de grammaticalisation, elles peuvent être plus ou moins
figées. Tests proposés (Borillo 2000) pour mesurer le degré de figement :
- sauf après en, présence ou absence d’un déterminant sur le N : si le nom n’est pas
déterminé, on a une locution
- possibilité d’insérer un élément qui modifie N (adjectif qualificatif, expression de
quantité, adverbe...) ou de le remplacer par un synonyme
- si la P1 est à/en, locution plus figée que si P1 est dans, sur...
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possibilité d’un sens figuré : si la construction a des sens figurés, elle est une
locution
avec les parties du corps : si le N désigne véritablement une partie du corps (i.e. un
objet), il n’acceptera pas à : *l’oiseau est à l’épaule de la statue. S’il fait partie
d’une locution, il est accompagné de à/en
Origine des noyaux des locutions et des adpositions en général (cf. Svorou 1993) :
1. noms
1.a. de parties du corps humain ou animal (face, dos, flanc...) => régions extérieures
1.b. noms de formes de relief (vallée, sommet...) => régions externes/internes, perlatif ou directionnel
(road)
1.c. noms de parties relationnelles d’objets (milieu, bord...) => régions internes
ET TERMINATIF pour fin, bout, limite !!
1.d. noms de relations spatiales abstraites (proximité, longueur...) => direction ou région externe
1.e. (cf. De Mulder 2003) : des prépositions composées devenues noms (le dessus, le derrière) =>
régions internes
2. verbes :
2.a. co-verbes : être => à, en, dans ; aller, atteindre... => allatif ; sortir, quitter... => ablatif ;
passer => perlatif ; tomber, descendre => bas ; se tourner, se diriger => vers.
2.b. participes : cf. angl. following. => diverses relations dynamiques
(en général, les verbes produisent des adpositions dynamiques et, rarement, des régions internes)
Au vu des données recueillies par l’équipe, il faut inclure une troisième origine des adpositions :
3. adverbes modifieurs :
3.a. d’intensité (type même) => jusque
3.b. de durée (type continuellement) => jusque
Région :
Terme de Svorou (1993) qui l’oppose à objet et à lieu : la région est une zone dans l’espace en relation
avec un objet :
- région interne : le sommet de la montagne, le bord du tapis
- région externe : près de, devant, aux environs de...
Correspond à « (nom de) localisation interne/externe » chez Aurnague et Borillo.
Repère :
Le repère est un lieu, objet, etc. en fonction duquel est orientée la trajectoire. La distinction entre
repère et site est le fait qu’un site entretient une relation avec la cible (sur la table = relation de contact
et de support, dans la bouteille = relation contenant/contenu), alors qu’un repère non : il peut être
atteint ou non : il va vers la rivière ne dit pas si la cible il va ou non atteindre la rivière, s’arrêter à sa
limite, y pénétrer ou la traverser.
Ex : en ancien et moyen français devers : nous attaquer... devers le pont de Charenton (Commynes). Devers
donne la direction de l’attaque, mais on ne sait pas si les attaquants venaient du pont lui-même, de l’autre côté
du pont ou seulement de ses environs. Comparer avec ils nous attaquèrent depuis le pont où depuis marque bien
le pont lui-même, sa surface, comme site initial, lieu où se trouvaient les attaquants au début.
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La distinction correspond à celle de Jackendoff dans notre Lexique (sur le site) entre bounded path et directional
path.
Polarité verbale :
Dans la tradition française (notamment Laur 1991, Guillet et Leclère 1992, Borillo 1998), on
considère que les verbes de déplacement possèdent une polarité : ces verbes, employés seuls (i.e. sans
complément) focalisent sur un moment/ une phase de la trajectoire : initial, médian ou final. Un verbe
est dit polarisé sur la phase initiale par exemple « lorsque la relation locative est vraie pour la phase
initiale du déplacement, mais devient fausse dès lors que le déplacement a commencé. » (Borillo
1998 : 42)
Exemple : verbes à polarité initiale : partir, sortir, quitter, verbes préfixés dé- (décoller, détacher...)
verbes à polarité médiane : passer, longer, traverser...
verbes à polarité finale : atteindre, arriver...
Borillo (1998) considère aussi certains des verbes de manière de mouvement (silloner, survoler...)
comme des verbes médians, surtout les transitifs directs. Les transitifs indirects comme clopiner,
glisser, etc. sont considérés comme non polarisés.
En combinaison avec des compléments qui expriment eux-mêmes des points sur la trajectoire, deux
situations sont en gros possibles :
a. soit il y a congruence (même polarité) : sortir de X, passer par X
b. soit il n’y a pas de congruence, alors :
i. la combinaison est agrammaticale : *Il se dirige du marché.
ii. la polarité du complément l’emporte sur celle du verbe : Il est sorti dans le jardin.
Cadre scénique :
Terme de Sablayrolles (1995). Le cadre scénique désigne le lieu où se déroule une activité, par
exemple dans le cas des verbes de mouvement sans déplacement :
Les enfants nagent dans la piscine.
Le lieu piscine est le « cadre scénique » de l’activité « nager » : les enfants ne dépassent jamais les
limites de ce cadre.
Ambiguïté du français : le cadre scénique est introduit par les mêmes prépositions neutres que le point
final de trajectoire, ce qui donne lieu à des ambiguïtés :
Les enfants courent dans le jardin. (point final ou cadre ?)
Cette ambiguïté est résolue soit au moyen du TAM verbal (un aspect accompli donne une lecture point
final), soit par le déplacement du complément en position détachée en tête de phrase :
Dans la piscine, les enfants nagent et s’éclaboussent. (cadre scénique)
II. Définitions qui restent à fixer :
-Adposition
-Cas
III. Conventions de notation pour les gloses :
Leipzig Glossary sur le site du Max Planck
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Références :
BORILLO, Andrée (2000) : « Degrés de grammaticalisation : des noms de parties aux prépositions spatiales » in Travaux de
linguistique du CERLICO 13, PU Rennes, p. 257-274
DE MULDER, W. (2003): “La préposition au-dessus de, un cas de grammaticalisation?”, Verbum 25(3), p. 291-305.
GUILLET, A., C. LECLERE (1992) : La structure des phrases simples en français. 2 Constructions transitives locatives,
Genève-Paris, Droz
ILINSKI, Kirill (2000) : La syntaxe atypique de la préposition française, thèse Paris IV (O. Soutet), publiée 2003 chez
Champion sous le même titre
LAUR, Dany (1991) : Sémantique du déplacement et de la localisation en français : une étude des verbes, des prépositions
et de leurs relations dans la phrase simple, thèse de doctorat, Université Toulouse-Le Mirail (dir. A. Borillo)
LAUR, Dany (1993) : « La relation entre le verbe et la préposition dans la sémantique du déplacement », in Langages 110,
p. 67-84
SABLAYROLLES, P. (1995) : La sémantique spatio-temporelle des verbes de mouvement du français, thèse de doctorat,
Toulouse Le Mirail
SVOROU, Soteria (1993) : The Grammar of Space, J. Benjamins
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