Certaines familles, certes minoritaires, sont cependant bien intégrées dans la vie sociale et
économique des quartiers. Elles favorisent la carrière scolaire de leurs enfants. Ces familles
sont impliquées dans une entreprise de « colonisation » (présence intensive, vigilance et
tentatives de manipulation des situations d’interaction avec le monde enseignant et les
contextes de socialisation de leurs enfants). Dans les stratégies de certaines familles, on
retrouve un degré élevé d’adhésion aux valeurs de l’école publique et à l’amélioration globale
de son efficacité pouvant toutefois s’accommoder de la poursuite d’intérêts strictement
individuels. Ces stratégies familiales se déploient de façon privilégiée par rapport à l’école
dans la mesure où la scolarité est réussie : c’est considéré comme une étape essentielle pour
que les enfant puissent « s’en sortir » et où la réussite et l’échec scolaire sont des marqueurs
centraux d’une identité familiale et locale positive ou négative. Pourtant, ces stratégies
ségrégatives ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre dans l’espace scolaire.
b. des parcours protégés
Ils se mettent en place à l’intérieur même des collèges. Il s’agit de demande de classes
regroupant des options spécifiques où sont regroupés des élèves de bon niveau scolaire et
« disciplinés », mais aussi, par le biais des critères reconnus, des élèves de meilleur niveau
social. Cela suppose pour les familles demandeuses une bonne connaissance de l’organisation
interne des établissements. Il faut cependant faire une distinction : ces classes ne sont pas pour
autant des classes d’excellence.
3.3.l’évitement
a. La tentation de fuite
Face aux limites évidentes des stratégies de « colonisation » de l’espace scolaire, beaucoup de
parents optent pour la fuite vers des établissements jugés meilleurs (au niveau de la sécurité,
de la socialisation et des résultats scolaires). Mais dans les secteurs des établissements
défavorisés, la proportion de parents susceptibles de développer une stratégie de fuite s’est
considérablement rétrécie et l’aggravation des conditions de scolarisation conduit de plus en
plus ces quelques parents à mettre en œuvre des stratégies plus précoces, dès l’école
maternelle ou primaire. C’est souvent à l’entrée en sixième que les parents s’inquiètent de
l’aggravation des conditions de scolarisation et qu’ils sont tentés d’avoir recours à des
demandes officielles de dérogation, au contournement de la carte scolaire
b. Des choix incertains
Il s’agirait plus d’une logique d’évitement des collèges publics locaux que d’une véritable
logique de choix. Ce qui pèse le plus lourd dans la décision n’est autre que le risque associé à
une scolarisation sur place. La décision penche donc grâce à un recueil d’informations