CEFOCOP Promotion 2005 2007
Fiche de lecture, Février 2006
L’école de la périphérie
Scolarité et ségrégation en banlieue
Agnès Van Zanten
Fiche de lecture
Référence de l’ouvrage :
Van Zanten, A., (2001). L’école de la périphérie. Scolarité et ségrégation en banlieue. Paris :
PUF.
I. Présentation de l’auteur
Agnès van Zanten est chargée de recherche au CNRS, spécialiste de sociologie de l’éducation.
Elle est membre de l’Observatoire Sociologique du Changement et enseigne à l’Institut
d’Etudes Politiques. Elle a notamment publié L’école et l’espace rural, PUF, 1990, Sociologie
de l’école (avec M. Duru-Bellat), A. Colin, 1999 et L’école, l’état des savoirs (sous sa
direction), La découverte, 2000.
II. Présentation de l’ouvrage
Agnès Van Zanten s’appuie sur plusieurs enquêtes de type ethnographique menées pendant
sept ans dans des classes, des établissements et des villes de banlieue pour présenter ce qu’elle
nomme « l’école périphérique ». Cette étude s’inscrit dans le champ théorique de la sociologie
de l’éducation, de la sociologie urbaine, de la sociologie des professions et des organisations
et de la sociologie politique.
Elle décline dans son ouvrage cette notion en cinq parties :
- l’école dans la ville
- les ségrégations scolaires
- la division du travail éducatif
- la construction des normes professionnelles
- les perspectives des élèves
Elle pointe le fait que la situation des établissements de banlieue met à l’épreuve le système
scolaire français. La massification a permis l’accès à l’enseignement secondaire à la majorité
des jeunes, français et immigrés, mais leur scolarité se déroule dans des contextes
d’enseignement qui ne favorisent ni l’égalisation de leurs chances scolaires, ni leur intégration
dans la société.
L’auteur présente « l’école périphérique » comme dimension spatiale (cruciale à la
compréhension des processus sociaux) et renvoyant à une localisation spécifique de
l’institution scolaire à l’extérieur des grandes villes. Elle l’oppose ainsi aux écoles de centre-
ville ou aux écoles rurales. Même si l’homologie n’est pas toujours évidente, elle constate que
l’école périphérique subit les effets de la répartition spatiale des groupes sociaux et une
distribution hiérarchique des catégories socioprofessionnelles au sein même des territoires.
Il serait cependant erroné de conclure à l’existence d’une relation à sens unique entre l’école
et son environnement.
PBIQ
Il s’agit de mettre « l’accent sur cet espace comme une construction sociale dotée d’une
certaine cohérence interne et d’une autonomie relative par rapport au centre mais, en même
temps structurellement articulée à celui-ci par des rapports de domination et
d’interdépendance ».
Elle propose un regard sur la scolarisation qui met l’accent sur le rôle des dynamiques locales
dans la reproduction et la transformation des systèmes scolaires (rôle moteur des interactions
entre les réalités éducatives « marginales » et les normes « centrales »).
Elle pose alors l’hypothèse suivante : il existe entre les établissements comportnt des publics
différents, des inégalités d’accès aux savoirs qui sont tout aussi importants, mais plus
difficiles à saisir, que celles engendrées par les inégalités dans la distribution des filières,
options, moyens matériels et humains d’enseignement.
III. Présentation détaillée d’un chapitre
Chapitre 3 : Les stratégies parentales (page 93 à 113).
Pour comprendre l’accroissement des processus ségrégatifs, il faut mettre en exergue
l’évolution des attitudes des parents vis-à-vis des établissements d’enseignement ; les médias
et les professionnels de l’éducation insistent beaucoup ces derniers temps sur la « démission »
des familles des quartiers défavorisés, sur le manque d’information, le désintérêt et
l’incompétence en matière de scolarisation. Il s’agit bien sûr d’une image déformée de la
réalité.
Cependant, l’importance accordée aux carrières scolaires et à la socialisation des enfants
amène les parents des « cités » et des viles de banlieue à développer des pratiques spécifiques
(analysées comme stratégies car elles témoignent d’une réflexivité sociale, tentatives pour
réduire les risques et contrôler un environnement perçu comme menaçant).
La distance ou le rapprochement social des établissements d’enseignement locaux et les
familles se traduit par des pratiques de retrait, de colonisation ou d’évitement.
3.1.le retrait
En raison de la précarisation de l’emploi et du chômage, certaines familles sont captives des
logements sociaux et de certaines « cités » alors que les habitants qui l’ont pu ont quitté les
lieux.
a. le rapport à l’espace
La dimension centrale définit par l’auteur est le « localisme » dont font preuve ces familles à
l’égard des établissements scolaires. La proximité est le critère le plus important dans la
fréquentation de tel ou tel établissement, ce qui correspond à l’intériorisation des contraintes
de la carte scolaire. Ces pratiques localistes sont influencés par la méconnaissance et donc la
peur du monde à l’extérieur du quartier : la proximité semble la seule garantie d’une certaine
maîtrise sur l’éducation de leurs enfants
b. le rapport au temps
Les parents se situent dans une temporalité différente de celle attendue par l’école. En effet
beaucoup plus d’importance y est accordée à l’approche des échéances de l’insertion
professionnelle. Les établissements scolaires, notamment ceux du secondaire sont perçus
comme des institutions étrangères au quartiers (comme s’inscrivant dans un système
hiérarchique de relations verticales avec le mode extérieur). Cette perception correspond à un
sentiment d’impuissance quant à la capacité à infléchir sur le destin scolaire et social des
enfants. Les familles se réfugient dans des attitudes de retrait vis-à-vis des institutions
d’enseignement, mal perçue par les enseignants et les professionnels de l’éducation. Cela
relève plus d’une forme de résistance que d’un vrai désintérêt. Pour ces parents, les difficultés
scolaires des enfants participent d’un processus global de « déchéance » familiale, l’avenir
professionnel, social et moral des enfants et des parents ne faisant qu’un et se confondant à la
dégradation d’un environnement scolaire et urbain local.
3.2. la « colonisation »
a. entre loyalisme et consumérisme
Certaines familles, certes minoritaires, sont cependant bien intégrées dans la vie sociale et
économique des quartiers. Elles favorisent la carrière scolaire de leurs enfants. Ces familles
sont impliquées dans une entreprise de « colonisation » (présence intensive, vigilance et
tentatives de manipulation des situations d’interaction avec le monde enseignant et les
contextes de socialisation de leurs enfants). Dans les stratégies de certaines familles, on
retrouve un degré élevé d’adhésion aux valeurs de l’école publique et à l’amélioration globale
de son efficacité pouvant toutefois s’accommoder de la poursuite d’intérêts strictement
individuels. Ces stratégies familiales se déploient de façon privilégiée par rapport à l’école
dans la mesure la scolarité est réussie : c’est considéré comme une étape essentielle pour
que les enfant puissent « s’en sortir » et la réussite et l’échec scolaire sont des marqueurs
centraux d’une identité familiale et locale positive ou négative. Pourtant, ces stratégies
ségrégatives ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre dans l’espace scolaire.
b. des parcours protégés
Ils se mettent en place à l’intérieur même des collèges. Il s’agit de demande de classes
regroupant des options spécifiques sont regroupés des élèves de bon niveau scolaire et
« disciplinés », mais aussi, par le biais des critères reconnus, des élèves de meilleur niveau
social. Cela suppose pour les familles demandeuses une bonne connaissance de l’organisation
interne des établissements. Il faut cependant faire une distinction : ces classes ne sont pas pour
autant des classes d’excellence.
3.3.l’évitement
a. La tentation de fuite
Face aux limites évidentes des stratégies de « colonisation » de l’espace scolaire, beaucoup de
parents optent pour la fuite vers des établissements jugés meilleurs (au niveau de la sécurité,
de la socialisation et des résultats scolaires). Mais dans les secteurs des établissements
défavorisés, la proportion de parents susceptibles de développer une stratégie de fuite s’est
considérablement rétrécie et l’aggravation des conditions de scolarisation conduit de plus en
plus ces quelques parents à mettre en œuvre des stratégies plus précoces, dès l’école
maternelle ou primaire. C’est souvent à l’entrée en sixième que les parents s’inquiètent de
l’aggravation des conditions de scolarisation et qu’ils sont tentés d’avoir recours à des
demandes officielles de dérogation, au contournement de la carte scolaire
b. Des choix incertains
Il s’agirait plus d’une logique d’évitement des collèges publics locaux que d’une véritable
logique de choix. Ce qui pèse le plus lourd dans la décision n’est autre que le risque associé à
une scolarisation sur place. La décision penche donc grâce à un recueil d’informations
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