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néoclassique a longtemps ignoré cet aspect et l’a rejeté à un amont dont on ne parle pas
.
Au sein des coopératives de producteurs, le dynamisme actuel des groupements
coopératifs d’entreprises en fait ainsi le deuxième acteur de la distribution en France et dans
les principaux pays européens (CONSEIL SUPERIEUR DE LA COOPERATION, 2003). Or si de
manière générale les travaux de recherche en économie industrielle sont relativement
nombreux sur la question des modes d’alliances ou de coopération entre firmes (RAVIX,
1996), ils ne s’intéressent que paradoxalement peu aux formes les plus intégrées que sont les
coopératives d’entreprises et d’entrepreneurs individuels.
Dans cette communication, notre objectif est de contribuer, dans un cadre
d’institutionnalisme historique, à une grille de lecture de l’émergence et des dynamiques de
transformation des coopératives d’entreprises, les évolutions de cette forme juridique
semblant correspondre à un moment de fortes transformations de certains secteurs d’activités.
En passant en revue les différentes approches institutionnalistes, nous nous situerons
essentiellement par rapport aux travaux menés dans le cadre de l’approche de la régulation
pour lesquels l’entreprise d’économie sociale est conçue comme un des dispositifs régulateurs
de certains secteurs d’activités (coopératives viticoles du midi (TOUZARD, 2000), associations
de services de proximité (DU TERTRE, 1999)) et pour lesquels la « crise » de ce type
d’organisation correspond aux transformations des modalités de la régulation sectorielle.
Notre projet est alors de proposer des pistes pour la construction d’une définition en
compréhension de la nature des entreprises coopératives permettant d’expliciter comment ces
organisations productives articulent des logiques composites et assurent l’organisation de
certains types d’activités complémentaires à celles de leurs membres (au sens de
(RICHARDSON, 1972)). A ce titre, les coopératives d’entreprises apparaissent comme une
réponse spécifique aux problèmes de coordination et d’organisation des activités productives.
Notre domaine d’application étant le secteur des industries culturelles, nous nous
appuyons sur les résultats de différents travaux d’observation des coopératives et associations
au niveau régional (DEMOUSTIER, CASSIER, CLERC, ROUSSELIERE, 2003)
et européen
(DEMOUSTIER, GUYET, ROUSSELIERE, SATRE, 2001), ainsi que sur un ensemble d’études
sectorielles (voir bibliographie). Après une caractérisation des coopératives d’entreprises et
une revue de leurs principaux faits stylisés (1.), nous nous intéresserons à la manière dont les
théories institutionnalistes prétendent rendre compte de cette forme particulière de
coopérative et de l’économie sociale en général (2.). En conclusion nous proposons à partir
des problèmes que soulève l’étude des formes coopératives d’entreprises quelques pistes de
réflexion pour une approche régulationniste renouvelée de l’économie sociale.
1. Les groupements coopératifs d’entreprises dans le secteur des industries
culturelles : caractérisation et principaux faits stylisés
Ceci malgré l’intérêt que portait Léon Walras aux « associations coopératives populaires » comme productrices et
organisatrices de la richesse sociale. Selon Walras, quelle que soit leur forme particulière, les associations populaires ont
toutes le même objectif : faire accéder des travailleurs ou des petits entrepreneurs à la propriété du capital nécessaire à
certaines de leurs activités (VIENNEY, 1980, p. 40).
Ayant déjà fait l’objet en ce qui concerne les questions relatives à la nature du travail dans ces organisations d’une
présentation partielle dans (DEMOUSTIER, ROUSSELIERE, 2003).