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Problématique ouvrage FSU - 19 décembre 2013
Propositions J. Dragoni/17 décembre
En préalable
Voici un certain nombre d’idées, à débattre, approfondir, réorganiser, etc.
A ce stade, c’est-à-dire en l’état de ma réflexion, avant débat collectif, j’ai plutôt listé une
problématique et des éléments majeurs en liaison avec cette problématique à mettre en avant
dans l’ouvrage, probablement incomplets.
Ceci ne remet pas en cause le plan de l’ouvrage déjà adopté.
En italique quelques réflexions qui explicitent mon approche.
Introduction
Les années 1997-2007 (ou 2010, ce que je préfère, voir plus bas) sont des années d’histoire très
immédiate.
Notre démarche sera forcément celle d’un travail militant, mais s’appuyant sur un travail d’ordre
historique, sociologique et sciences politiques. Ce qui signifie qu’il faut :
- Reconstituer ce « passé immédiat » avec les faits et des analyses précis (textes,
chronologie, témoignages y compris croisés…), mais aussi s’appuyer sur les travaux
existants, notamment d’ordre sociologique sur les évolutions de la société française.
- Aborder les questions difficiles et controversées (celles du fonctionnement de la fédération
par exemple), ou encore évoquer aussi les faiblesses de la FSU et du syndicalisme (plutôt
des années de déclin que de croissance, les difficultés du renouvellement, la paralysie de
l’action ou du moins des actions fortes sans résultats…), et proposer des analyses sur ces
faiblesses.
L’ouvrage ne devra pas être exhaustif sur les éléments factuels et ne s’y résumera pas. C’est
pourquoi il devra être traversé par une problématique, qui pourrait être : « La FSU comme
tentative de poursuivre un syndicalisme de transformation sociale non limité au champ éducatif,
(choix de l’élargissement et de l’unification inhérente à cette démarche à l’opposé d’une
autonomie comme fin en soi), et d’ inventer les formes nouvelles de ce syndicalisme pour
répondre aux défis actuels ».
C’est aussi, me semble-t-il, la nécessité de rechercher les nouveautés que la FSU a pu tenter de mettre en
pratique voire de théoriser, souvent en relation avec d’autres mouvements (syndicaux, sociaux…), même si
ces nouveautés n’ont pas abouti et n’ont pas formé véritablement un nouveau corpus.
L’idée est que bien de ces innovations peuvent fournir des pistes pour le syndicalisme pour reprendre la
main, passer à l’offensive et inverser le rapport de forces.
Dit autrement, dans une période de crise aigüe ( de grande transformation) telle que nous la vivons, il est
quelquefois difficile de percevoir le nouveau, ou d’imaginer possibles d’autres voies. Dans une période de
déclin, on tend à ne voir que le négatif. Par exemple, les difficultés internes de la FSU). Ou ne voir
aujourd’hui qu’une CGT en net recul parmi les salariés et une CFDT qui la talonne, s’imaginant désormais
le nouveau syndicalisme d’avenir, encouragée par le pouvoir politique. Pourtant, la pensée dominante n’a
plus que l’apparence de la force (99%/1% résume assez bien cette idée). Un redoutable combat d’idées et
d’intérêts divergents (une lutte de classes) a lieu de façon exacerbée depuis l’éclatement de la crise. C’est
le même combat qu’auparavant, il est simplement devenu plus clair, et aussi plus virulent ou agressif (l’idée
de profiter de la crise pour imposer de nouveaux reculs, pour qu’il soit impossible de revenir en arrière)
Mais rien n’est joué d’avance et nul ne connait l’issue de l’affrontement. Notre travail peut contribuer à
éclairer les enjeux, car il y a dans la démarche de la FSU des années 2000 bien des idées et propositions
originales, même si elles n’ont eu jusqu’à présent peu d’impact ( la relation formation emploi par exemple).
Enfin, l’idée est de ne pas se limiter à l’histoire de l’appareil, mais d’aborder aussi les orientations de la
FSU et ses propositions en matière sociale. D’aborder les modalités d’élaboration de la revendication, en
prenant des exemples ( SP, décentralisation et orientation, et TOS…).
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1/ Orientation générale de la problématique/ syndicalisme de transformation sociale
En 1991-93, la FSU naît de la volonté de continuer à faire vivre à l’Education nationale un
syndicalisme de transformation sociale vs un syndicalisme de la marge ou de l’accompagnement.
Les principes défendus en ce sens par la FSU demeurent. Ils pourraient ainsi être listés :
- contestation-propositions/action-mobilisation/négociations,
- Importance de l’unité syndicale
- démocratie interne au niveau des instances
- démocratie syndicale : s’appuyer sur les personnels (consultations, actions etc.)
- une fédération assise sur des champs professionnels (le travail, le métier, la
professionnalité) donc fédération de SN (art.1 des statuts), mais tout en construisant du
fédéral (art.2).
- conception nouvelle du fédéralisme (à construire par les SN) donc de l’intérêt général vs
corporatisme dans son sens péjoratif (son sens positif étant qu’un des fondements du
syndicalisme est forcément de défendre les salariés) et donc volonté d’inscrire sa
démarche dans le sens de l’intérêt général. Un « fédéral » insuffisant, mais à comparer
avec les modalités d’élaboration du confédéral (rôle des experts à la CFDT et épuration des
opposants, les difficultés propres à la CGT
entre syndicats/branchjes/confédéral,
prive/public…)
- indépendance vis-à-vis du politique
- inscrire sa démarche dans l’objectif de l’unification du syndicalisme à terme
- élaboration d’alternatives sociales (pour contrer les reculs et réformes régressives, pour
faire des propositions.
Ces principes demeurent, au moment où semble triompher à nouveau le syndicalisme
d’accompagnement et où la question du devenir du syndicalisme de transformation sociale et celle
de l’unification du syndicalisme et des dynamiques nouvelles à mettre en œuvre se pose plus que
jamais.
2/ Problématique et chronologie : aller jusqu’en 2010
La FSU se veut un syndicalisme de transformation sociale et œuvre dès l’origine, à
l’unification du syndicalisme, tout en se renforçant et s’élargissant, condition essentielle
pour peser dans le débat syndical. Avec bien des faiblesses et des limites dans la réalité, et notamment le poids des enseignants par rapport aux autres SN- mais toujours la force
d’avancer.
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1992 : préserver le syndicalisme de transformation sociale là où il est menacé : dans
l’enseignement.
1994 : elle devient une force qui compte très vite (mobilisations, élections), et met en
œuvre l’élargissement et donc sa consolidation (filière ouvrière de l’EN, puis au-delà de
l’EN ensuite). Mais rien n’est simple (situation très différente d’une SD à l’autre, d’une
région à l’autre).
2003 : reconnue comme force syndicale par les interlocuteurs syndicaux et pouvoirs publics
2004 : les difficultés de Perpignan (analyser le pourquoi), et les difficultés de
l’élargissement ( analyser les faiblesses).
2010 : rien de neuf n’est avancé avant 2010 : au congrès de Lille, rejet de l’autonomie, et
un mandat pour l’unification en « créant un nouvel outil syndical ».
Voilà pourquoi de mon point de vue, il faut prolonger jusqu’en 2010 : parce que l’histoire de la
FSU, c’est l’histoire d’un syndicalisme dont certains ont souhaité la disparition, mais qui a été
en capacité :
- non seulement de résister (en tant que syndicalisme de transformation sociale),
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Mais d’œuvrer aussi avec quelques succès (et grosses faiblesse il est vrai) dans la cadre
de l’autonomie à élargir son champ de l’enseignement à la fonction publique (comme la
FEN, mais à un degré bien moindre, cf le nombre d’adhérents).
Tout en poursuivant son objectif d’unification, qui aboutit au mandat de Lille en tant que
concept tenant compte de l’évolution du paysage syndical et institutionnel.
Le tout à comparer avec ce qui existe ailleurs dans le syndicalisme en matière d’unification :
notion absente à FO, ou notion faible à la CGT ( le « syndicalisme rassemblé » est conçu comme
une simple extension de la CGT, et paraît très limitée à l’unité d’action), ou fondée sur une
idéologie qui divise ( le camp réformiste autoproclamé de la CFDT et de l’UNSA, suite des
tentatives de recomposition des années 80-90) ; ou encore différent pour Solidaires, mais qui
s’éloigne de tout objectif d’unification dans l’immédiat.
3/ Un contexte d’affaiblissement du mouvement ouvrier, du syndicalisme et du salariat
L’ouvrage doit s’inscrire dans un cadre large, celui de la recomposition des rapports de force entre
salariat et capital depuis 30 ans. Une nouvelle phase du capitalisme (économique, sociale,
politique) a débuté depuis les années 80, et le syndicalisme s’y trouve en position de faiblesse.
Pourtant, bien des idées nouvelles ont aussi émergé, au sein du syndicalisme et ailleurs, sans
que, en l’état, ces idées se fédèrent – ou aient trouvé un « moteur » - au point de représenter une
alternative à l’hégémonie « néolibérale ».
La « crise » actuelle (déclenchée en 2007) précipite les choses et met le syndicalisme face à ses
responsabilités : il est urgent d’inverser la donne puisqu’il est avéré que les politiques actuelles
conduisent droit dans le mur. La crise dévoile aussi clairement les impasses des choix politiques
néolibéraux, qu’il s’agisse d’économie, de finances (privées et publiques), de social, d’écologie, ou
encore de son impossibilité – par nature - à proposer une sortie de crise. Mais si la crise a prouvé
que le marché est bien incapable de s’autoréguler, mais l’hégémonie culturelle de la pensée
dominante empêche pour l’instant les forces contestataires et la pensée critique d’avancer,
notamment par des actions et mobilisations qui permettraient une prise de conscience collective.
Ce contexte, marqué par une crise profonde du politique et de la démocratie – et c’est une
conséquence de la « mondialisation » -, place plus que jamais le syndicalisme dans l’obligation de
participer et de peser fortement à la construction :
- des alternatives (économiques, sociales, écologiques) aux politiques actuelles
- avec comme objectif la sortie de crise et l’invention de solutions nouvelles pour l’avenir.
Le syndicalisme est seul à même de « peser fortement » en tant que force sociale organisée et
militante ( cf le nombre d’adhérents, même s’il est faible en France, ce nombre est très supérieur à
toutes les autres formes d’organisation, y compris politiques).
Il doit dans le même temps œuvrer pour la défense des salariés et obtenir des avancées.
A propos de réformes/ réformiste/ transformation sociale ( à mon avis, un point à développer
entre nous, mais qui devrait irriguer le livre)
Le syndicalisme, par essence, est « réformiste » dans le sens où il œuvre pour obtenir des
avancées et des réformes améliorant la situation des salariés, et au-delà, de la société.
D’où des tâches essentielles pour le syndicalisme de transformation sociale :
- Remettre la « réforme » sur les rails de son sens progressiste,
- Inscrire ces réformes (que nous voulons) dans l’objectif d’une véritable transformation
sociale.
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Participer ainsi à la construction démocratique (avec d’autres) pour un autre avenir ( plus
juste, moins inégalitaire, etc…)
4/ Grandes thématiques de la problématique
Le rôle spécifique FSU : une petite structure dynamique
 Le rôle de l’école dans la société française
 Le rôle des couches moyennes/ mouvement ouvrier
 Statuts trop complexes et une FSU paralysée, ou bien un petit appareil et agilité
dynamique (à comparer avec celui de la CGT par exemple, ou de la CFDT désormais
épurée de toute forme d’oppositions)?
Fédéral et syndical
Démocratie interne et tendances
Projet offensif et pratique défensive
La construction d’alternatives
Elargissement/unification
En précisant le sens des mots (tel que définis par les congrès)
Sans évacuer les tensions internes sur le sujet mais en les explicitant
5/ Cette problématique et ses thématiques sont à traiter dans le cadre de sujets et faits
sociaux précis
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Choisir les faits (politiques, économiques et sociaux) saillants et par exemple :
- période Allègre (affaiblir le SNES et paralyser/casser la FSU, mais bien au-delà,
transformer le second degré et les fondements du service public d’éducation tel qu’il s’est
construit en France. En son centre la démocratisation pour tous, possible ( FSU) ou
impossible ( de la FEN à Allègre au socle commun).
- 2003 ( dans sa double composante : décentralisation ( la question du SP)-retraite),
- le reflux du mouvement syndical et singulièrement de la FSU après 2003, l’échec de 2010
malgré la mobilisation… (En gros, pour 2003-2010, le mouvement syndical et la droite
réorganisée au pouvoir),
- la FSU (et le mouvement syndical) face à la crise.
- les dégâts du new public management au sein du service public et la volonté de
soumettre les professionnalités fortes qui sont encore relativement autonomes (
l’enseignant, le médecin hospitalier…)

Plusieurs cas de SD : ancienne (prolongation de la FEN UA), nouvelle ( vite forte,
« faible ». Parmi ces SD, forcément la SD 13 (rôle important dans élargissement dès le
départ, unité et unification…)
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Parmi les faiblesses : histoire de la structure régionale de la FSU

Les courants de pensée, et à tout le moins, EE, UA. Présentation globale de toutes les
tendances et du pourquoi de cette organisation ( à destination des jeunes générations, de
nos partenaires syndicaux) à partir des votes des tendances, sans oublier la disparition
d’une tendance, « UID », avec le départ du SNETAA. Gros plan pour les 2 tendances qui
sont dans l’’exécutif.
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6/ Les forces et les faiblesses ou encore : la FSU, points forts et rendez-vous manqués
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La place de l’école (et des SP) dans la société
C’est dans ce cadre qu’il faut placer je crois : de l’école fondamentale à l’école du socle (qui
sera introduit par l’épisode Allègre) comme enjeu majeur de société et en lien avec les
droits nouveaux pour l’ensemble du salariat (point suivant).
Formation/emploi ( conquérir de nouveaux droits pour le salariat)
Fonction Publique et service public
Soit, pour ces points, propositions d’approfondir la double approche suivante :
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La FSU a réussi son pari, celui d’exister et de devenir une force qui compte, car, malgré sa
faiblesse (par rapport aux confédérations), son absence dans le privé, elle couvre
néanmoins des champs syndicaux essentiels (les 3 listés ci-dessus). C’est d’une part toute
la question de l’élévation des qualifications et de la démocratisation de l’accès aux savoirs
et à la culture qu’elle porte, dans la suite du progrès de la scolarisation des années 80.
Dans le même temps, et dans le cadre de la construction historique propre à la France,
l’école comme institution liée à l’Etat et à la République contre les conservatismes, c’est
d’autre part l’Ecole comme service public à la française (malgré là aussi ses faiblesses,
dont l’enseignement privé) et aussi enseignants et serviteurs de l’Etat comme
fonctionnaires.

La FSU est composée essentiellement de couches moyennes salariées, en moyenne
surqualifiées ou du moins, plus qualifiées que la moyenne de la fonction publique, ou que la
moyenne de ce vaste ensemble indécis rassemblé sous le vocable « couches moyennes »
des sociologues. Cet « avantage » la conduit assez naturellement et facilement (même si
elle ne le fait pas autant que ce qu’elle pourrait) à disputer à la parole experte bien de ses
affirmations dogmatiques (exemple : retraites)
C’est aussi la faiblesse de la FSU : les catégories ouvrières ou employées ont-elles trouvé
à la FSU leur juste place ? et la réponse me paraît négative.
Pour autant, la FSU, par ce qu’elle porte (la nature de ses revendications sur l’école et les
services publics, une certaine conception de l’Etat), n’ouvre-t-elle pas vers une nouvelle
forme d’alliance entre catégories ouvrières-employées (50 à 60% de la population active,
rappelons-le) et couches moyennes dans leur grande majorité ?
Une des faiblesses du mouvement ouvrier a été son rapport compliqué à l’école. Son
origine se trouve certes dans le fonctionnement de l’école et ses formes très ségrégatives
(malgré l’obligation scolaire à 16 ans et le collège dit unique en 1977), mais aussi dans la
partition syndicale entre d’un côté des confédérations représentatives dans le privé mais
très peu à l’école, et de l’autre, la FEN devenue autonome, puis la FSU, très représentative
à l’école, mais pas du tout dans le privé.
Une telle situation a empêché de penser syndicalement en un même mouvement la
question de l’élévation des qualifications et de leur reconnaissance collective.
Au-delà, la question posée au mouvement syndical est celle de l’alliance entre ouvriers,
employés, cadres du privé ou couches intellectuelles du secteur public au sein d’un salariat
devenu multipolaire, puisqu’il n’y a plus de pôle central (les ouvriers, non qualifiés et
qualifiés de la période précédente). Or force est de constater les difficultés en ce domaine.
La CFDT mais aussi la CGT ont tendance (un peu moins maintenant pour cette dernière ?)
à opposer salariés du privé et du public, alors que ce sont les convergences, incluant les
chômeurs et les statuts précaires, qui devraient être travaillées.
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