« Drôles d’oiseaux... »
CHANTER SOUS L’OCCUPATION !
A ceux-là qui ont vécu l'Occupation... de façon "ordinaire" !
Il y a ceux qui ont fait la guerre, ceux qui ont eu à la subir et tous les autres, qui se sont efforcés de la vivre !
Ces derniers, certainement les plus nombreux, sont des gens comme la plupart d’entre nous : des gens ordinaires et qui le sont restés, par la
force des choses, malgré les événements.
Et pourtant, il aurait peut-être suffi de pas grand chose pour qu’ils se comportent mieux, ou pire… Le hasard des circonstances qui fait que
chacun peut basculer dans le parti des héros ou dans celui… des salauds. Tous ceux-là ont pu ou ont su rester dans une vie ordinaire, même
si celle-ci en trouvait ses fondations bouleversées.
Ceux-là, ils n’ont pas raconté la guerre, parce que la guerre, ils l’ont vécue sans gloire ni honneur. Et si ils n’ont pas eu trop à en souffrir, en
apparence, c’est parce qu’ils ont pu se garder du grand malheur et supporter les petits en continuant à vivre du mieux qu’ils pouvaient,
composant avec la situation, au risque de devoir parfois passer, aux yeux de nos contemporains pour des passifs qui ont laissé faire…
DES DRÔLES D'OISEAUX...
Été 1943... Paris occupé !
Doudoule, marchand de petits formats à la sauvette, s'interroge sur le Tout-Paris qui fraye avec l’occupant,
et sur cette France qui veut encore rire et s’amuser...
En suivant ces « drôles d'oiseaux » que sont Oiseau, la chanteuse des rues, Titi l’accordéoniste et
Doudoule, le vendeur de « petits formats », ce spectacle vous balade, d’anecdotes en chansons, dans ce
contexte singulier où les artistes, comme les autres, sont amenés à faire des choix, ballottés entre
nécessité et besoin de continuer à vivre, volonté de résistance ou opportunisme glissant vers une
collaboration tacite…
De la drôle de guerre à la Libération, en passant par l’occupation allemande et son lot de
privations, « Chanter sous l'Occupation » vous entraîne dans une promenade didactique et festive,
entre histoires et chansons, dans ce contexte difficile où, malgré la situation de crise, les Français
cherchent encore à s’amuser...
LE SPECTACLE
Ce spectacle est une flexion sur la situation et la prise de position des artistes de la chanson de variété
(et tous les artistes en général) sous l'Occupation (et de celle des Français de façon globale).
Fallait-il ou ne fallait-il pas chanter..., fallait-il continuer à s'amuser et prendre du bon temps malgré cette
situation tragique et malgré tout ce qu'elle implique ?
Le spectacle utilise une mise en scène articulant chansons d'époque (une quinzaine), dialogues et
monologues des personnages, chaque chanson illustrant le propos évoqué par les personnages.
Un décor épuré et quelques accessoires et mobilier suggèrent l'ambiance du Paris populaire d'avant
guerre, d'avant le « drame », décor dans lequel les personnages continuent à vivre malgré la situation :
- une palissade de terrain vague ou chantier symbolise la rue, les faubourgs, le « populaire »
- une table bistrot évoque la vie sociale et lieu où fleurissent les « belles paroles » des gens simples
- une TSF qui diffuse l'information, information tronquée par la censure allemande et information
résistante de Radio-Londres
- les 3 personnages évoquent la famille, famille ballottée entre nécessité de vivre et de garder bonne
conscience. Leur statut d'artistes des rues les pose en « marginaux » et permet de justifier
l'impertinence de leur propos, comme le faisait les bouffons à la cour du roi, sans qu'ils soient considérés
d'une part comme des « résistants » ou d'autre part comme des collaborationnistes ».
A cela s'ajoute un jeu de scène en lumière et sonore qui ajoute à l'effet émotionnel posé par le décor :
- diffusion par la TSF d'extraits de discours politiques
- bruitages d'ambiance illustrant les thèmes abordés
- réclame radiophonique d'époque
En suivant les 3 personnages, le spectateur chemine le long d'une frise chronologique de l'avant -guerre
jusqu'à la déclaration de guerre, en suivant les faits de société liés au sujet et marquants de l'avant-
guerre :
- prise du pouvoir par Adolphe Hitler
- Front Populaire
- Annexion de l’Autriche et invasion de la Pologne
- Déclaration de guerre
Le spectacle évoque ensuite les grands thèmes résurgents de cette période, de la mobilisation générale à
la Libération :
- la drôle de guerre
- la collaboration
- la résistance
- les restrictions et le ravitaillement
- le marché noir
- l'antisémitisme
- la jeunesse
La thématique générale du spectacle est illustrée par un répertoire musical qui suit de près cette actualité
tout en se nourrissant d'émotion plutôt que de revendications !
De nombreuses anecdotes sur les chanteurs de l'époque ponctuent le spectacle qu'il s'agisse de grandes
vedettes universellement connues comme Édith Piaf ou Charles Trenet et d'autres un peu oubliées
aujourd'hui, comme Suzy Solidor, Léo Marjane, Andrex ou Lucienne Boyer. Des artistes auxquels on
demanda, à la Libération, de justifier leur trop grande activité musicale (et professionnelle) sous
l'Occupation allemande !
Qu'aurions- nous fait entre nécessité et besoin de continuer à vivre, volonté de résistance ou
opportunisme glissant vers une collaboration tacite…Ce spectacle survole et caresse du bout des doigts
un sujet sensible et délicat invitant le spectateur à entreprendre sa propre réflexion et à approfondir lui-
même ses idées et connaissances sur le sujet. Sans être satirique, le spectacle se plaît à être à la limite
de l'audacieux et il pose plus les questions qu'il n'y répond ! Les choses ont été ainsi..., au spectateur de
décider, selon son propre avis, si cela était bien ou mal... !
LA CHANSON DE VARIÉTÉ SOUS L'OCCUPATION
Il semble certain que « la chanson de la Résistance » ou « la chanson de l’Occupation » n’existe
pas en tant que telle . On a chanté aussi bien à Vichy et dans les milieux de la collaboration, en
zone occupée et en zone libre, à Paris et en province, à Londres, dans les maquis... et même dans
les stalags. On a chanté dans les cabarets, les boites de nuit, les music-halls..., au théâtre lyrique,
à la radio, au cinéma...
L’ambiguïté qui caractérise les positionnements des Français sous l'Occupation ne permet pas de se
rendre compte de toutes les motivations. Résistance et collaboration, indifférence même, sont un jeu de
nuances, de l'action consciente aux hasards de la vie, qui peuvent entraîner vers de nouvelles rives !
Haine de l'Allemand avec accommodation à la présence de l'Occupant est une attitude non des moins
fréquentes ni des moins équivoques.
Dans une telle situation, tout acte et non-acte, toute parole ou tout silence prend une signification nouvelle.
Ainsi, en temps de guerre, la chanson prend une résonance particulière. Ce qui, en temps normal, peut
être considéré comme anodin ou insipide, se charge alors d'un pouvoir symbolique. Ceci est valable
autant pour les paroles que pour les thématiques et pour les musiques ! Si en temps de paix, « l'évasion »
sous ses multiples facettes paraît même constitutive du genre, elle devient moralement contestable dans
une situation d'oppression.
Cela explique pourquoi on aurait tant aimé que toute chanson de variété sous l'Occupation soit un
« Chant des partisans »...
Au lendemain de la capitulation, la France n’a pas le cœur à quelque réjouissance soit-elle, sauf peut-être
celle de se dire que la guerre est finie !
Il faut garder à l'esprit une singularité dont la France vaincue bénéficie par rapport aux autres pays
occupés et annexés par l'Allemagne. La France garde un semblant d'autonomie en conservant un
« État » propre, avec un gouvernement, une police et une armée (limitée en nombre d'hommes, sans
aviation ni blindés ni armes lourdes, bien entendu).
Très vite, les traumatismes de la défaite passés, chacun va donc essayer de retrouver une vie normale,
en se disant, peut-être pour se rassurer, qu’après tout l’occupant n’est pas si terrible que ça !
Mais bien vite, la cohabitation forcée va prendra une autre saveur, avec un Occupant omniprésent et
prétentieux, méprisant, contraignant le citoyen français à des privations de plus en plus insupportables !
Dans cette atmosphère singulière, les Français vont essayer, malgré tout, de garder le sourire, de
s’amuser et de chanter quand même !
Pas tous, bien entendu... et pas tous les jours non plus !
Alors ? Fallait-il, ou ne fallait-il pas chanter ?
Non ! Ont dit certains : Il faut conserver un minimum de dignité, au regard des autres pays occupés qui
ont fermé leurs restaurants et leurs salles de spectacles !
Oui ! Ont dit les autres : Et qui oserait leur reprocher de le faire ! Cela sous le seul point de vue moral
s’appuyant sur l’idée que la nation doit s’arrêter de vivre et faire u de silence après la défaite de juin
1940 ?
Alors ceux- ont continué, malgré ou à cause de cette défaite, de l’Occupation, des privations et des
peurs, de chanter et de s’amuser, de (se) donner et prendre du bon temps innocents ou suspects
suivant le cas sans se douter qu’un jour, cette volonté de (sur)vivre leur serait reprochée !
Le spectacle se déroule en plusieurs « tableaux » :
1 « PROLOGUE » - Mise en situation des personnages et mise en place de la thématique.
2 - 1933 1938 « LE MOUSTACHU VOCIFERANT ! »
3 - 1939 1940 « LA DROLE DE GUERRE ! »
3 - 1940 1941 « ÇA SENT SI BON LA FRANCE ! »
5 - 1941 1944 « LA VIE QUAND MÊME ! »
6 - 1944 « LA LIBERTE RETROUVEE ! »
« PROLOGUE »
AH ! LE PETIT VIN BLANC
(1943) Lyna Margy
Chanson emblématique de la période de l’Occupation et qui symbolise d’une part « l’évasion » en
inspirant un sourire confortable qui laisse rêver à un lendemain meilleur et d’autre part « la chanson de la
liberté » puisqu’elle deviendra « un hymne populaire » joué par tous les orchestres de la France libérée !
Ce sera aussi un succès retentissant, avec la vente de 1 500 000 « petits formats » en 1943.
Voici le printemps
La douceur du temps
Nous fait des avances
Partez mes enfants
Vous avez vingt ans
Partez en vacances
Vous verrez agiles
Sur l'onde tranquille
Les barques dociles
Au bras des amants
De fraîches guinguettes
Des filles bien faites
Les frites sont prêtes
Et y a du vin blanc
Ah ! le petit vin blanc
Qu'on boit sous les tonnelles
Quand les filles sont belles
Du coté de Nogent
Et puis de temps de temps
Un air de vieille romance
Semble donner la cadence
Pour fauter, pour fauter
Dans les bois, dans les prés
Du côté, du côté de Nogent
Suivant ce conseil
Monsieur le Soleil
Connaît son affaire
Cueillons, en chemin
Ce minois mutin
Cette robe claire
Venez belle fille
Soyez bien gentille
Là, sous la charmille
L'amour nous attend
Les tables sont prêtes
L'aubergiste honnête
Y a des chansonnettes
Et y a du vin blanc
A ces jeux charmants
La taille souvent
Prend de l'avantage
Ça n'est pas méchant
Ça finit tout le temps
Par un mariage
Le gros de l'affaire
C'est lorsque la mère
Demande, sévère
A la jeune enfant
Ma fille raconte
Comment, triste honte
As-tu fait ton compte
Réponds, je t'attends...
Car c'est toujours pareil
Tant qu' y aura du soleil
On verra les amants au printemps
S'en aller pour fauter
Dans les bois, dans les prés
Du côté, du côté de Nogent
1933 1938 « LE MOUSTACHU VOCIFERANT ! »
Au fil des années, la situation internationale, les faits divers politiques et sociaux qui en découlent
inspirent grandement les chansonniers. Nombreux sont ceux qui s’emparent de cette actualité pour la
mettre en chansons, en y mêlant souvent une grande dose d’humour et de dérision.
Dès l’immédiate avant guerre où plane l’inquiétude de la montée en puissance du fascisme, le répertoire
musical s’évertue à montrer que l’on ne craint pas cette menace nazie, et ce, à grand renfort d’allusions
patriotiques et provocatrices.
Chronologie
Lundi 30 janvier 1933 : Adolphe Hitler est nommé chancelier et accède au pouvoir.
Samedi 16 mars 1935 : LAllemagne, au mépris du traité de Versailles, procède à son
réarmement.
Lundi 12 septembre 1938 : Non content d’avoir annexé l’Autriche, Adolphe Hitler annonce qu’il
annexera aussi la région tchécoslovaque des Sudètes. La France et
l’Angleterre alliées à la Tchécoslovaquie, se mobilisent !
Vendredi 30 septembre 1938 : Signature des accords de Munich par la France, la Grande-
Bretagne, LAllemagne et l’Italie.
Neville Chamberlain, premier ministre britannique et le président
du conseil Édouard Daladier « le taureau du Vaucluse », viennent
d’arracher la paix à Hitler en lui livrant les Sudètes sur un plateau !
Mises au pied du mur, la Grande-Bretagne et la France veulent
encore croire à la paix !
De retour en France Édouard Daladier qui a signé les accord de
Munich à contrecœur est acclamé par la foule. Lucide face à la
situation dramatique, il se serait exclamé : « Ah ! Les cons, s’ils
savaient... ».
Mardi 6 décembre 1938 : Un traité de bonne entente est signé à Paris entre l’Allemagne et la
France !
QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX
(1937) Ray Ventura
Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux
Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ?
La route est prête, le ciel est bleu
Y a des chansons dans le piano à queue.
Il y a d' l'espoir dans tous les yeux
Et des sourires dans chaque fossette
La joie nous guette
C’est merveilleux
Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux
Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ?
Y’a des noisettes, dans le chemin creux, y’a des raisins, des rouges, des blancs, des bleus
Les papillons s’en vont par deux, et le mille pattes mets ses chaussettes
Les alouettes s’en vont par deux
Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux
Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux
Qu’est-ce qu’on attend pour perdre la tête ?
L’écho répète, des faits joyeux et la radio, chante un petit air radieux
Les parapluies restent chez eux, les cannes s’en vont au bal musette
Levez la tête, les amoureux,
Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux
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