vers la même époque les Vers d’Ignatios sur Adam, qui ont pu être joués dans le cadre de
l’office.
C’est toujours à l’époque carolingienne, vers 935, qu’une abbesse allemande,
Hrotsvitha de Gandersheim, composa six pièces en prose qui imitaient le comique latin
Térence. De ces pièces une seule peut être considérée comme contenant des scènes comiques,
le Dulcitius, dont le protagoniste est un gouverneur romain qui convoite trois vierges à la fois.
Hrotsvitha a pris ses sujets dans les Vies des saints en les enjolivant parfois au moyen de
motifs folkloriques. Ces compositions ne constituent pas un échec total; mais il apparaît que
l’abbesse ne savait pas dans sa naïveté que les textes de Térence étaient destinés à la
représentation scénique; elle ne s’est probablement jamais imaginé que les siens pouvaient
être joués par des acteurs, car elle n’avait rien vu de pareil. D’ailleurs son oeuvre, ignorée de
ses contemporains, n’a été découverte qu’au XVe siècle. On attribue à Alcuin une Dispute de
l’Hiver avec l’Eté, joué par deux acteurs, l’un enveloppé de paille, l’autre couvert de verdure;
ce genre de divertissement attire l’attention sur le fait que les débats sont une forme située en
quelque sorte au carrefour des genres et que se partagent la lyrique, le théâtre et le discours
délibératif.
Un poème grec sur la Passion, le Khristós páskhon ou Passion du Sauveur du monde, du
XIe siècle, imite Euripide.
En France, de la fin du XIe siècle date le Sponsus, un mystère exécuté toujours par des
gens d’église, mais auxquels pouvaient se mêler des ordres inférieurs, voire des laïcs. La
parabole mise en scène est celle des vierges folles et des vierges sages (Mt 25, 1-13). L’empire
des cieux est semblable à dix vierges qui attendent leur époux. Cinq d’entre elles sont folles
(fol peut vouloir dire “stupide” ou “imprévoyant” en ancien français) et n’emportent pas
d’huile pour leurs lampes. L’époux s’attarde; elles s’endorment. Il arrive enfin, et les vierges
folles disent aux sages: “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent”. Devant le
refus des compagnes, elles sont obligées de se rendre chez des marchands, et à leur arrivée
l’époux mystique s’est déjà enfermé avec les autres dans la chambre nuptiale. Son refus
catégorique (Amen dico, vos ignosco - “En vérité, je ne vous reconnais pas”) signifie la
damnation éternelle, et en effet des acteurs figurant les diables agrippent les vierges folles et
les précipitent en enfer. Les dix vierges sont analogues à l’humanité, dont une partie sera
sauvée et acceptée dans la présence du consolateur. L’huile est, pour les commentateurs du