Dossier de Présentation
REGARDE, MEURS, SOUVIENS-TOI :
TROIS MOMENTS DE LA VIE D’UNE DÉPORTÉE À
RAVENSBRÜCK "®
Jean-Louis Bachelet > 5, rue Champollion, 75005 Paris - Mobile : 06
11 38 69 86 Courriel: jeanlouis.b@neuf.fr
«
C’est une erreur de croire que si le public se
détourne de récits comme
celui-ci c’est qu’il en a trop entendu.
Le vrai est qu’il n’en a entendu aucun jusqu’au bout et
qu’il exige qu’on ne lui en parle plus
»
François Mauriac
Jean-Louis Bachelet > 5, rue Champollion, 75005 Paris -Mobile : 06
11 38 69 86 Courriel: jea[email protected]
ARGUMENT
L'histoire de la déportation et du génocide des juifs a ouvert un
précipice dans le continuum de l'histoire humaine. Parallèlement à
la réflexion amorcée par le monde intellectuel et politique sur
l'origine et les leçons du désastre, l'homme de théâtre, et l'artiste
en général, s'est légitimement posé la question de la
représentation d'un tel drame, puisque, comme l'a souligné
Camille Dumoulié, s'agissant de la shoah,
il faut dire l'indicible,
et faire une histoire de ce qui a brisé l'histoire même.
Le témoignage de ceux qui ont survécu n'a certes pas é
rapporté par eux dans un but
artistique
; ce qui fait
oeuvre
dans
ces cas, c'est la vérité historique manifestée dans sa nudité, sa
singularité, et sa brutalité. Que doit donc faire l'homme de lettre
quand il veut apporter sa contribution à ce qu'il est convenu
d'appeler aujourd'hui
le
travail de mémoire,
et qu'il n'a pris lui-
même aucune part à la catastrophe?
A un moment de l'histoire où disparaissent les derniers survivants
des camps de la mort, l'homme de théâtre est tenu de réfléchir
sur les limites et les conditions de la
représentation
d'un tel
sujet, lequel ne peut se prêter à aucune forme de
spectacle.
Depuis Eschyle jusqu'à Edward Bond, les écrivains de théâtre se
sont plûs à dire la cruauté humaine, et son cortège de
souffrance. Ils se sont plûs à le dire de toutes les façons
possibles, dans le but d'édifier, de terroriser, ou même de
séduire. Et bien des accents manifestés dans ces oeuvres
pourraient être repris pour parler de la shoah, ainsi le Choeur
des
Perses
d'Eschyle se lamentant sur la destruction de sa flotte
à Salamine:
«Horribles, horribles souffrances, inouïes et
déchirantes! Hélas, pleurez, Perses, en apprenant ce malheur»,
et
«Malheur! Malheur! Ainsi, à t'entendre, les corps de ceux que
j'aime, plongeant et replongeant dans les flots, roulent sans vie,
emportés dans leurs larges saies errantes!»
Les souffrances des
victimes du nazisme ne sont-elles pas elles aussi, et même très
précisemment «Inouïes et déchirantes»? Ou bien, s'agissant des
bourreaux, ne pouvons nous appliquer aux
SS
ces paroles de
Shakespeare, dans Titus Andronicus:
«Bah! J'ai fait mille choses
effroyables aussi tranquillement qu'un autre tuerait une mouche; et
rien ne me navre le coeur comme de ne pouvoir en faire dix
mille de plus».
Il est frappant de constater que l'épuisement des formes
théâtrales classiques, suggéré dans l'incendie du Wallalah
wagnérien et consacré dans l'oeuvre d'Antonin Artaud, précède de
peu ou coïncide avec la montée du nazisme en Europe. S'il est
aventureux d'établir un quelconque lien entre eux, cela suffit
pourtant à expliquer en partie l'impuissance des écritures
nouvelles à représenter l'enfer des camps. Et combien dérisoire
nous apparaît en effet de cette assertion d'Artaud: «Sans un
élément de cruauté à la base de tout spectacle, le théâtre n'est
pas possible. Dans l'état de dégénérescence où nous sommes,
c'est par la peau qu'on fera entrer la métaphysique dans les
esprits». Reflexion qui a sans doute un sens quand on traite de
sujets
mesurables,
mais qui sonne étrangement, quoiqu'en dise un
Pierre Brunel dans son pénétrant article
primo Levi et le théâtre
de la cruau
, quand des millions d'êtres ont été numérotés,
tatoués et exterminés, parce que
dégénérés
, ou
nuisibles.
Il faut dire que cela se passait juste avant le grand désastre;
Artaud fondait alors toute sa «métaphysique» sur une certaine
conception de la peste, sans se douter qu'une peste plus grave,
et de nature radicalement différente, parce qu'inventée par
l'homme, décimerait l'humanité, et rendrait caduque toute reflexion
esthétique sur la mort.
Regarde, Meurs, Souviens-toi
est écrite sur la base de plusieurs
témoignages de rescapées des camps de Ravensbrück et
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