PRÊTRES MARIÉS - CHEMINS NOUVEAUX N° 35 Numéro 32 Avril 2010 JUIN 2013 Suis-je un humaniste croyant ? 1 SOMMAIRE du N° 35 3 L’Humanisme ? Vous y croyez ? Marie-Christine et Yves Grelet 4 Je l’aime ce monde Luis Espinal Un humanisme qui se cherche Philippe De La Chapelle 5 Accueillir « Autre » Jacques Dupont 6 Humaniste croyant Joseph Navarre Vivre en homme et partager ma foi Marcel et Françoise Nicolas 7 Un musulman m’a parlé de sa vie avec Dieu Alex Bricet 9 Dire Dieu ? Jean Landry 10 Etre humaniste Marie-Josèphe Corbineau 11 Suis-je un humaniste croyant ? Bernard Corbineau 12 Engagement Jacques Musset 13 Une spiritualité qui nous mène à l’humain Pierre Abiven Communier avec le tout, l’Etre, la Vie José Arregi 14 Remettre à l’endroit ce monde à l’envers PO de Caen Etre chrétien dans la modernité Jacques Musset 14 Faire bouger l’Église catholique Joseph Moingt 15 Ils nous ont quittés Bernard Corbineau 16 Rencontre annuelle « Chemins nouveaux » d’octobre 2012 Pierre Abiven 18 Une « Internationale des prêtres mariés » - Bref historique Yves Grelet 20 La Fédération européenne Prêtres mariés Bruxelles 2012 Philippe Duchesne 21Chemins nouveaux fête ses 20 ans – Et après ? Le Comité de rédaction 22 Courrier du Brésil Rolando Lazarte Invitation à l’AG 2013 des RESEAUX DES PARVIS - à LILLE 23 Les « Bons Samaritains » Marie-Paule Défossez 24 Les enfants du silence Transmis par Plein Jour A-M Jarzac 25 A.P.R.C Procédures en cours Bernard Corbineau 26 Un autre visage d’Eglise ? Le pape François et Diaconia 27 Pentecôte une explosion d’amour Jacques Noyer 28 Invitation à la rencontre de CHEMINS NOUVEAUX à PARIS, le 6 octobre 2013 E n 1991, Bernard et Marie-Josèphe Corbineau accueillent à Gagny Pierre et Micheline Lautrey, secrétaire et trésorier de la Fédération internationale de prêtres catholiques mariés. 2 EDITO : L’HUMANISME, VOUS Y CROYEZ ? Sauf à vivre enfermés ou cachés sur une île, comment ne pas être violemment interpellés par les appels du monde dans lequel nous vivons ? Près de nous, la crise : paradis fiscaux pour les uns, enfer pour les autres ; violences du chômage persistant, de la misère, de l’insuffisance des logements ; marché florissant des drogues et des armes ; litanie des « affaires » d’hier et d’aujourd’hui ; scandales financiers et sexuels, y compris dans l’Eglise ; récupérations ambiguës de la loi sur le « mariage pour tous » ; montée des intégrismes … Les droits de beaucoup de femmes, d’hommes, d’enfants du monde sont en danger. A l’extérieur : guerres au Mali, en Syrie, etc … Même le climat est détraqué : la pluie a noyé les six premiers mois de 2013… Même la nominationsurprise d’un nouveau pape, différent et ambigu, ne réussit pas à chasser les nuages ! Locataires d’une planète incertaine, nous sommes pour beaucoup dans le brouillard. Pour lutter concrètement contre ces crises multiformes, les décisions et les moyens politiques ne suffisent plus. L’intensification de la lutte contre la misère s’impose. Mobilisation générale ! Tous les humanistes sont appelés à s’engager concrètement ! Tous n’ont pas oublié l’appel de l’Evangile : « Lève-toi et marche !», ni celui de Stéphane HESSEL à s’indigner. Beaucoup se lèvent, se mettent en marche. La résistance s’organise. Sont prises des initiatives humanitaires nombreuses, de toutes les couleurs, multiformes : ONG, organismes caritatifs, Associations multiples : Emmaüs, restos du cœur, ATD Quart-Monde, CCFD, Secours catholique, Secours populaire, RESF, Aide aux devoirs, micro réalisations, etc.. « La fraternité n’est pas une option, c’est une nécessité » déclare le rassemblement chrétien « Diaconia » à Lourdes 2013. Un autre monde « respire déjà ». Il nous inquiète parfois, faute de comprendre qu’il est une chance inouïe. Avec les femmes et les hommes d’action, de réflexion, de foi, directs, compétents, nous sommes invités à la vie, à l’audace, à l’espérance, à la rencontre avec les autres et avec nous-même. Avec l’Autre. En partageant la vie des hommes d’aujourd’hui, les mains, les yeux et le cœur ouverts, nous décidons, comme le « Bon Samaritain, de vivre le « sacrement du frère ». Marie-Christine et Yves GRELET 3 JE L’AIME CE MONDE Qu’est-ce qui t’a pris, Seigneur, de créer un monde pareil ! Ce monde où résonnent les mots de précarité, chômage, licenciement, maladie, peur, violence … Et pourtant, Seigneur, je l’aime ce monde. C’est dans ce monde que tu m’appelles à naître, à me compromettre, à me laisser réveiller par ces cris : liberté, dignité, justice, solidarité, fête, réconciliation … C’est dans ce monde que tu nous appelles à créer, à innover. C’est dans ce monde qu’à ta suite, nous voulons prendre des risques, tâtonner, marcher sans connaître toujours le chemin, chemin de douleur … sans doute, mais chemin d’humanité, chemin d’enfantement, chemin de naissance, chemin d’incarnation. Luis ESPINAL(Bolivie) UN HUMANISME QUI SE CHERCHE Le Catholicisme, par sa vocation d’universalité, et sa conception d’un Dieu Père aimant toutes les créatures humaines, a contribué à faire connaître les « Droits de l’Homme. », dans leur conception universelle manifestée en 1948 aux Instances des Nations Unies. Pendant près d’un demi-siècle, je me suis efforcé, à travers deux publications à l’intitulé volontairement similaire : « La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et le Catholicisme » (mars 2011. Ed. Persée) de montrer leurs implications réciproques. Il est temps, maintenant, d’aller plus avant en reconnaissant dans « Jésus de Nazareth » un homme exemplaire et universel, profondément religieux et divin, qui, loin de distendre les avancées d’autres religions, tend à les parfaire et permettre « une hominisation plus complète dans l’attente d’un nouveau siècle lui aussi perfectible ». Le progrès de notre civilisation dépend de cette prise de conscience de cette « fraternité humaine » prêchée courageusement par « Jésus », et par tous ceux qui, à travers les diverses civilisations et religions, ont porté un message identique avec des perspectives que nous appellerons « providentielles » même si elles tardent à être reconnues. Il y a nécessairement une nouvelle perception de l’homme dont nous tentons, ô combien laborieusement, de promouvoir l’enfantement dans ce siècle si plein d’inquiétude ! Philippe DE LA CHAPELLE 4 ACCUEILLIR … « AUTRE » Accueillir un enfant, c’est laisser la place à « Autre ». Il nous rend attentifs, à ses pleurs, à ses cris, Mais il nous ouvre aussi à l’amour, au partage. Rien n’est plus comme avant, c’est un bouleversement. Noël est un message de Vie et d’Espérance, D’écoute et de présence qui ouvrent à l’existence Les « sans voix isolés » cherchant reconnaissance Et qui, par leurs rencontres, à nos vies donnent sens. Noël est un silence pour entendre en nos cœurs, Au-delà du clinquant et des bruits de ce monde, Ce qui se vit caché et ce qui se chuchote : Peurs, révoltes et tendresse, nuits profondes et lumière. Incroyants, religieux, nous sommes tous invités, En ces temps difficiles, à offrir la chaleur D’un geste fraternel qui réchauffe les cœurs, A vivre des rencontres riches d’humanité. Que nos cœurs soient des crèches où rayonne une flamme Celle que nous générons, celle que nous recevons… Noël, Bonne Nouvelle. Joie pour l’année Nouvelle. Jacques DUPONT 5 « HUMANISTE CROYANT » L’appellation qui exprime le mieux notre être et notre agir évangélique Un jour, il y a déjà presque 10 ans, une appellation a surgi dans notre groupe de recherche pour exprimer notre définition chrétienne : HUMANISTE CROYANT. Humain croyant. Le croyant spécifie l’humain. Mais quel croyant ? Celui que Dieu cohabite spirituellement en lui dans l’aide au gouvernement de sa vie humaine au niveau de sa conscience. Désormais l’Esprit marche avec lui comme Jésus avec les compagnons d’Emmaüs. Cette définition est immédiatement approuvée et depuis elle dit notre identité. Elle nous est apparu fédérer 2 convictions : notre humanité et notre foi. Humain Croyant. « Catholique » dit membre de l’Eglise catholique, dont toutes les prescriptions et l’histoire ne nous nous enthousiasment pas sur tous les points, notamment humains. «Chrétien » exprime un lien avec l’Evangile et la personne de Jésus. « Humaniste croyant » signifie, pour nous, que l’Esprit contribue par son action spirituelle interne à orienter vers un monde en humanisation auquel nous sommes appelés à jouer notre contribution. Joseph NAVARRE VIVRE EN HOMME ET PARTAGER MA FOI C’est par son Incarnation que Jésus, Fils de Dieu, a rejoint l’humanité pour l’ouvrir à la Vie. Incarnation parmi les pauvres pour manifester une attention privilégiée aux humbles, aux petits, aux laissés pour compte … Avant mon ordination j’avais opté pour la spiritualité pradosienne pour me mettre au service des plus défavorisés de la société. J’ai commencé ma vie de prêtre avec les rappelés lors de la guerre d’Algérie, hommes désemparés de quitter leur épouse, leur enfant tout jeune, leur métier, et qui m’ont demandé de dire la messe avec eux, pour eux, dans ce train spécial, le dimanche où nous partions vers l’inconnu algérois … J’ai poursuivi ma vie de prêtre dans le bassin minier avec l’Action Catholique et, en priorité, la JOC et l’ACO. Quelques années plus tard ce fut dans les cités minières de L… , le 9, le 12, le 14 … A cette époque, pour vivre davantage la solidarité ouvrière , comme plusieurs de mes confrères, j’ai pris un travail à temps partiel de vendeur de primeurs sur les marchés de L… et d’A…., puis de chauffeur de bus scolaire, 6 essentiellement , en « extra » … Avec le Concile Vatican II, un nouveau souffle a rempli l’Eglise ; comme beaucoup de mes confrères, j’y ai mis toute mon espérance. Mais peu à peu je me suis aperçu qu’il s’étiolait et que l’Eglise nous abandonnait. Alors, le partage de vie avec les hommes et les femmes de notre temps a pris chez moi une autre forme en revenant à la vie civile et par le mariage, et donc avec la nécessité de trouver un emploi et même de faire une formation professionnelle. Aujourd’hui nous essayons, en couple, de vivre nos engagements familiaux, professionnels et associatifs, de quartier, en vérité comme Jésus, charpentier à Nazareth jusqu’à 33 ans … C’est, au quotidien, l’accueil des autres, l’écoute, le service, le dépannage, en fonction des besoins et des opportunités, à l’occasion d’événements joyeux ou plus douloureux … Aujourd’hui nous essayons de vivre en communauté de foi notre baptême et donc de nous sentir envoyés aussi pour rendre compte par notre vie et parfois par la parole de la Bonne Nouvelle de l’Evangile. De là notre présence dans un atelier de réinsertion en quartier défavorisé , dans des comités d’entraide pour Françoise, chacun de nous dans le CCAS de communes voisines, auprès de personnes en maison de retraite, dans la préparation et la célébration de funérailles, etc… Personnellement, cette parole choisie pour mon image d’ordination en 1956 ne m’a jamais quitté et, je crois, reste le fil conducteur de ma vie : « Père qu’ils te connaissent et ton envoyé, Jésus-Christ. » Je ne fais pas de théorie sur l’engagement de l’homme et du disciple de Jésus. Chacun le vit selon l’appel qu’il ressent, avec sa générosité, avec ses limites. L’essentiel est de vivre dans la confiance en un Dieu d’Amour qui appelle chacun par son nom. Marcel et Françoise NICOLAS UN MUSULMAN M’A PARLE DE SA VIE AVEC DIEU C’était dans un village des Hauts-Plateaux présahariens où je venais chaque mois pour le service religieux de quelques familles d’alfatiers, des chrétiens immergés dans une population musulmane. Il me fut donné d’y rencontrer un saint homme de l’islam. Sorte d’anachorète, il vivait pauvrement dans son gourbi. Il ne sortait plus de chez lui, mais recevait qui avait besoin de ses avis. Il mangeait la nourriture qu’on glissait sous ce qui lui servait de porte. Il la partageait parfois avec plus pauvre que lui. Il passait son temps dans la prière. Il pratiquait la "lectio divina" dans le Coran. Un jour, alors que j’étais de passage dans ce village, on me fit savoir qu’il avait manifesté le désir de me rencontrer. Jusqu’alors, j’ignorais son existence. On 7 me conduisit à son gourbi et il m’introduisit en observant le rite de l’hospitalité : "Qui es-tu ? " – "Un hôte de Dieu." - "Sois le bienvenu". La porte s’ouvrit, il m’embrassa sur l’épaule et me fit asseoir sur le sol recouvert d’une couverture usagée. Il m’attendait car tout était préparé pour faire le thé. Il savait qui j’étais. Il me demanda si je priais et comment je priais, si je méditais l’Evangile qui, d’après ce qu’en disent les musulmans, avait été donné par Dieu au prophète Jésus. Il n’essayait nullement d’entamer la polémique habituelle chez les musulmans sur la conception de Dieu, la Trinité, la nature ou la mort de Jésus… C’était un homme de foi, un mystique, qui recevait un croyant sans aucune intention de le convertir à l’islam, mais qui souhaitait lui parler de son expérience spirituelle et de l’entendre parler de sa propre expérience spirituelle. Il m’a aussi demandé si j’étais marié et si j’avais des enfants. Je lui ai répondu que je ne l’étais pas puisque mon Eglise ne le permettait pas. Sa mimique le dispensa de commentaire, mais je savais que pour lui comme pour ses coreligionnaires, le célibat n’était pas un état normal et qu’il n’était pas agréable à Dieu. Lui-même, en bon musulman, s’était marié et avait des enfants. Il ne m’en dit pas plus sur sa famille. Maintenant il consacrait sa vie à l’adoration du Dieu miséricordieux. Ce jour-là j’ai été évangélisé par un musulman qui m’a parlé de sa relation à Dieu comme je ne l’aurais sans doute jamais fait moi-même avec lui. Au bout d’un long moment, il me remercia. C’était une manière délicate de me faire comprendre que l’entretien était terminé et que nous allions nous quitter. Je me suis alors levé. Il s’est levé lui-même. Nous nous sommes embrassés et je suis sorti en gardant dans mon cœur les paroles de sagesse que j’avais entendues lors de ce long entretien. Je m’en souviens encore aujourd’hui, m’émerveillant de l’action de l’Esprit là où je ne l’attendais pas. N.B. : Notre évêque n’hésitait pas à dire qu’en pays musulman, des familles chrétiennes avaient un rôle que ne pouvaient avoir des célibataires. Avant le Concile, il était allé trouver le Pape Jean XXIII. Celui-ci, ayant vécu en Turquie, savait que le clergé oriental marié, loin d’être un « sous-clergé », avait un rôle important dans le monde musulman.Mais face aux pressions de son entourage, il ne put que répondre : "Non possumus !" Alex BRICET 8 « DIRE » DIEU ? J’ai, depuis quelques années, souvent exprimé ma difficulté à « dire Dieu », avec quel langage et dans quelles formules pour être entendu et compris de nos contemporains, mais aussi mon souci constant d’être témoin de la foi. J’ai hérité de mon enfance la foi traditionnelle ancrée sur les croyances enseignées, en questions /réponses dans ce qu’était alors le catéchisme. Du petit séminaire, qui ne m’a pas laissé que de bons souvenirs, je garde le goût de la méditation. Le grand séminaire m’a surtout apporté le matériau qui a meublé et charpenté ma foi dans l’étude de la Bible et de la Tradition. De tout cela je m’accommodais sans conflit intérieur qui puisse remettre en cause la foi de mon enfance. En 1956, l’ordination sacerdotale toute fraîche trouva en moi un terrain neuf et dynamique où purent s’épanouir les premières années de ma mission. J’ai vécu douloureusement les dissensions internes à l’Eglise entre adhérents et opposants à Vatican II. En mai 1972, après une longue grève de 28 jours, je fus licencié du journal Sud Ouest où je travaillais comme correcteur. Je dus m’exiler pour un an. Ces événements allaient aussi durablement influencer ma vie. Mai 68 avait laissé sa marque, y compris dans l’Eglise : la mode était aux grands débats, à la parole libre et les idées foisonnaient. Ce fut la grande époque de la théologie de la libération. Enfin, mon mariage en octobre 1975 : toutes choses qui ne furent pas sans conséquences dans ma vie de foi. Les événements de la vie, et plus précisément le contact quotidien avec ces copains de travail ou de syndicat faisant profession d’athéisme mais n’arrêtant pas d’interroger et de chercher, ont fait évoluer ma façon de dire Dieu. J’ai aujourd’hui la certitude que notre Dieu unique est à plusieurs visages. L’espérance qui m’habite, c’est que un jour il n’y aura plus de chrétiens, d’islamistes ou de protestants, voire de bouddhistes, plus de Romains ou d’orthodoxes, plus de croyants et d’incroyants, car toutes choses seront résolues ; la création dont nous sommes les coauteurs et ce Dieu dont nous sommes les porteurs auront trouvé leur plénitude. Là est mon espérance, là est ma foi. « Voici qu’apparut à mes yeux une foule immense … Voici que je fais un monde nouveau. » (Apoc. ch 21) Jean LANDRY 9 « ETRE » HUMANISTE ? Dans « humanisme », il y a la racine « humain ». Et, dans le dictionnaire, nous lisons : « Doctrine qui a pour objet le développement des qualités des hommes. » Il faudrait alors rechercher quelles sont ces qualités ? D’autre part nous disons que chaque homme est unique, donc différent ! Quelles sont donc les qualités qui se retrouvent dans chaque être humain ? Depuis l’origine l’homme s’est constitué des règles pour que sa vie en société soit vivable. En effet l’homme ne peut pas survenir tout seul à ses besoins. Si nous sommes uniques, nous sommes aussi complémentaires. Si nous regardons les hommes face à la nature et aux animaux, nous constatons que l’homme est capable de penser, d’organiser, de tirer parti de se qu’il découvre. Il est capable de liberté et, en même temps, les règles d’organisation de sa société lui imposent le respect des autres. Il ne peut donc pas faire tout ce qu’il veut. Le respect lui demande d’accepter l’autre différent de lui, n’ayant pas les mêmes besoins, n’évoluant pas à la même vitesse, n’attachant pas la même importance aux objets, aux règles, aux relations, aux différents groupements, qu’ils soient politiques religieux ou philosophiques. Etre humaniste, dans ces conditions, n’est-ce pas être présent à la vie que nous choisissons de mener, laissant les autres mener la leur en étant toujours prêt à aider ou à conseiller quand les autres nous en font la demande ? Pour ma part, c’est ce que j’ai essayé de faire dans ma vie personnelle en cherchant à comprendre la vie, en aidant mes élèves à aller vers l’essentiel et maintenant en rendant service quand je le peux, suivant mes compétences. Il y a un point que je n’ai pas développé : c’est l’énergie que nous véhiculons chacun et qui interagit pour créer le monde que nous vivons ou désirons. Marie-Josèphe CORBINEAU 10 SUIS-JE UN « HUMANISTE CROYANT » ? « Parcelles de Divin », nous sommes incarnés (êtres humains) pour faire une expérience humaine sur la Terre et être, qui que nous soyons, expressions de Dieu sur cette Terre. Au cours de l’Histoire, notamment par ses Avatars, Dieu s’est révélé à l’Humanité tout en restant mystérieux et insondable… et, par Jésus tout spécialement, nous savons qu’Il est AMOUR et que la foi en Lui est, en définitive, un acte d’Amour pour Lui et nos frères humains. Réfléchissant sur l’Eglise et son rôle sur la Terre, je refuse de mettre le Monde et l’Eglise sur le même plan. Ce ne sont pas deux réalités parallèles. Dieu a créé le Monde pour que nous y vivions notre humanité. Dieu est présent dans le Monde, même s’il n’y a pas d’Eglise ou de Religion. L’Eglise n’est qu’un moyen d’aider le Monde et l’Humanité à se réaliser selon le plan divin… Jésus n’a fondé ni Religion ni Eglise ni Etat Pontifical ; cette fondation a été faite par des humains, fussent-ils papes ou empereurs… Ces « églises » ont été le fait des Humains s’inspirant du message de Jésus, mais, tout en rendant d’immenses services à l’Humanité, ont trop souvent abouti à des dogmes et des règles disciplinaires, des diktats et des interdits, des institutions et des attaches matérielles, des « Etats pontificaux » inacceptables et scandales en notre XXI° siècle *. Personnellement j’ai quitté le « giron » de cette Eglise catholique romaine dont on m’avait pourtant enseigné qu’elle était ma mère ( ?). En fait n’est-ce pas Dieu lui-même qui est Mère autant qu’Il est Père ? Comme je l’ai déjà écrit, je ne chemine plus avec elle comme d’ailleurs avec aucune autre. Ayant quitté il y a 43 ans le ministère presbytéral dont les conditions d’exercice devenaient pour moi de plus en plus difficiles à vivre…j’ai refait ma « théologie » avec l’aide d’un organisme philosophique et mystique non religieux (AMORC) et j’essaie aujourd’hui d’avoir, en même temps que des activités de service et d’entraide dans le Monde, une vie spirituelle et mystique assez forte… J’espère être un « humaniste croyant sinon chrétien »… Tout en souhaitant, pour ceux qui ont besoin d’elle, que cette Eglise se donne les réformes nécessaires à sa mission, je me demande s’il ne faudrait pas la laisser « mourir », ou au moins ses Hiérarques qui bloquent son évolution, pour trouver d’autres chemins de vie humaine selon le Message de Jésus ? Pourquoi des « institutions ecclésiales » alors qu’il existe des institutions humaines qui visent le même but d’entraide, de solidarité, de secours, de loisirs, de culture, de gouvernance, de spiritualité ? Ne serait-il pas préférable que les « chrétiens » soient plus présents dans ces institutions du Monde Humain pour y travailler dans 11 l’esprit de Jésus et y vivre et y semer l’Amour ? Bâtir une « Humanité » indépendante des églises et des religions mais animée de l’Amour évangélique ! Oui pour des Communautés évangéliques et sans doute une structure, indispensable mais discrète, même si elle doit être universelle. Alors comment ? En ce domaine notre bulletin CHEMINS NOUVEAUX se voudrait le lieu d’expressions de cheminements et d’expériences aussi diverses soient-elles pour partager, alerter, éveiller, aider si besoin. Bernard CORBINEAU * AH ! Si un jour le pape, abandonnant son Pouvoir, son « Etat pontifical », ses fastes… et sa papa-mobile, avait l’audace évangélique d’aller « à dos d’âne » rencontrer ses frères humains ! Cela ne changerait pas l’Humanité en un tour de main, mais serait sans doute un pas important pour retrouver le vrai message de Jésus… pour nous aider en tant qu’humains à devenir des « humanistes croyants ». ENGAGEMENT Le véritable engagement n’est pas l’obstination à réaliser un projet coûte que coûte. Car les aléas de la vie, les prises de conscience, les rencontres conduisent de toutes manières à le modifier, à le vivre autrement, voire à bifurquer sur des voies imprévues. Le véritable engagement est celui d’une vie qui s’efforce d’entendre les exigences intérieures qui montent à la conscience. Elles ne coïncident pas forcément avec ce que l’autorité dit, avec ce que la loi déclare, avec ce que les habitudes sociales imposent. Le véritable engagement renvoie chacun au plus intime de lui-même, dans un souci de vérité et d’authenticité. Ce n’est pas un chemin de facilité mais une voie exigeante. Le véritable engagement d’une vie peut très bien s’allier à des changements extérieurs de parcours ; seule la personne concernée sait et peut dire ce qui fait l’unité de son existence. Le véritable engagement est celui qui se prend dans la lucidité, d’une manière responsable. Il ne craint pas le qu’en dira-t-on, les reproches, les calomnies. Le véritable engagement est libre des pressions extérieures et intérieures (dont la culpabilité). Sa source est la fidélité à sa conscience après mûre réflexion. Le véritable engagement libère des schémas tout faits et appelle chacun à tracer sa voie personnelle et singulière qu’il est seul à identifier et choisir. Le véritable engagement se reconnaît à la longue par ses fruits d’humanité et aussi par la paix et la joie intérieure. Jacques MUSSET 12 UNE SPIRITUALITE QUI NOUS MENE A L’HUMAIN A 80 ans passés, j’essaie de ne pas me laisser écraser par l’irruption de ce monde nouveau. Je me tiens à l’étroit et j’attends la Jérusalem nouvelle… Nous portons un Trésor, quelle chance ! Je n’ai pas de relation avec l’Eglise Institution. Les dogmes ne m’intéressent que dans la mesure où ils redonnent à toute personne humaine sa dignité. « Préférer défendre la dignité de sa vie, plutôt que sa vie », disait E. Mounier. Pour moi, toute religion, quelle qu’elle soit, doit nous conduire à une spiritualité qui mène à l’humain : « Dieu a foi en l’homme » (M. Bloch Lemoine). Ce qui me manque : une communauté qui m’aide à entretenir le feu divin présent en chacun de nous, et à chanter avec le flûtiste invisible, l’Espérance, la Joie, l‘Amour qu’il a déposés en chacun de nous. L’essentiel est de réussir notre aventure humaine animée par un élan intérieur. « Va, relève-toi ! » C’est la Bonne Nouvelle du chemin toujours nouveau. Pierre ABIVEN COMMUNIEZ AVEC LE TOUT OU AVEC L’ ETRE OU AVEC LA VIE « (…) Laissez-moi vous parler de la messe. Ou plutôt, laissez-moi vous parler de quelque chose de plus simple, d'un simple repas. Et laissez-moi vous dire que chaque fois que vous mangez et buvez, vous communiez avec l'autre, avec la Terre, avec l'Univers tout entier. Chaque bouchée que vous mâchez et chaque goutte que vous absorbez est un geste sacré: vous communiez avec le Tout ou avec l'être ou avec la Vie. Vous communiez avec la grande Communion ou le Mystère de Dieu. Vivre, c'est vivre ensemble. Etre, c'est inter-être. Il en va ainsi de chaque repas, et la messe n'est pas autre chose. La messe n'est rien de plus, car il ne peut y avoir rien de plus grand qu'un simple repas. Simplicité et plénitude se confondent. L'ordinaire et le naturel c’est le plus sacré. Chaque fois que vous mangez, faites-le avec une profonde gratitude et un profond respect pour ce que vous mangez, et compassion pour ceux qui ne peuvent manger. C'est ainsi que mangeait Jésus de Nazareth. Sa religion était la religion du repas, encore que, en réalité, il ne fonda aucune religion, et il rompit même avec sa propre religion dans tout ce qui empêchait les gens de manger tous ensemble, qui imposait des jeûnes, déclarait impures certaines denrées et interdisait de partager la table avec les dénommés pécheurs, qui quasiment toujours étaient les pauvres. (…) José ARREGI 13 NOS LECTURES « REMETTRE A L’ENDROIT CE MONDE A L’ENVERS » par 5 Prêtres ouvriers (retraités de Caen, déjà auteurs de « La sortie de religion, est-ce une chance ? ») aux mêmes Editions GOLIAS – 14 € : [email protected] . « Qu'est-ce qui a motivé les premiers groupes chrétiens pour trouver de l'intérêt au message de Jésus ? C'est la prédication du Royaume. Mais qu'est-ce que cela voulait dire pour eux ? Nous essayons d'en parler le plus simplement possible, mais nous sommes quand même obligés de faire des efforts pour comprendre ce que recouvre ce terme, car nous ne sommes plus au 1er siècle et nous ne pouvons pas faire l'impasse sur la mentalité apocalyptique qui les imprégnait…. Que veut dire ce message du Royaume pour nous aujourd'hui ? Après avoir apporté des précisions sur le contexte actuel de sortie de religion, nous essayons d'expliquer que nous sommes bien dans une même volonté que les premiers chrétiens, à savoir « remettre à l'endroit ce monde à l'envers »… Passionnés par ce message toujours actuel pour nous, nous parlons de certaines de nos pratiques cultuelles en sortie de religion. La prise d'autonomie de l'homme nous amène à parler de la question de la sexualité… Et c'est par l'espérance d'un monde nouveau auquel nous travaillons et auquel nous aspirons que se termine ce livre ». « ETRE CHRETIEN DANS LA MODERNITE » par Jacques MUSSET Réinterpréter l’héritage pour qu’il soit crédible - aux éditions GOLIAS – 14 € Prêtre marié, Jacques Musset a été successivement aumônier de lycée, animateur de groupes bibliques, formateur à l’accompagnement des malades en milieu hospitalier. Il a écrit plusieurs livres sur l’aventure spirituelle. Ce livre est une analyse critique de la doctrine officielle de l’Eglise catholique qui prétend exprimer 14 la Vérité divine. Son auteur la conduit avec rigueur en montrant comment et dans quels contextes religieux, culturels et politiques elle s’est constituée. Il propose des voies alternatives, cohérentes avec le message et la pratique de Jésus et enracinées dans la culture de la modernité actuelle. Car la fidélité n’est pas répétition, mais recréation permanente. Ce livre est constructif. Il est né de questions que se pose l’auteur depuis plus de 40 ans et qui sont partagées par de nombreux chrétiens : comment est-il possible de réinterpréter l’héritage venu du Nazaréen pour qu’il soit Bonne Nouvelle aujourd’hui ? La culture actuelle n’est plus celle d’hier. L’évangile débarrassé d’un carcan doctrinaire, dogmatique et moralisateur. A quelles conditions ? Selon quelles exigences ? D’actualité ! « FAIRE BOUGER L’EGLISE CATHOLIQUE » Joseph MOINGT, 97 ans - DDB, 2012 - 192 pages, Joseph Moingt « a acquis la conviction qu’un recentrage sur l’Évangile plutôt que sur la religion est nécessaire pour que l’esprit évangélique puisse être entendu du monde actuel. » On peut lire dans l’introduction de l’ouvrage : « Cela exigerait une profonde mutation de l’Église afin de libérer l’expression responsable de sa base, c’est-à-dire de l’ensemble des fidèles. Or la notion de sacerdoce s’y oppose – telle qu’elle est actuellement définie – car elle maintient un monopole des clercs sur la vie d’une Église trop centrée sur le culte. » Loin de se résigner, Joseph Moingt ouvre des pistes pour que l’Église retrouve un nouvel élan. Qu’il s’agisse de « promouvoir des vraies communautés d’Évangile, en allégeant l’institution », d’« offrir aux femmes une place digne de ce nom », ou encore de « revenir aux grandes intuitions du concile Vatican II ». Encore quelques extraits significatifs : « Il est vain de penser que l’Église puisse changer ses structures : il lui faudrait se déjuger sur trop de points capitaux à ses yeux. » « Il est impossible que le pouvoir suprême de l’Église aille à l’encontre de la tradition qui l’a mise en place, et a-t-on jamais vu où que ce soit une administration se saborder pour se réformer ? » « Une société qui ne produit plus de prêtres est une société qui ne désire plus se reproduire sur le modèle de son passé religieux ». « Quand on aura renoncé à ces vains espoirs, il paraîtra évident que le changement ne pourra venir que d’en bas, et quand des laïcs chrétiens l’auront amorcé, poussés par le Souffle de l’Esprit, l’ensemble de l’Église saura y reconnaître la voie de son salut. » « La société aussi, l’Esprit nous en donne l’espérance. Car elle n’a rejeté si globalement le christianisme que sous son visage religieux et autoritaire, qui voilait sa réalité évangélique. » S’agit-il, prioritairement d’évangéliser à nouveau, ou d’évangéliser d’une nouvelle manière qui ne soit pas la restauration de pratiques inadaptées au monde d’aujourd’hui ? François VERCELETTO 15 ILS (ELLES) NOUS ONT QUITTES Jeannette NOYER ; Agnès GUILLET; Carmen MUNOZ, Marcel KAEMERRER, François du PLESSIS ont quitté notre Terre… Tout en les gardant présents dans nos cœurs, nous leur souhaitons de continuer leur chemin vers la Grande Lumière… A vous, Olivier, Henri, Jaime, à Elisabeth, à Thérèse, nous disons notre fraternelle union et nous les espérons dans la PAIX. Rencontre annuelle « CHEMINS NOUVEAUX » Paris Octobre 2012 Le 7 octobre 2012, au 78A rue de Sèvres à Paris, nous étions 34 participants, plutôt âgés. 45 amis absents avaient donné de leurs nouvelles à cette occasion. Nous avons écouté Michel Bloch-Lemoine, auteur de l’ouvrage « Chrétiens et athées, vers un humanisme commun ; ce temps est venu ». Préface de Gabriel Marc. (15 € éditions du Cygne ) L’exposé de Michel fut brillant et le débat qui suivit court et houleux… L’espérance. - Au terme de son itinéraire riche et varié, Michel n’a pas de réponse à la question « Qu’est-ce que Dieu ? », mais il a foi en Jésus comme exemple d’humanité, et foi en l’homme. Sa foi est une espérance. Plus qu’une certitude, c’est la volonté de transformer le monde, qui ne peut être opératoire que si l’on espère en l’homme, seule façon de se rapprocher de Dieu, car Dieu veut diviniser l’homme. Dieu a foi en l’homme. Où conduisons-nous notre monde ? Si l’on peut aider la mondialisation à faire naître les prémices d’un humanisme universel, alors apparaissent des lignes d’espérance. Michel espère en une solidarité planétaire. 16 Comment être chrétien aujourd’hui ? Ce temps est venu. - Le temps est venu de restaurer en politique les valeurs solidarité, de justice sociale, de redistribution équitable des richesses. Le temps est venu de réunir croyants et incroyants dans un même humanisme, en valorisant la dignité humaine, la solidarité planétaire. L’Eglise catholique d’aujourd’hui est-elle capable d’être le ferment d’un tel humanisme ? peut-elle remettre en cause ses dogmes, ses pratiques, ses rites, au bénéfice d’une Bonne Nouvelle actualisée, sel de la terre, lumière du mode ? Michel ne le croit pas. Et demain ? Une Eglise meurt… une autre Eglise doit naître. Elle naîtra sous la forme de nouvelles communautés à taille humaine, dé cléricalisées : qui croiront à la force de l’Evangile et de l’Esprit dans la mutation actuelle du monde ; qui rendront la Parole de Jésus actuelle et significative ; qui développeront une théologie du sens (J. Moingt) ; qui seront liées entre elles, dans la diversité et non dans l’uniformité. Ces communautés aideront à mieux agir le projet de Dieu, en valorisant la solidarité universelle, fondée sur l’imprescriptible dignité de la personne humaine, seule valeur capable de sceller le compagnonnage des croyants et non-croyants. Elles manifesteront la fonction prophétique de l’église. Elles seront des pierres d’attente, des semences que nous, les anciens, laisserons à nos jeunes, avenir de ce monde. Voilà son espérance ! Qu’est-ce que Dieu ? - C’est l’ultime question de l’exposé de Michel. Nous, les hommes, sommes mêlés à ce point au projet de Dieu, que Lui-même ait à « s’accomplir en même temps que nous ». La réalité que nous appelons Dieu, estelle en évolution, en expansion, comme c’est le cas pour l’univers ? Michel mourra curieux. Naturellement, une telle confession souleva beaucoup de questions et d’oppositions dans l’auditoire, partagé entre : ceux qui reconnaissent l’état des lieux, la paralysie de l’Eglise institutionnelle face à la mutation du monde, mais hésitent à faire le pas pour « renverser la montagne » ; ceux qui refusent toute mutation dans l’Eglise et pour qui les encycliques du pape Benoît suffisent à mettre les pendules à l’heure ; ceux qui ne reconnaissent plus l’Eglise institutionnelle et se considèrent comme « chrétiens en sous-sol » ; ceux qui créent des communautés de base et veulent vivre le mystère de l’Incarnation en suivant Jésus, « l’être d’horizon, qui est dans la rue » (Bessière). L’animateur fit sereinement face à quelques oppositions et questions vives». Michel devait penser comme cet imam qui déclarait : « Tu es d’accord avec moi ? Alors tu es mon frère ! Tu n’es pas d’accord avec moi ? Alors tu es doublement mon frère, car tu m’ouvres une nouvelle porte ! »… Un grand Merci à Michel ! Pierre ABIVEN 17 Les étapes d‘un «MOUVEMENT MONDIAL» des prêtres mariés Bref aperçu historique Dans les années soixante-dix, plusieurs groupes nationaux de prêtres mariés se constituent, surtout en Italie, en France, aux Etats-Unis, au Brésil et en Espagne. En août 1983, avec cinquante délégués européens, se tient à CHIUSI (Italie) le 1er « Synode universel de prêtres mariés et leurs épouses ». En août 1985, le 2è Synode réunit à ARICCIA (Italie) 150 délégués sur le thème de « la compatibilité de deux sacrements : Ordre et Mariage ». Il y est décidé de constituer une fédération Internationale de toutes les organisations de PM. Le 25 Mai 1986, à PARIS, est constituée la Fédération Internationale de Prêtres catholiques mariés (FIPCM), les groupes reliés gardant leur entière autonomie. 1987 ARRICCIA : 1er Congrès International. 130 délégués des différents groupes interviennent sur les thèmes suivants : Eglise, Mariage, Travail, Engagement. Ce congrès essaie d’être « concret » et « pastoral ». - 1990 DOORN (Pays-Bas) : 2è Congrès International. Son thème : « A Monde Nouveau, Ministère Nouveau » 1993 MADRID : 3è Congrès International. « Les Prêtres Mariés au service du peuple de Dieu » - 1993 : Edition par la FIPCM d’une plaquette de 40 pages : « L’Eglise et les prêtres mariés » – Dix années de réflexion (1983 – 1993) présentant le mouvement des PM dans le monde ; les statuts de la FIPCM ; le message adressé au Pape JP2 et à l’Eglise – Quatre documents de Congrès : théologiques, canoniques, pastoraux, Appel au Peuple de Dieu. – Vingt prises de positions d’évêques sur le célibat ou la compatibilité sacerdoce et mariage – dont l’intervention de Jacques Gaillot à Lourdes, le 25/10/1988 : « Pourquoi ne pas accorder la dispense de célibat à des prêtres qui en font la demande dans un souci de communion à l’Eglise ? Jusqu’à quand se privera-t-on du ministère des prêtres mariés qui restent disponibles pour un service d’Eglise . Pourquoi fermer les yeux sur des situations pastorales où les besoins sont ressentis comme un cri ? … L’absence de prêtres contribue à effacer des consciences la signification symbolique et structurelle du ministère ordonné pour la foi de l’Eglise. Pourrons-nous longtemps encore gérer la pénurie, trouver des solutions de retardement sans faire droit aux besoins du peuple de Dieu ? » Voir la liste complète des témoignages et livres écrits en français par ou sur les prêtres mariés sur le site : http://www.pretresmaries.eu/en/Reading_List.html Yves GRELET Les petits graphismes qui illustrent ce N°35 ont été réalisés pendant la « Fête de la solidarité » avec ATD-Quart-Monde, à Bezons, en décembre 2012. 18 19 OU EN EST LA FEDERATION EUROPĖENNE DES PRETRES MARIES ? Les 6 et 7 juillet 2012, nous nous sommes retrouvés à dix, dont deux femmes, à Bruxelles : un délégué d’Allemagne, un d’Autriche, trois de Belgique, trois de France, et deux d’Italie. Les délégués d’Espagne et du Royaume Uni s’étaient excusés. Nous avons des contacts avec des prêtres mariés en Pologne, au Portugal, en Suisse (et au Pays-Bas où le groupe n’existe plus). Nous estimons qu’il est possible de produire une synthèse limitée des informations dont nous disposons sur le statut social des prêtres en paroisse. Paul Bourgeois, va réaliser un tableau pour ensuite le transmettre au conseil de l’Europe. Nous avons débattu sur une décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme : celle-ci a débouté un prêtre marié espagnol, qui avait perdu son emploi de professeur de religion parce que sa photo avait été publiée dans un journal qui relatait la réunion du Moceop (Groupe des prêtres mariés espagnols) ! La CDEH a donné raison à un état souverain … qui fait passer le Droit canon avant sa propre constitution. (Il y a des articles du Droit canon qui sont en contradiction avec la Déclaration des Droits de l’Homme, que le Vatican n’a pas ratifié puisqu’il n’est pas reconnu comme un Etat). Pierre Collet (Belgique) a été chargé au nom de la fédération de rédiger une lettre de protestation à envoyer à la Cour Européenne. (Vous trouverez les détails sur http://www.pretresmaries.eu/ ). Nous avons appris que la plainte de notre ami espagnol a été entendue, son affaire a été envoyée en recours devant la grande chambre au début de l’année 2013. Nous souhaitons toujours réaliser, dans le cadre de la célébration du 50ème anniversaire de Vatican II en 2015, une publication originale : « Quels prêtres pour quelles communautés aujourd’hui ? » Nous espérons recevoir des suggestions de différents groupes, tant sur les thèmes à aborder que les auteurs à solliciter… et le moyen de rassembler la mise de fonds nécessaires pour éditer le livre. Prochaine rencontre : Bruxelles, du 7 au 9 juin 2013. Philippe DUCHESNE 20 ANS - ANNIVERSAIRE du bulletin CHEMINS NOUVEAUX ! POURRONS-NOUS CONTINUER A Y PRENDRE LA PAROLE ? En 1986, le sociologue Julien Potel publiait « Ils se sont mariés et après ? Essai sur les prêtres mariés» (157 pages). – 21 ans plus tard, en 2007, Philippe Brand édite une étude fouillée : « Des prêtres épousent leur humanité » ( 561 pages, 28 €, Editions L’Harmattan) - dans laquelle il présente et analyse 24 témoignages de prêtres mariés. Entre les deux, et depuis, sans compter 20 les études spécialisées, plus de 100 livres écrits, seuls ou en couple, ont été publiés par des prêtres mariés français. On peut consulter cette liste de sur le site européen des prêtres mariés : http://www.pretremaries.eu/fr. Plus modestement, en 2013, ce N°35 de « Chemins nouveaux » fête les 20 ans de publication de ce petit bulletin sans prétention, d’échanges, de dialogues et d’informations. Au cours de ces 20 années, avec les moyens du bord, se sont écrites, en format A5, petit à petit, plus de 800 pages de témoignages personnels, de réflexions originales, de compte rendus et parfois de partages de lectures. Nous avons aujourd’hui une pensée particulière et un merci pour les personnes toutes bénévoles, qui ont assuré la rédaction et la réalisation de « Chemins nouveaux » : celles et ceux du tout début, et aussi ceux qui ont pris progressivement la relève : P et M LAUTREY (en photo page 2), A et M BUYCK, H et D POIGNAVENT, S et M COUDERC, A et C DURAND, P et M-T VAXELAIRE, H et F COUSIN, P et J CHOLET, G. SIDLER, Y et T GOACHET, R et B TAUVRON, M et M BRILLANT, B et M-J CORBINEAU, P et C DUCHESNE, J et O DUPONT , J et M HAREL, M et F NICOLAS, A et B de la MENARDIERE, Y et M-C GRELET… Depuis peu, certains fils ou filles de ces couples ont accepté de prendre eux aussi la parole ! Les réactions et les propositions des lecteurs – trop rares sont, elles aussi, toujours appréciées. 20 ans, c’est parfois aussi un tournant ! L’avenir de ce petit bulletin est-il assuré ou compromis ? Oui, il est compromis, si les couples de prêtres mariés plus jeunes – et ils existent – n’osent plus partager leurs réflexions, leurs contestations, leurs propositions … Ou si la relève n’est pas prise pour assurer la publication… Nous connaissons d’autres prêtres mariés dispersés dans d’autres régions de France. Certains se réunissent et réfléchissent à plusieurs. ET nous, nous vieillissons … Evidemment, «CHEMINS NOUVEAUX» n’aura plus la même raison d’être le jour où le pape François - ou, mieux, un concile rassemblant des femmes et des hommes représentatifs - décidera de mettre un terme à l’obligation du célibat concernant celles et ceux qui seraient appelés par les communautés chrétiennes à accepter un engagement particulier « au service de l’évangile dans la société ». Faut-il continuer à tisser des liens ? QU’EN DITES-VOUS ? Le Comité de REDACTION 21 COURRIER du BRESIL « Chèr/e/s amies et amis d’IMWAC, (1) Ici, en Amérique Latine, il y a des problématiques spécifiques. Pour nous la question de l’Eglise institutionnelle est d’importance secondaire. Cela doit être compris clairement : Nous ne pouvons pas admettre que l’Eglise officielle se soit compromise, comme elle le fut en Argentine, dans l’assassinat de milliers de personnes et dans la légitimation d’un système d’exploitation de l’être humain. Dans de tels cas, il faut mettre le doigt dans la plaie, et exiger, bien sûr, que les criminels paient pour leurs fautes. Pour nous, en Amérique Latine, les choses sont beaucoup plus en relation avec la justice sociale et les droits humains, avec l’emploi (étant entendu que, pour l’heure, il vous revient aussi de vous préoccuper de ces choses en Europe), avec la santé, l’éducation publique. Voilà les questions qui pour nous, LatinoAméricain/e/s, sont importantes. Si l’Eglise est du côté de la population dans ses besoins, nous serons avec elle. Sinon, du côté du peuple. Fraternellement. » Rolando LAZARTE (1)Mouvement International (28 pays de tous les continents), – Les Réseaux des Parvis y sont associés. L’Assemblée Générale des RESEAUX DES PARVIS « Chemins nouveaux » étant membre de cette Fédération d’associations NOUS VOUS INVITONS à nous contacter 1 si vous souhaitez participer à La prochaine Assemblée Générale des RESEAUX DES PARVIS qui se tiendra, cette année, à LILLE Du VENDREDI 29 NOVEMBRE AU DIMANCHE 1 DECEMBRE 2013 L’AG des Réseaux des PARVIS est, pour nous, une occasion de rencontres fraternelles, de débats, d’échanges enrichissants, d’une célébration tonique. Allez voir le site : http://www.reseaux-parvis.fr/ Abonnez-vous à la revue : [email protected] Le site du Réseau Européen Eglises et Libertés (en-re.eu.) nous informe sur ce qui se passe à l'international. Les sujets en cours sont nombreux : Conseil de l'Europe, 22 Parlement Européen, laïcité, place des femmes, questions sociales, justice, égalité, etc. sans oublier Concile 50 et d'autres questions concernant le monde chrétien. Ci-dessus : l’AG de PARVIS à St Chamond 2012 (source : site de Parvis) Extrait‘du livre à venir « Le printemps des Peuples » Marie-Paule Défossez « En mettant en valeur un Bon Samaritain, Jésus accueille parmi son peuple les hérétiques que sont les Samaritains. Il a déjà reconnu la foi d’une cananéenne et d’un centurion romain. Jésus le Samaritain distingue soigneusement les croyances de la foi. (…) « Selon les milieux sociaux, l’expérience individuelle vécue par chacun et chacune, les croyances se multiplient quasiment à l’infini. Jésus le Samaritain ne s’offusque d’aucune. Il s’en réjouirait plutôt, émerveillé devant le spectacle d’une psycho-diversité humaine, prolongement de la diversité du monde végétal et animal. En matière de croyances religieuses, Jésus est un pionnier du relativisme si détesté par Benoît XVI et des hauts responsables du catholicisme actuel. Le peuple évangélique est aujourd’hui présent dans le monde. Partout où oeuvrent de Bons Samaritains et de Bonnes Samaritaines. Ils sont très nombreux. A l’intérieur de l’Eglise catholique. Mais à l’extérieur aussi. Ils ont été exclus de l’Eglise ou s’en ressentent exclus. Ils sont protestants, orthodoxes, juifs, musulmans, bouddhistes, agnostiques, anticléricaux en diable, athées ou croyant l’être. Le peuple des Bons Samaritains est partout. Mais il demeure dispersé, complètement inconscient de son importance numérique, de son identité réelle, de sa vocation et de son efficacité possible. » 23 Marie-Paule DEFOSSEZ LES ENFANTS DU SILENCE « Les enfants du silence » est une association qui veut permettre aux enfants de prêtres de prendre la parole et qui se donne comme objectif la défense des droits de ces enfants de prêtres ainsi que du droit au mariage pour les prêtres. On parle souvent des prêtres déchirés entre leur vocation et le besoin de fonder une famille… On parle aussi des compagnes de prêtres condamnées au silence par des prélats qui les ignorent ou les culpabilisent… On commence à parler des enfants de prêtres, autres oubliés de l’histoire, qui pourront désormais être représentés en France par cette association. L’amour qui unit le prêtre et sa compagne est condamné par la Hiérarchie de l’Eglise Catholique et la sanction est immédiate : le prêtre doit quitter femme et enfant et les réduire au désespoir, ou quitter le ministère presbytéral et plonger dans le désarroi. La fondatrice de cette association, Anne-Marie, est fille d’un prêtre et d’une religieuse qui ont repris leur liberté pour vivre leur amour et fonder une famille. Compte tenu des préjugés de la Société et des interdits de l’Eglise, cette situation insolite leur a été une épreuve très dure. Elle a perdu ses parents trop tôt pour faire avec eux un travail d’analyse et de cicatrisation. Pendant des années elle a enquêté et réfléchi sur leur histoire. Sa recherche se concrétisera par récit qui paraîtra au cours de cette année 2013. Les enfants du silence : cette association vise à rassembler les enfants de prêtres, leurs familles et leurs sympathisants ; leur offrir un cadre de rencontre et d’échange en toute confidentialité et si besoin des conseils juridiques. Pouvoir parler de son vécu, partager avec d’autres peut aider la cicatrisation. Participer à la vie de l’association peut contribuer à faire évoluer la position de l’Eglise catholique romaine, la seule à imposer le célibat aux prêtres. L’opinion publique et celle de beaucoup de fidèles de l’Eglise sont favorables à ce changement. Celle liberté de choix permettrait d’éviter bien des souffrances. « Nous n’avons commis aucune faute et pourtant, nous et nos familles, nous sommes marginalisés, alors que nous sommes victimes d’une injustice imposée par le Vatican. Adhérer à l’association « Les enfants du silence », c’est faire un petit pas vers le changement…. Soyons conscients de nos droits et, pour les faire valoir, redressons la tête ! » 24 Contacts : Anne-Marie JARZAC – Résidence du Parc (Sapins B) – 38430 MOIRANS - (tél : 04 76 35 36 75 - mail : [email protected]). A.P.R.C. (Bulletin Janvier 2013) ACTIONS EN JUSTICE : des procédures sont en cours … [ www.aprc.asso.fr ] [ [email protected] ] Devant le Tribunal Administratif (TA) . Devant le Tribunal des Affaires de la Sécurité Sociale (TASS) … Devant le Tribunal de Grande Instance de Paris (TGI) une autre série d’actions regroupées par voie d’avocats a été lancée à la suite de la décision de la Conférence des évêques de France (CEF) de transformer l’allocation USM2 en une simple aide soumise à condition de ressource du foyer fiscal. L’APRC considère que cette mesure dénature l’allocation en question qui devait constituer un complément de retraite. Ceci sur la base de multiples déclarations et engagements de l’épiscopat au cours des dernières décennies. Un succès sur ce point ouvrirait la voie à l’extension d’un tel complément à tous les AMC lequel n’est, à ce jour, servi qu’aux anciens diocésains. Ces lignes sont tirées du bulletin de l’APRC de Janvier 2013. Cette association lutte toujours autant qu’en 1978 pour améliorer notre retraite CAVIMAC qui est sans doute la plus faible de toutes les retraites. N’hésitez pas à prendre contact pour vous informer et peut-être, par votre adhésion, participer à son action. LE MOT DU TRESORIER En janvier 2012, nous avions en caisse 1276,74 €, et en janvier 2013 : 1259,49 € . Les frais d'impression et de la journée d'octobre augmentent. Nous avons du mal à faire face à nos dépenses. Continuons notre effort. Merci à ceux qui ont versé un peu plus pour nous permettre d'équilibrer. Si vous souhaitez soutenir «Chemins nouveaux - Prêtres Mariés » faîtes un chèque à l’ordre de : « M. Duchesne » CCP 020.50.228.86 P. PARIS 25 adressé à l’adresse suivante : Philippe DUCHESNE, 6 rue de Bessonville, 77760 URY (tél : 01 64 24 46 62) UN AUTRE VISAGE DE L’EGLISE ? L’élection du pape FRANCOIS - Réaction d’un ami prêtre marié brésilien « Je suis très très très heureux de cette élection. L'Esprit Saint a bien travaillé. Au mois de juillet, je partirai au Brésil avec un groupe de 60 jeunes alsaciens. Nous irons d'abord au nord-est du Brésil pour un projet humanitaire et ensuite à Rio. Nous allons visiter la maison de D.Helder Camara et après nous irons à Rio pour les JMJ. Nous aurons l'occasion d'apercevoir le pape François. Les organisateurs attendent entre 4 à 6 millions de jeunes pour les JMJ. Les gens en Amérique du sud profiteront de l'occasion pour célébrer leur premier pape. Le pape François (Cardinal Bergoglio) a beaucoup aidé Mgr. Podestà (un évêque argentin marié). Après sa mort, il a continué à aider Mme Podestà. Il y a défendu "l'option préférentielle pour les pauvres" et il y a aussi aidé plusieurs théologiens de la théologie de la libération. Il est un homme simple, humble et pauvre. Aujourd'hui dans l'église nous avons tellement besoin de cela ». DIACONIA 2013 à Lourdes - Trois témoignages 12 000 personnes venues de toute la France, dont 3000 en situation de précarité, sur le thème : « Servons la fraternité ». « Dans le contexte de crise écologique, économique et financière que nous traversons, le rassemblement Diaconia est une manière d’affirmer que la rencontre et le partage avec des personnes fragilisées peuvent transformer des regards, des vies, des communautés et la société toute entière ». -------------------------------------François SOULAGE (président du Secours catholique) « Face à la crise, nous refusons le fatalisme, car nous avons une bonne nouvelle à annoncer. Tous, qui que nous soyons, nous pouvons trouver notre bonheur dans le service des autres et notamment des plus fragiles. Ceux-là ne veulent plus être considérés comme des assistés, mais comme des partenaires ; c’est pourquoi nous cherchons à promouvoir la réciprocité des échanges. Les personnes en situation de fragilité ont des richesses à partager. Ils ne veulent pas seulement recevoir une aide, un sourire ou une attention, ils veulent aussi donner. Et ils ont beaucoup à nous donner. » ----------------Bernard HOUSSET (Mgr, président du Conseil national de la solidarité) 26 « Si les catholiques mettaient autant d’énergie à combattre toutes les formes d’exclusion dans l’Eglise et dans la société qu’ils en ont mis à dénoncer le mariage pour tous, il n’y aurait plus un seul pauvre à l’entrée de nos églises ». ----------------------------------------------------- Gérard DAUCOURT (évêque de Nanterre) LA PENTECOTE, UNE EXPLOSION D’AMOUR Pourquoi notre Église a-t-elle prétendu qu’il n’y avait pas de salut hors d’elle-même alors qu’il n’y a rien hors d’elle-même puisqu’elle est l’humanité sauvée ? (…) Le vieux monde s’effondre et un nouveau surgit des ruines du premier. Ce nouveau monde, on l’appelle le Royaume de Dieu. Il n’est plus ce monde où chacun s’enferme dans son passé et ses frontières, où chaque identité se définit par opposition aux autres, où l’histoire a distribué les rôles et les privilèges. (…) On comprendrait très mal l’extension rapide du christianisme, dans le bassin méditerranéen et au-delà, si on réduisait la Pentecôte à la naissance d’une petite secte religieuse nouvelle. Ce n’est pas une nouvelle religion qui naît ce jourlà, c’est une humanité nouvelle où les frontières s’abolissent et avec elles les hiérarchies, les privilèges, les nations et les religions. (…) Pourquoi donc notre Église a-t-elle si vite, semble-t-il, reformé des frontières entre les chrétiens et les autres, des lois qui jugent les bons et les mauvais, des appartenances et une religion ? Pourquoi a-t-elle prétendu qu’il n’y avait pas de salut hors d’elle-même alors qu’il n’y a rien hors d’elle-même puisqu’elle est l’humanité sauvée ? (…)Pourquoi ? Sans doute tout simplement parce que la force explosive de la Pentecôte s’est endormie et s’est faite oublier. Alors les chrétiens sont redevenus des citoyens dociles, des religieux jaloux, des ambitieux de puissance. Du volcan, il ne reste que la lave refroidie qui est fière de servir d’engrais à la terre. Et l’Église, chaude encore de l’explosion d’amour d’où elle vient, invite les privilégiés à se pencher vers les pauvres, cherche des voies de tolérance avec les autres croyants, ouvre ses portes avec toutes les stratégies de la communication moderne. Elle n’a pas tout oublié. En elle demeure la promesse d’une explosion future. On pourrait croire que celle d’Amour qu’est la Pentecôte est depuis bien longtemps devenue inoffensive. Tout au long de l’histoire, pourtant, des hommes et des femmes ont bousculé les traditions et les évidences pour dessiner par leurs mots et leurs gestes ce Royaume de Dieu qui continue à gronder dans les profondeurs de notre humanité. L’actualité elle-même manifeste des fumeroles témoins de ce feu. (…) 27 Si Paul avait l’audace de penser que dans le Royaume de Dieu, il n’y avait plus - ni grec, ni juif – ni esclave, ni homme libre - ni homme, ni femme, il ajouterait peut-être aujourd’hui - vu ce qu’ils sont devenus - ni chrétien, ni non chrétien. La Pentecôte n’est pas une fête religieuse : elle est le commencement d’une humanité nouvelle ! Jacques NOYER, Evêque Emérite d’Amiens 28 LA PROCHAINE RENCONTRE ANNUELLE De « PRÊTRES MARIES - CHEMINS NOUVEAUX » se tiendra LE DIMANCHE 6 OCTOBRE 2013, de 9 h 30 à 17 h à la Paroisse St Jean Bosco 79 Rue Alexandre Dumas 75020 Paris (Métro Alexandre Dumas) * Le nom de l’intervenant(e) sera précisé aux participants sur la circulaire d’invitation envoyée en août ! * Compter 20 €uros pour la journée. Celles et ceux qui projettent d’y participer sont invités à prévenir (dès maintenant et jusqu’au 20 septembre dernier délai) : Bernard CORBINEAU, soit par courrier, e-mail, ou tél : 01.43.02.67.34. Si certains, habitant la Province, désiraient venir la veille : hébergement possible chez M & M BRILLANT ou chez B & MJ CORBINEAU Comité de rédaction de « Chemins nouveaux » : Marcel et Michèle BRILLANT, [email protected] Bernard et M.Josèphe CORBINEAU, [email protected] Alain et Blandine de la MENARDIERE , [email protected] Philippe et Chantal DUCHESNE, [email protected] Jacques et Odile DUPONT-TROUVILLE , [email protected] Yves et M.Christine GRELET- PASQUET, [email protected] Marcel et Françoise NICOLAS, [email protected] Notre bulletin veut être un lieu d’expressions aussi diverses qu’elles soient : de la part de prêtres mariés et leurs épouses, mais aussi de tous les lecteurs. Vos questions, réactions ou projets d’articles sont à adresser à : « Chemins Nouveaux » B. CORBINEAU, 62 Avenue H. Barbusse - 93220 GAGNY 29