Au carrefour des grandes voies de communication, aux lieu de passages routiers et fluviaux,
au pied des grands cols, les romins créent tout un réseau de bourgades, dont certaines, sur
plan géométrique sont parfois plus étendues qu’elles ne le seront au Moyen Âge comme
Biesheim (Olino), benfeld-Ehl (Helvetum), Cambete-Kembs, Tres Tabernae – Saverne,
Sierenz, Wittelsheim, Bourgheim, Koenigshoffen (ateliers de céramique)…
Dans les campagnes, les paysages agraires sont principalement de deux types :
le paysage d’openfield ou de champs ouverts à habitat dispersé formé des fameuses
« villae » romaines, plus ou moins importantes, construites souvent sur un plan
stéréotypé (hypocauste, bains, mortier, tuiles « romaines » : ainsi les villas de
Mackwiller, Habsheim, Bergheim, Soultz, Koestlach…
paysage de bocage sur les hauteurs avec parcelles entourées de murets et de haies,
l’habitat étant groupé en hameaux. Dans ce type de campagne, la romanisation est
beaucoup moins poussée et les maisons sont encore partiellement protohistoriques à
plan simple et couverture de chaume et bardeaux : c’est le cas dans la région de
Saverne (fermes de la forêt du Wasserwald à Haegen) ou l’influence de la culture
médiomatrique reste longtemps dominante.
5.3. L’économie
L’économie de l’Alsace romaine est dominée par l’armée, grande consommatrice de produits
agricoles et artisanaux :
L’agriculture est dominée par la production de céréales et la vigne, importée par les
Romains.
L’industrie se base sur la production de pierres taillées (l’armée ouvre de nombreuses
carrières), de briques, de tuyaux, de tuiles, de céramique : à l’exemple de l’atelier de
production de l’armée à Koenigshoffen, de nombreuses officines de céramiques
travaillent pour le marché locale mais aussi pour l’exportation, comme à Dinsheim-
Heiligenberg ou Ittenwiller… L’Alsace romaine produit de même de la verrerie.
Le commerce est florissant : les produits agricoles et industriels circulent tant sur les
routes que sur les voies d’eau. Les produits échangés sont les céréales, le fourrage,
les poteries, le vin, les amphores d’huile, vin, sauces de poisson (Espagne, Midi…)
Les réseau routier est relativement dense et préfigure le réseau routier moderne :
trois grands axes nord-sud traversent le pays : la voie du piémont, de Wissembourg à
Belfort, la voie de la plaine correspondant en gros à l’actuelle RN 83 et la voie
longeant le Rhin ; d’ouest en est les axes les plus importants sont ceux reliant
Argentorate à Divodorum (Metz) par Saverne, l’axe Mons Brisiacus – col du
Bonhomme – Lorraine et au sud l’axe Basileia – Divodorum par le col de Bussang…
5.4. Religion et croyance
5.4.1. La religion gallo-romaine
En matière de religion, les Romains sont un peuple très « assimilateur » : aussi, dans un
premier temps, les influences romaines se mêlent dans le panthéon aux survivances celtes.
Une place particulière semble être faite au dieu Mercure, l’équivalent romain du dieu celte
Lug : ses sanctuaires principaux se trouvent dans la région de Niederbronn et bien entendu au
Donon ou le sanctuaire à livré plus d’une cinquantaine de figurines de ce dieu. Le Mercure
indigène assure la protection de la production agricole, la protection des activités artisanales
enfin celle de la communauté. Le dieu Mars – Teutatès est particulièrement vénéré par les
militaires, mais d’autres dieux sont très présents comme Jupiter – Taranis, Apollon – Bélénos,