Rencontre Internationale Saint-Laurent-sur-Sèvre 2004
4. les pauvres ‘d’avenir’ et de liberté (précarité de l’emploi, sans papiers, sans
protection sociale, demandeurs d’asile, etc. ) ;
5. les mal-portants et les infirmes (personnes atteintes dans leur corps :
malades, paralysés, handicapés physiques, sensoriels, mentaux, etc. ) ;
6. les ignorants, les incompétents, les inexperts (pauvreté de culture, de
connaissance, d’instruction, d’éducation, de formation, manque de
compétences reconnues socialement, etc. ) ;
7. les mal-aimés (frustration d’affection chez les enfants ou les étrangers, etc. );
8. ceux qui se cachent et se détestent (pauvreté de la honte, du mépris de soi-
même, de l’avilissement, pauvreté de ceux qui se sentent ou se croient
marginalisés, exclus, etc. ) ;
9. la pauvreté de volonté et d’amour (absence de vouloir, de goût, de
dynamismes, de capacité de décision, face à l’alcool, la drogue,
l’homosexualité, etc. ). Le P. Henry ajoute, en citant le P. Joseph Wrésinski,
fondateur d’ATD-Quart Monde, que ‘la grande cause de l’infirmité du
vouloir, qui est responsable des plus grandes pauvretés, c’est le refus des
nantis de communiquer avec les pauvres : c’est une maladie de la
communication sociale. Le bien pourvu, le connaissant, le compétent,
entouré de nombreuses relations, exile le pauvre et lui interdit de participer à
ses valeurs, à sa recherche du « plus avoir » et du « mieux être »…’ (2).
A chacun de nous de préciser, pour lui-même, ce qu’il met sous le mot ‘pauvre’.
En admettant que celui qui ne souffre pas de l’une ou l’autre des pauvretés que nous venons
d’énumérer peut être considéré comme relativement ‘riche’, venons-en à Dieu qui de riche
qu’il était s’est fait pauvre. J’essaierai d’abord de dire comment ou en quoi, Dieu s’est fait
pauvre, puis pourquoi il l’a fait.
I. Comment ou en quoi Dieu s’est fait pauvre ?
« Vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ qui, pour vous, de
riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour vous enrichir de sa pauvreté ». (2 Co 8, 9)
C’est en regardant le comportement de Dieu, en Jésus Christ que nous pouvons entrevoir
(seulement entrevoir, car c’est un mystère) comment Dieu s’est fait pauvre. Je vous propose
pour cela de contempler Jésus dans les diverses étapes de sa vie.
1. L’Incarnation. Quand nous proclamons « Dieu s’est fait homme », sommes-nous
conscients de ce que nous affirmons ? Dieu, l’Incréé, le Créateur du ciel et de la terre,
s’unit à une nature humaine créée. Celui que l’univers ne peut contenir s’ ‘enferme’ durant
neuf mois dans le sein d’une femme, Marie. Dieu, l’Eternel, le Tout-Puissant, prend la
forme d’un embryon humain, d’un fœtus (c’est le réalisme de l’Incarnation de Dieu),
avant de se manifester au monde sous le visage d’un nouveau-né. « Lui, de condition
divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même,
prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes, et par son aspect, il était
reconnu comme un homme » (Ph 2, 6-7). Le mot grec traduit par ‘il s’anéantit lui-même’
signifie littéralement ‘il se vida lui-même’ (ekenosen). Ce vide est à la fois insondable
humilité et incroyable pauvreté. Mystère de Dieu se faisant homme ! C’est le mystère
central de la spiritualité de saint Louis Marie de Montfort.
2. Jésus voit le jour au cours d’un voyage, de Nazareth à Bethléem, à plus de 110 km de chez
lui. A Bethléem, pas de place pour ses parents chez l’habitant : Marie, après avoir
accouché, emmaillote elle-même son enfant nouveau-né et le couche dans une mangeoire
d’animaux. Dieu sur la paille !