JOUANNO Louis Marie JOSSELIN Hélène 07/02/2011 Physique, « la dosimétrie et la protection contre les rayonnements ionisants », Docteur Florence LE JEUNE La dosimétrie et la protection contre les rayonnements ionisants I. Définition de la dosimétrie II. Rappels III. Grandeurs dosimétriques A) Dose absorbée (D) B) Dose équivalente (H) C) Dose efficace (E) IV. Exposition humaine A) Origine naturelle B) Origine artificielle V. Radioprotection VI. Exposition aux rayonnements pendant la grossesse I. Définition de la dosimétrie La dosimétrie a pour but de mesurer la quantité d'énergie déposée dans un tissu ou organisme vivant lors d'une exposition à des rayonnements ionisants. L'exposition peut être : externe (dosimétrie externe) : voyage en avion, radiothérapie thérapeutique... interne (dosimétrie interne) : boire du lait, manger de la viande, ou à but thérapeutique par exemple pour le cancer de la thyroïde, il y a ingestion d'Iode 131 comme médicament. L'exposition peut être : globale, intéressant le corps entier partielle, portant sur une région, sur un ou plusieurs organes Tous ces paramètres sont pris en compte pour connaître la dose à laquelle le patient est exposé. La dosimétrie a un rôle fondamental en radioprotection, en radiothérapie et dans les situations accidentelles (Tchernobyl par exemple). Au total, quelque soit l'exposition, les effets biologiques dépendent essentiellement de l'énergie absorbée par unité de volume par le tissu irradié. 1 La dosimétrie a pour but de quantifier cette énergie pour : estimer les doses reçues optimiser les protocoles de traitement (on doit avoir une irradiation maximale pour les tissus tumoraux et une irradiation minimale pour les tissus sains) surveiller les professionnels (de santé, de l'industrie, stewards des avions, tous ceux qui sont irradiés) établir les normes de radioprotection individuelle et collective. II. Rappels sur les rayonnements ionisants Définition des rayonnements ionisants : Tout rayonnement dont l'énergie cinétique des particules ou des photons dépasse 10 eV environ. rayonnement directement ionisant : particules chargées, telles les α, β-, β+, ε rayonnement indirectement ionisant : particules non chargées, tels les, photons X et gamma, les neutrons Interaction des photons X et gamma avec la matière : par effet photoélectrique, à faible énergie, dans les milieux denses à Z (numéro atomique) élevé par effet Compton, à énergie intermédiaire, proportionnellement à la densité du milieu par effet de production de paires au delà du MeV, dans les milieux denses à Z élevé Définition des rayonnements ionisants : Rayonnement d'énergie suffisante pour éjecter un électron de l'orbite d'un atome. A) Rayonnements électromagnétiques ils comprennent la lumière et les rayons X ou gamma. Ce sont des rayonnements photoniques : ils ne sont ionisants qu'au dessus de 10 eV. ils sont de même nature et se distinguent par leur origine et non par leur énergie. Les rayons X proviennent de la couche électronique. Les rayons gamma proviennent du noyau. 2 B) Rayonnements corpusculaires Ce sont des rayonnements α, β et les neutrons. Ces rayonnements sont émis lors de transformations nucléaires qui se produisent dans les noyaux instables. Certains noyaux sont instables, soit naturellement, soit par suite de réactions nucléaires artificielles, et vont se transformer en d'autres noyaux, stables ; ce qui correspond à une désintégration qui s'accompagne de rayonnements particulaires et photoniques. C'est la radioactivité. Il existe deux types de radioactivité : Le premier type survient lorsque le déséquilibre du noyau tient à un excès de nucléons. soit un excès global : expulsion de particules alpha : c'est la radioactivité alpha (pas utilisée dans le milieu médical car délétère) soit un excès de neutrons : transformation d'un neutron en un proton et un électron. Ce dernier est éjecté et correspond à une émission « béta moins » soit un excès de protons et il y a alors deux possibilités : soit la transformation d'un proton en un neutron et un positon : émission « béta plus » (soit une capture électronique) Le second type survient lorsque le déséquilibre tient à un excès d'énergie par rapport à l'énergie de liaison (c'est à dire d'interaction) entre les nucléons. On dit que le noyau est dans un état « excité », et la transformation radioactive correspond à une désexcitation, qui s'effectue cette fois sans changement de numéro atomique (l'élément d'arrivée est le même que l'élément de départ). Ce type de radioactivité survient en général à la suite du premier type, après une désintégration de type « béta » (moins ou plus) que le noyau est dans un état excité instable. L'énergie est émise sous forme d'un photon : photon gamma. Exemple de désintégration : Deux possibilités de désintégration β- : Il y a 95 % de Cs qui se transforment en Barium (Ba) excité (métastable) qui émettra ensuite un photon gamma pour devenir stable. Il y a 5 % de Cs qui se transforment directement en Barium (Ba) stable. 3 Rayonnement alpha (α) : C'est une particule composée de deux protons et de deux neutrons extrêmement liés entre eux (noyau d'Hélium) et animée d'une grande vitesse. L'émission alpha ne concerne que les noyaux lourds présentant un excès de protons (en général A>200). On observe un début de recherche avec ce rayonnement. Exemple de la désintégration du radium en radon : Rayonnement béta (β) : C'est une particule, électron (β-) ou positron (β+), animée d'une grande vitesse. Il accompagne la transformation d'un neutron en proton (β-), ou d'un proton en neutron (β+). Désintégration β- : Désintégration β+ : La particule ν, appelée neutrino ou antineutrino, est une particule neutre (non chargée) et de masse nulle qui n'interagit pratiquement pas avec la matière. 4 On peut réaliser un bilan de cancer avec ce type d'imagerie (en utilisant le fluor qui émet des positrons). On effectue une injection de fluor 18 avec du sucre ; il y a fixation sur les cellules. Le positron se désintègre en deux photons de 511 keV. La machine détecte alors ces photons (visualisation de cellules cancéreuses là où il y a eu beaucoup de désintégrations). Particularités de β- : du fait de leur charge, les particules β- sont soumises à de nombreuses interactions avec la matière. Elles ont une faible profondeur de pénétration, de l'ordre de quelques mm dans les tissus mous et sont arrêtés par des écrans très légers. En médecine nucléaire, où le radioélément est incorporé à l'intérieur de l'organisme, les rayonnements β- sont de loin les plus irradiants et donc les plus nocifs (ou les plus utiles lorsqu'on veut détruire une tumeur). utilisation de l'Iode 131 pour le traitement du cancer thyroïdien. dans certains cas, le noyau Y qui résulte de la désintégration est stable, et on parle (au sujet de X) d'émetteur béta pur. Dans d'autres cas, le noyau Y est à l'état excité et une émission gamma (ou une conversion interne) va suivre. Remarque : les patients traités sont enfermés dans une chambre de plomb. Rayonnement gamma (γ) : C'est un rayonnement électromagnétique analogue à celui de la lumière mais beaucoup plus énergétique. Leur émission suit généralement une désintégration alpha ou béta et correspond à un réarrangement des nucléons à l'intérieur du noyau fraîchement transformé. Le photon étant une particule sans masse, il est très pénétrant. N'étant pas chargé, il interagit peu avec la matière. Par exemple, le tecnicium 99 émet un rayonnement gamma à 140 keV. Il est beaucoup utilisé en tant que : traceur cardiaque pour obtenir une imagerie du cœur traceur pour obtenir une imagerie du cerveau On peut obtenir l'imagerie de quasiment tous les organes : os... 5 III. Grandeurs et unités dosimétriques Dose absorbée (D) Dose équivalente (H) Dose efficace (E) A) Dose absorbée (D) La dose absorbée dans une région cible dépend à la fois de paramètres physiques et physiologiques. On doit connaître : Activité administrée Période physique du radionucléide Schéma de désintégration du radionucléide (γ ? β+ ? β- ? ...) Position, masse et forme des régions cibles Distribution spatiale et temporelle de l'activité dans les régions sources Certains rayonnements vont traverser la matière sans perte d'énergie, d'autres vont subir une perte d'énergie liée à l'absorption de la matière et d'autres vont s'arrêter. Les effets d'un rayonnement dépendent très directement de l'énergie localement absorbée. Dose moyenne reçue par un tissu (T) ou un organe, due au rayonnement (R). DT , R dE dm En gray (Gy) dE : énergie déposée dans une masse de matière dm dose absorbée : rapport énergie / masse 6 Unité légale : le gray (Gy) (cette définition est très importante à connaître) dose absorbée par une masse de matière de 1Kg à laquelle les rayonnements communiquent en moyenne de façon uniforme une énergie égale à 1 joule 1 gray = 100 rads Doses absorbées très variables selon les applications : 1mGy pour un cliché thoracique (examen le moins irradiant) 2Gy pour une séance de radiothérapie (en moyenne, indication de 5 à 6 séances par semaine) On cherche toujours à optimiser les protocoles d'imagerie pour diminuer les irradiations, la durée du traitement... Débit de dose absorbée : dD & D dt En Gy.min-1 dD : augmentation de dose absorbée dans l'intervalle de temps dt Quand un patient a été dans une chambre plombée, sa sortie (pour rentrer chez lui) est seulement permise lorsque le patient se trouve en dessous d'un certain seuil de dose absorbée. Les effets biologiques dépendent directement de la dose absorbée D, mais elle ne permet pas de prédire les effets biologiques ou cliniques. Remarque : 2 Gy en une seule prise est différent de 2 Gy sur 10 ans. On doit prendre en compte : la distribution de la dose dans le temps le système biologique et le type d'effet biologiques la qualité du rayonnement (nature des particules et spectre d'énergie) B) Dose équivalente (H) Les effets stochastiques dépendent de la nature des rayonnements les effets se manifestant au hasard, sans seuil, existent à faibles doses, augmentant en fréquence avec la dose mais même gravité (exemple : effets héréditaires, cancérogènes). On ne sait pas quand et sur qui ils apparaissent. ces effets sont différents des effets déterministes : effets précoces, dose seuil, augmentation de la gravité avec la dose. On peut les prévoir car ils apparaissent après une dose seuil. Exemple : on sait qu'on va causer un érythème ; si au augmente la dose, on causera ensuite une brûlure et si on l'augmente encore, on provoquera une nécrose cutanée. 7 Pour une même valeur de la dose absorbée, les photons, les neutrons ou les particules alpha n'ont pas le même « effet biologique ». Pour prendre en compte la nature des rayonnements, on introduit une autre grandeur : la dose équivalente HT. WR est le facteur de pondération pour les rayonnements (en J.kg-1). On introduit ce facteur dans le calcul de la dose équivalente. La dose équivalente au tissu ou à l'organe est égale à la dose absorbée par le tissu ou l'organe T pondérée suivant le type de rayonnement. H T WR DR,T R En Sievert (Sv) = 1 J/kg pour un rayonnement pour lequel WR = 1 Facteur de pondération radiologique WR : Traduction réglementaire de l'efficacité biologique d'un rayonnement (EBR) Ou facteur de qualité d'un rayonnement Type de rayonnement Facteur de pondération WR X, gamma 1 Béta, électrons 1 Alpha, fragments de fission, noyaux lourds 20 Exemple : lors d'une contamination interne, une dose de 1 Gy correspond à : 1 Sv si le radionucléide incorporé est le potassium 40 (WR=1) 20 Sv si le radionucléide incorporé est du thorium 232, émetteur alpha (WR=20) 8 Transfert linéique d'énergie (TLE) : Pour caractériser une particule ionisante, il faut considérer l'énergie transférée par unité de longueur parcourue, ou transfert linéique d'énergie (TLE) TLE d'un matériau, LD = dED / dl dED : énergie perdue par une particule chargée due aux collisions électroniques en parcourant une distance dl de ce matériau. Plus le transfert est élevé, plus les distances parcourues seront importantes. En pratique médicale, il y a utilisation de rayonnements à transfert linéique faible. Exprimé en eV.µm-1 ou keV.µm-1 Pouvoir de ralentissement Rayonnement alpha TLE : 150 keV/µm Ce rayonnement est irradiant et délétère (WR=20), donc il n'est pas utilisé. Neutrons TLE variable : qq keV/µm à 100 keV/µm Rayonnement béta TLE : qq keV/µm Rayonnement X et gamma TLE : 1 ou qq keV/µm en pratique médicale usuelle : * WR = 1 * Exposition à des rayonnements de TLE faibles * il faut les rayonnements les moins délétères possibles pour les patients. C) Dose efficace (E) En cas d'irradiation, la probabilité d'apparition des effets tardifs dépend de la dose absorbée D, de la qualité du rayonnement ET aussi de la radiosensibilité particulière des organes et des volumes irradiés. Dose équivalente HT délivrée à tous les tissus ou organes du corps. Indicateur global de l'exposition de l'individu, défini à l'origine pour la radioprotection du public et du personnel. Surtout utile lorsque l'exposition de l'organisme n'est pas homogène (médecine nucléaire). Permet d'additionner les risques de différentes irradiations reçues par un même individu. Utilisée chez le patient afin de comparer des pratiques entre différents types de procédures, pays, niveaux de soins, période de temps, … La dose efficace E prend en compte le risque total résultant de l'exposition de plusieurs organes de radiosensibilité différente. WT est le facteur de pondération tissulaire. 9 E WT H T En sievert (Sv) T . Double pondération en fonction : - du rayonnement - du tissu E D T , R WT WR En sievert (Sv) La moelle osseuse est très sensible (0,12) : c'est l'organe le plus radiosensible. Le colon est très sensible aussi : si des irradiations ont été effectuées sur des tumeurs pelviennes, en post opératoire le patient peut avoir des polypes inflammatoires très gênants car du colon sain a été irradié. 10 Il existe 3 unités pour mesurer la radioactivité, son énergie et ses effets. Le Becquerel : nombre de désintégrations par seconde, noté (Bq). Cette unité est utilisée pour l'activité. 1mCi = 37 Mbq Le Gray : c'est l'énergie du rayonnement reçu, noté (Gy). C'est l'unité de la dose absorbée. 1Gy = 100 rads Le Sievert : c'est l'effet de l'irradiation reçue, noté (Sv). C'est l'unité d la dose équivalente absorbée. 1Sv = 100 rem 11