Parasitologie 2 : Les cycles parasitaires

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Parasitologie 2 : Les cycles parasitaires
Les cycles parasitaires
Préambule : Ne pas apprendre bêtement par cœur sans comprendre comment ça
s’agence. Réfléchir toujours avec la notion d’évolution et aller du plus simple au plus
compliqué permet de comprendre, de mieux mémoriser les cycles. A la suite de ça, les
signes cliniques découlent de la connaissance du cycle.
Cette façon de visualiser les choses montre bien que le tube digestif appartient au
« milieu extérieur ».
1) Les nématodes
Pour garder à l’esprit cette notion d’évolution : les Helminthes (= les vers qui n’ont
rien à voir avec les vers de terre) et en particulier les nématodes ( vers ronds ) vivent
dans le milieu extérieur ( air, sol etc. ).
NB : l’animal modèle pour toutes les études de génétique est le nématode C. elegans.
C’est un nématode qui vit libre dans le milieu extérieur.
A) 1er type de cycle : l’exemple du trichocéphale
A partir de ces nématodes qui vivaient dans le milieu extérieur, certains ont été avalés
(ruminants qui broutent de l’herbe, alimentation en céréales…)  Les vers se
multiplient dans l’intestin ( nécessite un mâle et une femelle )  ils font des œufs 
les œufs tombent dans le milieu extérieur ( dans l’environnement )  pour éclore, si
les conditions du milieu extérieur sont favorables  donnent des vers qui sont ensuite
réabsorbés (ou les œufs sont réabsorbés )…
Il n’y a pas de contact entre le parasite et le tissu (le parasite ne pénètre pas dans
l’organisme humain, il reste dans le tube digestif).
Un parasite de ce type = trichocéphale. C’est un parasite très fréquent. Son œuf est
assez caractéristique, à forme ovalaire « en citron » avec un bouchon muqueux à
chaque extrémité, et un embryon à l‘intérieur (œufs non embryonnés à la ponte).
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Deux caractéristiques à retenir :
1. Pas de contact avec le tissu. En terme clinique, il n’y a pas d’éosinophilie
(réaction à P. éosinophile).
2. Passage dans le milieu extérieur. S’il fait trop chaud, trop froid, sec, etc., l’œuf
va mourir. La transmission sera associée à une hygiène défectueuse au niveau de
la gestion des excréments humains (ce qu’on regroupe dans ce qu’on appelle le
péril fécal). On rencontre ça le plus souvent dans les pays chauds où le parasite vit
mieux dans le milieu extérieur. C’est une parasitose (nématodose) qu’on
rencontre dans les pays du Tiers Monde. C’est un géohelminthe (« géo » pour
terre).
Voilà l’exemple d’un nématode qui vivait libre dans le milieu extérieur et qui s’est adapté à la vie
parasitaire (a été sélectionné).
B) 2ème type de cycle : exemple de l’Oxyure
Il s’attrape également par voie orale.
Il fait des œufs qui s’arrêtent sur la marge anale, sans passer dans le milieu extérieur.
Or les femelles qui viennent pondre entraînent une petite démangeaison  L’homme
se gratte  se met des œufs sous les ongles  porte la main à sa bouche …
Pas de contact entre le parasite et les tissus. Pas d’hyperéosinophilie.
En terme de transmission, pas besoin de passage dans l’environnement.
Contamination de l’Homme par lui-même ou inter humaine (via les mains).
Les Oxyures sont des parasites très bien adaptés à l’Homme et qui vivent avec lui
depuis longtemps.
Qu’il fasse chaud ou froid, là où il y a des Hommes, il y a des Oxyures. Maladie
parasitaire cosmopolite.
Les problèmes d’hygiènes vont relativement peu interférer et c’est plutôt le
comportement qui va jouer ; par exemple quand les enfants se mettent la main à la
bouche : c’est un comportement humain inéluctable.
Les cycles vont commencer à se compliquer, car c’est le moyen que le parasite à trouver pour se
développer.
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C) 3ème cycle : exemple de l’Ascaris
Il s’attrape également par voie orale.
Au lieu de continuer dans le tube digestif, l’œuf va libérer des larves qui vont
traverser la barrière intestinale  les larves vont dans le foie, puis le poumon où elles
passent du système veineux au système aérien  elles repassent dans le tube digestif
 à ce deuxième passage dans le tube digestif, on a des mâles et des femelles qui
pondent des œufs  les œufs tombent dans le milieu extérieur  survivent selon les
conditions extérieures puis sont avalés…
Les Ascaris sont des nématodes spécifiques de chaque espèce (Ascaris spécifique
pour le chien, le chat, l’Homme, le cheval, la baleine…). Mais l’Ascaris de chien par
exemple ne peut plus repasser chez l’Homme.
Nécessité de maturation de l’œuf dans le milieu extérieur. En rapport avec le péril
fécal. On retrouve cette parasitose dans les pays tropicaux à hygiène défectueuse.
Hyperéosinophilie uniquement pendant la phase de migration tissulaire. Une fois que
le parasite repasse dans le tube digestif, la stimulation du système immunitaire (P.
éosinophiles) va chuter.
D) 4ème cycle : exemple de l’ankylostome
Parasite du milieu extérieur qui n’a pas été sélectionné en étant avalé mais qui a
trouvé le moyen de rentrer chez l’Homme à travers la peau.
Après avoir traversé la peau, il migre dans le poumon (stade larvaire)  va dans le
tube digestif  fécondation entre mâle et femelle  œufs qui tombent dans le milieu
extérieur  donnent des larves …
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Passage dans le milieu extérieur - nécessite pour la maturation des parasites un peu
d’eau, de chaleur  pays tropicaux. Cela sort des selles des patients : péril fécal.
Hyperéosinophilie car ça passe dans les tissus. Quand les larves retombent dans le
tube digestif, l’hyperéosinophilie chute.
L’ankylostome fait partie des géohelminthes.
Particularité : ils se nourrissent dans le tube digestif à partir de sang. Ils ont au niveau
de leur orifice buccal des lamelles avec des salives anticoagulantes. Ils abrasent
l’épithélium intestinal, le font saigner et se nourrissent du sang.
Il y a une petite spoliation mais ils ne nous font pas saigner jusqu’à mourir car si nous
mourons ils meurent avec nous. Ils s’adaptent à la capacité de l’hôte à lui fournir son
sang.
C’est une cause d’anémie.
E) 5ème cycle : exemple de l’Anguillule
Rentre par la peau  poumon  tube digestif  donne des œufs ; la femelle étant
capable de se passer de mâle = femelle parthénogénétique  éclosion des œufs dans
le tube digestif  larves vont tomber dans le milieu extérieur OU repassent dans
l’individu pour recommencer un cycle.
Pas de perte sanguine pour l’hôte.
Une fois qu’on est contaminé, on reste contaminé toute la vie. Si on va dans un pays
africain et qu’on attrape l’Anguillule, on l’a jusqu’à la fin de sa vie.
Nom latin de l’Anguillule est Strongyloides stercoralis (à connaître).
Hyperéosinophilie oscillante car à chaque fois que le parasite repasse dans
l’organisme (tissus) il y a hyperéosinophilie.
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Très résistant aux traitements.
Chez l’immunodéprimé, le parasite n’a plus de défenses en face de lui et va donner
une Anguillulose maligne. C’est le seul capable de faire ça car il est capable de se
maintenir chez l’Homme. Au contraire, les autres font leur cycle et puis meurent au
bout d’un certain temps. Avec les autres parasites, on se déparasite spontanément avec
la mort du parasite. Là, le parasite trouve toujours le moyen de se multiplier.
Les Anguilluloses sont associés à certains lymphomes en particulier les lymphomes
HTLV-1. En effet, ils sont une complication connue et redoutée des aplasies
prolongées suscitées par le traitement des leucémies.
Quand on a un patient en provenance d’un pays d’endémie à qui on va faire une
chimiothérapie pour une leucémie provoquant une neutropénie, on cherche le parasite
et on le traite avant. Cela pour diminuer la masse parasitaire suffisamment pour qu’il
n’ait pas de problème par la suite.
Si on ne le fait pas, le patient aura pleins de parasites partout, ça fait des trous dans
l’intestin et le patient va mourir d’une Anguillulose maligne.
Ce parasite est en train de disparaître. Il est un des plus tolérants. Il est en effet
capable de survivre dans les mines (chaud, humide). Les mineurs faisaient leur besoin
dans les mines, contaminaient le sol. Pathologie professionnelle = la gourme des
mineurs. Mais ça a disparu.
F) Cas particulier : la Trichine
S’attrape en mangeant de la viande crue contaminée par un nématode vivipare du
genre Trichinella.
Viande pas cuite avec des larves enkystées  maturation rapide des larves pour
donner des adultes mâles et femelles  les larves passent à travers la paroi intestinale
 s’enkystent dans les muscles et dans le cerveau (et dans tous les organes très
vascularisés)  le parasite attend simplement que l’hôte soit mangé par un autre.
C’est un parasite qui, chez l’Homme, pour des raisons comportementales, finit par
mourir (le cycle s’arrête puisqu’on ne se mange pas entre nous).
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Symptômes d’autant plus importants que la contamination est forte :
hyperéosinophilie colossale (+ 50 à 60 %) et peut être invalidant voire donner un
décès.
Les kystes vont rester vivants, or ils sont au repos métaboliquement donc on n’arrive
pas à s’en débarrasser par les médicaments. Le seul moment où il est possible
d’impacter c’est lorsqu’on sait que le patient est contaminé oralement pour lui faire
diminuer la charge larvaire dans l‘intestin.
En général, il y a la notion d’épidémie chez tous ceux qui ont consommé la viande
contaminée.
Ce parasite ne passe pas dans le milieu extérieur mais va directement d’hôte en
hôte. Il ne dépend pas des régions climatiques et peut donc être présent partout
(milieux tempérés, Arctique, Afrique…).
En France, il y a des épidémies à partir de la viande de cheval ou à partir de sanglier.
G) Parasitoses via un vecteur
Parasites qui passent d’un individu à l’autre avec un vecteur. C’est la meilleure façon
de passer les barrières comme la peau par exemple. Les meilleurs vecteurs ce sont
tous les insectes piqueurs : moustiques, mouches…
Le moustique pique  il nous injecte des microfilaires (embryon)  qui vont se
développer pour faire des mâles et des femelles  qui vont faire des microfilaires qui
se répandent dans l’organisme. Des larves vont se répandre au niveau cutané
(onchocercose) et d’autres dans le système sanguin (filaire loaloa), au niveau
lymphatique  les microfilaires vont être avalés par un moustique qui va contaminer
une autre personne…
Hyperéosinophilie.
Ce n’est qu’une espèce de moustique qui donne un type de parasitose particulier. La
parasitose se rencontre que là où ces moustiques vivent.
Pour ce qui est des filaires lymphatiques, ce sont les Culex (moustique), pour la loaloa
c’est un espèce de taon (n’existe que dans le Golfe de Guinée : Gabon, Cameroun…),
pour l’onchocercose c’est une petite mouche des rivières d’Afrique de l’Ouest.
C’est la répartition des espèces qui fait la répartition de la parasitose
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2) Protozoaires
NB : pas de réaction à éosinophiles chez les protozoaires
A) Transmission avec vecteur
Ce modèle de transmission avec les moustiques a été aussi emprunté par les
protozoaires au premier chef duquel on trouve le Paludisme. Le moustique vecteur
est l’Anophèle. Il n’y a de parasitose que là où les Anophèles vivent.
De plus, le parasite dans le moustique a besoin, pour se développer, d’une période
chaude suffisamment longue (28 degrés pendant une quinzaine de jours). Cela
conditionne la répartition.
Cas rares en France de paludisme d’aéroport, où le moustique arrive parasité et
trouve pendant l’été les conditions suffisantes pour survivre et contamine les gens
dans l’aéroport (c’est pourquoi on passe un anti insecticide dans l’avion au départ de
pays endémiques).
Les leishmanioses vont être transmises par des moucherons (les phlébotomes). Il y a
des réservoirs sauvages (chien, renard) qui peuvent régulièrement réinjectés des
parasites dans le cycle.
B) Protozoaires du milieu extérieur
Les amibes vivent dans le milieu extérieur  elles se multiplient chez l’Homme 
vont dans le milieu extérieur…
Donc ça dépend des conditions d’hygiène et d’environnement.
3) Trématodes (font partie des vers plats)
Cela se complique car intervention d’hôtes intermédiaires. Un hôte définitif
accueille le parasite au stade sexué et l’hôte intermédiaire au stade larvaire.
A) Les Bilharzioses ou schistosomoses
Cela commence avec des œufs (il y a deux espèces d’œufs : à éperon terminal ou
latéral) contenant des petites larves à l’intérieur  ces larves vont sortir 
contaminent un mollusque  multiplication colossale dans le mollusque =
polyembryonnie  ça sort, dans l’eau  contamine l’Homme par voie transcutanée
 migration tissulaire  ça passe dans la circulation générale (pas de passage dans
le poumon) maturation en adultes mâles et femelles  le mâle est moins grand que
la femelle, il la prend et s’enroule autour d’elle  quand les femelles sont fécondées,
elles migrent vers la vessie (pour les espèces à éperon terminal) ou vers l’intestin
(pour les espèces à éperon latéral)  les deux passent dans le milieu extérieur et ça
recommence.
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Pour que le parasite puisse vivre, il faut qu’il passe chez le mollusque vivant dans
l’eau. C’est très spécifique : chaque parasite a son mollusque.
La répartition de la parasitose va dépendre de la répartition de ces mollusques.
Symptômes chez l’Homme :
La migration entraîne une hyperéosinophilie.
Une fois que les adultes sont installés, ils se masquent et sont relativement peu
immunogènes. Or, les œufs doivent passer de la circulation à la lumière vésicale ou
intestinale. Pour cela, ils arrivent à passer à travers les vaisseaux sauf certains qui vont
mourir sur place  réaction inflammatoire autour de l’œuf mort  Pour la vessie, les
signes apparaissent 15-30 ans après avec hématurie et possible cancérisation de la
vessie.
Pour l’intestin, il peut y avoir des lésions (mais ça pose pas de problème, l’intestin est
tolérant). Le problème c’est quand des œufs n’arrivent pas à passer et vont dans le
foie (drainage porte)  meurent dans le foie  réaction inflammatoire qui donne (au
bout de plusieurs parasites) une cirrhose pré sinusienne (avant la rentrée dans le
sinus hépatique).
Pour l’espèce à éperon terminal, ce sont uniquement
chez les mollusques vivant en Afrique Sahélienne.
Pratiquement 100% des Maliens ont ce parasite.
Le moment où la larve sort de l’escargot va être synchronisé avec le comportement de
l’Homme. Ce dernier, en particulier les enfants, vont aller se baigner aux heures les
plus chaudes de la journée et les larves sortent au moment où il fait le plus chaud.
En plus ils vont uriner dans l’eau et ça va contaminer les mollusques.
L’espèce qui va contaminer les herbivores, qui viennent aux points d’eau boire le soir,
va sortir le soir. Cela s’est fait par la sélection naturelle.
B) Distomatoses
Ce parasite (douve ou distome) s’enkyste sur des végétaux  contamination lors de
la digestion des végétaux  passe directement dans le foie  va dans les voies
biliaires  pond des œufs qui tombent dans le milieu extérieur  passent chez un
escargot des prairies humides (pas aquatique)  phénomène de polyembryonie 
larve s’infiltre sur des végétaux…
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C’est une parasitose qui marche très bien chez les bovins, les herbivores. L’Homme
peut être hôte s’il mange des aliments contaminés (cressons, pissenlits).
Le mollusque hôte est beaucoup plus répandu : la répartition de la douve est beaucoup
plus générale.
Take home message
Savoir quelle est la biologie du parasite, où est-ce qu’il vit.
Ne pas demander par exemple une recherche de paludisme en cas
d’hyperéosinophilie car les éosinophiles c’est pour les infections à Helminthes. Ne
pas rechercher le paludisme chez un patient de Lettonie car ce n’est pas une zone
d’endémie, etc.
Apprendre le raisonnement.
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