LA BANQUE
La banque est une entreprise d'un type particulier qui reçoit les dépôts d'argent de ses clients
(entreprises ou particuliers), gère leurs moyens de paiements (cartes de crédit, chèques) et leur
accorde des prêts. Les banques jouent un rôle économique fondamental car elles financent
l'activité, en particulier grâce à la création monétaire.
1. Qu'est-ce qu'une banque ?
La banque est une entreprise qui produit des services destinés à sa clientèle. Elle reçoit
d'abord les dépôts de sommes apportées par ses clients. Elle accepte ainsi de garder ces fonds
à la place des particuliers qui effectuent soit des dépôts à vue (c'est l'argent liquide, c'est-à-
dire des sommes disponibles quand ils le souhaitent et sans frais de retrait) soit des dépôts à
terme (la banque conserve les fonds pendant un certain délai durant lequel le client ne peut
les retirer).
La banque assure ensuite la gestion des moyens de paiement pour le compte de ses clients.
L'ouverture d'un compte dans une banque et le versement sur ce compte de fonds sous forme
de dépôts à vue (le compte est crédité) permettent une multitude d'opérations : recevoir des
chèques, émettre des chèques pour le compte d'autrui (le client doit avoir une provision sur
son compte pour que le chèque soit honoré ou il doit bénéficier d'un découvert quand la
banque accepte de débiter son compte qui n'a pas une provision suffisante), retirer de la
monnaie auprès des guichets bancaires ou dans les distributeurs automatiques de billets
(DAB). La banque distribue surtout des crédits : elle prête des ressources, des moyens de
paiement aux agents économiques. La distribution des crédits est ainsi la principale activité
d'une banque. Le découvert est la forme la plus simple de crédit bancaire qui peut prendre de
multiples aspects : crédit immobilier à long terme (10 à 20 ans), crédit revolving ou crédit
permanent (le crédit accordé au client, dont le montant est fixé par la banque, se reconstitue
au fur et à mesure des remboursements réalisés).
Outre ces trois grandes catégories de services bancaires, on trouve aussi les services liés aux
opérations de change (achat et vente de devises par exemple), les services liés à la
commercialisation de produits financiers les plus divers (plan d'épargne logement, plan
d'épargne populaire, plan d'épargne en actions, valeurs mobilières comme les actions ou les
sicav, etc.). Les services rendus à la clientèle constituent le métier même de banquier.
Toutefois, en raison de l'importance des fonds dont elles disposent, les banques ne se
contentent pas de prêter des ressources. Elles acquièrent aussi - comme d'autres entreprises -
des participations au capital de certaines sociétés. Ces participations en font donc des
actionnaires, parfois importants, de grandes entreprises. Enfin, l'ensemble des banques joue
un rôle économique fondamental. Elles assurent le financement de l'économie.
2. L'activité bancaire
2.1 L'intermédiation bancaire : Les dépôts effectués dans les banques par les agents
économiques sont réintroduits dans le circuit économique grâce aux crédits distribués par les
banques. Ces dernières utilisent donc l'épargne des agents (épargne à très court terme pour les
dépôts à vue, épargne à plus long terme pour les autres formes de dépôts) pour fournir des
moyens de financement à d'autres agents économiques. Les banques jouent ainsi un rôle
d'intermédiaire entre les prêteurs (même s'il s'agit de prêteurs involontaires dans le cas des
agents qui ne réalisent que des dépôts à vue) et les emprunteurs. Les banques utilisent
constamment toute somme reçue pour proposer des crédits à plus ou moins long terme.
Les banques ont ainsi une activité d'intermédiation entre les prêteurs et les emprunteurs qui
ne se connaissent pas. Mais ce rôle d'intermédiation se double d'une activité que l'on nomme
"transformation". En effet, les épargnants et les agents confient généralement leurs
ressources pour des échéances très courtes (quelques semaines ou quelques mois, par
exemple). En revanche, les emprunteurs s'endettent plutôt à moyen terme (de 18 mois à 5
ans) ou long terme (au-delà de 5 ans). La transformation bancaire consiste ainsi à utiliser des
ressources de court terme pour financer les crédits à moyen et long terme.
2.2 La création monétaire : Les banques collectent des fonds (elles en empruntent elles-
mêmes parfois) pour les prêter ensuite. Mais de nos jours, ce ne sont pas "les dépôts qui font
les crédits" car les banques prêtent à l'économie beaucoup plus de ressources financières que
n'en apportent les déposants. Les sommes supplémentaires ainsi prêtées proviennent de la
création de monnaie que réalisent les banques.
Bilan de la banque
Bilan du client
Actif
passif
actif
passif
Créance
compte courant
du client
crédité
monnaie
disponible
sur son compte
dette
envers
la banque
Par un simple jeu d'écriture, une banque peut ainsi créer de la monnaie. C'est la monnaie
scripturale car elle existe dès qu'elle s'inscrit sur le compte d'un client de la banque. Il faut
cependant qu'il y ait une contrepartie, c'est-à-dire qu'elle obtienne quelque chose de son client,
à qui elle consent un crédit (une entreprise qui souhaite investir, un particulier qui réalise un
achat immobilier). Cette contrepartie, c'est une promesse de remboursement signée par
l'emprunteur, qui a donc une dette envers la banque ; cette promesse (c'est un ensemble de
documents) représente une créance pour la banque qui, dans son bilan, met cette créance à
l'actif promesse de remboursement) alors que la monnaie créée figure au passif (cette somme
appartient au client).
3. Le système bancaire français
3.1 Le paysage bancaire actuel
Les banques sont des établissements de crédit définis comme recevant du public des fonds à
vue à moins de 2 ans et possédant le pouvoir de créer de nouveaux moyens de paiement.
Trois types de banques dans le système français :
- Les banques adhérentes de l'Association française des banques (AFB). Ce sont notamment
les trois grandes banques (BNP, Crédit Lyonnais, Société Générale).
Nb : Crédit Lyonnais est une filiale du Crédit Agricole.
- Les banques du secteur mutualiste et coopératif (Crédit Agricole, Crédit Mutuel, banques
populaires). Ces établissements sont dotés de statuts particuliers (caisses locales coiffées par
une organisation nationale) et appartiennent, selon les principes du mutualisme, à leurs
sociétaires, c'est-à-dire aux clients qui ont souscrit des parts sociales.
- Le réseau des caisses d'épargne et de prévoyance (à ne pas confondre avec la caisse
d'épargne de La Poste) qui sont des établissements à but non lucratif. Les caisses d'épargne,
qui reçoivent des dépôts et ne consentent des crédits qu'à des particuliers, alimentent la Caisse
des dépôts et consignations (CDC) avec une partie des ressources collectées sur les livrets de
caisse d'épargne.
Remarque : A présent, toutes les banques peuvent commercialiser des Livrets A.
La CDC, qui reçoit aussi les consignations des notaires, est un important prêteur au système
financier, mais elle finance aussi le logement aidé et les collectivités locales. Avec le Trésor
(services du ministère de l'Économie et des Finances) et les services financiers de La Poste, la
CDC ne fait pas partie des établissements soumis à la loi bancaire.
La Banque Centrale Européenne (BCE) encadre l’activité bancaire de chaque pays membre de
l’union. Le rôle de la BDF s’en trouve réduit.
3.2 L'évolution du système bancaire : Les banques modernes sont nées sous le Second
Empire. Jusqu'à une époque récente, elles se sont partagées en trois groupes : la "haute
banque", les banques d'affaires et les banques de dépôts.
La "haute banque", qui ne recevait pas de dépôts du public, se cantonnait dans des
opérations fructueuses d'émissions d'emprunts pour le compte du gouvernement. Aujourd'hui,
ces banques jouent le rôle de conseil financier auprès des grandes entreprises dans leurs
activités de fusion, acquisition, etc.
Les banques d'affaires (Suez, Paribas par exemple) collectaient l'épargne publique pour
financer le développement industriel. Même si elles distribuaient des crédits à moyen et long
terme, leurs activités consistaient surtout à investir leurs fonds dans le capital des sociétés en
prenant des participations (elles en devenaient actionnaires). Comme elles prenaient certains
risques, elles ne pouvaient recevoir que des dépôts immobilisés pour plus d'un an.
À l'inverse, les banques de dépôts recevaient des dépôts vue ou à moins de deux ans) et
distribuaient des crédits à court terme, aux particuliers comme aux entreprises.
Depuis 1984, la distinction entre les deux derniers types de banques n'existe plus. C'est donc
la fin de la spécialisation des banques. Avec l'augmentation spectaculaire du nombre de
guichets bancaires en France dans les années 60 et 70 (la "course aux guichets" favorisée par
la concurrence a entraîné une "bancarisation"de la société française, chacun détenant au
moins un compte courant), les banques se sont considérablement développées, se rapprochant
toutes de la "banque universelle" qui réalise l'ensemble des activités bancaires (prises de
participations, crédits du court au long terme...).
La plupart des grandes banques appartiennent à l'Etat. Sociétés privées à l'origine, les banques
ont connu deux vagues de nationalisations, en 1945 (Société Générale, Crédit Lyonnais,
Comptoir national d'escompte et Banque nationale pour le commerce et l'industrie, ces deux
dernières ayant fusionné en 1966 pour créer la Banque nationale de Paris) et en 1982 (36
banques). La politique de privatisation des entreprises publiques touche aussi les banques (en
1986 et 1987, privatisation de Paribas, Suez, Société Générale, Crédit commercial de France
et en 1993, la BNP). Depuis 1998, création du Système Européen de Banques Centrales.
3.3 Crise actuelle du système bancaire
Les banques traversent actuellement une crise financière :
1/ En raison de l’incapacité de certains de leurs clients à pouvoir rembourser.
. particuliers américains qui avaient investi dans l’immobilier à taux variable (crise des
«subprime»). Quand les taux ont augmenté, ils n’ont pas pu faire face à leurs échéances de
remboursement de prêts.
. Etats qui avaient emprunté pour financer leurs déficits budgétaires et qui ne trouvent plus à
présent d’investisseurs pour leur prêter (crise de la «dette souveraine», Grèce notamment).
. entreprises en difficultés qui n’ayant plus de marché ne peuvent plus rembourser
2/ En raison de la volonté de certains investisseurs de ne plus prêter aux banques qui ont
besoin de liquidités pour financer l’économie. En effet l’épargne des nages (CSL, CEL-
PEL,…) collectée par certaines banques n’est pas suffisante pour couvrir les crédits octros.
Ces banques doivent donc « acheter » de la liquidité à d’autres investisseurs nationaux ou
internationaux (compagnies d’assurances, autres banques qui disposent de liquidités, etc…).
Dernier exemple : le Crédit Immobilier qui ne trouve plus de liquidité et ne peut donc plus
octroyer de crédits à ses clients.
3/ En raison de la volonté des autorités de sécuriser les banques en exigeant des fonds propres
à hauteur d’au moins 10% des prêts consentis. S’ils n’ont pas mis en réserve suffisamment de
bénéfices pour accroître leur fonds propres, les banques doivent limiter leurs crédits.
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