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La Légion Etrangère
La plus importante des sonneries règlementaires à la Légion Etrangère, s’appelle
« au caïd ». Elle est jouée par la musique lorsque le Chef de Corps se présente sur le front
des troupes. Le caïd c’est le chef et il joue un rôle primordial à la Légion. Les quatre
premiers vers d’un chant très souvent repris par les légionnaires ne sont-ils pas :
« C’est une chose d’importance,
Que la discipline à la Légion,
L’amour du chef, l’obéissance,
Sont nos plus pures traditions. »
Le 9 mars 1831, le roi Louis Philippe signe l’ordonnance créant la Légion Etrangère :
« Nous Louis Philippe 1er, Roi des Français, à tous présents et à venir salut !
Il sera constitué une Légion composée d’étrangers. Cette Légion prendra la
dénomination de Légion Etrangère. »
En signant cette ordonnance, Louis Philippe savait pourquoi il la signait : il avait
besoin de troupes fraîches et fiables pour la conquête de l’Algérie, il existait en France
une très ancienne tradition de troupes étrangères au service du Roi, garde écossaise,
garde suisse, le dernier en date étant le Régiment de Hohenlohe. Au moment de la
Restauration, tous ces régiments étrangers, très nombreux dans la Grande Armée sont
dissous.
Sous l’impulsion du Maréchal SOULT la Légion Etrangère est crée. Plus tard, le
Maréchal FRANCHET D’ESPEREY pourra dire :
« C’est le rôle historique de notre pays que d’ouvrir les bras à tous ceux qui viennent lui
demander asile pour assurer leur liberté et sauvegarder leur conscience ! ».
Paroles fortes, la réalité est parfois conforme à celles-ci mais souvent un peu différente :
- en 1831, l’Europe est partout troublée par des soulèvements provoquant l’exode de
nombreux proscrits, la Légion Etrangère leur offre un refuge. Ces révolutionnaires en
rupture de barricades qui n’avaient pas voulu servir une cause qui leur paraissait injuste
vinrent rejoindre les soldats de métier et les ouvriers sans travail qui composèrent les
premiers éléments de la Légion Etrangère.
- en juillet 1870, des rapports du type suivant arrivaient jusqu’à l’Empereur : « il se
présente chaque jour à nos frontières un nombre considérable d’étrangers demandant à
servir sous le drapeau de la France pendant la guerre actuelle ». Evidemment ces
volontaires étaient les bienvenus car pendant que le maréchal LEBOEUF, ministre de la
guerre étirait péniblement sur nos frontières les 240000 hommes des troupes de
campagne disponibles, le maréchal-comte Helmuth Von Moltke organisait l’impeccable
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concentration en masses profondes de ses 3 armées, c'est-à-dire 518000 hommes, 3
béliers en face de la ligne française étirée.
- en 1914, même constatation, les volontaires étrangers affluent en masse, bien
souvent résidants et travaillant en France depuis de nombreuses années, ils souhaitent
témoigner leur reconnaissance au pays qui les a accueillis, ils constituent alors le 3ème
Régiment de Marche de la Légion Etrangère. Mais ces volontaires, commerçants, artisans,
artistes, universitaires sous les ordres d’un colonel de gendarmerie vont être envoyés non
au feu mais à la boue dès l’hiver 1914 sur le front de la Somme. La plupart auront droit à la
croix de bois et seront remplacés au sein du 4ème Régiment de marche de la Légion
Etrangère par « les Garibaldiens » durement éprouvés en Argonne (429 tués ou disparus en
3 mois de campagne).
- en 1939, si les mobilisés anciens légionnaires, recevaient leur feuille de route sans
se réjouir, d’autres enthousiastes, originaires de près de 50 nationalités affluaient au
camp de Barcarès dans les Pyrénées Orientales. Anciens républicains espagnols, juifs de
toutes nationalités qui s’engageaient parce que l’ennemi était l’Allemagne hitlérienne. Le
commandement les organisa sous l’appellation de 21ème, 22ème et 23ème régiments de marche
de Volontaires Etrangers.
On voit bien cette caractéristique de la Légion Etrangère qui a toujours attiré au
service de la France des hommes qui avaient souvent perdu toute espérance et qui venaient
dans ses rangs reconquérir un peu de dignité humaine.
Mon exposé pourrait être ordonné chronologiquement, je n’en ferais rien, balayant 4
continents : Afrique, Europe, Amérique et Asie, je montrerais l’universalité de l’action de la
Légion Etrangère.
Je voudrais d’abord faire litière d’une légende qui tendrait à démontrer que, à la
Légion, le racisme aurait trouvé un terreau pour se développer. Il n’en est bien entendu
rien. Actuellement près de 140 nationalités sont représentées à la Légion. Par essence la
composition de la Légion exclus le phénomène de racisme. Une caractéristique que je
voudrais aussi souligner : l’origine des légionnaires est très liée aux conflits qui se
déroulent dans le monde, c’est ainsi que la fin des deux guerres mondiales a vu nombre de
soldats d’origine germanique rejoindre ses rangs, au moment de la révolution russe, nombre
de russes blancs se sont engagés sous son drapeau, l’effondrement du mur de Berlin et la
chute du communisme ont entraîné l’intégration de nombreux volontaires issus des pays de
l’Est.
La légende est tenace qui consiste à dire que de très nombreux repris de justice
garnissent ses rangs. C’est ignorer le travail des personnels du recrutement de la Légion
Etrangère qui disposent depuis sa création du fichier d’Interpol des personnes
recherchées. Certes peuvent être incorporés des délinquants ou petits repris de justice, à
la condition que les officiers recruteurs les estiment amendables. La Légion est un creuset
qui façonne les hommes sans nom, mais pour être façonné, encore faut-il y entrer et la
sélection est aussi et surtout physique.
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L’AFRIQUE
La première Légion : organisée en bataillons nationaux. Dès la fin 1831, cinq bataillons de
Légion sont envoyés à Alger, Oran et ne. Ses débuts ne sont pas exceptionnels mais
comment s’en étonner ; une telle masse d’homme ne parlant pas ou très mal le français.
Très vite, cependant, les vieilles troupes (sous-officiers) qui les encadraient sous les
ordres d’un vieil officier suisse qui avait combattu en Espagne sous l’Empire, le colonel
STOFFEL, vont donner à la Légion une très belle allure.
L’Algérie est le berceau de la Légion, elle y établira son foyer : Sidi-bel-Abbès. C’est
alors que sa belle tâche civilisatrice se dessine déjà : construction de routes, de postes, de
canaux d’irrigation, assèchement de marais, plantations, travaux divers, certes dans son
intérêt mais aussi au bénéfice des populations autochtones.
Parallèlement à cette œuvre pacifique, la Légion combat : avril 1832 près de Maison
Carrée, 11 novembre 1832 combat de Sidi-Chabal contre un jeune rebelle Abd-El-Kader,
prise d’Arzew, occupation et défense de Mostaganem. En juin 1832, le colonel BERNELLE
prend le commandement et apporte avec lui le 1er drapeau de la Légion Etrangère. Pendant
cette période, le bataillon espagnol se montre particulièrement apte à la forme de guerre
qu’apprennent en Afrique nos officiers et nos soldats. C’est prémonitoire puisque en juillet
1835 la Légion Etrangère est prêtée à la Reine Isabelle d’Espagne.
Terrible campagne au cours de laquelle la Légion illustre déjà la devise qui sera
inscrite plus tard sur ses drapeaux : « HONNEUR ET FIDELITE ». Le colonel BERNELLE
lui donne alors son organisation définitive en organisant la mixité nationale des bataillons.
De 1835 à 1838, l’Arlaban, Tirapegui, Zubiri, Huesca, Barbastro, la Légion malgré
l’oubli du paiement des soldes reste fidèle à ses chefs dont le colonel CONRAD.
La Nouvelle Légion : en décembre 1835 ; face au besoin de troupes en Algérie, une
ordonnance royale prescrit la formation d’une nouvelle Légion dont le dépôt alimentera
aussi les unités combattants en Espagne. L’assaut de Constantine, Djidjelli, Médéa , Miliana
sont jusqu’en 1840 les combats où s’illustrent la Légion.
De 1840 à 1883 c’est la conquête de l’Algérie. Le Général BUGEAUD nommé
gouverneur Général de l’Algérie donne un aspect totalement nouveau à la lutte : moins de
postes, mais ceux qui subsistent sont renforcés, multiplication des colonnes ; le
commandement se rend compte de la solidité des 1er et 2ème régiments Etrangers : Zaatcha,
Ischeriden en 1857 confirment la valeur des « grandes capotes ». Pour la Légion, la
conquête s’achève par le sanglant combat de Chott Tigri en 1882 au cours duquel l’unité de
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Légion engagée perdit tous ses chefs, le commandement sera assuré jusqu’à l’arrivée de la
colonne de secours du Général de Négrier par un simple légionnaire. Celui-ci tué, on trouva
sur son cadavre une relique, dans une « autre vie » il avait reçu la croix de la Légion
d’Honneur.
LA CAMPAGNE DE CRIMEE (1854-1856)
Cette campagne d’Orient prend un caractère particulier puisqu’il s’agit d’un nouvel
épisode de la question d’Orient depuis l’arrivée des turcs en Europe dès la seconde moitié
du XVème siècle.
1853, le tsar Nicolas 1er décide la prise de Constantinople, la Turquie attaquée
appelle à son aide la France et l’Angleterre.
1854 : Napoléon III se décide à la guerre. Mais ni la France et encore moins
l’Angleterre ne sont prêtes. Néanmoins, les troupes alliées débarquent dans les Balkans et
se heurtent pour toute résistance à une terrible épidémie de choléra. Sous commandement
britannique, le corps expéditionnaire finit par débarquer en Crimée, il est rejoint par le 1er
Régiment Etranger et des éléments du 2ème Régiment Etranger. Victoires de l’Alma puis
d’Ischeriden imposent la valeur des légionnaires surnommés par les russes les « ventres de
cuir » en raison de la forme particulière de leur cartouchière.
C’est alors le siège de Sébastopol avec la prise de l’ouvrage de Malakoff par une
centaine de volontaires du 1er Régiment Etranger. Ceux-ci prenant pied sur le bastion
central permettent au Général de Mac Mahon d’avoir cette phrase « historique » : il
répondra à un officier anglais qui lui demandait ses intentions : « allez dire à votre général
que j’y suis et que j’y reste ».
MAGENTA ET SOLFERINO
1859
Deux mois de campagne.
Le congrès de Paris qui fait suite à la guerre de Crimée, porte en germe l’intervention de la
France en faveur de l’unité italienne, car l’Italie a rejoint les Alliés en Crimée.
L’armée française mal préparée, notamment pour ce qui concerne les services de
santé et l’Intendance entre en campagne sous le commandement de généraux mal préparés
à ce type de combat. Les deux régiments de Légion sont intégrés au 2ème Corps du Général
de Mac Mahon. Les légionnaires vont avoir très vite à se servir du nouveau fusil à canon
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rayé qu’ils ont perçu au début de la campagne. C’est le combat de Montebello le 20 mai
1859.
Le 4 juin le 2ème Corps se porte sur Magenta, la brigade Etrangère est engagée 1er
Etranger et 2ème Etranger sous les ordres du Colonel de Chabrière qui est tué au début de
la charge. Lorsque Mac Mahon apprend que la Légion est dans Magenta, il a cette
formule : « La Légion est à Magenta, l’affaire est dans le sac. ». En résumé Magenta et
Solférino, combats de hasard, de rencontres ont été des boucheries au cours desquelles la
Légion a payé un lourd tribu : 14 officiers dont le colonel de Chabrière, et 300 sous
officiers et légionnaires tués.
Le 7 juin, le 2ème corps, dont la Légion, fait son entrée triomphale dans Milan.
L’Italie pouvait fêter alors son indépendance. Les récits des anciens sur cet épisode
milanais sont éloquents, ces hommes, sans feu ni lieu autre que leur régiment, s’avançaient
sous les acclamations sans fin, les ovations, sous une pluie de roses. Les Milanaises se
jetaient sur eux pour les couronner de fleurs et la fin du défilé n’épuisa nullement cette
ardeur ; La nuit, les jardins embaumaient……..Je cite un ancien : « Elles étaient folles mon
gars. Et nous aussi on était comme fous. »
Le 19 août, le 2ème Etranger embarquait à Toulon pour Mers El Kébir. Auparavant le
commandement avait cru possible de recruter à Milan. C’était sans compter sur la réaction
des Milanais de sexe mâle qui n’avaient qu’une hâte, voir s’éloigner les libérateurs, pas un ne
s’engagea.
L’AVENTURE MEXICAINE
CAMERONE
1863-1867
Il n’est évidemment pas question d’évoquer dans le détail les motifs de l’intervention
au Mexique, pour mémoire il s’agissait pour Napoléon III de réaliser l’union des sud-
américains contre l’expansion des Etats-Unis. Pour cela un premier contingent de troupes
françaises débarque à la Vera-Cruz en 1862 pour imposer l’Archiduc Maximilien frère de
l’Empereur d’Autriche comme souverain du Mexique.
La conséquence c’est que pendant 4 ans il faudra faire face à une guérilla qui va
exploser partout dans le pays. Rébellion dirigée par JUAREZ et soutenue dès 1865 (fin de
la guerre de Sécession) par les Etats-Unis.
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