Hommage à l’adjudant-chef Georges BARTHELEMY, Né en 1923, décédé le 14 octobre 2013, Prononcé à ses obsèques par le général Jacques MANET, président de la section Haute-Savoie de la SMLH, en l’église de St Jorioz (Haute Savoie) MON ADJUDANT-CHEF, MON ANCIEN, MON CHER GEORGES, Mon adjudant-chef, C’est avec ce grade, le plus haut qu’on pouvait alors obtenir dans le corps des sous-officiers de l’Armée française, que vous avez quitté l’uniforme après une carrière commencée 18 années plus tôt C’est dans les Troupes coloniales, « â la Colo », comme l’appellent les militaires avec une admiration parfois teintée d’envie, que vous effectuerez la totalité de votre parcours de soldat. Mon adjudant-chef, c’est ainsi qu’à la Légion étrangère où l’on tutoie ses hommes, que le jeune officier s’adresse avec respect et considération à ceux qu’on appelle les « Maréchaux de la Légion ». 21 août 1941. Vous avez tout juste 18 ans. La France vient de connaître un désastre national, politique et militaire. Vous refusez de vous soumettre. Vous refusez la défaite. Vous vous engagez à Marseille au Régiment d’infanterie coloniale du Maroc, le RICM, qui est le Régiment le plus décoré de France. Le 11 septembre 1941, vous débarquez â Oran, et vous êtes immédiatement affecté dans une unité de reconnaissance, de celles qui se portent en tête, qui doivent acquérir le renseignement, qui recherchent l’ennemi. Et c’est tout de suite le début d’un périple qui vous conduira sur des théâtres d’opérations où la France se bat: le Maroc en 1941, l’Algérie en 1943, la Corse en 1944, le débarquement en Provence en août 1944, la campagne de France en 1944 et enfin la victoire en Allemagne en 1945. Au cours de ces 4 années de combats ininterrompus, vous êtes cité â deux reprises, ce qui vous vaut l’attribution de la Croix de guerre 1939/1945. Vous accrochez au ruban vert et rouge de cette Croix une palme et une étoile de vermeil, qui distinguent en vous, je cite: « Un gradé d’élite, modèle d’intrépidité et de sang-froid, doté des plus belles qualités de bravoure». Vous êtes autorisé à porter la double fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre qui a été décernée au RICM, ainsi que la Distinguished Unit des Etats-Unis. Vous terminez la première phase de votre carrière Insigne 9 ème avec le grade de sergent. A peine rentré en France, en partant vers d’autres envoie ses soldats, pour vous entamez la deuxième phase théâtres d’opérations où la France parfois lui manifester ensuite une DIC certaine ingratitude. Le 12 octobre 1945, vous embarquez pour l’Extrême Orient, et vous passerez 2 années en Cochinchine, toujours au sein du RICM et de la 9ème DIC Ce sera ensuite un séjour de 2 autres années dans les forces d’occupation en Allemagne. L’Afrique vous appelle â nouveau, et vous partez au Sénégal en 1948, puis au Soudan en 1949. Une nouvelle affectation en Allemagne en 1950, puis un départ pour la Côte d’ivoire en 1952, suivi d’un très court séjour en Allemagne en 1955, puis à nouveau l’Algérie en 1955, où vous recevez la Médaille militaire, et enfin le Sénégal en 1957. C’est là que vous êtes promu adjudant-chef. Le 1 décembre 1959, vous « posez les valises en Haute Savoie », et vous vous apprêtez à redécouvrir la métropole que vous avez peu fréquentée depuis près de 20 ans. Le 14 juillet 1994, la Croix de chevalier de la Légion d’honneur vous est conférée pour couronner votre exceptionnel parcours de soldat. Mon Ancien, « Mon Ancien », c’est l’expression que les soldats utilisent pour s’adresser à ceux qui leur ont appris le métier, qui leur ont tracé la piste, qui leur ont inculqué le culte de la discipline, du courage et de l’honneur. A une époque où certains oublient leur passé, prétendent que tout se vaut et que l’expérience ne compte pas, « Mon ancien », c’est l’expression qui nous rappelle que le passé éclaire le présent, qui lui-même tient entre ses mains les clés de l’avenir. Dans une armée qui a toujours cultivé, qui cultive, et qui continuera de cultiver la considération que l’on doit à ses compagnons d’armes, « Mon Ancien », c’est l’expression qui rappelle au soldat que rien n’est inné, que rien n’est acquis, et que respecter la Mémoire, celle d’un homme, celle d’un peuple, celle d’une nation, c’est ce qui permet d’épargner les larmes et le sang. « Mon Ancien », c’est l’expression que tous les officiers de ma génération, y compris les généraux les plus étoilés, employaient pour s’adresser au commandant Hélie de Saint Marc, cet homme admirable et ce grand soldat qui nous a quittés il y a tout juste un mois, et dont le destin a Illustré, de façon à la fois magnifique et tragique, les « Grandeurs et servitudes militaires ». Mon cher Georges, Te voici arrivé au bout du chemin. Nous nous sommes connus il y a une dizaine d’années, quand je rencontrais les Anciens avec lesquels nous portions le même ruban rouge de la Légion d’honneur. J’ai découvert en toi la modestie d’un homme qui avait aimé passionnément son métier, qui disait n’avoir fait que son devoir, mais qui était légitimement fier de son parcours de soldat. Mon cher Georges, nous sommes tous réunis aujourd’hui, tes anciens frères d’armes, les soldats, les amis, pour un dernier adieu, affectueux et fraternel. Nous sommes à côté de toi, à côté de Simone, ta « marraine de guerre », que tu as connue en mai 1945 et épousée le 10 avril 1947 après ton séjour en Cochinchine; nous sommes à côté de Nicole, née lors de ton affectation en Côte d’ivoire, et de son conjoint; nous sommes à côté de toute ta famille regroupée autour de toi. Mon adjudant-chef, mon Ancien, repose en paix, mon cher Georges. Général Jacques MANET L’adjudant-chef BARTHELEMY Georges était chevalier de la Légion d’Honneur, Médaillé Militaire, titulaire de la Croix de guerre 39/45 avec 2 citations (1 « armée », 1 « corps d’armée »), et d’autres croix et médailles commémoratives. Il avait droit au port de la Presidential Unit Citation (décoration américaine décerné au RICM pour son magnifique comportement à l’automne 1944 dans les combats de la trouée de Belfort, Mulhouse et Seppois-le-bas). Notre section « Languedoc sud » de l’Association des Membres de la Légion d’Honneur Décorés au Péril de Leur Vie était fière de compter ce camarade dans ses rangs. La plaque mortuaire de notre association a été remise à la famille par Mr Adrien AVENIERES, président de la section des 2 Savoies ; notre section a fait déposer une gerbe de fleurs.