
Dossier climat Décembre2014 -2
- Les lobbyistes du secteur des énergies fossiles ont
droit de cité à cette conférence. Ils ne se sont pas privés
de faire pression pour que les accords soient les moins
contraires possibles à leurs ambitions.
- Comme cela devient hélas habituel, et compte tenu
de l’étendue des désaccords, des prolongations de 36h ont
eu lieu afin d’arracher un simulacre d’accord, qui ne
trompe personne.
Point des principales discussions
Réduction des émissions : La conférence s’est fixée
comme objectif de réduire les émissions mondiales de 40
à 70% d’ici 2050.
Faute d’arriver à des engagements fermes et
contraignants des pays riches par le passé, l’ONU a
proposé que les contributions des états « qui le peuvent »
seraient volontaires et définies par eux mêmes. Leur
annonce prévue d’ici Mars 2015 a été repoussée jusqu’au
31 Octobre, soit 2 mois avant l’ouverture du sommet de
Paris, et aucune procédure d’évaluation ou révision n’est
prévue.
Affrontements sur l’adaptation
Les Pays riches souhaitaient limiter leur action à la
réduction de leurs propres émissions, et ne pas participer
à l’adaptation
, ni au financement de transferts de
technologie vers les pays émergents qui leur
permettraient de moderniser leurs outils de production et
moins émettre de GES.
Ce refus par les pays riches de reconnaître leur dette
climatique à l’égard du monde (60% des émissions émises
depuis l’ère industrielle) est constant et permanent.
Aussi, il a fallu un bras de fer important pour que les
Pays riches (de l’OCDE) acceptent le principe de
« responsabilités communes mais différenciées », et
qu’en conséquence l’adaptation ne soit pas un sujet
d’importance secondaire.
Le fonds vert, cet argent que les pays riches ont du mal
à sortir
Le fonds vert est l’instrument financier permettant
l’adaptation des pays en développement. Son principe a
été adopté en 2009 à Copenhague et son objectif est
d’arriver progressivement à lever 100 Milliards $ par an
d’ici 2020, et dont les 1ères aides pourraient se réaliser
mi 2015.
Alors que les pays émergents demandaient 20
Milliards en 2014, la conférence de Varsovie de 2013
avait rabaissé la barre à 10 Milliards.
Ce n’est que dans les 15 derniers jours avant Lima
qu’ont été réunies ces sommes promises, et s’agissant de
la France l’ONG Oxfam a demandé qu’elle clarifie sa
dotation de 1 Milliard : S’agit-il de dons ou de prêts ?
Propos tenus et écrits lors de cette conférence
L’adaptation, terme précis, désigne le financement des
mesures prises contre les conséquences des changements
climatiques
Plus grave, aucune disposition n’a été arrêtée précisant
comment arriver à 100 Milliards en 2020
Efforts de réduction d’ici 2020 :
Alors que le principe d’un effort de réduction avait été
décidé lors de la conférence de Doha en 2012, et malgré
l’alerte du GIEC aucune mesure concrète n’a été prise.
Il convient de savoir à ce sujet que cet automne
l’Union Européenne a décidé de ne pas augmenter son
effort d’ici 2020 ( - 20% d’émissions) et de le porter à
moins 40% de 2020 à 2030, ce qui est très insuffisant
pour rester en dessous des 2°.
Analyse et commentaires
Le cynisme et les reculs atteignent des sommets
Cette conférence de Lima se situe dans la droite ligne
des précédentes, et on assiste même à des postures encore
plus ignobles et insupportables. Ainsi le fait de dire
« pour ceux qui le peuvent » en parlant des pays riches,
sous entendant qu’ils n’ont pas les moyens, alors que
selon Oxfam le 1% des plus riches de la planète détient
50% des richesses, et que la seule fraude fiscale
Européenne est estimée à 1.000 Milliards € par an.
S’agissant des engagements, ils ne cessent de
reculer. Ainsi l’accord mondial devant succéder au
protocole de Kyoto (finissant en 2012) toujours pas
conclu. Du coup le maximum d’émissions mondiales
souhaité pour 2015 ne se produira au mieux qu’en 2030.
Des politiques sous influence des lobbies
Alors que les changements climatiques se manifestent
dans tous les pays, et s’amplifient au point que les
assureurs s’arrachent les cheveux devant l’étendue des
dégâts – dont une partie importante de la population
mondiale n’est pas couverte-, nos responsables politiques
acoquinés avec les lobbies restent plus que jamais sourds
et aveugles.
S’agissant de l’UE, Miguel Canete nouveau
commissaire à l’énergie et au climat, est un « baron » de
l’industrie pétrolière Espagnole. Il n’a pas manqué de
dire à Lima que les contributions nationales doivent se
limiter aux efforts de réduction des émissions, et donc
exclure l’adaptation.
Du bla bla continuel et insupportable
Avant cette conférence de Lima, les médias et
spécialistes en communication nous passaient une petite
musique guillerette On nous disait que les chefs d’état
réunis par l’ONU à New York le 23 Septembre
déclaraient avoir été impressionnés par la 1ère marche
mondiale pour le climat tenue 2 jours auparavant, et avoir
entendu le message : « Fini de faire semblant, on veut de
vrais engagements ». Idem, concernant l’accord Sino
Américain de réduction des émissions de GES, qualifié
d’historique.
Et pourtant une analyse critique du déroulement des
négociations climatiques Onusiennes, notamment depuis