? Après lui, qui a été, qui est, anéanti, humilié en Dieu comme l’Immaculée, qui l’a reçu et
porté en elle ? (J’ai contemplé aussi St Joseph).
A sa mort, Jésus nous a laissé son Sang. Bain d’amour qui nous lave du moi dans le Baptême,
la Pénitence. Il nous a laissé l’Eucharistie pour que nous nous détruisions en Dieu !
L’humilité, je la vois si belle !! Mais c’est l’amour rendu à l’âme. C’est l’amour-propre qui
meurt pour faire place à Dieu. Là, j’ai entendu une parole que je n’oublierai jamais : “Dieu
s’est anéanti jusqu’à toi. Anéantis-toi jusqu’à Dieu“. En même temps (mais c’est impossible
que j’explique cela) je voyais toute la distance que le Verbe a parcourue pour venir à
l’homme. Anéantir Dieu jusqu’à l’humanité ‚ quel abîme !!! Et je voyais aussi toute la
distance à parcourir pour que la créature remonte à Dieu. Anéantir l’amour-propre jusqu’à la
divinité, quelle cime !! Le Sang de la Rédemption, son feu divin, peut seul opérer cette
merveille. Comme il est facile de comprendre que le beau, c’est le moi qui s’absente,
s’anéantit. Le laid, c’est le moi qui règne, c’est l’Enfer déjà ! Je ne sais pas dire ce que je vois.
La justice, la vérité, c’est l’humilité et l’humilité, c’est l’amour, c’est nous-mêmes qui faisons
place à Dieu. J’ai pleuré mes péchés et, pourtant, il me semble que Jésus seul sait voir ma
douleur et ce que j’ai souffert. Est-ce orgueil ? mais il me semble que je ne puis plus perdre
mon Trésor ? qu’il trouve que j’ai été assez broyée et qu’il me consolera éternellement. Tout
perdre. Si ce trésor d’amour me reste, Père, est-ce perdre quelque chose ? L’amour s’est
donné encore bien plus à Marie ; mais tant à moi, aussi, il me semblait que je ne pouvais
m’empêcher d’être joyeuse ? “Cœur de Jésus doux et humble !’’ Si j’étais humble, je serais
plus calme sur la croix ? “Qu’il croisse et que je diminue.“ Le rien, l’humilité, n’a pas de
volonté et laisse l’amour détruire le moi.
J’ai eu mal aux mains et la vue du Crucifiement plusieurs fois. Ce qui est singulier, c’est que
Zange, qui ne savait rien, est juste venue me montrer à la chapelle une image de ce que je
voyais. Père, j’ai eu envie de mourir pour m’anéantir en Dieu. Mais ceci, encore, c’est ne pas
être humble ; le moi y est.
*
14 août 1883, soir
Retraite - Examen
L’humilité s’est montrée sous un jour nouveau : la destruction du moi ! Et je me vois partout
dans ma vie ? Je ne crois pas que de me juger soit dans ma voie ? Ni en bien, ni en mal ? Se
juger, c’est être. Mais m’anéantir en tout, ceci c’est ma voie. Partout où je me verrai,
m’anéantir, pour faire place à l’amour, voilà ma résolution. Alors je serai la bouche de Dieu ;
il y a longtemps que j’ai compris que ce sont nos passions ‚ le moi, qui nous empêche de voir
et de parler. J’ai eu une vue splendide de l’unité : que tout, toutes les vertus reviennent à
l’unité. Je le voyais si clair. J’étais très haut, je crois ; ce n’était pas à l’oraison.
Pendant mon adoration j’ai eu la contemplation de l’humble obéissance, pauvreté et chasteté
de Jésus à la crèche, à la croix et dans l’Hostie.
*
15 Août
1ère Méditation
-----
Sur ces paroles de N.S. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ».
( S. Mat. 11,29)
L’humilité est la vertu propre de Jésus : la bonté, la miséricorde, la justice, sont nature
en lui plutôt que vertu, mais l’humilité est comme son caractère particulier ; aussi en fait-il
l’apanage de l’humanité qu’il s’est unie.