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Retraite 1883
Ce soir 14 Août
Méditations sur ces paroles de Jérémie : (15-19)
« Si vous séparez ce qui est précieux de ce qui est vil, vous serez comme ma bouche ».
Il y a tout le secret de la grande vertu d’humilité, qui consiste à séparer en nous, dans les
autres, et en tout, ce qui est précieux, c'est-à-dire les dons de la nature, de la grâce, les vertus,
etc. de ce qui est vil, c'est-à-dire des péchés, des défauts, etc.
En attribuant à Dieu seul ce qui est précieux, à nous même ce qui est vil et en tirant les
conséquences pratiques de cette distinction, nous offrons à Dieu l’or pur de l’humilité, qui est
vérité, c’est clair, et nous foulons aux pieds le vil plomb de notre amour propre. Alors nous
sommes comme la bouche de Dieu, nous parlons, nous agissons, nous pensons toujours selon
la vérité et la justice.
Que Jésus et Marie vous pénètrent de ces enseignements.
Etudiez en eux l’humilité.
Bouquet spirituel. O Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au
vôtre !
Lectures pendant la Retraite
Matin Soir
Nouveau Testament Imitation
1er j. S. Mat. III Ch. L.I Ch.2
2è - S. Mat. V de 1 à 26 L. II ch.2
3è - S. Mat. Ch. VII L. II ch.11
4è - S. Mat. VIII de 1 à 13 L. III ch. 4
5è - S. Mat. XV 1 à 28 L. III ch. 7
6è - S. Mat. XVIII 1 à 11 L. III - 8
7è - S. Mat. XX 17 à 28 L. III - 9
8è - S. Mat. XXIII , 1 à 12 L. III - 20
9è - S. Jean XIII, 1 à 15 L. IV - 18
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Examen particulier sur l’humilité.
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OUV. 188 - Orig.autogr.
14 août 1883
Retraite, 1ère oraison.
Si vous séparez ce qui est précieux de ce qui est vil, vous serez comme ma bouche“.
J’ai vu si beau mon Dieu !! Si bien vu l’humilité !!! Dieu amour, créant sa créature pour se
revoir lui-même, en elle ; le péché qui n’est que l’âme se détournant de sa fin, Dieu, pour se
regarder elle-même en dehors de Dieu !! Tombée dans cet abîme incomparable‚ la créature ne
pouvait plus remonter, d’elle-même, à Dieu. Alors le Verbe a dit : “C’est moi qui franchirai la
distance. Elle ne peut plus venir à nous. J’irai à elle“. Et l’amour est revenu dans l’humanité
par l’Incarnation. L’Homme Dieu‚ plus que tout autre être‚ était, est anéanti‚ humilié en Dieu
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? Après lui, qui a été, qui est, anéanti, humilié en Dieu comme l’Immaculée, qui l’a reçu et
porté en elle ? (J’ai contemplé aussi St Joseph).
A sa mort, Jésus nous a laissé son Sang. Bain d’amour qui nous lave du moi dans le Baptême,
la Pénitence. Il nous a laissé l’Eucharistie pour que nous nous détruisions en Dieu !
L’humilité, je la vois si belle !! Mais c’est l’amour rendu à l’âme. C’est l’amour-propre qui
meurt pour faire place à Dieu. Là, j’ai entendu une parole que je n’oublierai jamais : “Dieu
s’est anéanti jusqu’à toi. Anéantis-toi jusqu’à Dieu“. En même temps (mais c’est impossible
que j’explique cela) je voyais toute la distance que le Verbe a parcourue pour venir à
l’homme. Anéantir Dieu jusqu’à l’humanité ‚ quel abîme !!! Et je voyais aussi toute la
distance à parcourir pour que la créature remonte à Dieu. Anéantir l’amour-propre jusqu’à la
divinité, quelle cime !! Le Sang de la Rédemption, son feu divin, peut seul opérer cette
merveille. Comme il est facile de comprendre que le beau, c’est le moi qui s’absente,
s’anéantit. Le laid, c’est le moi qui règne, c’est l’Enfer déjà ! Je ne sais pas dire ce que je vois.
La justice, la vérité, c’est l’humilité et l’humilité, c’est l’amour, c’est nous-mêmes qui faisons
place à Dieu. J’ai pleuré mes péchés et, pourtant, il me semble que Jésus seul sait voir ma
douleur et ce que j’ai souffert. Est-ce orgueil ? mais il me semble que je ne puis plus perdre
mon Trésor ? qu’il trouve que j’ai été assez broyée et qu’il me consolera éternellement. Tout
perdre. Si ce trésor d’amour me reste, Père, est-ce perdre quelque chose ? L’amour s’est
donné encore bien plus à Marie ; mais tant à moi, aussi, il me semblait que je ne pouvais
m’empêcher d’être joyeuse ? Cœur de Jésus doux et humble !’’ Si j’étais humble, je serais
plus calme sur la croix ? Qu’il croisse et que je diminue. Le rien, l’humilité, n’a pas de
volonté et laisse l’amour détruire le moi.
J’ai eu mal aux mains et la vue du Crucifiement plusieurs fois. Ce qui est singulier, c’est que
Zange, qui ne savait rien, est juste venue me montrer à la chapelle une image de ce que je
voyais. Père, j’ai eu envie de mourir pour m’anéantir en Dieu. Mais ceci, encore, c’est ne pas
être humble ; le moi y est.
*
14 août 1883, soir
Retraite - Examen
L’humilité s’est montrée sous un jour nouveau : la destruction du moi ! Et je me vois partout
dans ma vie ? Je ne crois pas que de me juger soit dans ma voie ? Ni en bien, ni en mal ? Se
juger, c’est être. Mais m’anéantir en tout, ceci c’est ma voie. Partout où je me verrai,
m’anéantir, pour faire place à l’amour, voilà ma résolution. Alors je serai la bouche de Dieu ;
il y a longtemps que j’ai compris que ce sont nos passions ‚ le moi, qui nous empêche de voir
et de parler. J’ai eu une vue splendide de l’unité : que tout, toutes les vertus reviennent à
l’unité. Je le voyais si clair. J’étais très haut, je crois ; ce n’était pas à l’oraison.
Pendant mon adoration j’ai eu la contemplation de l’humble obéissance, pauvreté et chasteté
de Jésus à la crèche, à la croix et dans l’Hostie.
*
15 Août
1ère Méditation
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Sur ces paroles de N.S. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ».
( S. Mat. 11,29)
L’humilité est la vertu propre de Jésus : la bonté, la miséricorde, la justice, sont nature
en lui plutôt que vertu, mais l’humiliest comme son caractère particulier ; aussi en fait-il
l’apanage de l’humanité qu’il s’est unie.
3
St Bonaventure parlant de cette parole de Jésus dit que N.S. a résumé toute sa loi et
tout l’évangile dans cette leçon.
Considérez l’abaissement de l’Incarnation :
Le Verbe s’est fait chair. ---
Bouquet et prière, comme hier :
O Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre.
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Toute la sainteté est là d’après Jésus lui-même.
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OUV. 189 - Orig.autogr.
15 août 1883, matin
Examen
Le même.
Ne chercher que Dieu dans les créatures et tâcher qu’on ne cherche que Dieu en moi‚c’est
encore de l’humilité.
15 août 1883
Retraite - 2ème oraison
Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.
Oui‚ c’est du Verbe incarné que nous apprenons l’humilité. Dieu ne peut anéantir son être,
descendre. Il est l’amour parfait qui se voit et s’aime. La création, elle-même, donnait un effet
de plus à sa grandeur, mais le laissait dans cette éternelle grandeur. L’Incarnation ne change
pas l’être de Dieu, l’amour, mais elle donne à l’amour un effet nouveau. L’amour s’abaisse,
s’anéantit jusqu’à la chair. Le Verbe s’est fait chair. L’homme de chair Jésus s’anéantit, à son
tour, dans la divinité. Il n’est qu’amour.
Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père“. Celui qui n’oppose aucune résistance à
l’amour est doux, car il est humble, c’est-à-dire que le moi n’existe pas en lui, mais seulement
l’amour !
Quel abîme, mon Père ! Vu à cette lumière, le cœur de l’homme est un océan d’orgueil,
d’amour-propre, le moi fait, sans cesse, sa tempête. Si je me regarde sous cette lumière, je
vois bien que je n’ai pas d’humilité ? Que de vie personnelle, encore, dans ma vie ! Je veux
être ce rien de Jésus. Il a dit qu’il m’aimait parce que j’étais un rien. Hélas, je vois bien,
aujourd’hui, que je ne le suis pas encore. C’est parce que je ne suis pas un rien que je ne suis
pas douce et calme toujours.
L’Eucharistie, c’est le moi divin anéanti pour se faire moi. Pauvre, si pauvre moi, anéantis-toi
pour te faire hostie, amour !
Je veux être toujours prête à me laisser crucifier, humilier, anéantir, car, cela ne fût-il pas
nécessaire pour augmenter mon amour, c’est‚ en tous cas, un effet de plus à mon amour.
C’est trop beau tout cela pour le dire, Père ; une seule chose calmerait ce qu’une pareille
contemplation amène, c’est la mort.
Comment vivre sans s’anéantir comme on voit qu’il le faudrait ?
Comment vivre en voyant les créatures, comme d’autres Satan, s’anéantir si peu, ou point,
devant Dieu et devant l’amour sans borne du Verbe incarné pour tous ? Il a pris sur lui nos
péchés. Et dire que le trésor de ces belles vérités est ouvert à tous ! Qui boit à cette fontaine de
vie ? On boit le moi, l’or, qui est la mort. J’ai vu cet anéantissement de l’amour voulant aller à
l’extrême de la douce humilité. L’amour anéanti débute par la crèche, s’élève à la croix et se
couronne au tabernacle. Douceur ! Humilité !
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15 Août
2è méditation
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L’Assomption et l’humilité.
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C’est parce que Marie a le mieux appris et pratiqla divine Leçon de Jésus doux et
humble, qu’elle est maintenant exaltée au-dessus de tous les anges et de tous les saints. C’est
elle qui nous le dit : Mon âme glorifie le Seigneur parce que le Seigneur a regardé l’humilité
de sa servante, et c’est pour cela que toutes les générations m’appelleront bienheureuses.
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Bouquet spirituel
Ecce ancilla Domini ---
(Ordinairement le bouquet spirituel vous indiquera la résolution à prendre. Mais N.S. pourra
vous en inspirer d’autres ; alors vous me l’indiquerez.)
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15 août 1883
Retraite - 2ème Méditation
Le Seigneur a regardé l’humilité de sa servante
Marie s’est, toujours, anéantie. Dès la Présentation elle s’humiliait se donnait pour faire
place à Dieu. Ecce Ancilla Domini. Elle le fit, encore, à l’Annonciation et au Calvaire, elle
n’avait que cela au cœur. Enfin dans son Assomption glorieuse elle s’anéantit en Dieu plus
que jamais, plus que jamais lui dit : “Voici votre servante“. Marie, anéantie dans son humilité,
a reçu l’amour. La Trinis’est d’abord penchée, réfléchie dans son âme, par l’Immaculée
Conception. Ensuite elle a eu l’amour incarné en elle. Enfin elle a donné l’amour au monde, et
tout cela parce que son humilité persistait sous le regard de Dieu. Le moi disparaissait dans
l’amour. Les générations la nommeront bienheureuse. Elle triomphe, anéantie en Dieu.
Lorsque je médite l’Ecce Ancilla Domini, il me semble d’abord que je ne m’en lasserai jamais
; on dirait que je dors en Marie, dans elle.
Puis il se passe une chose singulière: il semble que je disparais en Marie, on dirait que c’est
elle qui est à genoux et non pas moi ; elle qui prie pour le monde et non pas moi. Je ne puis
pas expliquer cet effet. La première fois ce voici de Marie m’a marquée, c’est juste le jour
de l’Assomption pour ma prise d’habit. J’ai vu que tout était là.
Il me semble que Dieu m’a fait tant de grâces dans cette année qui a passé ? La plus grande de
toutes, c’est qu’entre lui et moi je ne vois rien de volontaire ? L’an dernier l’amour s’était
penché sur moi. Maintenant j’espère que le Trésor évangélique repose en moi et, serais-je
seule à ne rien lui refuser (et vous aussi, Père ?), il me semble que le ciel se complairait ? Je
veux lui faire cette joie, Père, m’anéantir pour qu’il vive ? Ecce Ancilla Domini. Et qui sait,
peut-être je l’obtiendrai aussi pour les âmes ?
Je m’en irais bien par les chemins, petite mendiante, disant aux oiseaux et aux fleurs que je
veux être la servante du Seigneur.
Je le dirai là où il voudra ? Et comme il voudra ? Car c’est de tout mon être que je veux dire :
Ecce Ancilla Domini et l’être. J’ai appelé le triomphe de l’Eglise. Malgré moi, l’Ecce Ancilla
Domini me met toujours en face de cet appel. Elle appelait et portait le Messie.
J’appelle et, par moment, il me semble que je porte le Trésor évangélique, base du triomphe.
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15 août 1883, soir
Examen
Croiriez-vous que j’ai complètement oublié ce que je voulais vous dire de mon examen d’hier
soir. Je sais bien que je m’étais unie très fort à l’“Ecce ancilla Domini“, mais impossible de
me rappeler ce que je voulais vous dire : Je crois, pourtant, que c’était bon et beau,
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16 Août
1ère méditation
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« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ».
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Apprenez-le ce matin à Bethléem !!!
Voyez comme l’humilité et la pauvreté sont deux sœurs jumelles, selon la pensée de
St Antoine de Padoue.
Demandez par N.P.S. François la grâce d’aimer et de pratiquer l’une et l’autre.
Bouquet spirituel
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Etre enfant avec Jésus enfant.
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Prière à la Ste Famille pour demander ces deux vertus pour vous et toutes vos filles.
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OUV. 190 - Orig.autogr.
16 août 1883, matin
Examen
M’anéantir, me laisser faire comme l’Enfant Jésus. Bien pure, bien petite. Je comprends que
dans cette année, j’ai fait un pas immense. L’amour l’a fait pour moi ? Mais comme je trouve
que j’ai été remuée par rien ? Père, je ne veux plus remuer, quand on me touche, parce que je
ne veux plus être ?
J’excepte mes peines d’âme (surtout quand je ne savais plus que c’était vous qui me
confessiez) ; et sur toutes ces questions, j’ai passé par une torture j’ai été courageuse, je
crois. Personne ne peut comprendre ce que c’était, ce que c’est encore même, bien que ce ne
soit plus qu’une goutte au regard d’un océan. Mais en dehors de ces peines, je vous ai bien
fatigué, et les autres aussi, de désolation pour peu de chose après tout ? Pardon à Dieu et à
vous. Je serai plus rien à l’avenir, j’espère.
Père, hier soir j’ai pensé à mes péchés et j’étais un peu triste, cherchant à me rendre compte
de leur gravité à l’aide des paroles qu’on m’a dites. Mais il me semble certain que je suis
incapable d’arriver à une solution, parce que bien sûr il y a en moi une porte fermée. Je suis là
comme une enfant qui ne sait pas. Aussi il me semble que je dois à l’avenir ne plus chercher à
rien comprendre de la gravité de mes péchés ; ils sont ce qu’ils sont et je ne dois pas chercher
à juger ce que Dieu a permis, j’espère, que je ne puisse complètement juger. J’espère que je
suis, encore, très Bambina et le mieux est que je reste ce qu’il m’a faite et que seul il peut bien
comprendre, je crois. Il m’a faite si peu comme une autre, ce me semble. Je ne chercherai
donc plus jamais à comprendre la gravité de mes péchés, si vous ne me dites pas de faire
autrement. J’aurais mieux dit, je pense, si je n’étais pas une scrupuleuse.
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