Dès lors, et puisque mon désir fait transiter mon parcours entre ces deux voies, celle de
l’analysant et celle du comédien, il me semble opportun au travers d’un travail de recherche
d’établir, dans une première partie, un panorama, un tableau de bord des liens, des rapports,
des analogies entre le théâtre et la psychanalyse, d’étudier la manière dont la psychanalyse
s’est présenté face au théâtre, et aux grandes œuvres théâtrales, comment elle s’y est même
souvent repéré dans la validation et la consolidation de ses avancées théoriques et cliniques.
Par ailleurs et toujours dans l’optique d’une certaine analogie entre la pratique du jeu théâtral
et certains développements avancés par la psychanalyse, il me semble pertinent de tenter de
cerner le « métier » de comédien dans sa relation avec l’inconscient, sa position de sujet de
l’inconscient, ses paradoxes, sa division, de formuler une éthique du comédien en résonance
avec l’éthique de la psychanalyse telle qu’elle est exposée par Lacan dans son enseignement,
à savoir en tant qu’une éthique du désir.
Au travers des œuvres de Freud et Lacan et plus spécifiquement du rapprochement établi par
Freud entre les discours de la religion, de l’art et de la science avec les développements de
l’hystérie ou de la névrose obsessionnelle entre autres, il sera peut être possible de cerner une
approche psychologique ou psychopathologique des motivations et de la vocation de l’acteur,
notamment au travers de ses choix ou de ses identifications (artistiques, esthétiques, humains,
techniques...).
Il sera aussi incontournable de préciser comment Freud et Lacan se sont positionné face à
l’acteur, d’avantage en position de spectateur que d’analyste, nous le verrons.
Nous étudierons comment la psychanalyse a souligné la prépondérance de l’inconscient de
l’acteur et d’un inconscient théâtral dans la mise en place de la représentation, de l’illusion
ainsi que dans l’efficience de l’effet de théâtre, de la catharsis.
Dans un second temps nous allons tenter de repérer au travers d’un exemple, à savoir l’étude
précise d’une œuvre théâtrale majeure (Hamlet) à la lumière des principaux concepts
psychanalytiques freudiens et lacaniens, comment le théâtre, dont les personnages ne sont pas,
certes, des cas cliniques, peut enseigner à la psychanalyse, notamment dans la mise en place
d’une matrice d’où peut s’appréhender la structure du désir du sujet parlant dans ses rapports
au langage, à la loi symbolique, à l’Autre, au désir de la mère mais aussi à l’objet et au
phallus. « Un drame qui présente une plaque tournante où se situe le désir » dit Lacan.