De fait, trente ou quarante ans plus tard, il encouragera Marie Euphrasie à ne jamais
refuser une femme en détresse ou une postulante pauvre pour une question d’argent.
A plusieurs reprises et très discrètement, il prendra à sa charge les frais encourus.
Après l'émigration, la famille de Neuville revient se fixer en Anjou. Elle rentre dans la
majeure partie de ses biens à l’exception des propriétés qu’elle possédait à Saint-
Domingue. Devenue veuve peu de temps après le retour de l'exil, Madame de Neuville
poursuit sans relâche le désir de fonder à Angers une maison susceptible d'accueillir "la
femme déchue". Depuis le XVIIe siècle et jusqu'à la Révolution Française, Angers
possèdait deux maisons d'accueil pour femmes et filles en difficulté : la
Maison des
Pénitentes
et le
Bon-Pasteur.
Madame de Neuville regrette vivement la disparition de ces deux établissements que la
Révolution avait supprimés et qui étaient plus nécessaires que jamais après dix ans de
bouleversement social, de guerres, d'impiété publique, d'éducation sans foi ni principes
religieux et d'un nouvel ordre social, économique, industriel, sans parler de l'attraction
des centres urbains avec la désertion des campagnes.
Madame de Neuville mourut le 6 novembre 1827 avant de pouvoir réaliser son désir de
faire revivre le ‘Bon-Pasteur’.
En février 1828, Augustin de Neuville, pour accomplir les dernières volontés de sa
mère, met à la disposition de Mgr Montault des Isles, évêque d'Angers, les trente mille
francs de sa mère augmentés de ses économies personnelles, soit huit mille francs
pour l'ouverture d'une "Maison du Bon-Pasteur". Pour apprécier ce don, il suffit de
savoir qu'une journée de travail d'un ouvrier à l'époque valait quatre francs.
Mgr Montault décide d'attendre, jugeant la situation sociale et politique du pays trop
incertaine. Cependant il est conscient des préoccupations de son clergé devant le
nombre croissant de femmes et adolescentes à la dérive. Finalement l'affaire du Bon-
Pasteur est conclue : une ancienne manufacture est achetée par cinq curés d’Angers,
M. Augustin de Neuville assurera les frais de remise en état, Me d’Andigné orientera le
choix des religieuses qui animeront la Maison.
Quand la Première Messe est célébrée au 3, rue Brault à six heures du matin, jour de
la Fête-Dieu, le 18 juin 1829, M. de Neuville est là. Il offre plusieurs dons pour la
nouvelle petite chapelle et la sacristie.
Après l'arrivée de la Mère Pelletier le 21 mai 1831, un des premiers, et des plus grands
services qu'il rend à la Maison, est de lui procurer dès le 28 mai, un aumônier : M.
l'abbé Perché, il en assure le traitement.
Quelques jours plus tard, la Mère Pelletier accepte de continuer l'oeuvre de "La
Providence"
, à la demande instante de Mgr Montault. Le 10 juin 1831, la Supérieure
du Bon-Pasteur reçoit vingt fillettes et Monsieur de Neuville leur fait bâtir une maison
et achète un terrain voisin du Bon-Pasteur. De même, il participe à l’ouverture d’une
petite communauté de’ Sœurs Madeleines’, ceci durant l’été 1831. S’il assure les frais
d’installation, il insiste pour qu’une communauté de ‘priantes’ vive dans la maison.
Madame Marie Innocente de Lantivy de la Potherie de Neuville
Orphelinat fondé en 1816 dans une maison de la rue St Jacques, à la suite d’une ‘Mission’. Il était géré
par une association de dames dont la présidente était Mme de Villebois, parente de M.de Neuville.