algérienne », et exige que la future constitution soit, non pas octroyée, mais élaborée par une assemblée
constituante. A ces demandes, le Comité français de libération du général de Gaulle répond par le statut du
7 mars 1944, qui reprend des dispositions envisagées, mais non appliquées, par le Front populaire de 1936
(projet Blum-Viollette), en accordant en particulier à 70.000 musulmans la citoyenneté et l'accession au
collège électoral des citoyens français (dit « premier collège ») sans modification de leur statut personnel,
promesse étant faite aux autres d'une évolution identique dans un délai rapproché.
Ces mesures, très critiquées par les milieux français, paraissent très insuffisantes aux nationalistes, mais leur
refus n'entame pas la détermination du gouvernement, décidé à ne pas engager d'autres réformes avant la
fin du conflit. Autant que l'absence d'initiatives politiques, les Algériens musulmans souffrent de cinq ans
de famine, d'autant plus mal acceptées, comme le fera observer Albert Camus, qu'elle se sont
accompagnées de discrimination en matière de rationnement. Alors que la France célèbre la capitulation
allemande, les événements de mai 1945 manifestent la gravité des tensions accumulées. A l'initiative des
militants nationalistes, des manifestations sont organisées à l'occasion de la fête de la victoire. Mais
l'initiative leur échappe. De véritables émeutes enflamment le Constantinois. La grande peur des Français
d'Algérie, aussi vieille que la colonisation, se réveille à la description de la mise à mort d'une centaine
d'entre eux, massacrés dans les rues des villes (Sétif, Guelma), ou dans leurs fermes isolées.
La réaction répression française est d'autant plus brutale que les autorités ne peuvent compter que sur des
effectifs réduits. Elle fait au moins 1.500 victimes. Il n'est pas question, pour les Français, d'accepter de
voir se disloquer un empire dont le rôle a été si important dans le redressement survenu depuis 1940, alors
que, depuis septembre 1945, les troupes du général Leclerc reprennent pied en Indochine. Déjà peu
attentive aux changements avant 1939, détournée par l'occupation, puis la Libération, et désormais par les
soucis de la Reconstruction, des problèmes d'outre-mer, l'opinion est d'abord profondément ignorante des
difficultés qui peuvent s'y manifester. Pour ceux qui peuvent en avoir connaissance, la tentation est aisée
d'attribuer ces difficultés à l'action exclusive de l'étranger : britannique, avec quelque fondement pour ce
qui concerne le Levant ; voire nazi, comme le proclame, de façon peu crédible, le parti communiste au
lendemain des émeutes de Sétif. Il est difficile de concilier avec la revendication d'indépendance l'image,
toute récente, du loyalisme des populations et surtout des soldats musulmans.
Nouvelles occasions perdues (1945-1954) :
En dépit du lourd passif que constituent les événements de 1945, tous les chemins d'une évolution ne
sont pas fermés. Des représentants (dont 13 Algériens musulmans) sont appelés à siéger dans l' Assemblée
constituante élue en octobre 1945. La majorité des constituants n'est pas a priori hostile à des réformes.
Une amnistie est votée, les prisonniers politiques libérés. La loi Lamine-Gueye du 7 mai 1946 confère la
qualité de citoyens à tous les ressortissants des territoires d'outre-mer (Algérie comprise). Les péripéties de