Le Spectre de Carthage constitue le point culminant de l’antagonisme entre Alix et la
culture phénicienne. Dans La Giffre Noire, il empêche la vengeance d’Icara, cité martyr rasée
par Rome sans raison aucune. Dans L’île Maudite et les Proies du Volcan, il empêche le
développement du commerce phénicien dans l’Atlantique. Carthage semble décidée à lui
rendre la monnaie de sa pièce.
Alix et Enak sont donc attirés à Carthage par le Sénat de cette ville qui a engagé un sculpteur
pour leur ériger une statue. Il s’avère assez vite qu’il s’agissait en fait d’un complot ourdi par
un certain Eschnoum, le frère du mage Raffa, pour se venger d’eux. Après avoir échappé à
une tentative d’empoisonnement, Alix fait la rencontre de Corus Maler, le tribun romain qui
commande la garnison locale. A la suite de plusieurs péripéties, nos héros vont devoir déjouer
la conspiration d’Eschnoum qui a pour but de faire sortir de Carthage une importante quantité
d’orichalque, un matériau explosif d’une puissance prodigieuse qui pourrait servir ses noirs
desseins de vengeance.
Personnages
Eschoum
Apparemment cet homme est le frère de
Raffa et possède les mêmes pouvoirs
hypnotiques que ce dernier quoique moins
efficaces. Il est apparemment venu à
Carthage avec son frère dont on ignore le
devenir, mort de vieillesse ?
Son nom est celui du dieu de la médecine à
Carthage, que les Romains nommeront par la
suite Esculape. Il est à la tête de la société
secrète qui se cache dans les ruines de
Carthage et attend son heure pour libérer la
terrifiante puissance de l’orichalque sur
Rome. A la fin de l’album, il disparaît dans
une explosion colossale dans le port de
Carthage. On ne sait pas s’il a survécu mais
ça me semble peu probable. Avec Brutus, il
est l’incarnation de ces cultures détruites par
l’expansion romaine et qui crient vengeance.
Corus Maller
Si Eschoum est l’incarnation de la vengeance
de Carthage, Corus Maler est celle de
l’impérialisme romain qui n’admet aucune
rébellion. Il témoigne dans sa lutte contre la
société secrète des carthaginois d’un
acharnement qui confine à mon avis à la folie
furieuse et la haine. Preuve en est cette
vignette il préfère affronter le déluge et
une mort certaine plutôt que de manquer le
spectacle de la fin des ennemis de Rome. Il
semble connaître le secret de l’orichalque
depuis le début, ce qui lui donne tout au long
de l’album une longueur d’avance sur Alix
avec lequel il a l’attitude d’un mentor.
Lorsque j’ai lu cette bande dessinée pour la
première fois, je pensais qu’il était mort dans
l’explosion. Cependant une lettre lui est
adressée dans l’Odyssée d’Alix 2 et il est
même promu Sénateur dans le récent Roma
Roma. Personnellement j’aurais préféré qu’il
soit mort car il est pour moi l’alter ego
d’Eschoum : un fou dangereux.
Brutus
Un autre ennemi irascible de Rome. Il apparaît d’abord comme
l’antagoniste majeur du Tombeau Etrusque. A cette époque, chef
temporel de la secte des adorateurs de Moloch et prétendant au trône
d’Etrurie, il comptait profiter du chaos de la guerre civile pour
restaurer le monarchie étrusque. A Rome la monarchie a été abolie en
509 av J.C par la déposition de Tarquin le Superbe, assassiné plus
tard à Gabies.
Dans ce dernier tome, Brutus était un chef de bande brutal qui
cultivait vraisemblablement une foi simulée en Moloch comme le
montre ses échanges avec le grand prêtre de ce dieu. Il ne semble pas
non plus haïr Rome mais davantage chercher le pouvoir. Dans Le
Spectre de Carthage, Brutus a été défiguré par un aigle. Il hait Rome
plus que tout et réaffirme jusqu’à son dernier souffle sa foi en
Moloch et sa haine de Alix. C’est ce sentiment qui le pousse sans
doute à s’infliger la souffrance inutile de porter l’orichalque à main
nue alors qu’il pouvait très bien être porté dans un récipient. Je pense
qu’il a perdu la raison car il ne cherche plus rien pour lui-même que
la souffrance de Rome.
Samthô
Alix rencontrera-t-il un jour une femme,
personnages historiques mis à part, qui
partagera sa vie plus d’un jour ou deux
avant de mourir ? Grande question.
Samthô est la jeune prêtresse de Tanit, la
déesse de la Lune vénérée par les
carthaginois qui composent la société
secrète d’Eschoum. Par amour pour Alix
qu’elle a soigné et sans doute un peu plus
encore, elle vole le manteau de Tanit de
façon à lui garantir la libre sortie des ruines
mais ce geste blasphématoire n’est
finalement d’aucune utilité à notre héros et
Samthô meurt de façon aussi tragique que
vaine. Alix est un héros assez spécial, il ne
peut finalement que former un couple avec
son ami Enak.
Samtho, comme c’est bien mis en évidence
par le rappel de l’intrigue du roman
Salammbô de Flaubert (1862), reproduit
l’histoire de la prêtresse de Tanit amoureuse
de Mathô, le chef des mercenaires en guerre
contre Carthage.
Après le vol du Zaïmf, le voile de Tanit, par
Spendius, Salammbô se rend au camp des
mercenaires et se donne à Mathô pour
reprendre le voile. Lorsque Mathô est
vaincu et tué, elle meurt foudroyée de
douleur.
Alix et Enak
J’aime beaucoup cette représentation du début de
l’album nos amis prennent la pose de Castor et
Pollux. Pour une fois, ils vivent leurs aventures en
parallèle. Pendant d’Alix s’engouffre dans les
souterrains et les bras de la jolie Samthô, Enak
découvre un morceau d’orichalque qui les mettra sur
la piste menant à Eschoum. Ces deux se
complètent finalement assez bien dans cet album
ils semblent partager la même fascination mêlée de
peur pour Carthage. Mais ne nous y trompons pas :
Alix n’est pas le personnage central de ce choc
frontal de Carthage contre Rome. Les deux
antagonistes sont en fait ces fous dangereux de Corus
Maler et Eschoum qui ont le bon goût de mourir
ensemble. Alix est trop humain pour condamner la
vengeance d’une cité martyre. Quant à Enak, pareil à
un Castor mortel, il suit la destinée de son immortel
jumeau.
Carthage
Là où les Romains passent, il y a toujours un avant glorieux mais pas forcément un après
très réjouissant
La tradition littéraire situe la fondation de Carthage en 814 av J.C. Le poète latin
Virgile (70-19 av J.C) qui écrit huit siècles après les faits, conte dans L’Enéide l’histoire de la
ville. La princesse Elyssa ou Didon pour les latins se serait enfuie de Tyr à la suite de
l’assassinat de son mari et se serait rendue en Tunisie actuelle avec une poignée de notables et
de vierges de Chypre. Sur place, le roi Labras accepte de lui donner autant de terre que peut
en contenir la peau d’un porc. Didon découpe alors la peau en lamelles de telle façon qu’elle
recouvre un espace suffisant pour permettre la fondation d’une citadelle qui sera l’embryon de
la ville.
Salluste cite par la suite l’aventure des frères Philène qui longèrent la côte libyque pour
déterminer les frontières de leur ville par rapport à la cité grecque de Cyrène.
Vers 650 av J.C, Carthage s’affranchit du tribut que les colonies phéniciennes devaient payer
à la cité-mère de Tyr et commence à s’étendre en Méditerranée.
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