Dans cette introduction, je chercherai à définir de manière globale les enjeux
théoriques et méthodologiques associés à cet ensemble de recherches, qui seront ensuite
précisés dans cette synthèse. Au préalable, je consacrerai un premier point à la question de la
définition de mon objet de recherche, qui nécessite une clarification conceptuelle et
empirique.
1- Les frontières de l’analyse des politiques de l’emploi
La question de la définition des politiques de l’emploi constitue un préalable
conceptuel nécessaire, pour lequel il n’existe pas d’évidence empirique. En effet, tant du point
de vue de la comparaison internationale, que du point de vue historique, cette question pose
un problème de frontières.
- Le point de vue de la comparaison internationale
En comparaison internationale, la définition la plus utilisée est celle de l’OCDE
(Perspectives de l’Emploi), qui sert de base à la production de statistiques harmonisées. Cet
organisme définit les politiques de l’emploi comme des interventions de nature structurelle
sur le marché du travail, avec l’objectif soit d’augmenter le niveau d’emploi dans l’économie
et/ou d’améliorer le fonctionnement du marché du travail (mesures dites actives), soit de
corriger les effets négatifs du chômage sur le bien-être (mesures dites passives). Une
distinction est faite entre les mesures ciblées (sur des groupes particuliers), et les mesures
générales (relevant de la réglementation du marché du travail, y compris le temps de travail,
ou les modes de financement de la protection sociale assis sur les salaires, tels que les
réductions de charges sociales). Seules les mesures ciblées relèvent du champ des politiques
de l’emploi stricto sensu, au sens de sa mesure statistique (notion de dépense pour l’emploi, et
données sur les bénéficiaires). Au travers de ces catégories, les politiques de l’emploi sont a
priori différenciées des politiques de régulation macroéconomique, et des politiques sociales,
dont l’objectif dépasse la simple compensation des pertes de bien-être dues au chômage.
Cependant, les évolutions récentes conduisent à un brouillage de cette définition
statistique. En premier lieu, l’importance croissante des dépenses consacrées au mesures
générales (par exemple dans le cas français, les exonérations de charges depuis 1993),
nécessite leur inclusion dans les travaux comparatifs. Par ailleurs, le mouvement dit
d’ « activation des dépenses », largement impulsé par l’OCDE au début des années 90,
conduit d’une part à remettre en cause la distinction entre mesures passives et actives, d’autre