Rapport de Stage en Entreprise Session 2003 L`entreprise face à sa

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Ciments Français
Italcementi Group
Rapport de Stage en Entreprise
Session 2003
L’entreprise face à sa responsabilité sociétale :
Une approche en termes de performance globale
Sébastien OCTEAU,
Professeur de Sciences Economiques et Sociales
« Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants »
A. de Saint Exupéry, d’après un proverbe Amérindien
2
Remerciements
Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements à Yves René NANOT, membre de
l’Institut des Entreprises (IDE), qui, pour la deuxième année consécutive, a accepté de recevoir un
stagiaire aux Ciments Français. Ce type de stage, très fructueux, permet à des professeurs de
Sciences Economiques et Sociales de s’immerger, deux mois durant, dans la vie d’une grande
entreprise, et d’en cerner le fonctionnement concret et quotidien.
Je remercie également tous les collaborateurs de l’entreprise, qui, malgré un emploi du
temps chargé, ont accepté de me recevoir et d’évoquer avec moi tous les aspects de leurs fonctions.
Toutefois, ils ne sauraient être tenus responsables des erreurs et omissions contenues dans le présent
rapport.
Un remerciement tout particulier à Madame M. MILOUDI, qui s’est occupée de mon
« parcours d’intégration » dans l’entreprise, ainsi qu’à Madame S. ROUSSEAU, qui a pris en charge
tous les aspects « logistiques » de mon séjour en région parisienne. La réussite de mon stage leur
doit beaucoup.
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SOMMAIRE
L’entreprise face à sa responsabilité sociétale :
Une approche en termes de performance globale
Introduction
Présentation du Groupe Italcementi.................................................................................................7
La naissance d’un groupe international
Italcementi Group : « A World Class Local Business »
Quelle vision pour demain ?
Les Ciments Français..........................................................................................................................8
Un bref historique...
La voie de l’intégration et de l’internationalisation
Les Ciments Français : Un groupe, trois métiers complémentaires
Quelles perspectives pour les Ciments Français ?
Partie I.
Le développement durable dans l’industrie du ciment
A. Le développement durable : un enjeu sociétal.........................................................................12
Le développement durable : Définition et objectifs
Les trois dimensions de la performance : un triangle des incompatibilités ?
La préservation de l’environnement... au service de la performance économique
B. Le ciment et l’industrie cimentière.............................................................................................15
Le ciment : un produit basique... et essentiel
La fabrication du ciment : Les différentes étapes du process
L’industrie du ciment dans le monde
Le paysage cimentier français
C. Les enjeux du développement durable dans l’industrie cimentière........................................18
L’industrie cimentière, une industrie à fort impact environnemental
Obstacles...
... Et facteurs du changement
L’engagement d’Italcementi Group en faveur du développement durable
D. L’industrie cimentière : Un engagement collectif pour le respect de l’environnement........20
The Cement Sustainability Initiative
Les grands axes du Rapport Battelle
4
Partie II.
Les actions menées par les Ciments Français
en faveur du développement durable
A. Les grands axes de la politique environnementale des Ciments Calcia..................................22
Une stratégie d’entreprise en faveur du développement durable
Le programme d’action en faveur de l’environnement
Un outil : le Système de Management Environnemental
B. Les actions concrètes des Ciments Calcia pour réduire les impacts environnementaux.......24
L’intégration et la restitution des sites à leur environnement
Vers une atténuation des émissions sonores et vibratoires
La maîtrise des émissions atmosphériques
La valorisation des déchets
La gestion des eaux
La concertation : écoute, dialogue et transparence
Au-delà du process industriel...
C. La politique environnementale de GSM, filiale granulat du groupe Italcementi..................34
Le granulat : une « matière précieuse »
La politique environnementale de GSM : Vers un « ancrage territorial » ...
D. La prise en compte des enjeux environnementaux par Unibéton............................................35
Le béton : un marché très concurrentiel
Les obstacles aux « bonnes pratiques »
L’intervention des pouvoirs publics
Vers la maîtrise des rejets dans l’environnement...
Les outils au service de la politique environnementale
Le béton, un matériau écologique ?
Le développement de nouveaux produits et de nouveaux usages
Conclusion….......................................................................39
Annexes.................................................................................44
5
ANNEXES
Annexe 1.
Déclaration de Politique Sécurité de la cimenterie de BUSSAC
Annexe 2.
La démarche qualité des Ciments Calcia
Annexe 2 bis.
Déclaration d’engagement qualité de l’usine de BUSSAC
Annexe 3.
Déclaration de politique environnementale de l’usine de BUSSAC
Annexe 4.
La théorie du « Dilemme du prisonnier » face au développement durable
Annexe 5.
Etude de cas remise à l’Institut Des Entreprises (IDE)
L’industrie cimentière : une mobilisation pour la préservation de l’environnement
Annexe 6.
Lexique des termes utilisés figurant au programme de SES
Bibliographie
Interlocuteurs...
6
Introduction
Présentation du Groupe Italcementi (Italcementi Group)
Présent dans 19 pays, Italcementi Group compte parmi les plus grands producteurs mondiaux de
ciment. Il occupe en effet le second rang dans l’Union Européenne, et la première position dans le
bassin méditerranéen.
La naissance d’un groupe international
Créé en 1864, Italcementi s’est développé en intégrant d’autres sociétés cimentières, devenant ainsi
le premier fabricant de ciments en Italie.
En 1992, le Groupe Italcementi a complété son programme d’internationalisation par l’acquisition
de la société Ciments Français, déjà largement implantée dans de nombreux pays, devenant ainsi un
acteur majeur de la production de ciment dans le monde (5ième groupe mondial du secteur).
En 1997, Italcementi a poursuivi son intégration vers l’aval, par l’acquisition du leader italien du
Béton Prêt à l’Emploi (BPE).
Depuis 1998, le Groupe Italcementi poursuit sa stratégie d’internationalisation, par l’ouverture de
nouveaux sites, notamment en Inde ou aux Etats-Unis.
Italcementi Group : « A World Class Local Business » *
Aujourd’hui, le Groupe Italcementi contrôle un vaste réseau industriel d’une soixantaine de
cimenteries, plus de 150 carrières de granulats et 550 centrales à béton, pour effectif total de près de
18 000 salariés. En 2002, le Groupe Italcementi a dégagé un chiffre d’affaire de plus de 4 milliards
d’euros, dont les deux tiers au sein de l’Union Européenne.
* « Un métier de proximité de classe internationale »
Part de Marché d'Italcementi dans quelques pays du monde (%)
Italie
France
Belgique
Etats-Unis
Bulgarie
Turquie
Thaïlande
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Source : Rapport annuel Ciments Français, mars 2003
7
Cotée à la Bourse de Milan, la société mère Italcementi SpA est une holding d’Italmobiliare SpA, et
la structure financière du Groupe Italcementi se présente ainsi :
Italmobiliare SpA
58,3%
1,3%
40,4%
Italcementi SpA
Autres sociétés
71,8%
Actionnariat Public
Ciments Français
0,6%
27,6%
Source : Report Sustainable Development, Italcementi Group, 2003
Quelle vision pour demain ?
Les grands axes de la politique stratégique d’Italcementi s’orientent autour des points suivants :
 La création de valeur des sociétés, produits, services et technologies du groupe
 L’amélioration des compétences des salariés du groupe
 Le respect des normes écologiques et de sécurité
Sur ce dernier aspect, Italcementi Group est membre du World Business Cuncil for Sustainable
Development (WBCSD), regroupant 160 groupes internationaux engagés dans la promotion du
développement durable. Poursuivant cet engagement, G. Pesenti, PDG du Groupe, a signé le Plan
d’action, qui constitue un engagement formel liant l’industrie du ciment aux politiques de
développement durable. Cet accord, ratifié par dix grands producteurs mondiaux de ciment, établit
un plan d’action quinquennal et vise à établir des principes de responsabilité sociale, de croissance
économique et de protection de l’environnement.
Les Ciments Français
Un bref historique...
1881, naissance de la société Ciments Français, à Boulogne sur Mer.
En 1971, apport de l’activité cimentière de Poliet et Chausson, qui lui permet d’accéder à la
position de leader sur le marché français.
Depuis cette date, les Ciments Français se sont engagés dans une diversification des activités
(granulats et Béton Prêt à l’Emploi) et le développement international, par des opérations de
croissance externe, notamment aux Etats-Unis et dans bon nombre de pays du pourtour
méditerranéen.
En 1992, création de Calcia, filiale cimentière des Ciments Français, et prise de contrôle des
Ciments Français par Italcementi. Depuis cette date, Italcementi est l’actionnaire principal des
Ciments Français. A cette occasion, Italcementi devient Italcementi Group.
La voie de l’intégration et de l’internationalisation
Aujourd’hui, les Ciments Français comptent plus de 12 000 salariés répartis dans 15 pays du
monde, dont 4 000 en France, pour un chiffre d’affaire de près de 3 milliards d’euros, dont près de
la moitié réalisé en France (42%).
8
Même si son métier « historique » reste la production de ciment, l’entreprise a élargi son périmètre à
des activités complémentaires, l’extraction de granulats et la distribution de Béton Prêt à l’Emploi
(BPE). Pour les Ciments Français, cette diversification des activités s’inscrit dans une stratégie
d’intégration verticale, et participe à une meilleure maîtrise de toutes les étapes de la fabrication de
béton. En effet, le béton est un produit constitué d’éléments naturels, principalement le ciment,
l’eau, et les granulats (sable et graviers) :
Eau
Calcaire
Calcaire
Ciment
Béton
Granulats
Argile
Les Ciments Français : Un groupe, trois métiers complémentaires
Résultat d’une stratégie d’intégration verticale permettant la maîtrise complète du process cimentier
(processus de fabrication), la structure des Ciments Français se présente ainsi :
Organigramme des Ciments Français
_________________
Ciments Français
France
Ciments Calcia
Le ciment
GSM
Les granulats
Unibéton
Le BEP
Axim
Socli
Les adjuvants Les chaux
Tratel
Le transport
Ainsi, les Ciments Français regroupent plusieurs entités distinctes mais complémentaires. Cette
structure intégrée et cohérente lui assure la maîtrise de la filière ciment, de la fabrication de ciment
9
et de granulats jusqu'à à la distribution de béton à ses clients. Les entités qui composent cette
structure étant :
 Le siège administratif du Groupe Ciments Français, implanté à GUERVILLE (78), ainsi que le
Centre Technique du Groupe (CTG), en charge de l’innovation du groupe, qui développe de
nouveaux produits et de nouvelles technologies.
 Les Ciments Calcia, spécialisés dans la production de ciments, qui dégagent les 2/3 du chiffre
d’affaire des Ciments Français, avec un effectif de 1 500 collaborateurs. Le dispositif industriel des
Ciments Calcia se compose de 9 cimenteries réparties sur le territoire français, plus une usine en
Belgique, à GAURAIN. Ciments Calcia et Lafarge détiennent chacun 1/3 du marché cimentier
français.
 GSM (Granulats, Sable et Minéraux), qui exploite des carrières (moins d’une centaine en France),
afin d’extraire et de produire des granulats (petits morceaux de roche), destinés à de nombreuses
utilisations. GSM emploie 800 personnes.
 Unibéton, 700 salariés, produit et distribue du Béton Prêt à l’Emploi, par son réseau d’environ
200 centrales à béton, implantées sur tout le territoire.
Ces activités sont évidemment complémentaires, puisque le ciment et les granulats sont des
éléments essentiels à la fabrication de béton. Les différentes entités du Groupe entretiennent des
relations clients/fournisseurs, relations toutefois non exclusives. Par exemple, 35% des granulats de
GSM sont destinés au secteur routier, et les Ciments Calcia livrent du ciment à de nombreux clients.
Une telle intégration verticale permet de réaliser des économies d’échelle mais aussi de développer
des synergies, afin de mobiliser l’ensemble des entités du groupe sur de nombreux projets,
notamment les chantiers les plus importants. Concernant les projets les plus prestigieux des Ciments
Français, on peut citer : l’Hôpital Pompidou, le Siège de France Télévision à Paris, le chantier
Alstom Power à Belfort, la participation au TGV Méditerranée...
A cela, il convient d’ajouter plusieurs filiales, et notamment :
 Les filiales de production SOCLI et AXIM, respectivement chargées de la fabrication de chaux
naturelles et d’adjuvants chimiques, qui entrent dans la composition de certains bétons.
 Une filiale de distribution, TRATEL, qui assure le transport et la distribution des produits
Ciments Calcia.
Quelles perspectives pour les Ciments Français ?
Les derniers résultats économiques et financiers des Ciments Français ne doivent pas masquer les
difficultés qui menacent l’entreprise : incertitudes sur l’environnement géopolitique international,
ralentissement de la demande dans les pays matures, hausse des prix des combustibles et de
l’énergie, contraintes réglementaires de plus en plus pesantes, réduction des capacités financières
des Etats pour financer de grands travaux d’infrastructure...
Dans un tel contexte d’incertitude où les défis à relever sont nombreux, l’engagement dans le
développement durable permet de dépasser les difficultés immédiates, pour inscrire l’entreprise
dans une stratégie de développement à moyen et long terme.
En effet, au-delà du simple contrôle des coûts et de l’optimisation des structures juridiques et
opérationnelles, l’ensemble du groupe doit se mobiliser pour inscrire son action sur un sentier de
10
croissance durable, qui implique une nécessaire prise en compte des enjeux environnementaux.
Pour l’entreprise, plus qu’un défi, il s’agit d’une question de survie :
« Notre engagement pour l’environnement découle d’une conviction : c’est une question de survie
pour une industrie comme la nôtre, il n’existe pas d’alternative. Il faut être précurseur, anticiper la
montée en puissance des contraintes réglementaires et des attentes du public. Nous souhaitons
également que cette démarche soit l’un des éléments de la stratégie de qualité et d’innovation des
Ciments Calcia. »
J.M. DOMANGE, Directeur Général Ciments Calcia, repris dans Rapport environnement, Ciments Calcia,
octobre 2000.
Ainsi, notre travail s’articule autour des multiples enjeux d’un engagement de l’industrie cimentière
en faveur du développement durable : objectifs, contraintes et modalités d’application, et ce à tous
les niveaux : des organisations professionnelles..., jusqu’aux usines des différentes filiales du
Groupe Italcementi.
11
Partie I.
Le développement durable dans l’industrie du ciment
A. Le développement durable : un enjeu sociétal
Le développement durable : Définition et objectifs
« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de satisfaire aux leurs ».
Commission mondiale des Nations Unies sur l’environnement et le développement
(Commission Bruntland), Notre avenir à tous, 1987.
Le développement durable ou développement soutenable, de l’anglais Sustainable Development, est
un mode de développement qui vise à concilier prospérité économique, équilibre écologique et
progrès social. Le champ du développement durable s’étend sur trois domaines interdépendants :
l’économique, l’écologique et le social.
Equitable
Economie
Société
Développement
durable
Viable
Vivable
Environnement
Face aux enjeux sociaux et aux périls écologiques, le développement économique ne peut plus se
concevoir sans prendre en compte les inégalités sociales et le respect de l’environnement. Les
modes de développement qui menacent l’environnement et accroissent les inégalités entre les
populations sont voués à l’échec, à plus ou moins long terme.
Le développement durable est donc un mode de croissance qui soit économiquement efficace,
socialement équitable et écologiquement vivable.
12
Les trois dimensions de la performance : un « triangle des incompatibilités » ?
Le développement durable vise donc à concilier trois objectifs fondamentaux, l’intégrité écologique,
l’équité entre les Nations, les individus et les générations, et l’efficacité économique. Trop
longtemps, les entreprises se sont exclusivement focalisées sur les performances financières,
indépendamment des externalités générées par leur activité. Dans un monde complexe et
interdépendant, aucune entreprise responsable ne peut désormais occulter les impacts sociaux et
environnementaux liés à son activité. La « bonne gouvernance » (Corporate Governance) des
entreprises ne se limite plus aux seuls intérêts, légitimes, des actionnaires (shareholders), mais
s’étend également à l’ensemble des parties prenantes (stakeholders) : partenaires directs et indirects
de l’entreprise, consommateurs, riverains, pouvoirs publics, générations futures... c’est à dire
l’ensemble des acteurs concernés, à plus ou moins long terme.
Les objectifs de la performance globale, loin d’être concurrents, sont en réalité complémentaires
dans le moyen et long terme, dans une perspective d’activité pérenne.
Les trois dimensions de la performance
Prospérité économique
Protection de l’environnement
Progrès social
Les objectifs ambitieux poursuivis par le développement durable reposent sur plusieurs principes :
 Un principe de solidarité, dans le temps entre les générations présentes et futures et dans
l’espace, entre les populations.
 Un principe de précaution : face à une incertitude écologique majeure, il est préférable de
s’abstenir de faire courir des risques inutiles aux populations, actuelles et à venir.
 Un principe de participation, qui implique la sensibilisation, l’information et la participation de
la société civile aux prises de décisions majeures.
Loin d’être incompatibles, les trois dimensions de la performance se renforcent mutuellement par
effets de synergie positive, à moyen et long terme.
Concrètement, la prise en compte de la responsabilité sociétale des entreprises s’exprime à travers
une démarche de progrès, visant à l’excellence dans les domaines de la qualité, la sécurité et
l’environnement.
13
Les trois dimensions de la performance pour l’entreprise peuvent donc se décliner ainsi :
A la recherche du « triangle d’or » : Qualité, Sécurité et Respect de l’Environnement
Préservation de l’environnement
Qualité
Sécurité
Ainsi, il s’agit de viser la performance, sinon l’excellence, pour l’ensemble des parties prenantes de
l’entreprise, à travers :
La qualité des produits, pour satisfaire au mieux les attentes des clients
La sécurité des procédés de fabrication, au service du bien-être des salariés
La préservation de l’environnement, au bénéfice des générations présentes... et futures.
Grâce aux effets de synergies, les trois dimensions de la performance peuvent se renforcer
mutuellement.
En effet, la qualité, qui exprime la conformité d’un produit ou d’une activité à des normes
préalablement définies, participe directement à satisfaction des attentes du client, et permet à
l’entreprise de dégager un avantage concurrentiel par rapport à ses concurrents. Ainsi, la qualité des
produits participe à la performance économique.
La sécurité est également un atout au service de la compétitivité de l’entreprise. En effet, au-delà du
drame humain, les accidents du travail représentent un coût financier important pour la collectivité
et pour l’entreprise elle-même, à travers les cotisations sociales versées aux organismes sociaux.
C’est pourquoi le Goupe Italcementi s’est fortement engagé en faveur de la sécurité de son
personnel, à travers son plan « Zéro accident » (Zero infortuny), qui se fixe comme horizon ultime
la suppression des accidents du travail. Cet objectif ambitieux se décline à tous les niveaux, et au
sein de toutes les entités du Groupe.
« Le bien-être du personnel, l’image et la pérennité de l’Entreprise sont les enjeux de cette politique
visant à préserver la santé et la sécurité de chacun dans l’usine. L’implication de tous est
primordiale. »
Pour approfondir la démarche sécurité et qualité, se reporter aux annexes :
Annexe 1
: La charte sécurité de la cimenterie de BUSSAC (17)
Annexe 2
: La démarche qualité des Ciments Calcia
Annexe 2 bis : La charte qualité de l’usine de BUSSAC
14
La préservation de l’environnement... au service de la performance économique
« La réussite de la démarche de développement durable n’est possible que s’il existe une synergie
réelle entre rentabilité économique et développement durable ».
Battelle Memorial Institute
Ainsi, l’adhésion des grandes industries au développement durable ne sera effective que dans la
mesure où les actions en faveur de l’environnement participent à la performance économique de
l’entreprise, dans un jeu de type « gagnant-gagnant ».
D’ailleurs, les conclusions du rapport Battelle sur l’industrie cimentière indiquent une
complémentarité et une convergence des performances économiques, sociales et écologiques.
Autrement dit, les entreprises qui s’inscrivent dans une démarche de développement durable
enregistrent de meilleures performances économiques. En effet, l’investissement en faveur de la
préservation l’environnement aurait pour effets :
D’assurer un « droit d’exercer son activité », malgré des pressions de plus en plus fortes des
parties prenantes, qui se traduisent par des contraintes réglementaires de plus en plus lourdes,
quant aux conditions d’exploitation.

De réduire les coûts de production à l’aide des gains de productivité dégagés par des équipements
plus récents et plus performants. De même, dans un contexte de renchérissement constant des
ressources naturelles, le recours à des combustibles et matériaux alternatifs permet de réduire le coût
des consommations intermédiaires.

D’augmenter les profits, par une meilleure acceptation des produits par le marché. En effet,
l’opinion publique est désormais de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux.

De réduire les délais de mise sur le marché, par une relation de confiance plus aboutie avec les
parties prenantes indirectes : pouvoirs publics, communautés locales...

De « garantir » durablement les approvisionnements en ressources naturelles, notamment
combustibles et matières premières, permettant de pérenniser l’activité de l’entreprise dans le long
terme.

Ainsi, l’engagement, ou plutôt l’investissement dans le développement durable serait, à terme,
extrêmement rentable.
Plus qu’une contrainte, l’engagement dans le développement durable offre des opportunités
nouvelles à l’industrie du ciment, et chaque entreprise doit pouvoir tirer profit de ce défi. La mise en
œuvre d’une stratégie à long terme en faveur du développement durable apparaît donc comme un
élément clé de la compétitivité et de la viabilité des entreprises de demain.
Ainsi, au-delà des effets de mode, l’engagement à long terme des entreprises pour le développement
durable repose sur la prise de conscience que les objectifs économiques, sociaux et
environnementaux ne sont pas concurrents ou incompatibles, mais complémentaires.
B. Le ciment et l’industrie cimentière
Le ciment : un produit basique... et essentiel
Le ciment, parfois sommairement qualifié de « colle à cailloux », est un produit relativement récent
(début du XIXème siècle), dont le processus de fabrication est relativement stable et bien maîtrisé.
Même si de nouveaux produits apparaissent régulièrement, il s’agit d’un produit banalisé, basique,
15
mais néanmoins essentiel. En effet, le ciment est un des composants du béton (mélange de sable, de
gravier, d’eau et de ciment), qui est le deuxième matériau le plus utilisé dans le monde !
Plus précisément, le ciment, du latin caementum « pierre naturelle », est produit à partir de matières
premières abondantes, le calcaire (80% environ) et l’argile (20% environ). Les ciments sont obtenus
après une cuisson qui combine ces matières premières. Le ciment est l’élément de base
indispensable à la fabrication du béton.
La fabrication du ciment : Les différentes étapes du process
La fabrication du ciment nécessite un dispositif industriel important. Il s’agit d’une industrie très
fortement capitalistique. Ainsi, une installation cimentière peut fonctionner avec relativement peu
de personnel, et le coût d’une usine peut représenter l’équivalent de 3 ans de chiffre d’affaires !
Toutefois, on note que les équipements peuvent être utilisés durant plus de 50 ans.
Les différentes étapes du process cimentier
 L’extraction
Les matières premières, principalement le calcaire et l’argile, sont extraites d’une carrière à ciel
ouvert. Elles sont transportées vers un atelier de concassage.
 Préparation de la matière crue
Une « farine crue » est obtenue par un broyeur à boulets.
 La cuisson
Parfaitement homogénéisé, le « cru » est introduit dans un long four rotatif (50 à 90 m), pour être
cuit à 1450°C. Sous l’effet de la chaleur se produit un processus de « décarbonatation » puis de
« clinkerisation », qui donne naissance à une roche artificielle : le « clinker ».
Comme toutes les « industries de flamme », le four fonctionne en continu, hormis une interruption
annuelle de quelques semaines, destinée à l’entretien (le fameux « grand entretien »).
 Le broyage
Pour obtenir le ciment, le « clinker » doit être broyé très finement. Lors de cette opération, on
procède à certains ajouts (gypse, calcaire, « laitier »...) qui permettent d’obtenir différentes qualités
de ciment.
 Stockage et expédition
Chez les Ciments Calcia, 65% de la production est distribuée en vrac depuis des silos de stockage,
et 35% en sac, par l’intermédiaire d’une ligne automatique d’ensachage.
 La salle de contrôle
Les opérateurs de la salle de contrôle, assistés des rondiers (opérateurs de terrain), conduisent la
production de l’usine à l’aide de leurs écrans de contrôle. Ainsi, le processus cimentier des Ciments
Calcia bénéficie d’équipements automatisés de haute technologie, pilotés à distance par
informatique.
L’industrie du ciment dans le monde
En 2000, plus de 1,5 milliards de tonnes de ciment ont été produites, et certaines prévisions font état
d’une production annuelle mondiale de 3 milliards de tonnes de ciment, en 2020. Même si le ciment
se fabrique dans plus de 150 pays, un tiers de la production mondiale est réalisé en Chine.
D’ailleurs, de nombreux sites sont ouverts dans les pays émergents, et ces nouvelles installations
sont généralement plus efficientes et plus « propres » que celle construites dans les pays matures, il
y a seulement 10 ou 20 ans.
16
Evolution de la production de ciment dans le monde
3000
2500
2000
1500
1000
2020
2005
2000
1995
1990
1985
1980
1975
1970
1965
1960
1955
0
1950
500
Unités : millions de tonnes par an
Prévisions pour les années 2005 et 2020
Source : Battelle Memorial Institute
Le paysage cimentier français
L’industrie cimentière française est relativement concentrée, l’offre nationale étant constituée
principalement par cinq sociétés : Ciments Calcia, Holcim France, Lafarge Aluminates, Lafarge
Ciments et Vicat, qui regroupent environ 40 sites industriels, répartis sur le territoire français (33
cimenteries et 7 centres de broyage).
Les sociétés cimentières françaises
Nombre de sites industriels
Ciments Calcia
Ciments de l’Adour
Holcim France
Lafarge Aluminates
Lafarge Ciments
Vicat
10
1
6
3
12
7
Source : Environnement : une industrie en action, Revue Info Ciments de l’Industrie Cimentière Française, 2002.
Son chiffre d’affaire annuel s’élevait à environ 2 milliards d’euros pour 2002, avec un effectif
d’environ 5 200 personnes. En 2002, la consommation de ciment s’est stabilisée autour de 20
millions de tonnes, pour la 3ième année consécutive, et la consommation annuelle par habitant s’est
maintenue à 360 kg.
Les exportations de ciments représentent à peine 5% de la production nationale (1 million de tonnes
environ), tandis que les importations s’élèvent à plus de 10% du marché domestique (2,5 millions
de tonnes).
17
C. Les enjeux du développement durable dans l’industrie cimentière
L’industrie cimentière, une industrie à fort impact environnemental
Même si le ciment est un produit naturel, constitué principalement de calcaire et d’argile, la
production industrielle de ciment génère de nombreux impacts environnementaux, à travers
notamment :
 L’occupation de vastes étendues de territoire pendant l’exploitation d’une carrière (plusieurs
dizaines d’années).

La consommation importante d’énergie et de matières premières.

Le rejet de poussières et de certains polluants.

L’émission importante de gaz à effets de serre, lors de la combustion des matières premières.
Obstacles...
C’est ainsi que l’industrie cimentière, désormais consciente de ses responsabilités en matière de
développement durable, est directement concernée par les enjeux liés à la préservation de
l’environnement. Toutefois, il convient de ne pas sous-estimer les difficultés d’une mise en œuvre
concrète des grands principes du développement durable dans la filière cimentière : l’inertie des
mentalités, des comportements ainsi que le poids des contraintes financières et économiques.
« L’un des plus grands obstacles au développement durable est la force d’inertie - résistance au
changement et scepticisme - qui sont souvent caractéristiques des industries mures ».
Battelle Memorial Institute
Malgré tout, certaines évolutions contribuent à une prise en compte progressive de ces impacts
environnementaux et à l’amélioration des performances écologiques.
... Et facteurs du changement
 Les limites évidentes d’un mode de production « traditionnel » peu soucieux des préoccupations
environnementales, face à une production de ciment en constante augmentation.
L’ouverture de nouvelles installations dans les pays émergents, qui bénéficient des innovations
technologiques les plus récentes, plus « économes » en ressources naturelles, sous l’effet des
transferts de technologies.

L’inexorable montée des prix de l’énergie liée à la raréfaction des ressources, qui stimule le
recours à des combustibles de substitution, moins polluants.

La concentration du secteur, qui permet de rentabiliser, via les économies d’échelle, de nouveaux
équipements certes plus efficaces, mais aussi très coûteux.

Une opinion publique de plus en plus informée et sensible aux enjeux sociétaux (sociaux et
environnementaux). Cette attente des parties prenantes est d’ailleurs relayée par l’action
réglementaire des pouvoirs publics. En effet, l’activité cimentière est soumise, comme toute activité
industrielle, à des normes de production et à des contrôles rigoureux. La réglementation
environnementale étant de plus en plus stricte, la profession s’organise afin de tout mettre en œuvre
pour respecter, mais surtout anticiper ces contraintes.

La prise de conscience, par les actionnaires et les marchés, que la création de valeur passe
désormais par des modes de production « éco-efficients », c’est à dire économiquement viables et
écologiquement responsables.

18
Ainsi, le développement durable apparaît comme une préoccupation récente, mais néanmoins
essentielle à la poursuite d’une activité destinée à satisfaire les besoins de la société. Au-delà des
inévitables difficultés, cette démarche de progrès constitue un défi pour l’industrie du ciment,
comme pour les parties prenantes. Même si des actions peuvent être menées collectivement ou en
étroite coopération, c’est à chaque entreprise, en fonction de ses caractéristiques propres (stratégie,
culture, réglementation, ressources), de relever le défi du développement durable.
L’engagement d’Italcementi Group en faveur du développement durable
Prenant en compte la dimension collective des enjeux du développement durable, le Groupe
Italcementi décline son engagement tant en interne, dans toutes les unités du Groupe, qu’en externe,
à travers de multiples partenariats, notamment :
 Son adhésion au World Business Cuncil for Sustainable Development (WBCSD), organisme
regroupant 160 entreprises internationales de 30 pays différents et 20 secteurs industriels, qui vise à
promouvoir le développement durable, à savoir la croissance économique, l’équilibre écologique et
le progrès social.
Le Groupe Italcementi a adhéré dès l’année 2000 au World Business Cuncil for Sustainable
Development. Ce partenariat s’est concrétisé par la publication d’un rapport du Battelle Memorial
Institute, intitulé, « Vers un développement durable de l’industrie du ciment », en mars 2002.
L’élaboration de ce rapport, d’un coût de 2 millions de dollars, a nécessité deux ans de recherche, et
permet :
 De cerner les enjeux majeurs du développement durable dans l’industrie du ciment
 De mesurer les résultats actuels et fixer des objectifs à atteindre
 De proposer des outils et des actions à entreprendre
 D’évaluer les progrès réalisés, en fonction de certains indicateurs-clés
 Sa participation active au Cement Sustainability Initiative (CSI), c’est à dire l’Initiative Ciment
pour le développement durable. Les 10 entreprises participantes à cette Initiative Ciment sont les
suivantes : CEMEX, CIMPOR, HEIDELBERGCEMENT, HOLCIM, Italcementi Group, LAFARGE,
RMC, The Siam Cement Group, TAIHEIYO CEMENT, Votorantim.
Toutefois, même si le secteur est en voie de concentration, les grandes entreprises internationales ne
représentent qu’à peine un tiers du marché, ce qui limite la portée de cette initiative.
 Son action conjointe avec l’Industrie Cimentière Française (ICF), qui regroupe :
 L’ATHIL
: L’Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques
 CIM Béton : Centre d’Information sur le ciment et ses applications
 Le SFIC
: Le Syndicat Français de l’Industrie Cimentière
Les grands axes de l’engagement de l’Industrie Cimentière Française sont développés dans la
Revue Info Ciments, intitulée, Environnement : une industrie en action, paru en 2002.
En interne, toutes les unités du groupe sont mobilisées pour la promotion du développement
durable. C’est ainsi qu’Italcementi Group vient de publier son premier rapport sur le développement
durable (Report Sustainable Development), en 2003.
Cet engagement pour le développement durable se décline naturellement dans chacune des filiales
du groupe, à travers la publication de rapports environnementaux.
 Ciments Calcia : Rapport environnement, octobre 2000.
 GSM, Plan environnement 2002-2006, octobre 2000.
 Compagnie des Ciments Belges (CCB) : Rapport environnemental, août 2003.
 Au niveau des usines du groupe, chaque cimenterie publie sa Déclaration de Politique
Environnementale.
19
D. L’industrie cimentière :
Un engagement collectif pour la préservation de l’environnement
The Cement Sustainability Initiative : « L’Initiative Ciment pour le développement durable »
« Aucun groupe ne peut assurer seul l’avancée du développement durable. En revanche, la mise en
commun des volontés et des synergies est garante de la progression vers les objectifs fixés ».
Xavier BLUTEL, Directeur des affaires environnementales d’Italcementi Group
Depuis 1999, en partenariat avec le World Business Cuncil for Sustainable Development (WBCSD),
l’industrie cimentière, consciente de sa responsabilité en matière de développement durable, s’est
engagée dans une action collective en vue de préserver l’environnement. Cette préoccupation,
relativement récente, à l’égard du développement durable répond à trois objectifs principaux :
Prendre en compte les attentes légitimes des parties prenantes (les stakeholders), afin de préserver
le « droit de d’exercer son activité », dans un environnement législatif et réglementaire de plus en
plus contraignant. On rappelle que les parties prenantes de l’entreprise comprennent les parties
prenantes directes (actionnaires, salariés, clients, fournisseurs) et indirectes (pouvoirs publics,
associations, ONG, communautés locales...).
Cette « acceptabilité » locale passe par un engagement important en direction des acteurs
concernés : meilleure communication, réduction des nuisances environnementales, remise en l’état
des sites...

Pérenniser l’activité cimentière dans le long terme, par une utilisation plus économe des
ressources naturelles (matières premières et énergie) et une implication plus forte dans les
économies émergentes.

Concilier performances économiques, sociales et environnementales. En effet, la maîtrise des
impacts environnementaux nécessite la mise en place de process innovants, plus efficaces,
permettant de réduire l’utilisation de ressources naturelles, et de limiter les rejets dans
l’environnement. Cet objectif ambitieux implique une approche partenariale et véritablement
coopérative entre toutes les parties concernées : riverains, associations, pouvoirs publics et autres
industries à fort impact environnemental.

Les grands axes du Rapport Battelle
Ce partenariat international, cette « Initiative Ciment » concerne les dix plus grandes entreprises
cimentières, et s’est traduit, en mars 2002, par la publication d’un rapport réalisé par le Battelle
Memorial Institute, intitulé, « Vers un développement durable de l’industrie du ciment ». Ce rapport
propose un programme d’action qui s’articule autour des points suivants :
La protection du climat, par une réduction rapide et significative des émissions de CO2, qui
contribuent à l’effet de serre et au réchauffement climatique. En effet, l’industrie du ciment génère à
elle seule 5% du CO2 occasionné par les activités humaines. Une mesure précise des progrès
réalisés devra être publiée à partir de 2004.

Emissions en CO2 de l’industrie mondiale cimentière
Années
Millions de tonnes
1990
1 000
2000
1 500
2010
2 000
2020
3 000
2050
5 000
Source : Battelle Memorial Institute
Pour les années 2010 à 2050 : prévisions « toutes choses égales par ailleurs ».
20
Intégrer les grands axes du développement durable dans la stratégie à long terme de
l’entreprise, et sensibiliser toutes les parties prenantes directes (Direction Générale, actionnaires,
salariés), à la convergence des intérêts économiques et environnementaux.

« Le défi lancé aux producteurs de ciment consiste à intégrer le développement durable dans tous
les aspects de leurs activités ».
Battelle Memorial Institute.
Développer des études d’impact. En effet, comme toute activité industrielle lourde, la
production de ciment génère de nombreux impacts environnementaux et sociaux, qu’il convient
d’évaluer, afin de mieux les maîtriser.

Une utilisation économe des ressources naturelles, notamment combustibles et matières
premières. En effet, la fabrication de ciment nécessite une forte consommation d’énergie (une tonne
de ciment utilise l’équivalent de 60 à 130 kg de pétrole).
Au-delà d’une plus grande efficacité énergétique du processus de production, il s’agit de développer
des alternatives viables aux combustibles conventionnels (coke de pétrole, fuel...).

Réduire les rejets atmosphériques de l’industrie cimentière, notamment les dioxines et les
composés organiques.
L’adoption d’un protocole d’émission devra permettre de fixer des objectifs et d’évaluer
précisément les progrès réalisés en la matière.

Renforcer les partenariats au sein de la profession, mais également avec d’autres industries, afin
de développer des coopérations mutuellement fructueuses. Par exemple, valoriser les déchets de
certaines industries.

Les Enjeux, Recommandations et Indicateurs Clés de Performance établis par le Battelle Memorial
Institute relatifs au développement durable sont résumés dans le tableau suivant :
n°
Enjeux
(Issues)
Objectifs
(Goals)
Indicateurs clés de performance
(Key Performance Indicators)
1
Productivité des ressources
Réduire la consommation
de ressources naturelles
2
Protection du climat
3
Réduction des émissions
Etablir des objectifs de réduction
des émissions de CO2
Réduire les émissions de CO2
Efficacité énergétique
Taux de substitution énergétique
et matière
Emissions de CO2
par tonne de ciment produite
Emissions atmosphériques
4
Bonne gestion écologique
Réduire les impacts environnementaux
5
Bien-être du personnel
6
Bien-être de la
communauté locale
Améliorer la santé, la sécurité
et la satisfaction du personnel
Préserver et améliorer la qualité de vie
des parties prenantes
7
Développement régional
8
Création de valeur
pour les actionnaires
Promouvoir la croissance économique,
notamment dans les pays émergents
Assurer la rentabilité des capitaux,
par l’engagement dans le
développement durable
Montant des investissements
pour la préservation de l’environnement
Taux de fréquence des accidents
Actions menées en direction
des parties prenantes
Nombre d’emplois créés,
contribution au PIB...
Retour sur Investissement (ROI),
Taux de rentabilité économique et
financière...
Ainsi, chaque entreprise participante doit contribuer, par des actions concrètes et individuelles à la
réalisation de ces objectifs communs. Un rapport complet permettant de mesurer les progrès réalisés
sera publié en 2006.
21
Partie II.
Les actions menées par les Ciments Français
en faveur du développement durable
A. Les grands axes de la politique environnementale des Ciments Calcia
Pour faire face aux nouveaux enjeux liés au développement durable, les Ciments Calcia, principale
filiale française d’Italcementi Group, se sont engagés, dès 1998, dans une politique
environnementale volontariste, qui s’articule autour des points suivants :
Une stratégie d’entreprise en faveur du développement durable, qui se diffuse à tous les
niveaux de l’entreprise, du management... aux opérationnels, et ce dans toutes les usines du groupe
Ciments Calcia, du siège social jusqu’aux usines.
Concrètement, plus de 30% des investissements annuels sont désormais consacrés au
développement durable. Ces investissements importants doivent permettre de concilier
performances industrielles et préservation de l’environnement.

Cet engagement pour le respect de l’environnement doit être partagé par tout le personnel, à travers
des actions de sensibilisation et de formation. Ainsi, dès 1996, le personnel a suivi un Module
d’Information et de Sensibilisation à l’Environnement (MISE) adapté au contexte cimentier.
A titre illustratif, voici le contenu des trois modules de formation proposés aux salariés de l’usine de
GAURAIN, en 2002 :
 Module 1 :
Notion de politique environnementale et réglementation spécifique
Notions sur l’environnement : écosystème, chaîne alimentaire, pollution, effet de serre...
 Module 2
Séance collective de « brainstorming » afin d’identifier et de hiérarchiser les principaux problèmes
environnementaux liés à l’activité cimentière. Sont également évoquées les solutions concrètes à
promouvoir
 Module 3
Présentation de la démarche ISO 14001
Sur le plan externe, auprès des parties prenantes, l’entreprise s’engage à communiquer ses résultats
en matière de performance environnementale, dans la transparence, l’écoute et le dialogue. En tant
qu’enjeu majeur de société, le développement durable doit être « l’affaire de tous et de chacun ».
Concrètement, les grandes actions en faveur de l’environnement consistent à réduire la
consommation de ressources naturelles, par des technologies plus performantes et des produits de
substitution, et atténuer les impacts environnementaux générés par l’activité industrielle.

Pour réaliser ces objectifs ambitieux, l’entreprise se dote d’un Système de Management
Environnemental (SME), conforme à la norme ISO 14001, lui permettant d’améliorer ses
performances environnementales. Ce Système de Management Environnemental, appliqué dans
toutes les usines du Groupe se donne pour ambition de cordonner les réflexions et les actions en

22
faveur de la préservation de l’environnement. Cette démarche de progrès consiste à réaliser des
objectifs précis, fixés dans ses plans pluriannuels.
La certification environnementale ISO 14001, qui implique une démarche d’amélioration continue,
est une procédure qui s’étend sur 18 mois de travail, organisée en trois phases :
 Un bilan complet des impacts environnementaux générés par l’activité, structuré en grands
domaines : l’air, l’eau, le sol, les ressources naturelles, les nuisances...
 La hiérarchisation de ces impacts, permettant d’établir des priorités d’action, en liaison avec les
contraintes réglementaires.
 La mise un place d’un Programme de Management Environnemental, qui comprend des
actions à entreprendre, en fonction des objectifs à réaliser.
La norme ISO 14001, délivrée par l’AFAQ (Organisme international de certification), garantit le
respect des normes environnementales reconnues sur le plan international. Son attribution dépend
du respect d’un cahier des charges extrêmement précis des mesures à respecter en matière
environnementale. C’est aussi un engagement résolu à progresser.
La certification ISO 14001 se structure schématiquement de la façon suivante
Objectifs à atteindre :
 La réduction des nuisances
 Un processus d’amélioration continue des performances
 Un dispositif de communication, en interne et à l’externe
 La prévention des situations d’urgence et la capacité de réaction à celles-ci
Pour réaliser ces objectifs, 4 axes principaux :
 Prévoir et anticiper
 Faire et réaliser
 Prouver et contrôler
 Corriger et réagir
Les étapes de la démarche
 Réalisation d’une étude d’impact environnemental, sur l’Air, l’Eau, le Sol, les Ressources
Naturelles, les Nuisances...
 Etablissement d’un programme environnemental qui détermine des cibles, accorde des moyens
adéquats, effectue la mise en œuvre et le suivi des actions, et prévoit des opérations de contrôle
(Audit)
Ciments Calcia est le premier cimentier français à avoir obtenu la certification ISO 14001, pour son
usine de RANVILLE, en mai 1998. Désormais, toutes les usines sont certifiées.
Certes, la procédure de certification est une opération longue et coûteuse, qui engage la totalité de
l’organisation et qui mobilise l’ensemble des collaborateurs. Toutefois, il s’agit d’un projet
fédérateur, et d’un outil puissant de management des équipes.
Les grandes orientations environnementales du Groupe sont également parfaitement relayées et
clairement énoncées dans chaque usine du groupe Ciments Calcia. C’est ainsi que chaque
cimenterie s’engage clairement et précisément pour la préservation de l’environnement, notamment
à travers une déclaration de politique environnementale. (cf en annexe 3, la Déclaration de
politique environnementale de la cimenterie de Bussac)
23
B. Les actions concrètes des Ciments Calcia
pour réduire les impacts environnementaux
L’intégration et la restitution des sites à leur environnement
L’exploitation d’une carrière n’est pas neutre pour le paysage, et peut générer de nombreuses
nuisances pour les riverains situés aux abords du site.
Tout d’abord, l’ouverture d’un site est soumise à une réglementation très stricte, et le projet
d’installation doit prévoir un plan progressif d’exploitation et de réaménagement, évaluer les
impacts sur l’environnement et proposer des mesures de compensation. Cette autorisation
préfectorale est accordée pour une durée de 30 ans, renouvelable selon les mêmes procédures.
L’enjeu est de limiter au maximum, dans le temps et dans l’espace, les impacts de l’exploitation sur
l’environnement.
Les carrières en cours d’exploitation font l’objet d’études afin de limiter la surface des excavations,
par des exploitations progressives. Il s’agit de rendre chaque carrière la moins « encombrante »
possible, et permettre une meilleure cohabitation avec les exploitants agricoles. Ainsi, la culture
d’une parcelle est maintenue, jusqu'à l’arrivée du « front de taille », pour reprendre sur un terrain
voisin déjà réaménagé. Cette politique de réaménagement continu permet de réduire la surface
exploitée, et de restituer plus rapidement au paysage son aspect initial.
Sur le site de GARGENVILLE (Yvelines), par exemple, plus de 70 hectares ont déjà été remis en
culture dans cette carrière toujours en activité.
Lors de la fermeture du site, des réaménagements sont proposés, dans les délais les plus courts. Ces
travaux de réhabilitation, élaborés avec les partenaires locaux, peuvent se traduire par une remise en
culture, le reboisement ou la création d’un espace de loisirs.
Par exemple, lors de la fermeture du site de RANVILLE (Calvados), la carrière fut réaménagée en
espace de loisirs.
De même, le site de JUZIERS (Yvelines), situé en bordure de Seine, doit être réaménagé en espace
naturel, dédié à la promenade.
Autre exemple, le réaménagement de la Butte du Fief d’Argent (AIRVAULT, Deux-Sèvres), en
parcours de santé et lieu de découverte botanique.
Dans certains cas, la meilleure solution est tout simplement de favoriser une réappropriation du site
par la faune et la flore présente avant l’exploitation, sans négliger l’introduction d’espèces
nouvelles.
Vers une atténuation des émissions sonores et vibratoires
Durant toute la période d’exploitation, les cimentiers veillent à atténuer les émissions sonores et
vibratoires.
 Le bruit
Les bruits générés par l’activité cimentière constituent une des principales sources de
mécontentement des riverains. En effet, une étude réalisée en 2002 sur le site de GAURAIN a
recensé les plaintes des riverains concernant l’activité de l’usine et aboutit aux résultats suivants :
24
Tableau sur les nuisances de l’usine de GAURAIN enregistrées en 2001-2002
Origine de l’impact
Bruit
Emissions diverses
Matières
Vibrations
Total
2001
8
17
2
40
67
2002
22
12
2
16
52
Total
30
29
4
56
119
Source : Rapport environnemental, Compagnie des Ciments Belges (CCB), août 2003.
Origine des nuisances (%) en 2001 et 2002
Site de Gaurain
Bruit
25%
Vibrations
48%
Matières
3%
Emissions
diverses
24%
La plupart des nuisances constatées concernent les vibrations générées par les tirs de mine, le bruit
occasionné et les émissions liées au processus de fabrication.
 Le bruit
Pour réduire les nuisances sonores, des « cartes de bruits émis » sont établies, pour localiser sur le
site les sources sonores, afin de prendre des mesures nécessaires.
Ainsi, l’installation de transporteurs à bandes silencieux permet de réduire les nuisances sonores, de
même que l’installation de signaux avertisseurs moins « agressifs », sur les engins de carrière.
Par exemple, sur le site de GARGENVILLE, le transport des matières s’effectue par des
transporteurs à bandes enfouis à plus de 25 m de profondeur, et donc parfaitement silencieux.
De même, des talus ou des rideaux boisés autour du site peuvent réduire les nuisances sonores... et
esthétiques.
Lorsque la carrière est distante de l’usine, des itinéraires routiers alternatifs sont envisagés, afin
d’éviter d’emprunter le domaine public. Sur le site de COUVROT, par exemple, en concertation
avec la population, un nouvel itinéraire a été établi, pour le confort et la sécurité des riverains.
 Les vibrations
Des sismographes enregistrent systématiquement les vibrations occasionnées par les tirs de mine
nécessaires à l’extraction de calcaire. Par l’utilisation de nouvelles techniques plus performantes
(détonateurs électroniques), les vibrations ont été largement réduites nettement en deçà des normes
en vigueur. En effet, ces détonateurs électroniques permettent de mieux contrôler les explosions.
Les grosses explosions sont alors espacées de quelques micro-secondes, contribuant à réduire leur
impact sismique.
25
Evolution des vibrations sur le site de GAURAIN (Belgique)
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1998
1999
2000
2001
2002
Source : Rapport environnemental, Compagnie des Ciments Belges (CCB), août 2003.
Ce graphique montre clairement la réduction des nuisances sonores liée à la mise en place de
procédés d’exploitation moins bruyants.
 La maîtrise des émissions atmosphériques
 La réduction des émissions de poussières par la modernisation de l’outil de production
Le processus de combustion du four cimentier génère des gaz chargés de poussières. Afin de réduire
ces rejets de poussières dans l’atmosphère, les cimentiers veillent à « dépoussiérer » ces gaz, par
l’installation de systèmes de filtration et de dépoussiérage. Dans l’industrie cimentière, l’installation
de tels équipements (électrofiltres et filtres à manches) a permis, en 10 ans, de diviser par plus de 5
les émissions de poussière.
La réduction des émissions de poussière
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
1950
1960
1970
1980
1990
1995
Unités : Emissions de poussières en % de la production de ciment
Source : CEMBUREAU
De plus, la construction de halls fermés supprime les émissions de poussières générés lors des
stockages de matières. Enfin, des améliorations peuvent être obtenues simplement, par l’arrosage
26
des pistes empruntées par les camions, permettant de réduire sensiblement la diffusion de
poussières, notamment l’été.
Depuis 1998, les Ciments Calcia se sont engagés dans le remplacement progressif des filtres
électrostatiques par des filtres à manches, pour un coût moyen unitaire d’environ de 6 à 7 millions
d’euros. Par exemple, le filtre à manches de l’usine de COUVROT, un des plus importants en
France (coût de 10 millions d’euros environ), a supprimé très nettement les émissions de poussières.
Evolution des émissions de poussière sur le site de GAURAIN (Belgique)
250
200
150
100
50
0
1998
1999
2000
2001
2002
Unités : Poussières en mg/Nm3
Source : Rapport environnemental, Compagnie des Ciments Belges (CCB), août 2003.
 La réduction des émissions des Oxydes d’Azote (NOx)
Lors de la fabrication de ciment, la combustion de matière dégage des Oxydes d’Azote (NOx) en
quantité relativement importante. L’émission de NOx représente aujourd’hui le principal impact
atmosphérique d’une cimenterie.
Malgré de nombreuses difficultés techniques et économiques, les émissions de NOx ont été réduites
de 25% au cours des 10 dernières années, notamment par l’installation dans les fours de brûleurs
« bas NOx ». Des essais sont actuellement en cours, afin de poursuivre ces améliorations.
Ciments Calcia s’engage à réduire de 35% ses émissions de NOx d’ici 2005 par rapport à la période
1995-1999.
Evolution des émissions de NOx
2500
2000
1500
1000
Objectif
2005
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
0
1995
500
Unités : g/t de clinker
Sources : Rapport environnement, Ciments Calcia, octobre 2000.
Années 2000 à 2002 : Rapport sur le développement durable, N. Fabre, 2003.
27
 La réduction des émissions de dioxyde de soufre (SO2)
Dans certains cas, les réactions chimiques liées à la combustion dégagent du dioxyde de soufre
(SO2). Seuls trois sites sont concernés (AIRVAULT, BEFFES et RANVILLE), car la matière issue
des carrières contient des sulfures. Sur la période 1995-1999, ces émissions ont été réduites de 25%,
par l’installation de nouvelles tuyères, comme ce fut le cas à BEFFES, notamment. L’objectif des
Ciments Calcia est de réduire de 25% ces émissions, d’ici 2009.
Evolution des émissions de SO2
800
700
600
500
400
300
200
Objectif
2009
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
0
1995
100
Unités : g/t de clinker
Sources : Rapport environnement, Ciments Calcia, octobre 2000.
Années 2000 à 2002 : Rapport sur le développement durable, N. Fabre, 2003.
La valorisation des déchets : réduction des émissions de CO2 et maîtrise de l’énergie fossile
 Les enjeux liés à une réduction des émissions de CO2
Le protocole de Kyoto, signé en 1997, impose aux pays signataires de réduire les émissions de gaz à
effets de serre (notamment le gaz carbonique), d’ici 2012. En effet, l’émission de ces gaz, générés
par les activités humaines, contribue au réchauffement climatique.
Dans cette perspective, sera ouvert en 2005 un marché européen des quotas d’émission de CO2,
devant permettre aux entreprises visées par la directive européenne de mieux gérer leurs émissions
de CO2. Dès le 1er janvier 2005, les industriels devraient donc pouvoir acheter (en cas de
dépassement du quota d’émission) ou bien vendre (dans le cas inverse) des tonnes de quotas
d’émission. Une pénalité de 40 euros la tonne sera appliquée pour tout dépassement en fin d’année.
A partir de 2008, les quotas devraient être réduits et les pénalités passeront à 100 euros ! Selon les
experts, les prix à la tonne devraient se situer entre 10 et 25 euros. Pour les entreprises concernées,
l’impact financier ne sera pas négligeable : de 1,9 à 3,2% du résultat d’exploitation. Dans la
perspective de la création d’un marché mondial, cette « nouvelle contrainte environnementale »
devrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En France, les émissions principales de CO2 sont liées pour un tiers au chauffage et la climatisation,
les transports représentent 27% et l’industrie 21% des émissions de CO2. Quant à l’industrie
cimentière, elle représente aujourd’hui 2,6% du total des émissions de CO2 en France, soit 12% du
total des émissions de l’industrie française. (Source : CITEPA : 2002)
En effet, le processus cimentier repose sur une cuisson de matières à très haute température, donc
consommatrice d’énergie et émettrice de gaz carbonique (CO2). Par ailleurs, les ciments sont
28
obtenus par la transformation du calcaire en chaux et en gaz carbonique. Plus de 60% des émissions
de CO2, proviennent de cette « décarbonatation ».
Evolution des émissions de CO2 de l’industrie cimentière dans le monde
5000
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1990
2000
2010
2020
2050
Années 2010 à 2050 : prévisions « toutes choses égales par ailleurs »
Rapport sur « l’Initiative Ciment » en faveur du développement durable, WBCSD, juillet 2002.
Pour réduire ces émissions, plusieurs pistes ont été suivies :
 Réduire la quantité d’énergie nécessaire à la production de ciment, par des équipements plus
performants.
 Remplacer une partie du calcaire utilisé par des matières déjà « décarbonatées ».
 Réduire l’utilisation de combustibles fossiles, qui génèrent du gaz carbonique.
 En aval, renforcer l’isolation thermique des bâtiments. En effet, le chauffage et la climatisation
représentent un tiers des émissions de CO2 en France. Le béton, par ses qualités thermiques permet
de satisfaire à cette exigence.
Ainsi, dès 1990, l’industrie cimentière s’est volontairement engagée auprès de l’AERES
(Association d’Entreprises pour la Réduction de l’Effet de Serre) à réduire ses émissions de CO2
d’ici 2010. Sur la période 1990-2000, les émissions ont été réduites de 40%. Cette forte diminution
des émissions de CO2, s’explique par la modernisation des équipements industriels et le recours à
des combustibles de substitution.
Poursuivant son action environnementale, l’industrie cimentière a signé en 1996 une charte de
l’environnement, visant à réduire l’utilisation d’énergie fossile, sans transfert de pollution et en
maintenant la qualité des ciments.
« Au moment où les pays industrialisés ont pris conscience des limites des ressources naturelles et
la nécessité de mieux protéger l’environnement, nous assumons nos responsabilités et voulons
augmenter notre contribution. »
Charte Environnement de l’industrie cimentière, 1996
 La valorisation énergétique des déchets
La production de ciment nécessite la cuisson à très haute température (jusqu'à 2000°) de calcaire et
d’argile, dans de longs fours rotatifs. Cette cuisson de matériaux (ou processus de clinkerisation)
génère du CO2. Pour réaliser cette combustion, sont généralement utilisés des combustibles
conventionnels tels le coke de pétrole, le fuel lourd... ainsi que des combustibles de substitution, tels
certains déchets industriels (pneus, huiles usées, peintures, solvants, boues de stations d’épuration...
ou plus récemment des galettes de pétrole). C’est ainsi que depuis 1998, des farines animales sont
également utilisées en tant que combustible (365 000 tonnes en 2002). D’après l’ADEME (Agence
De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), les très hautes températures des fours cimentiers
29
permettent de détruire intégralement les farines animales, sans altération de la qualité des ciments
produits. Naturellement, le recours à de tels combustibles de substitution est soumis à autorisation
préfectorale et répond à un cahier des charges très strict et à des contrôles rigoureux. Au-delà de ces
procédures spécifiques, l’utilisation « calorifique » de tels déchets permet de réduire les émissions
de CO2, en évitant leur incinération « stérile ».
Les effets vertueux de la valorisation énergétique des déchets
CO2
SO2
Nox
CO2
SO2
Nox
Déchets
Combustibles fossiles
(charbon, fuel...)
Incinérateur +
CO2
SO2
Nox
Déchets
combustible
substitution
Cimenterie
Combustibles
Fossiles
Co-combustion
en cimenterie
Elimination des déchets
Valorisation des déchets
 Une réduction de la consommation d’énergie fossile
En outre, par effet de substitution, la valorisation des ces déchets permet de réduire les prélèvements
en combustibles fossiles.
Graphique sur la réduction de la consommation spécifique d’énergie
6500
6000
5500
5000
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
Unités : Combustibles en kj/kg de clinker
Source : CEMBUREAU (Association Européenne du Ciment)
Cette opération permet également à l’industrie cimentière de diversifier ses sources d’énergie, et de
réduire le coût des combustibles utilisés (la consommation énergétique représente 25% environ des
coûts de production). De plus, pour financer les aménagements spécifiques (silos à combustible
notamment), des aides publiques sont consenties aux usines qui participent à l’élimination de ces
déchets (environ 50 euros par tonne traitée).
Toutefois, du fait de leur moindre pouvoir calorifique, les farines animales ne sont utilisées qu’en
appoint des combustibles conventionnels.
30
Nature des combustibles de substitution utilisés par les Ciments Calcia (2002)
Divers
7%
Pneus usagés
6%
Biomasse, dont farines
animales
41%
Sciures
15%
Liquides pollués
10%
Solvants usagés
7%
Huiles de vidange
14%
Sources : Rapport environnement, Ciments Calcia, octobre 2000.
Rapport sur le développement durable, N. Fabre, 2003.
Ainsi, la valorisation énergétique constitue une solution sûre et efficace pour l’élimination de
certains déchets. En effet, la température élevée de combustion (près de 2000°C) associée à un long
séjour dans le four garantit une destruction totale des matières organiques.
De plus, les cendres de combustion s’intègrent complètement et parfaitement à la matière première.
Cette opération n’engendre donc aucun résidu. On précise que cette utilisation de combustible de
substitution ne modifie en rien la qualité des ciments, elle même garantie par des contrôles très
stricts (certification ISO 9002). Enfin, les émissions des fours de cimenterie ne sont pas modifiées,
et restent largement inférieures aux normes européennes les plus sévères.
C’est pourquoi l’utilisation de déchets représente aujourd’hui plus du tiers de l’énergie calorifique
utilisée pour la production de ciment (soit une économie de 500 000 tonnes-équivalent-pétrole). On
note qu’il s’agit là d’une moyenne, car certaines usines des Ciments Calcia enregistrent un taux de
substitution de plus de 50% ! Inversement, sur le site de GAURAIN, ce taux ne dépasse pas 15%.
Graphique sur l’évolution du taux de substitution énergétique des Ciments Calcia
35
30
25
20
15
10
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
0
1988
5
Source : Rapport environnement, Ciments Calcia, octobre 2000.
31
Toutefois, sur le périmètre des Ciments Français, le recours à des combustibles de substitution est
beaucoup plus limité, des marges de progrès étant possibles.
Le « mix combustible » des Ciments Français en 2000 (%)
Combustible de
substitution
10%
Autres
5%
Charbon
49%
Coke de pétrole
36%
On note que certains déchets peuvent également être utilisés en remplacement partiel de l’argile et
du calcaire, constituants de base du ciment. C’est ainsi que l’argile peut être partiellement
remplacée par des cendres provenant des centrales thermiques ou des laitiers (déchets) issus de
hauts fourneaux sidérurgiques : il s’agit là de la valorisation matière, qui permet de pallier à la
raréfaction des ressources et réduire le coût des matières utilisées dans la fabrication de ciment.
Le site de ROMBAS (Moselle), par exemple, a valorisé 700 000 tonnes de laitiers de hauts
fourneaux en 1999, tandis que l’usine de GARGENVILLE a intégralement remplacé l’argile par des
cendres provenant des centrales thermiques EDF.
La valorisation matière en 1999 (tonnes)
Matières
Résidus alumineux
Gypse industriel
Résidus ferreux
Cendres de centrales thermiques EDF
Laitier de haut-fourneau
Autres résidus (sables de fonderie...)
Tonnage
8 000
11 000
35 000
144 000
946 000
23 000
%
1
1
3
12
81
2
Concernant la gestion des déchets générés par l’activité des sites de production, ceux- ci sont soit
orientés vers des filières spécialisées, soit recyclés sur place, par incinération. Chaque usine vise
ainsi le « zéro déchet ».
La gestion des eaux
Dans les cimenteries, l’utilisation de l’eau concerne essentiellement le refroidissement des
machines. Le cycle de l’eau s’effectue en circuit fermé, sous contrôle. Quant aux eaux de
ruissellement, elles sont récupérées, et bénéficient d’un traitement spécifique avant tout rejet dans
l’environnement.
32
La concertation : écoute, dialogue et transparence
Depuis 1995, tous les sites se sont dotés de Commissions de Concertation et de Suivi de
l’Environnement (CCSE), qui réunissent, deux fois par an les représentants des collectivités locales,
les associations de riverains et de protection de l’environnement, les administrations locales,
l’ADEME, les représentants du personnel ainsi que toute autre institution concernée. Cette
démarche volontaire permet d’aborder des thèmes ponctuels, choisis par les participants euxmêmes. Aucun projet important n’est lancé sans délibération préalable aux CCSE. A titre
d’exemple, voici quelques thèmes abordés lors des CCSE :
 Etude du bruit de la cimenterie de BEFFES, en 1998.
 La valorisation des résidus en cimenterie (étude et visite), à BUSSAC, en 1996.
 Présentation des installations cimentières, à ROMBAS, en 2000.
Ainsi, la prise en compte des attentes légitimes des différentes parties prenantes permet de faire
évoluer les projets dans le sens d’un plus grand consensus.
La politique d’ouverture et de transparence se traduit également par des journées « Portes ouvertes »
organisées sur tous les sites, à l’attention des groupes scolaires et du grand public. Ces rencontres,
mutuellement enrichissantes, permettent de renforcer la confiance et le dialogue entre le personnel
de l’usine et les riverains.
Cette politique d’ouverture de l’entreprise sur son environnement inaugure une nouvelle approche
en termes « d’ancrage territorial ». En effet, chaque cimenterie s’inscrit dans un environnement
spécifique, qu’il convient de prendre en compte, afin de développer des synergies avec les acteurs
extérieurs à l’usine. Il s’agit d’inscrire le projet de l’usine dans la dynamique du territoire d’accueil.
La valorisation des déchets en cimenterie s’inscrit tout à fait dans cette démarche de coopération
constructive avec les acteurs économiques locaux. Ciments Calcia souhaite développer de telles
expériences de « symbioses industrielles », où les déchets et sous-produits des uns deviennent la
matière première des autres.
Cette culture de la coopération et de la complémentarité permet de développer des synergies
constructives, bénéfiques à la cohésion et à la dynamique territoriale.
Au-delà du process industriel...
Au-delà de la simple fabrication de ciment, la démarche en faveur du développement durable se
décline en aval.
Il s’agit par exemple de réduire les nuisances routières liées à l’expédition de ciment aux clients, par
une optimisation logistique. Un convoi fluvial de 3 000 tonnes de matière première remplace la
circulation de 100 camions de 30 tonnes ! S’appuyant sur ce constat, Ciments Calcia cherche
naturellement à privilégier la voie d’eau, à chaque fois que cela est possible. Les alternatives au
transport routier sont donc systématiquement envisagées.
A GARGENVILLE, situé en bordure de Seine, le recours à la voie fluviale est encouragé. De même,
les sites de CRUAS, ROMBAS et COUVROT ont-ils privilégié le transport ferroviaire, du fait de
leur proximité avec le réseau ferré. Toutefois, il ne faut pas négliger les nombreuses contraintes
liées à ce type de transport, qui reste très largement à développer.
Le transport routier étant un mode de transport onéreux (le ciment est un produit pondéreux) et
particulièrement polluant, on note que préoccupations économiques et environnementales se
rejoignent, pour privilégier des modes de transport plus respectueux de l’environnement. Dans ce
cas, les pouvoirs publics pourraient s’engager financièrement à promouvoir ces types de transport,
par des aides ciblées ou des subventions.
Ciments Calcia veille également à diffuser des pratiques responsables auprès de ses partenaires,
clients, fournisseurs et sous-traitants.
Naturellement, l’engagement pour la préservation de l’environnement s’étend aux autres filiales du
groupe Italcementi.
33
C. La politique environnementale de GSM,
filiale granulat du groupe Italcementi
Le granulat : une « matière précieuse »
Les granulats sont des petits morceaux de roche destinés à réaliser des ouvrages de génie civil, de
bâtiment ou de travaux publics. Cette ressource naturelle est extraite des carrières (granulats issus
de roches massives), des fonds marins (granulats alluvionnaires) ou provient des matériaux de
démolition de bâtiments ou des chaussées (granulats de recyclage).
Avec plus de 350 millions de tonnes par an, les granulats sont, après l’eau, la principale matière
première consommée dans notre pays. La fourniture de granulat est donc un enjeu économique
majeur. En effet, cette ressource naturelle est très largement utilisée dans les secteurs traditionnels
comme le Bâtiment et les Travaux Publics (BTP), mais également dans bon nombre de produits
manufacturés. C’est ainsi que l’on retrouve des granulats dans les cosmétiques, les carrelages, mais
aussi dans le dentifrice et même le sucre ! La consommation annuelle de granulats s’élève ainsi à 6
tonnes par habitant, soit 80 kg par jour pour une famille de 4 personnes. Concernant le bâtiment, la
construction d’un hôpital ou d’un lycée requiert de 2 000 à 4 000 tonnes et 1 km d’autoroute
nécessite l’utilisation de 30 000 tonnes de granulats, contre 10 000 tonnes « seulement » pour 1 km
de voie ferrée !
Evolution de la production annuelle française de granulats, en millions de tonnes
500
400
300
200
100
0
1930
1940
1950
1960
1970
1980
1985
1990
1995
2002
Source : Les granulats, Union Nationale des Producteurs de Granulats (UNPG), 1997
Ainsi, très largement utilisé dans la construction d’habitation et d’infrastructures, le granulat est un
matériau essentiel destiné à satisfaire les besoins de la collectivité. La fourniture régulière et durable
de cette matière première indispensable est assurée par l’exploitation locale de gisements.
De nombreux facteurs influencent les conditions d’accès aux gisements (développement urbain,
préservation des espaces agricoles et naturels, politique d’aménagement du territoire...), alors que
les choix d’implantation de carrières sont dictés par des paramètres géologiques.
Malgré ces difficultés, il s’agit d’assurer la pérennité des approvisionnements aux clients, tant en
quantité qu’en qualité, en conciliant les impératifs économiques et environnementaux dans une
démarche de développement durable.
34
La politique environnementale de GSM : Vers un « ancrage territorial » ...
C’est ainsi que GSM fut le premier producteur de granulats à élaborer un Plan Environnement, et ce
dès 1991. Poursuivant cette démarche innovante et responsable, GSM souhaite développer une plus
grande prise en compte des spécificités des territoires d’accueil, par un Programme d’actions
locales adaptées.
La politique environnementale de GSM, qui vise à concilier développement économique (par
l’accès aux ressources) et protection de l’environnement articule un programme national avec des
actions locales.
 Dès le début de l’exploitation, prise en compte de la gestion de l’après-carrière. Il s’agit donc
d’anticiper la restitution de l’espace au territoire d’accueil, en concertation avec l’ensemble des
parties prenantes.
 Favoriser une utilisation responsable des ressources naturelles, c’est à dire promouvoir une gestion
économe et rationnelle de l’énergie et des matières premières. En effet, même si les réserves
naturelles sont quasiment illimitées, beaucoup d’entre elles restent inexploitables et inaccessibles
pour des raisons diverses : urbanisation, sites classés ou protégés, exploitation trop coûteuse,
sensibilité écologique...
 Réduire les coûts (financiers, sociaux et écologiques) liés au transport de matériaux par une
optimisation de la logistique. En effet, les granulats sont des matériaux très pondéreux, dont le prix
d’acheminement par camion double tous les 50 kms !
 Développer les partenariats locaux, pour favoriser une meilleure intégration territoriale.
Un exemple, le recyclage des déchets : 25 millions de tonnes d’ordures ménagères sont
« produites » chaque année en France, 11 millions sont incinérées et 2 à 3 millions de tonnes de
mâchefers (MIOM) subsistent, dont les 2/3 sont exploitables. Ciments Calcia participe à la
valorisation des MIOM, dans le cadre du Projet MASHROAD (Programme Européen de
valorisation des MIOM). En effet, le CTG a développé le liant CIBELCOR, qui permet le traitement
des MIOM dans l’utilisation du réseau routier. Cette opération a pour objectifs de participer au
recyclage des déchets et de réduire la consommation de granulats dans certaines régions de France
où menace la pénurie (difficultés d’exploitation, éloignement géographique...).
 Mutualiser les « bonnes pratiques » environnementales, au sein de l’entreprise, mais également
auprès des partenaires : clients, fournisseurs, sous-traitants et transporteurs.
Le béton constitue un débouché naturel du ciment et du granulat. En effet, mélangés avec l’eau, le
sable et quelques ajouts, le ciment et le granulat sont les matières indispensables à la fabrication de
béton. Unibéton, filiale du groupe Italcementi, est chargée de produire et distribuer du Béton Prêt à
l’Emploi à ses clients.
D. La prise en compte des enjeux environnementaux par Unibéton
La prise en compte des enjeux environnementaux est relativement récente dans le secteur du béton
et le marché de la construction. Essentiellement soucieuse de la maîtrise des coûts, la profession
reste, pour l’heure, assez peu sensibilisée aux performances environnementales.
Le béton : un marché très concurrentiel
A la différence du ciment et du granulat, le béton est un « produit frais », qui doit être livré au client
dans un délai très court (moins de deux heures). Il s’agit donc d’un marché de proximité, où le
« ticket d’entrée » reste modeste (1 millions d’euros « seulement » pour l’installation d’une centrale
35
à béton), comparé aux lourds investissements exigés pour l’exploitation d’une carrière de granulats
(3 à 5 millions d’euros) ou l’installation d’une cimenterie (plus de 150 millions d’euros). La
production s’effectue en « flux tendus », face à une demande très volatile (cyclique, saisonnière et
très dépendante du climat conjoncturel). Dans ce marché très réactif, évoluent de nombreux acteurs
indépendants, aux moyens financiers limités, dont la préoccupation immédiate reste très souvent
bien éloignée des enjeux du développement durable.
De plus, le béton résulte du simple malaxage (mélange) de produits basiques : ciment, granulats et
eau. Il s’agit là d’une activité simple, banalisée, qui génère assez peu de valeur ajoutée, et les
utilisateurs de béton sont davantage préoccupés par la réduction des coûts que la maîtrise des
impacts environnementaux.
Les obstacles aux « bonnes pratiques »
Les contraintes écologiques génèrent des aménagements spécifiques, des investissements parfois, en
tous cas des surcoûts qu’il n’est pas toujours possible de répercuter sur le prix du produit. Certains
producteurs peuvent alors être tentés de négliger les contraintes environnementales afin d’améliorer
leurs marges ou conquérir de nouvelles parts de marché. A court terme, seraient donc pénalisés les
producteurs engagés dans une démarche de protection de l’environnement, du fait des coûts
supplémentaires qu’ils subissent. Il s’agit là d’une configuration classique en économie (cf théorie
du « Dilemme du prisonnier », Annexe 4).
Ainsi, des producteurs peuvent être tentés de se comporter en « passagers clandestins », (Free
Riders), et bénéficier sans contrepartie des investissements écologiquement responsables réalisés
par les concurrents.
L’intervention des pouvoirs publics
Pour éviter de telles dérives, les pouvoirs publics doivent intervenir pour instaurer et veiller au
respect des contraintes environnementales, ce qui permettrait « d’assainir » certaines pratiques,
nuisibles à l’image d’une profession..., et à l’environnement. En amont, des opérations de
sensibilisation et d’information pourraient être menées, pour favoriser l’engagement des acteurs à
préserver le milieu naturel.
D’ailleurs, dans le projet de réforme concernant la nouvelle procédure d’attribution des marchés
publics, ne seraient pas nécessairement retenus les projets les moins coûteux, mais les projets qui
présentent le meilleur ratio qualité (au sens large) / prix. En passant d’une logique de « moins
disant » à la logique du « mieux disant », éviterait-on de « sacrifier l’environnement sur l’autel de
la rentabilité ». Cette mesure permettrait d’éliminer le phénomène pervers de « sélection adverse »,
c’est à dire finalement ne retenir que les entreprises les moins performantes, écologiquement
parlant. L’avantage comparatif d’une entreprise ne devrait pas seulement se mesurer à l’aune de sa
seule performance financière, mais également inclure des paramètres relatifs à la sécurité, la qualité
et l’environnement.
Sur le plan financier, il conviendrait également de subventionner les entreprises qui favorisent des
investissements « écologiques » et développent des « bonnes pratiques ». Pour l’heure, certaines
entreprises assument seules des actions qui profitent à l’ensemble de la collectivité. Garantes de
l’intérêt général, les autorités publiques devraient légitimement « mutualiser » les coûts qui
permettent de préserver l’environnement.
Vers la maîtrise des rejets dans l’environnement...
Afin de se conformer aux normes environnementales et anticiper une réglementation toujours plus
contraignante, Unibéton s’est engagé dans une politique de préservation de l’environnement
articulée autour des quatre éléments naturels « Air, Feu, Eau et Terre ».
36
La maîtrise des rejets
Filtration et dépoussiérage
Interdiction de brûlage
Pas de rejet en milieu naturel
Air
Air
Tri et élimination des déchets
par filières appropriées
Feu
Feu
Terre
Terre
Eviter les pollutions chimiques
par infiltration
Eau
Recyclage des eaux de process
Traitement et limitation des rejets
Limitation de la consommation
Les outils au service de la politique environnementale
La démarche d’Unibéton en faveur de la préservation de l’environnement est systématisée à l’aide
du schéma suivant :
Démarche volontaire d’Amélioration Continue
Audit internes d’Evaluation
à intervalles réguliers
Définition des Améliorations et
Excellence environnementale
des Corrections à apporter
Mise en œuvre des
Actions Correctives
Cette démarche, qui s’inspire des procédures de certification proposées par l’AFAQ et l’AFNOR,
permet d’améliorer en permanence les performances environnementales. Toutefois, la contribution
écologique de ce type d’activité ne se réduit pas à la maîtrise des rejets dans l’environnement, mais
doit prendre en compte les qualités spécifiques d’un matériau composé d’éléments naturels.
Le béton, un matériau écologique ?
Au-delà du simple procédé de fabrication, le béton, par ses caractéristiques spécifiques, peut
contribuer à la préservation de l’environnement.
Matériau banalisé, longtemps décrié, symbole d’une modernité dépassée, le béton est un matériau
indispensable qui fait partie intégrante de notre vie (à l’heure actuelle, 7 maisons sur 10 sont en
béton). Composé d’éléments naturels issus de notre environnement, le béton est aujourd’hui
reconnu pour ces propriétés intrinsèques de durabilité, d’insonorisation et de sécurité dans la
réalisation des bâtiments, mais également des réseaux routiers. Par ses qualités spécifiques, le béton,
37
cette « pierre de l’homme », apporte une forte contribution environnementale dans la construction
de certains bâtis.
Sur le plan de l’isolation thermique, le béton limite la déperdition de chaleur en hiver et atténue les
hausses de température l’été. Ces propriétés sont conformes à la Réglementation Thermique (RT)
2000 (entrée en application le 1er Juin 2001), dont l’objectif est de réduire la consommation
d’énergie des bâtiments. On rappelle que le chauffage contribue pour 1/4 à l’émission de gaz à effet
de serre.
A ce titre, une association, Haute Qualité Environnementale (HQE), fut créée en 1996,
conjointement par l’administration et les industriels des produits de construction, afin de préserver
et développer la qualité environnementale des bâtiments, et se fixe quatre familles d’objectifs :
 « L’écoconstruction »
 « L’écogestion »
 Le confort
 La santé
Concrètement, il s’agit de préserver et d’améliorer les performances des ouvrages, tout en réduisant
les impacts environnementaux.
Des ciments performants peuvent également être utilisés pour l’adduction d’eau et le retraitement
des eaux usées.
Formulé pour résister aux agressions chimiques, il peut devenir un rempart efficace contre les
pollutions des nappes phréatiques, notamment dans les exploitations agricoles.
Le développement de nouveaux produits et de nouveaux usages
Les chercheurs et techniciens du CTG conçoivent des produits aux formulations innovantes,
destinés à de nouveaux usages, propres à préserver l’environnement.
Ainsi, le Béton Auto Plaçant (BAP) dont la fluidité lui permet de s’immiscer dans tous les
interstices et donc de supprimer le vibrage et la nuisance sonore lors de son utilisation en zone
urbaine.
Quant au LIGEX 16, il ne dégage que très peu de poussières lors de l’épandage sur le réseau routier.
Dans ces conditions, se pose la question du décalage entre la perception de ce matériau de base,
souvent contesté, et ses performances spécifiques, notamment environnementales. Par des actions
collectives, les organisations professionnelles cherchent donc à promouvoir le béton dans de
nouveaux usages, et notamment les infrastructures routières.
38
Conclusion
La prise en compte du développement durable dans la stratégie des entreprises est récente.
Sa mise en œuvre nécessite donc une réflexion globale et s’inscrit dans une démarche de progrès à
moyen et long terme. Cependant, les pratiques de développement durable ne pourront se généraliser
que dans la mesure où elles contribuent à la performance économique. On peut souhaiter qu’à
l’avenir, la réussite d’une entreprise s’appréhende à travers sa performance globale, économique,
sociale et environnementale.
Malgré un contexte économique difficile, il est à souhaiter que les Ciments Français
poursuivent sans faiblir leur engagement dans le développement durable, afin d’inscrire leur action
dans la perspective d’une entreprise ouverte et responsable.

39
Bibliographie
Vers un développement durable de l’industrie du ciment, Rapport du Battelle Memorial Institute,
mars 2002.
Rapport sur « l’Initiative Ciment » en faveur du développement durable, WBCSD, juillet 2002.
Rapport sur le développement durable (Report Sustainable Development), Italcementi Group, 2003.
Rapport environnement, Ciments Calcia, octobre 2000.
Environnement : une industrie en action, Revue Info Ciments de l’Industrie Cimentière Française,
2002.
Plan environnement 2002-2006, GSM, octobre 2000.
Rapport environnemental, Compagnie des Ciments Belges (CCB), août 2003.
Les granulats, Union Nationale des Producteurs de Granulats (UNPG), 1997
Les combustibles de substitution dans la production du ciment, Association Européenne du Ciment
(CEMBUREAU)
Déclaration de politique environnementale, Cimenterie de Bussac
Charte Qualité, Cimenterie de Bussac
Charte Sécurité, Cimenterie de Bussac
Rapport sur le développement durable, Stage en entreprise, Nathalie Fabre, 2003.
Rapport Annuel Ciments Français, 2002
Bilan social Ciments Calcia, 2002
Articles parus dans Vision France-Belgique, revue interne du groupe
Brochures Info Ciments, du Syndicat Français de l’Industrie Cimentière (SFIC)
Qualité et esthétique au service du cadre de vie, brochure Unibéton
« Les émissions de CO2 vont peser dans les comptes des entreprises », Les Echos, 25 novembre
2003.
40
Interlocuteurs...
Mon stage s’est structuré autour d’entretiens accordés par les principaux collaborateurs des Ciments
Français. Ces rencontres m’ont permis de mieux comprendre le fonctionnement effectif et
quotidien d’une entreprise de dimension internationale. Ces entrevues ont été relayées par des
visites de terrain, sur le site de BORDEAUX (Agence Commerciale Régionale et Centrale à Béton),
et à la cimenterie de BUSSAC (17). Je me suis également rendu sur le site de GARGENVILLE
(78), situé non loin du siège administratif des Ciments Français.
Au siège social
Sur le site des Technodes, basé à Guerville (Yvelines, 78)
Martine MILOUDI. DRH, le 29-10-03
Philippe RAIMBAULT. DRH / Affaires sociales et administration du personnel, le 4-11-03
Guy DEPIENNE. DAF / Comptabilité générale et Consolidation, le 5-11-03
Amaury D’HUMIERES. Direction Administration Finance et Contrôle / Trésorerie, le 5-11-03
Philippe ROPITAULT. Direction Administration Finance et Contrôle / Contrôle de gestion, le 611-03
Patrick COUTURE. DRH / Formation, le 7-11-03
Didier CATRY / Direction Administration Finance et Contrôle, le 12-11-03
Gonzague DE MASSOL / DRH GSM, le 12-11-03
Céline AMPHOUX / Direction des Achats et de la Logistique / Achats Services Généraux, le 1711-03
Mickaël VAUTIER / DRH Métiers / Ciments, le 19-11-03
Franck SACRE / Gestion Commerciale, le 26-11-03
Roland LECOQ / Matières stratégiques, le 26-11-03
Jacques DEBAENE / Technologie, le 26-11-03
Jean Marc BODA / Qualité, le 26-11-03
Camille DEFOSSE, Direction Industrielle et Technique Ciment / Environnement, le 26-11-03
Denis CHOUMERT / Direction des achats et de la logistique, le 26-11-03
Joël MARIOTTI / Direction du Plan, le 26-11-03
Jacques PREVEL / Sécurité, le 28-11-03
41
François LEROY / Qualité GSM, le 28 -11-03
Brigitte LAMPIN / Foncier Ciment, le 1-12-03
Christiane LUTYJ / Direction de la communication, le 1-12-03
Armand CORVIOLE / Marketing, le 1-12-03
Stéphane DOUMEC / Sécurité Groupe, le 4-12-03
Bernard Leroy, DRH / Développement et formation, le 15-12-03
Sur le site de la Défense, Tour Ariane (Hauts de Seine, 92)
Sabine DUPUY / DRH Groupe, le 24-11-03
Gérard GUELLEC / Prévision, le 2-12-03
Colloque BTP. Ministère de l’équipement, le 3-12-03
Collaborateur de Xavier BLUTEL / Environnement, le 5-12-03
Sur les sites de production
Claude LABANSAT. Directeur Régional Sud Ouest, le 10-12-03
Jacques BARRET / Directeur Usine : BUSSAC FORET, le 12-12-03
42
ANNEXES
43
ANNEXE 1
DECLARATION DE POLITIQUE SECURITE DE L’USINE DE BUSSAC
Les principes
Tous les accidents peuvent être évités.
La sécurité au travail est un droit pour chaque salarié.
L’encadrement est responsable de la prévention des accidents.
Travailler en sécurité est aussi un devoir, pour les autres et pour soi même.
La sécurité est un critère important pour l’appréciation de la qualité du travail et du
professionnalisme de chacun.
Le bien-être du Personnel, l’image et la pérennité de l’Entreprise sont les enjeux de cette politique
visant à préserver la santé et la sécurité de chacun dans l’usine. L’implication de tous est
primordiale.
Pour que ces principes soient mis en œuvre dans l’usine, je m’engage à appliquer la Politique
sécurité de la Société, et en particulier à :
 Organiser une formation à la Sécurité adaptée et vérifier que chaque salarié a les compétences
requises pour accomplir son travail.
 Fournir les moyens nécessaires et suffisants pour améliorer la sécurité et contrôler la mise en
œuvre.
 Maintenir la transparence et communiquer les objectifs, les résultats, ainsi que tous les éléments
susceptibles d’améliorer la sécurité dans l’usine.
 Favoriser l’implication du Comité d’hygiène de Sécurité et des Condition de Travail (CHSCT) et
chaque membre du personnel dans cette démarche de progrès.
Le directeur de l'usine de Bussac
44
ANNEXE 2
La démarche qualité des Ciments Calcia
En plus d’être aux normes CE-NF pour tous ses produits, le fonctionnement de l’usine répond à un
mode d’organisation très précis. La production, le contrôle, la maintenance, l’organisation
administrative, le service aux clients..., toutes les activités du site répondent à une démarche qualité,
officiellement reconnue par l’attribution de la certification ISO 9002.
Cette reconnaissance officielle concerne les sites de production, mais également la totalité de
l’organisation, de l’usine au siège social, en passant par les services, la distribution et les agences
commerciales.
Par exemple, au sein de chaque usine, un laboratoire automatisé contrôle 24h/24h la matière à
chaque étape de sa transformation, par prélèvements continus. Les données sont analysées
instantanément et l’opérateur engage les actions correctives adéquates. Ce système garantit
l’excellence et la régularité des produits.
Ainsi, Ciment Calcia est le 1er cimentier européen intégralement certifié ISO 9002. Ainsi, dès 1997,
l’ensemble des sites a été certifié ISO 9002. Norme internationale, la certification ISO 9002 est
attribuée par un organisme indépendant, l’AFAQ.
Les filiales du groupe sont également engagées dans cette démarche qualité.
AXIM, filiale de production d’adjuvants pour les ciments et les bétons, a été une des premières
sociétés du groupe certifiée ISO 9002 en 1996.
TRATEL, filiale transport du groupe, responsable de la distribution des produits sur l’ensemble du
territoire, a obtenu la certification ISO 9002 en mars 1998.
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ANNEXE 2 bis
DECLARATION D’ENGAGEMENT QUALITE
DE LA DIRECTION DE L’USINE DE BUSSAC
En tant que Directeur de l'usine de Bussac, je m'engage à mettre en oeuvre et à appliquer la
politique Qualité de Ciments Calcia figurant dans le Manuel Qualité Société.
Cette politique traduit clairement notre conviction que le développement et la pérennité de notre
société dépendent de la confiance et de la fidélité que nous portent nos clients.
Notre démarche Qualité est l'un des outils qui doit nous permettre de réaliser cette politique.
Dans le cadre de cette politique, le personnel de l'usine de BUSSAC et moi-même nous engageons
à:
 Fournir à nos clients des produits conformes à leurs besoins et aux Règlements des marques :
CE, NFLH, et AFNOR
 Assurer la disponibilité de nos produits
 Nous inscrire dans une démarche continue de progrès en faveur de nos clients
Pour cela, nous devons en permanence, en particulier par la mise en oeuvre d'un système de
management de la qualité conforme à la norme ISO 9001 (2000) :
 Prendre en compte les besoins des clients en terme de qualité, quantité, délais et service
 Améliorer le fonctionnement de notre organisation et nos processus
 Développer le professionnalisme de notre personnel
 Mettre à disposition des responsables les moyens nécessaires pour accomplir leur mission
 Etablir des relations de partenariat avec nos fournisseurs
 Agir pour la protection de notre environnement
 Innover dans nos services, notre organisation et nos processus
 Maîtriser nos coûts et améliorer notre performance
Par délégation, le Responsable du service Développement, représentant de la Direction, a la
responsabilité et l'autorité pour :
 Assurer que les processus nécessaires au Système de Management de la Qualité sont établis,
mis en oeuvre et entretenus
 Rendre compte à la Direction du fonctionnement du Système de Management de la Qualité et de
tout besoin d'amélioration
 Assurer que la sensibilisation aux exigences du client dans tout l'organisme est encouragée.
Cette démarche contribuera à faire progresser nos performances et prouvera à nos clients notre
compétence et notre volonté d'agir en partenaires efficaces.
Le directeur de l'usine de Bussac
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ANNEXE 3
DECLARATION DE POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE
DE LA CIMENTERIE DE BUSSAC
Convaincu que la préservation de l'environnement est un enjeu de société majeur, je m'engage en
tant que directeur de l'usine de Bussac à appliquer la politique environnementale élaborée par la
Direction Générale de Ciments Calcia.
L'application de cette politique consiste à :
 Pérenniser le système de management environnemental conformément à la note ISO 14 001.
 Mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour garantir en permanence le respect des
prescriptions réglementaires et des autres exigences applicables à l'usine ainsi que la prévention
des pollutions.
 Définir, sur une base pluriannuelle, des objectifs et cibles contribuant à entretenir une
dynamique d’amélioration continue des performances environnementales et plus généralement du
fonctionnement de l'usine.
 Contribuer à l'économie des ressources naturelles, énergie fossile et autres matières, par la
substitution énergétique et la valorisation, notamment en prenant une part active aux plans
régionaux d’élimination des déchets.
 Réduire nos rejets dans le milieu naturel, notamment les rejets atmosphériques.
 Mettre en place un dispositif de gestion de nos déchets internes en favorisant leur valorisation.
 Assurer la transparence de nos activités par une politique d'information et de dialogue avec le
personnel de l'usine, nos riverains, les élus et associations et avec nos administrations de tutelle.
 Sensibiliser et former à l'environnement l'ensemble du personnel de façon à ce que chacun
prenne en compte la dimension environnementale dans les décisions et gestes quotidiens.
Par délégation, le responsable du Service Développement, représentant de la Direction, a la
responsabilité et l'autorité pour s'assurer de la mise en oeuvre et du développement du système de
Management Environnemental.
La certification ISO 14001 enrichie l'image de marque de Ciments Calcia et de l'usine de Bussac.
Elle est un gage de crédibilité et de sérieux vis-à-vis de nos partenaires.
Le directeur de l'usine de Bussac
47
ANNEXE 4
La théorie du « Dilemme du prisonnier » face au développement durable
Soit une structure de marché simplifiée, composée de l’entité (les Ciments Français par exemple),
et de la concurrence, supposée adopter un comportement homogène, ce qui est particulièrement vrai
en situation oligopolistique.
Supposons que l’entité soit confrontée à un choix binaire, à savoir, investir ou pas dans le
développement durable (DD). On suppose également que l’investissement dans le développement
durable génère des coûts, à court terme, qui pèsent sur la performance financière de l’entreprise.
La théorie du dilemme du prisonnier nous enseigne que finalement, les effets de la décision d’une
entité donnée dépendent de ses choix... et de l’attitude de ses concurrents. Autrement dit, une partie
des décisions de l’entreprise échappe totalement à son contrôle.
Les différentes configurations résultant du choix de l’entité et de ses concurrents sont représentées
dans le tableau suivant :
Investissement en DD
Concurrents
Pas d’investissement en DD
Entreprise
Investissement en DD
Pas d’investissement en DD
1.
Neutralité
2.
Handicap / Atout
3.
Atout / Handicap
4.
Neutralité
Configuration 1 :
Dans cette configuration, l’entreprise et la concurrence investissement conjointement dans le
développement durable. En terme d’avantage concurrentiel, les deux politiques se « neutralisent »,
aucune des deux entités (entreprise et concurrence) n’est pénalisée par son engagement en faveur du
développement durable.
Toutefois, collectivement, il s’agit de la meilleure des situations (optimum collectif ou « optimum
sociétal »), puisque toutes les entités en présence investissent dans le développement durable.
Configuration 4 :
Dans cette configuration symétrique, l’entreprise et la concurrence adoptent le même
comportement, à savoir ne s’engagent pas dans le développement durable. Ainsi, « toutes choses
égales par ailleurs », aucune des entités n’est avantagée par son absence d’engagement en faveur du
développement durable.
Toutefois, collectivement, il s’agit de la pire des situations, puisque ni l’entreprise, ni la concurrence
n’investissent dans le développement durable.
Configuration 2 :
Dans ce cas, l’entreprise choisit de ne pas s’investir dans le développement durable, à la différence
de ses concurrents. La concurrence subit donc un surcoût, qui se traduit par un handicap par rapport
à l’entreprise, qui se trouve ainsi avantagée.
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Configuration 3 :
Dans ce cas, c’est l’entreprise qui investit dans le développement durable, à la différence de la
concurrence. Cette fois, c’est l’entreprise qui est pénalisée par son investissement.
En situation d’asymétrie d’information, c’est à dire dans l’incertitude, chaque entreprise effectue un
choix rationnel, en tenant compte du comportement supposé de la « partie adverse ».
Plus précisément, si l’entreprise suppose que la concurrence investira dans le développement
durable, le choix rationnel consiste à ne pas investir (il est préférable de bénéficier d’un avantage
concurrentiel plutôt que de « neutraliser » les situations).
De même, si l’entreprise suppose que la concurrence ne s’engagera pas dans le développement
durable, le choix rationnel consiste à s’abstenir d’investir (il est préférable de « neutraliser » les
situations plutôt que de subir un handicap (situation où l’entreprise investit, contrairement à la
concurrence).
Ainsi, quelque soit l’attitude de son concurrent, l’entreprise à « intérêt » à ne pas s’investir dans la
préservation de l’environnement.
Sachant que la concurrence adopte le même comportement « rationnel », ni l’entreprise, ni la
concurrence n’investit en faveur de l’environnement, ce qui aboutit à la situation 4, la pire des
situations collectives !
Ainsi, en situation d’incertitude, la rationalité des acteurs conduit à la pire des situations collectives.
Autrement dit, la somme des intérêts individuels ne conduit pas spontanément à l’optimum
collectif. L’intervention publique permet justement d’éviter cet effet pervers, dit de « composition ».
Concrètement, dans le but de concilier l’optimum collectif avec les intérêts individuels,
l’intervention publique peut prendre plusieurs formes :
- Il peut s’agir d’une législation édictant des normes environnementales strictes à respecter.
- L’Etat peut également « mutualiser les dépenses » en faveur de l’environnement, par des
subventions notamment, ou bien « internaliser les coûts » des dégâts environnementaux, à travers le
principe du « pollueur payeur » par exemple.
La piste « incitative » nous semble à moyen terme plus efficace que l’option réglementaire,
puisqu’elle permet la convergence des intérêts individuels et collectifs.
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ANNEXE 5
Etude de cas remise à l’Institut Des Entreprises (IDE)
L’industrie cimentière : une mobilisation pour la préservation de l’environnement
Une préoccupation récente, mais une volonté forte.
Durant de nombreuses années, les préoccupations environnementales ont été négligées, et ce n’est
que très récemment, que la filière cimentière s’est mobilisée, pour mener une action volontariste en
faveur de la préservation de l’environnement.
L’industrie cimentière, une industrie à fort impact environnemental.
Même si le ciment est un produit naturel, constitué principalement de calcaire et d’argile, la
production industrielle de ciment génère de nombreux impacts environnementaux.
En effet, une installation cimentière nécessite l’exploitation d’une carrière, ainsi que le transport et
la transformation des matériaux, à travers la cuisson et le broyage.
L’exploitation d’une carrière
L’exploitation d’une carrière génère de nombreuses nuisances, notamment esthétiques, sonores et
vibratoires.
Afin de limiter les nuisances dont pourraient être victimes les riverains, les carrières sont
généralement installées sur des zones peu urbanisées. Une veille foncière est d’ailleurs assurée afin
de conserver une ceinture non urbanisée aux abords du site.
Lors de l’exploitation du site, des arbres sont plantés, afin de réduire la gêne esthétique et limiter les
nuisances sonores.
Des réunions sont régulièrement organisées (C.C.S.E. : Commissions de Concertation et de Suivi de
l’Environnement), où participent les responsables de l’usine et les acteurs concernés : riverains,
associations, experts, élus locaux, représentants des pouvoirs publics, afin de garantir la
transparence de l’exploitation et faciliter la circulation de l’information.
Concernant les tirs de mine, des systèmes automatisés permettent désormais de réduire sensiblement
les vibrations alentours.
Au terme de l’exploitation, le site est réaménagé, en réserve naturelle ou en base nautique.
Le cœur du process : le processus de « clinkerisation » (cuisson des matières premières)
Une fois mélangés, le calcaire et l’argile sont portés à très haute température (1500° environ), à
l’aide de combustibles fossiles tels que le coke de pétrole, ce qui génère des émissions de CO2 dans
l’atmosphère. Afin de réduire l’utilisation de ces combustibles fossiles, l’industrie cimentière utilise
des combustibles de substitution, tels que les farines animales, les boues de stations d’épuration ou
les galettes de pétrole rejetées sur les côtes françaises. La manipulation, le stockage et la combustion
de ces combustibles de substitution sont soumis à une réglementation très stricte.
Le recours à ces combustibles de substitution présente un triple avantage :
 L’économie de combustibles fossiles, de plus en plus rares et de plus en plus coûteux
 L’élimination « utile » de déchets, sans transfert de pollution, et sans altération de la qualité des
ciments.
 La réduction des émissions de CO2 par rapport à une incinération « stérile » de ces déchets.
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Ces innovations permettent d’associer performances économiques et environnementales.
Les grands axes pour la préservation de l’environnement
L’industrie cimentière articule sa politique de développement durable autour des points suivants :
 La recherche de matériaux de substitution
 L’utilisation de combustibles de substitution
 L’amélioration de la productivité du process afin de réduire la consommation de matière
première et d’énergie.
Des investissements concrets pour la préservation de l’environnement
Les Ciments Français consacrent des sommes importantes afin d’améliorer la performance
environnementale de leurs installations, soit 30% environ de leurs investissements.
Par exemple, l’ensemble des cimenteries du périmètre France / Belgique est désormais certifiée ISO
14001, ce qui garantit la pérennité du Système de Management Environnemental (SME), permettant
de coordonner les réflexions et les actions en faveur de la préservation de l’environnent.
Concrètement, la certification ISO 14001 vise l’excellence environnementale et se fixe comme
objectifs :
 La réduction des nuisances
 Un processus d’amélioration continue
 La mise en place d’un dispositif de communication (interne et externe)
 La prévention des situations d’urgence et capacité de réaction à celles-ci
Sur le plan des investissements, les usines sont désormais dotées des filtres à manches, qui limitent
considérablement l’émission de poussière blanche autour de l’usine. Ces équipements se chiffrent à
10 millions d’euros l’unité.
Les efforts consentis en matière de développement durable permettent à l’entreprise d’assumer la
responsabilité environnementale, afin de pérenniser son activité dans le long terme.
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ANNEXE 6
Lexique des termes utilisés figurant au programme de SES
Actionnaire : Personne physique ou morale détenant des actions d’une Société Anonyme (SA), et
de ce fait propriétaire ou copropriétaire de la société.
Actionnaire principal : Actionnaire détenant une majorité relative ou absolue dans le capital social
d’une Société Anonyme (SA).
Chiffre d’affaire ou recette totale : Produit des quantités vendues par le prix de vente. A ne pas
confondre avec le bénéfice de l’entreprise.
Compétitivité : Capacité d’une entreprise à faire face à la concurrence lui permettant de maintenir
ou conquérir des parts de marché.
Concentration de l’offre : Marché composé d’un petit nombre d’offreurs, et de ce fait, qualifié de
marché oligopolistique.
Consommations intermédiaires (CI) : Dépenses de production principalement liées à l’achat de
matières premières ou à la consommation d’énergie.
Cotisations sociales : Part des revenus versés aux organismes sociaux.
Coûts : Dépenses engendrées par l’entreprise pour réaliser sa production. On distingue
généralement les coûts fixes des coûts variables, qui dépendent de la quantité produite.
Croissance externe : Mode de développement d’une entreprise fondé sur l’acquisition d’entreprises
déjà existantes.
Développement durable : Mode de développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de satisfaire aux leurs.
Diversification des activités : Stratégie qui vise à élargir le domaine d’activité d’une entreprise,
afin de réduire les risques d’exploitation ou bénéficier de certaines opportunités de marché.
Economies d’échelle : Phénomène de diminution des coûts unitaires de production engendré par
l’augmentation des quantités produites. Ce phénomène trouve son origine dans l’importance des
coûts fixes.
Exportations : Produits ou services vendus à l’étranger.
Externalité : Effet de l’action d’un agent sur un autre agent, qui ne passe pas par le marché, comme
par exemple une pollution industrielle qui génère des nuisances sur une population.
Filiale : Société dont le capital est détenu à plus de 50% par une autre société, la société mère.
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Filière : Ensemble des différentes étapes de la production d’une même famille de produit.
Flux tendus : Mode de production fondé sur une politique volontariste de réduction des stocks et de
raccourcissement des délais de livraison.
Groupe : Ensemble constitué d’une société mère qui contrôle un certain nombre de filiales.
Holding : Société de portefeuille qui détient et gère des participations dans plusieurs entreprises
afin d’orienter leur activité, en fonction de la stratégie du groupe.
Importations : Produits ou services en provenance de l’étranger.
Industrie fortement capitalistique : Processus de production qui privilégie le facteur capital par
rapport au facteur travail.
Innovation : Application industrielle et commerciale d’une invention, qui se présente sous la forme
de nouveaux produits ou de nouveaux procédés de fabrication.
Intégration vers l’aval : Processus de prise de contrôle d’entreprises situées en aval de la filière de
production.
Internationalisation : Stratégie d’une entreprise fondée sur la promotion des exportations et
l’installation de sites de production à l’étranger.
Ligne automatique : Chaîne de production automatisée.
Marché concurrentiel : Marché composé d’une multitude d’offreurs et de demandeurs, par
opposition à un marché monopolistique ou oligopolistique.
Marché domestique : marché national ou marché intérieur.
Marché : Lieu de rencontre, réel ou symbolique, entre l’offre des producteurs et la demande des
consommateurs
Normes : Pour une entreprise, ensemble de contraintes qui encadrent son activité.
Pays émergents : Pays en phase de développement économique rapide, tels que la Chine ou l’Inde.
Pays matures : Ensemble des Pays Développés à Economie de Marché (PDEM), tels que la France,
le Japon ou les Etats-Unis…
Prise de contrôle : Achat d’actions d’une Société Anonyme (SA) permettant d’en assurer la
direction.
Profit ou bénéfice : Chiffre d’affaire net des coûts de production.
Société mère : Centre de décision à la tête d’un groupe.
Ticket d’entrée : Montant nécessaire à une entreprise pour pénétrer sur un marché.
Valeur ajoutée : Valeur de la richesse créée par une unité de production.
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