Il est donc l’expression d’un phonème qui est la codification d’un modèle parlé.
L’élocution est ainsi le propre de l’homme, résultat d’une adaptation phylogénétique, liée
elle-même à la station verticale (permettant au voile du palais de se séparer de l’épiglotte,
à la langue d’augmenter sa mobilité), et aussi à la libération du membre supérieur dans la
vie arboricole (permettant de grimper, mais en même temps nécessitant un blocage des
muscles de la ceinture scapulaire et une occlusion glottique à l’origine d’une apnée
inspiratoire).
A - DÉVELOPPEMENT DE LA PAROLE :
Le développement de la parole s’appuie à la fois sur la maturation des structures de tractus
aérodigestif supérieur dont la taille et la situation se modifient considérablement de la
naissance à l’adolescence, sur celui du système perceptif visuel et auditif, et sur la mise en
place d’une organisation anatomofonctionnelle du cerveau pour le langage, fondée sur la
dominance hémisphérique gauche pour le langage et la notion de spécialisation corticale.
Dès la phase prélinguistique, le très jeune enfant est capable de discriminer des phonèmes
à partir de différences acoustiques assez fines, et avant même que ne se mettent en place
les caractéristiques phonologiques de son expression orale durant la phase linguistique,
l’enfant de 6 mois est capable, à l’instar de l’adulte, de « filtrer » les distinctions
phonologiques non pertinentes pour la langue parlée autour de lui.
Les compétences de traitement précoce au niveau phonologique, ainsi que le caractère
stéréotypé du développement prélinguistique, des vocalisations au babillage, et
ultérieurement du développement linguistique qui, lorsqu’il se déroule normalement, se met
toujours en place entre 18 et 30 mois, témoignent du caractère « inné » de l’aptitude de
l’enfant à articuler.
Mais ce potentiel génétique doit nécessairement être activé par les interactions avec un
environnement linguistique, en particulier par le « dialogue » mère enfant.
Très tôt, l’attention de l’enfant est orientée vers certains des attributs non linguistiques de
la parole : tonalité, intensité de la voix, que la mère manipule avec exagération quand elle
s’adresse à lui.
C’est au moment de la mise en place de son système phonologique que l’enfant commence
à accéder à la valeur représentative de la parole.
La neurolinguistique moderne s’est attardée sur la hiérarchie des unités linguistiques de la
langue orale : du trait, produit élémentaire de l’appareil buccophonatoire, au phonème
résultant de la réalisation d’un groupe de traits ; du phonème au monème, signe minimal du
langage, et du monème au syntagme, séquence de monèmes.
Le développement de l’aspect segmentaire de la parole a fait l’objet de nombreuses études
et les transformations phonologiques opérées par l’enfant sont bien connues (duplications et
omissions de syllabes, remplacement des fricatives par les occlusives, nasalisation...).
En revanche, peu de travaux ont été consacrés aux développements des aspects
suprasegmentaux de la parole, telle que la prosodie, auxquels certains prêtent cependant
un rôle déterminant dans le traitement linguistique.